Un Prix Noebels pour les Eisbären Berlin ?

Sur Carton-Rouge.ch, on aime traditionnellement parler de hockey, mais malheureusement en se focalisant un peu trop sur des clubs mineurs, tels le LHC, Gottéron, voire pire, le EHC Vischp. Pour remettre l’église au milieu du village, ou plutôt la Kirche in der Mitte des Dorfes, une escapade outre-Rhin s’imposait car au pays d’Angela, la DEL (la Deutsche Eishockey Liga pour les germanophobes) enquille les records : pour cette saison 2023-24, le nombre de spectateurs est en hausse de 25% dans les Eisrinks et de 20% devant les retransmissions des matches sur Magenta TV. Ainsi, pas moins de 14.5 millions de cousins Germains se gluent devant leurs écrans alors qu’en Suisse, l’ahurissante surenchère des droits TV dans le hockey (tennis, moto, F1, hornuss….) fait fuir la RTS de son rôle de promoteur du sport numéro 1. La Serafe à 200 balles leur pend décidément au nez.

Désormais deuxième sport national juste derrière le port de chaussettes dans des sandales, le hockey allemand nous offrait ce week-end le choc des extrêmes entre les mielleux Eisbären Berlin et les éclopées Panthers d’Augsbourg. Voici un petit récit de notre grosse déception de fin de semaine car au niveau du spectacle sportif, on a été plus impressionné par la Bratwurst qui baignait joyeusement dans une sauce curry douteuse que par ces patineurs du dimanche aussi inspirés que des végans au salon de la charcuterie.

Les Panthères rossées

Les Ours Polaires berlinois évoluent dans la somptueuse Mercedes Arena, une sorte de Forum de Martigny, mais en mieux. Et foule il y avait pour cette rencontre malgré la venue du cancre de la Ligue allemande et un prix exagéré à 38 euros pour des places pas trop folichonnes. On nous annonça un guichet fermé malgré de nomreux sièges vides dans notre secteur, ce qui nous fit penser que le ticket office berlinois faisait aussi bien son job que le préposé au comptage de Tourbillon. Avec 69% de victoires cette saison, on s’explique alors mieux pourquoi 34’000 pupilles s’étaient empressées de venir soutenir les patineurs de Serge Aubin. Au passage, on remarque que le département marketing du club berlinois ne laissait rien au hasard en commercialisant le mythique chandail grenat du Dynamo Berlin (la Stasi vous salue bien) ainsi qu’en offrant un service de babysitting pour les mauvais parents. Autre particularité saugrenue du club de la capitale, il possède son propre hymne qui s’intitule stupidement: « Hey, Wir woll’n die Eisbären seh’n ». Les fans ont tenté d’éructer ses paroles plutôt mal que bien pour notre santé auditive, nous les pauvres évènementiels d’un soir. Feux d’artifices et barils d’essence en feu couronnèrent cette mise en scène hyper-kitch et il ne manquait que Billy Idol descendant du plafond en rappel et guitare à la main pour que le ridicule ne soit véritablement atteint.

Avant-derniers la saison passée, les Augsbourgeois sont véritablement montés en puissance pour le pensum 2023-2024 vu qu’ils pointent actuellement au dernier rang de cette DEL. Avec 39% de victoires et un seul joueur véritablement dangereux (Hakulinen et ses 39 points au compteur), les Panthers de Bavière ne feulèrent que par intermittence cette saison. En résumé, l’équipe d’Augsbourg, c’est un peu la vouivre d’outre-Rhin, toute proportion gardée. Mention spéciale toutefois à leur chandail original qui réussit l’exploit de marier élégamment le vert menthe au rouge pétant tout en promouvant une superbe panthère noire farouche sur fond blanc. Franz Weber aurait applaudi.

  

Un très choli maillot !!!

Des ours pas très bien léchés

Le match débuta pourtant fort mal. A nouveau un acte d’hooliganisme repréhensible dans une patinoire vu qu’un spectateur, mon voisin pour être plus précis, refusa de bouger son gros derrière d’un siège pour nous faire de la place, bien que la banquette d’à côté ait été libre. Sur le coup, je choppai un peu les boules, de Berlin bien entendu. Mon sang n’ayant fait qu’un tour, je décidai de le remettre à niveau en me replongeant dans une très rafraichissante Veltins, à 6 euros quand même. Le match débuta, enfin façon de parler car les Augsbourgeois tout perdus en défense réussirent l’exploit de se prendre une pénalité pour retarder le jeu après 60 secondes de jeu seulement. Après le 1-0 de l’excellent Pfoerdl puis le 2-0 du mage Melchiori, on se dit que la soirée allait être pénible pour les hommes du coach Christof Kreuzer, surtout que leur top scorer finlandais Hakulainen avait été préservé pour le match de la grosse peur du surlendemain contre les Coqs d’Iserlohn.

A 2-0, on pensait l’affaire classée mais les arrogants Eisbären décidèrent de se « Yakiniser » en laissant les limités Bavarois recoller miraculeusement au score grâce à deux cadeaux d’Hildebrand dont la promptitude à boucher son premier poteau ressemblait étrangement à celle de Stan de se faire éliminer d’un tournoi ATP 500. Le retour aux affaires des Panthers se liquéfia toutefois dans les 55 secondes qui suivirent l’égalisation d’Elias. Grâce à deux caviars de Noebels qui auraient bien pu lui valoir un Prix, Müller puis Melchiori réveillèrent les fans de ces bien léthargiques Ours Polaires. Le troisième tiers ne servit que de remplissage mais les protégés de Serge Aubin en profitèrent tout de même pour peaufiner leur goal-average notamment sur un chef d’œuvre de Bergmann (un de plus) dans la lunette du pauvre portier Endras. Finalement, rien de bien folichon ne ressortit de ce match qui fut aussi insipide qu’une soirée sans shot au Bamee Bar. Disons simplement que les Berlinois n’avaient pas franchement envie et que les Augsbourgeois n’avaient pas les moyens de leurs envies.

Prenez et buvez en tous !

Deutschland über alles ?

Comme vous l’aurez compris, en chiffres tout au moins, le hockey sur glace allemand semble aussi frétillant qu’un Anglais devant une échoppe de tatouages. Cette saison, des nouveaux records de spectateurs seront battus en DEL avec plus de 2.5 millions visiteurs de patinoires et près de 3 millions de followers sur les réseaux sociaux des clubs de la Ligue Penny. Ces chiffres sont en nette hausse depuis la médaille d’argent obtenue par la Mannschaft lors du dernier Championnat du Monde fino-letton. Alors pendant que le hockey sur glace allemand est en train de réussir l’Anschluss avec le Top 4 du hockey mondial, l’Association faîtière du hockey sur glace suisse, la passablement ridicule Swiss Ice Hockey, commence à avoir plus de trous dans sa raquette que de doigts pour les compter: équipe nationale aux abois (11 défaites de rang), entraîneur national pathétique (mais prolongé pour bonne conduite), National League arrogante (volonté à peine cachée de créer une ligue fermée), Swiss League abandonnée (par les clubs phares de National League), présence chaotique sur les réseaux sociaux (bienvenue sur l’application mobile défaillante de Swiss Hockey)… et toute le reste avec.

Et dire que nos arrogants et ineptes dirigeants de Glattbrugg bombent encore plus le torse vu que la ville des grosses gueules du bout du Lac Léman est désormais Championne d’Europe et continuent d’ignorer totalement les progrès de notre voisin allemand. A ce stade, n’oublions pas que l’orchestre du Titanic continua d’égayer la galerie jusqu’au chavirage final.

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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