On Raffl les trois points et on leur cloue le Hrubec

C'était le plan en tout cas...

Pour ne rien vous cacher, on a longuement hésité entre s’exiler à Skellefteå (SKELLEFTEÅ ? CONNAIS PAS SKELLEFTEÅ ! JE NE SAIS PAS OÙ SE TROUVE SKELLEFTEÅ ! PERSONNE NE SAIT OÙ SE TROUVE SKELLEFTEÅ* !) et tout plaquer pour partir pratiquer le drone soccer en Corée du Sud depuis mardi dernier aux environs de 22 heures. Le budget de la rédac’ ne permettant la réalisation d’aucun de ces deux nobles projets, on se rabat sur l’analyse comme toujours nuancée et sobre (pour paraphraser le slogan du Bamee Bar) des exploits de la ligne RJB** du LHC, digne héritière de la BBC madrilène ou encore de la MSN catalane, lors de ce week-end crucial dans la lutte pour le podium final en saison régulière de National League. Souvenez-vous, cette compétition bien de chez nous dont les règles ne sont pas (encore) complètement farfelues et dont le champion en titre n’est pas… ah ben si. Bref, passons. C’est donc avec notre assurance et notre franchise habituelles que nous vous traînons de force non seulement à la Vaudoise aréna, mais aussi dans les travées de la rutilante Swiss Life Arena en prime(s).

*Véridique.

**Vous aurez remarqué que le prestige des initiales est proportionnel à celui du club concerné.

Le week-end en trois paragraphes (si vous nous connaissez un peu, vous savez que les machins brefs en deux mots c’est pas vraiment notre truc)

La plupart des hockyx se sont rués sur les billets pour le Lausanne-Genève de demain (allez savoir pourquoi). A la rédac’ élitiste de Carton-Rouge, on préfère le prestige du duel au sommet à la fièvre du derby de bas étage. Partant de ce constat, quoi de plus normal que suivre deux affrontements face à Ambrì, deux fois plus souvent champion d’Europe que le GSHC (Continental Cup 1999 et 2000), et les ZSC Lions, seuls et uniques vainqueurs de feu la Champions Hockey League originelle (celle qui rapportait plus que 360’000 euros au vainqueur de la finale, on se demande bien pourquoi elle a fait faillite en 12 mois), lauréats de la moitié du nombre ahurissant de Victoria Cups disputées à travers l’histoire (face aux Chicago Blackhawks, également en 2009) et quatre fois champions d’Europe en tout.

Euh mais c’est pas la VRAIE Champions Hockey League, ça ? Qu’est-ce qu’on Ari ce jour-là.

Si vous étiez sur un site sérieux et objectif, vous liriez ici que les adversaires des Zurichois en finale de Continental Cup étaient les London Knights (non, pas les Ontariens) en 2001 et les Milano Vipers en 2002 ou encore que les récents vainqueurs de cette compétition se nomment Nottingham, Cracovie, Astana ou encore Rouen. Fort heureusement pour vous, la désinvolture et le biais crasses règnent en maîtres dans ces colonnes.

On pourrait aussi vous détailler le palmarès absolument mirifique du Lausanne Hockey Club et vous guider dans l’ascension de l’authentique montagne de trophées qui garnissent les étagères de sa buvette dont les vis doivent être changées tous les 6 mois pour tenir le coup. Mais vous pensez bien que cela prendrait beaucoup trop de temps et qu’on a des matches à vous narrer. D’autant que la somme rondelette qu’on touche pour commettre ces lignes (à peu près l’équivalent de ce qui reste de la prime de victoire en quart de CHL après un aller-retour Cointrin-Växjö via le cercle polaire) est facturée à l’heure.

Les trois étoiles du week-end

⭐️ Michael Raffl. Deux buts (1-0, 16ème minute / 4-1, 60ème dans la cage vide), un assist (sur le 2-0 de Damien Riat, 19ème) et une collision fortuite avec un arbitre vendredi. Pas sûr qu’on lui aurait octroyé la première étoile si sa première réussite et sa passe décisive n’avaient pas été inscrites en power play (!). D’autant que Riat s’est lui aussi fait l’auteur d’un deuxième but (3-1, toujours à 5 contre 4, avec l’aide de Janne Jyvoisrien, 45ème). Le coup du triplé en supériorité numérique de la part du treizième jeu de puissance de la ligue (14,86% de réussite sur la saison avant le 100% de vendredi soir*), sûr que Luca Cereda et les siens ne s’y attendaient pas. Comme quoi on n’est jamais à l’Ambrì d’une surprise. De quoi en tout cas se sentir bien plus tranquille avec deux longueurs d’avance au moment de l’annonce du speaker polyglotte d’une punition pour un proverbial « colpeau di bastonet » contre Ken Jäger (22ème).

*Rassurez-vous, le 0% du jour suivant a rééquilibré tout ça.

Le juge de ligne Zach Steenstra et son épaule ont mis quelques secondes à s’en remettre.

⭐️⭐️ L’idole des jeunes, Johnny Kneubühler. Pas sûr que le wraparound de l’ancien junior sang pour sang lausannois (souvenirs, souvenirs) aurait allumé le f… la lampe sans la défense à la noix d’Almond, clairement aux fraises (2-1, 36ème), mais on saluera tout de même l’envie et sa présence sur la première ligne léventine. Sa réussite est d’ailleurs la seule qui a été marquée à égalité numérique de toute la soirée puisque les portes du pénitencier étaient restées fermées sur ce coup. Tous les fans du monde sont constamment poursuivis par l’impression qu’un complot a été fomenté contre leur équipe (et uniquement elle) et que tout ancien joueur du club se fait un malin plaisir de flamber comme jamais contre son ex-employeur. C’est évidemment complètement faux puisque cela n’arrive qu’au Lausanne HC.

⭐️⭐️⭐️ Le Vidéotron de la Swiss Life Arena. Franchement, il est tellement massif qu’on n’a pas tout de suite remarqué qu’il y avait une patinoire en-dessous en arrivant dans l’enceinte. Ça et le fait qu’on a rapidement été distrait par les multiples trophées et autres maillots commémoratifs des légendes passées et présentes du club. Vous l’aurez compris, ce nouveau stade ressemble plus à un musée (d’aucuns diront un mausolée puisque le dernier titre date tout de même du monde d’avant) qu’à un terrain de jeu débordant d’une vie frénétique. Les mauvaises langues (on vous rappelle une énième fois qu’on n’a rien à voir avec ces gens-là) ajouteront qu’il fallait bien trouver un moyen de masquer un surplus de béton d’une taille assez hallucinante. On est d’accord, on a vu pires cache-misère qu’un maillot authentique des Islanders jadis porté par Mark Streit ou un abat-jour géant de champion de Suisse.

Celui-ci est tout de même délicieusement improbable. Lors de la saison 1997/98, la seule qu’il a jouée avec les ZSC Lions, le futur membre de la ligne des 747 avait marqué exactement 1 point.

Bon, et en plus d’avoir la superficie d’une principauté, ce Vidéotron émet un son… comment dire… adapté à l’âge moyen des locataires des sièges les plus chers du lieu. Fort. Pardon ? FORT ! Vous dites ? Attendez, je vais chercher un truc: 

VOILÀ, C’EST BON LÀ ? 

OK, on a compris, on ira passer la prochaine pause dans les travées histoire de préserver un peu nos tympans déjà passablement gercés. Quitte à louper quelques occurrences de la vocation première du Vidéotron: promouvoir des produits chers. En tout cas c’est ce qu’on a cru comprendre, mais c’est sans garantie (façon de parler vu le prix probable desdits produits) puisque le docte préposé au micro hurlait dans une langue qu’on capte aussi bien que l’extrême droite a compris Le Seigneur des Anneaux (pour nos lecteurs du RN: ça veut dire qu’on n’y bitte rien). On y revient tout soudain.

Un obscur influenceur local nous présente sa nouvelle ligne de montres destinées au commun des mortels.

Loin de nous l’idée d’accuser le Vidéotron de ne pas savoir s’adapter aux besoins de toutes les couches de la population en toutes circonstances. En voici un exemple (on vous a épargné la pub pour de la raclette d’une couleur suspecte qui dégouline depuis le sommet du Cervin, vous lisez peut-être cet article en prenant votre petit-déjeuner):

Rien de tel qu’une petite infériorité numérique pour reprendre des forces, hein Ronalds ?

Le tournant du week-end

Le moment du choix cornélien. France-Allemagne en demi-finale de Ligue des Nations féminine au Groupama Stadium à quelques heures de train d’ici, l’amical Suisse-Pologne affalé sur notre canapé ou un diptyque LHC entre Malley et Altstetten ? Comme on n’a pas bien compris de quel sport il s’agissait dans le cas du second nommé en consultant le programme TV, on a décidé de s’en tenir à une valeur sûre et de partir pour la patinoire.

Amandine Henry s’est plainte des faibles affluences pour le foot féminin en France, mais il semble que la compréhension même du concept s’apparente à un col hors-catégorie en Suisse…

Le slapshot en pleine lucarne du week-end

Il est attribué à un certain « Boubinours69 » qui a envoyé ce commentaire au podcast Cold Facts en amont des rencontres du week-end (et en aval d’un autre évènement dont personne à la rédac’ n’a entendu parler, désolé): « Tout d’abord, chaleureuses félicitations à nos Aigles chéris pour cette CHL, laquelle est au Trophée de hockey de prestige ce que la Coupe Intertoto est au Saint Graal. Cela étant, question : Pour quelle raison a-t-il été décidé faire modeler la Coupe en question par une imprimante 3D biélorusse de 1973 et pourquoi avoir utilisé pour ce faire le moteur graphique de la Nintendo 64 ? » 

S’il nous lit (ce qui est peu probable au vu de l’oxymore « Aigles chéris » en début de citation), qu’il sache qu’on a bien ri et que le poste de rédacteur en charge de l’extrémité ouest de notre beau Léman est vacant en ce moment.

Nos talents de montage sont au moins aussi frais que le poisson d’Ordralfabétix.

Les vieux rotoillons en cloche du week-end

La performance de nos ressortissants prillérans préférés samedi soir à Zurich. On avait rarement vu des Lions se faire pareillement marcher dessus par leurs congénères. Vous nous direz que nos visites dans la savane sont suffisamment rares pour que ce constat ne soit pas statistiquement significatif et vous aurez raison. Bref, les hommes de Geoff Ward sont restés dans le bus pendant 20 bonnes minutes pendant lesquelles ils ont cadré 2 tirs (sur 13 au total 40 minutes plus tard) que notre pote le Vidéotron a été bien gentil de comptabiliser au vu de leur dangerosité. Pas de quoi clouer le Hrubec de Simon en somme. On leur conseillerait bien de prendre le train de 16h29 avec nous en lieu et place du bus tardif susmentionné la prochaine fois, mais on ne sait pas si la conversation entre nos voisines, deux sages femmes fribourgeoises qui parlaient quand même vraiment très fort d’accouchement, de péridurale et de massage utérin, les aurait beaucoup aidés.

Résumé de la soirée de samedi en une image.

Mais tout cela n’est rien comparé au drame qui se jouait au même moment dans les travées de la Postfinance Arena. Ça en fait des Arenas (et des arénas), pensez à varier un peu… Donc ce drame. Nous sommes à deux minutes de la fin d’un Berne-Genève « à 6 points » (pour que finalement personne ne reparte avec plus de 2 unités, ça valait bien la peine), les Servettiens marquent le 4-2 dans la cage vide, Jean-Philippe Pressl-Wenger nous annonce que « c’est plié » sur les ondes de MySports et un nombre non négligeable de fans bernois se rue vers le parking d’une foulée désabusée. Franchement, on aurait voulu être une mouche pour voir ces gens arriver à la maison 20 minutes plus tard, allumer leur télévision, tomber sur la séance de tirs au but, réaliser qu’ils ne vivront jamais l’euphorie de la remontada qu’ils ont ratée en live et… voir le SCB s’incliner 5-4 quand même.

On comprend que les supporters aient voulu éviter les heures de pointe sur la route.

Le chiffre à la con

5. Comme le nombre de secondes au cours desquelles on est passé incognito en tant que Vaudois perdu au beau milieu d’une tribune zuricho-zurichoise (« Surtout ne parler à personne » était évidemment notre crédo auquel on se raccrochait comme Nikki Haley à ses 15 minutes de célébrité). Autant vous dire qu’on était aussi à l’aise et approprié que Macron au salon de l’agriculture. Le temps pour nous de commander une bière et une pizza (on a déjà vu un léger doute germer dans le regard de la barmaid à ce stade) et de mentionner le numéro de notre place pour savoir où se positionner en tribune. Euh non en fait. Même pas le temps. Celui de finir notre phrase (et on est gentil quand on dit « phrase » au vu de notre niveau dans le dialecte de Sven Andrighetto) que la stadière nous lance un magnifique: « Vous venez de Lausanne ? Mon fils habite à Epalinges ! » C’est bien notre veine, ça. Ssshhhhhh, pas trop fort, on pourrait nous entendre ! « Vous ne voulez pas aller là-bas ? » nous lance-t-elle joyeusement en pointant le secteur visiteurs dans la diagonale opposée. Un coup d’oeil à la SO qui s’agite déjà (eh là, ils sont arrivés avant le début cette fois ? Il se passe quoi ?) nous suffit pour répondre que non, on est pas mal ici. En plus on pourra carrément voir le match. Notre nouvelle pote la stadière nous montre les marches et nous indique où aller en ajoutant un fort utile « Reihe ça veut dire ligne ». Oui alors merci. On vient de Lausanne, mais on n’est pas complètement con non plus. 

Les ultras étaient unis dans tout le pays ce week-end, tracts et banderoles à l’appui. Nous on aimerait juste qu’ils sachent retrouver le chemin d’une gare sans escorte policière (et sans tout casser).

Les anecdotes

Le LHC a engagé un Brésilien nommé Leonardo. Bon d’accord, c’est un Helvético-Brésilien qui s’appelle en réalité Léonardo. Léonardo Fuhrer, le fils de Vous-Savez-Qui, druide de son état, architecte de la promotion de 2001 à ses heures perdues et F… euh leader réputé très dur avec ses ouailles. Avec 57 points en 45 matches de Swiss League sous les couleurs de Martigny et certainement déjà une solide amitié avec Ronalds Kenins, locataire occasionnel du restaurant du Forum, tous les ingrédients semblent réunis pour le premier des 25 titres prévus pour les 100 prochaines années.

Un paragraphe qui est bien inutile puisque notre transfuge était surnuméraire aussi bien vendredi que samedi.

Ambrì a lui aussi été actif sur le marché des transferts de dernière minute, une initiative proche de la fameuse Hail Mary pass en football américain. Comme Edmonton avait refusé de libérer Connor McJesus, c’est Jared McIsaac, patriarche de 23 ans, qui a débarqué du côté de la Gottardo Arena. On aurait adoré le voir affronter le fameux Zachary Canaan, mais ce dernier a mis fin à sa carrière alors qu’il était encore junior.

Et sinon dans les tribunes ?

Tout était fait pour soutenir les joueuses du LHC féminin vendredi soir. Lisez plutôt:


Bon, OK pour les dons, mais veillez à sprinter pour céder votre gobelet et sa consigne en fin de match parce que le lendemain on a un truc qui rapporte quand même un peu plus de pognon que des bonnes femmes qui jouent au hockey:

L’histoire ne dit pas si la consigne prélevée sur les petits fours et les coupes de champagne en loges – qui Dieu soit loué n’étaient pas touchées par l’ouragan « Ninho » – était également reversée au LHC féminin.

La minute Jonas Junland

Au vu de l’avancée du flocage des maillots à la boutique officielle de Malley, on espère pouvoir se procurer la tunique de notre défenseur favori rentré en Suède en 2020 (4 ans déjà ! 😢) d’ici à peu près 18 mois si les travaux ne prennent pas trop de retard. On s’explique en image:

Collector ! Même le tifoso du HCAP n’y a pas trouvé son compte puisque le brave Jannik a quitté le Tessin pour l’Ajoie l’été dernier après… 5 ans de bons et loyaux services. L’histoire ne dit pas si les maillots des joueurs actuels ont eu un accident de sèche-linge

La rétrospective du prochain match

Le prochain match ? Aucune idée. Tout ce qu’on peut vous dire, c’est qu’il y avait des matches mardi dernier dont voici les résultats absolument exhaustifs (enfin sauf pour Winterthour… 🫢):

Eh mais il y avait pas aussi Sk… SKELLEFTEÅ ? CONNAIS PAS SKELLEFTEÅ ! JE NE SAIS PAS OÙ SE TROUVE SKELLEFTEÅ ! PERSONNE NE SAIT OÙ SE TROUVE SKELLEFTEÅ !

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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