Descente hommes : la faute à Pirmin et à Russi

Comme d’habitude aux JO sur neige, la discipline reine du ski alpin a accouché de roitelets. Seul Pirmin aux nerfs d’acier et aux sourires poutinesques avait gâché la fête à Calgary en ne déjouant pas les pronostics disant que le favori ne gagnerait jamais la descente des JO. Au final, vive l’Autriche et son ski prolifique et bravo à nos nominés pour les Crampons des Alpes.

Mais où sont les cloches?

Pour amener les coureurs de 2045m à 970m sur la piste de Rosa Kuthor, les organisateurs n’avaient pas hésité à sortir le grand jeu à coups de tronçonneuses empruntées très certainement à Fournier de Télé Veysonnaz. Pour aider l’exercice de style, Bernhard Russi, au volant de sa Subaru, s’en alla tracer une autoroute sinueuse et tournoyante à souhait, en y incluant quelques bosses plus propices aux skis de Simon Amman qu’à ceux de descendeurs avertis. Outre les archi-favoris (Miller, Svindal et un gars de Morgins) et quelques Andorrans, Lettons et autres redoutables Kazakhs, une cinquantaine de compétiteurs se présentèrent au portillon de départ. Malheureusement, aucun Togolais considéré un peu trop frêle par Bode Miller pour cette redoutable piste de Rosa Kuthor ne fut invité à ces ébats caucasiens.

Les premiers coureurs, principalement des seconds couteaux de la Coupe du monde régulière, allaient simplement faire la trace et chasser le mauvais «jour blanc» qui menaçait la bonne visibilité sur la vaste piste à Rosa. Puis, l’éternel espoir Janka se présenta au portillon et se dit que de faire une belle poussette «à la Marion Rolland» serait fort judicieux juste avant le béquet à 35 degrés. Après avoir abusé de quelques trajectoires douteuses hors des lignes bleues qui souillaient grossièrement cette blanche neige, Janka réalisa le meilleur temps provisoire. Toutefois, ce ne fut malheureusement pas sous des Hop Schwizzzz ou des banderoles en broderie saint-galloise que l’Omega time se cristallisa pour Janka à 2min06.71. En effet, le public avait répondu absent. Quant aux traditionnelles cloches de vaches typiquement suisses, elles n’étaient pas tout à fait absentes car elles allaient débouler un peu plus tard avec les dossards 13, 16 et 27. Malencontreusement Janka se fit déloger par le US Ganung et le vieillissant italien Innerhofer dans des styles plus cassés mais plus efficaces, surtout dans la partie glisse intermédiaire de cette difficile descente.

Les sages pronostics des spécialistes furent totalement déjoués car ce ne fut ni Bode Miller qui décida de toucher toutes les portes avec ses larges épaules, ni Svindal dans son style de bucheron qui allaient venir titiller l’or de Sotchi. Car après 12 ans de disette, le titre de descendeur olympique se devait de rentrer en Autriche. Plus surprenant en raison de sa «faible» vitesse de 111km/h à mi-parcours, Matthias Mayer s’en alla conquérir la seule médaille qui compte vraiment, lui qui jusqu’ici pouvait se vanter d’un palmarès «Hollandais» en Coupe du Monde cette saison (la Gayet en moins). Bravo.

Les Suisses sur leur propre podium

Il ne fait aucun doute que le quatuor de descendeurs suisses est le grand gagnant de cette première course entre compétiteurs latexés. En effet, Janka (6ème à 48 centièmes du vainqueur) s’est véritablement mis en confiance pour les courses à venir. Nul ne doute qu’avec un brin de chance, Carlo pourra se rapprocher d’une quatrième place qui est toujours fêtée comme une victoire par nos concitoyens, sempiternellement fiers de claironner le complexe suisse de la petite nation qui a «au moins eu le mérite de participer» et que somme toute, «après tous ces efforts», ce n’est pas si grave de finir avec la louche en bois. Autre sujet de satisfaction, l’équipe helvétique au grand complet aura réussi à finir sans coup «faire rire» devant tous les descendeurs français au classement final. Notons à ce sujet la pitrerie de Johan Clarey, notre voisin d’Annecy, qui tenta une toupie à la «Brian Joubert» avant le deuxième temps intermédiaire (sûrement un subterfuge pour éviter l’interview impossible avec ce dadet de Nelson Monfort).

Finalement, les trois autres Suisses eurent la présence d’esprit de se créer un podium bien à eux autour de la 13ème place (regroupés à la queuleuleu en 33 centièmes de secondes, à une minuscule seconde et demie du vainqueur). Ce tir groupé fut certainement planifié par l’entraineur en chef autrichien (!) des descendeurs helvétiques afin de ne pas mettre en danger la cohésion d’un groupe parfois fragilisé par l’extrême pression de certains médias suisses, notamment celle du Temps ou de la Gazette de Martigny.

Bravo messieurs, les investissements importants de Swisscom, Raiffeisen et Alpiq portent enfin leurs fruits. Les mauvaises langues diront qu’avec ce fric, on aurait pu faire de Marc Rosset un numéro 1 mondial, de Vincent Rüfli un futur Ballon d’Or ou de Roger Montandon le successeur de Steven Redgrave, mais sur CartonRouge.ch, on maintient notre entière confiance en vous pour les courses à venir, ô vaillants porte-drapeaux du ski alpin suisse et téméraires successeurs de notre Maître à tous, Roland Collombin. Nous savons aussi qu’après ce brillant tir groupé au-deçà de la dixième place, vous n’aurez aucune peine à aller plus haut et plus loin pour vous projeter au delà de la vingtième en Super-G ou en géant.

Nos nominés pour les Crampons des Alpes :

– Le Poulidor d’Or à Aksel Lund Svindal : «Finir 4ème, c’est peut-être la plus mauvaise place au classement. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive …et probablement pas la dernière ! Si tu veux te battre pour les médailles, tu dois être prêt à accepter de ne peut-être pas les gagner».

Le Visilab d’Argent à Bode Miller : «Je suis déçu. J’ai skié dur mais bien et ça c’est le plus important. Ça a juste foiré à quelque part. La visibilité était différente aujourd’hui et ce fut mon seul désavantage».

– Le Recrosio de Bronze à Matthias Maier : «Durant la reconnaissance de la piste, je n’ai pas cessé de me marrer. Je pense que ça m’a aidé aujourd’hui».

La Philippe Jeanneret en Chocolat à Didier Défago : «J’ai fait mieux que me défendre sur cette piste car j’étais en tête sur les deux premiers intermédiaires. Mais les conditions ont dû changer sur la fin».

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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6 Commentaires

  1. C’est peut-être du « second degré », mais un rapide tour sur le palmarès de Janka sur un site aussi basique que Wikipédia te montrera que Janka est depuis longtemps autre chose qu’un « éternel espoir » et je parle du 5-6e meilleur skieur de ces 10 dernière années là.

  2. @ Pascal
    Je ne sais pas si on parle du même Carlo Janka, celui dont la dernière victoire en CM remonte au 5 mars 2011, celui dont la seule saison remplie de plein de titres (6 victoires) remonte à 2009/10.

    Merci également de me suggérer Wikipédia comme source, mais je ferai l’impasse car je préfère les sources un peu plus surs (ex. FIS) pour avancer certains arguments.

  3. @ Paul

    Je citais Wikipédia car c’est connu et rapide d’accès. En l’occurence les informations sur les victoires y sont les mêmes que sur wikipédia.

    Nous parlons bel et bien du même Carlo Janka, celui qui sort de deux saisons difficiles (c’est un euphémisme) mais qui a déjà remporté le général de la coupe du monde en 2010, deux médailles mondiales en 2009 (dont un titre) et est, au dernières nouvelles et pour quelques jours encore, champion olympique de Géant en titre. On peut ajouter effectivement à cela 9 victoires en coupe du monde (6 en une saison, c’est vrai, mais ça fait plus que Roland Collombin, Paul Accola, Patrick Örtlieb, Hans Knauss, bref du beau monde). Sans compter les podiums nombreux et la 3e place de la coupe du monde en 2011. Je soulevais le fait qu’avec un tel palmarès, Janka est autre chose qu’un « éternel espoir ».

  4. merci Pacal. Plein de coureur ont droit a des saisons blanches en restant les chouchou des journaliste, sans pourtant avoir été malades, opéré.. mais pas Janka. Janka n’était déjà pas aimé quand il gagnait, alors évidemment personne va se géner de dire qu’il est zéro quand y finit meilleur suisse. On préférera saluer la bonne performance de Défago….Pourtant même si il arrétait il aurait déjà un palmarés plus étoffé qu’une grande quantité de courreur (n’est-ce pas W.Besse??) . Bon il a quoi 27 ans?? Rappelons que Cuche à fais l’essentiel des ses trophées après un petit passage à vide..

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