Heim Alone 2

Vous m’aideriez pas à faire un sondage ? Apparemment, ils mentent bien moins que nos politiciens deux semaines avant les Elections Fédérales. Question du jour: quel est le club sportif suisse avec le plus grand nombre de fan clubs en Helvétie et en Navarre ?

Serait-ce le FC Sion ? Bon, ben disons que non. Le Servette FC ? Non, on parle bien ici de club populaire. Le LHC ? Ben Djieu que non. Le SLO ? Non, faut pas déconner. Fribourg Olympic ? Non, le basket ne sert à rien en Suisse. GC ? Et pourquoi pas les GCK Lions pendant que vous y êtes ! Vous séchez toujours ? Peu de gens vous répondront le HC Quinto au Tessin et pourtant cela aurait été constitutionnellement un peu plus juste que la réponse recherchée : le HC Ambri-Piotta. Le mythique club léventin compte pas moins de 17 fan clubs en Suisse, répartis entre Uri, Lucerne, Zurich… et bien évidemment le Haut-Tessin. Et depuis samedi, il en compte un 18ème puisque le fan club Ambri-Piotta de Chamoson a été créé suite à un périple mirifique pour voir les héritiers des légendaires Jaks et McCourt affronter le EHC Kloten.

Voici quelques extraits de mon épopée dantesque outre-Gothard que je décrirais comme aussi haletante qu’une conversation avec Alain Berset sur un char de la Street Parade. Andiamo alla Gottardo Arena!

A la mémoire de mes très chers amis et grands sportifs Celia et David, assassinés mardi passé par l’EI en Ouganda. 

En Zug à Zoug

Le périple tessinois ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices. Entre horaires CFF tumultueux dès qu’il s’agit de prendre la ligne la plus directe passant par la Furka depuis le Centre du Valais et un ciel qui pleurait des vagues, bref, la planification de ce week-end tessinois, c’était un peu comme si le Cielo nous était tombé sur la tête. Toutefois, il en aurait fallu beaucoup plus pour empêcher un courageux délégué de la Rédac de Carton-Rouge.ch de découvrir les hameaux d’Ambri et de Piotta, connus dans la Suisse entière pour leur club de hockey sur glace et leur aérodrome militaire (comme Sion). Premier stop au milieu cette balade, Zoug. ‘Belle’ ville de rupins mais force est de constater que la bourgade de Martina Hingis est aussi stérile que le FC Bâle cette saison. En flânant dans les ruelles désertes, je remarque que Zoug possède un nombre spectaculaire de boîtes aux lettres toutes en lien avec le préfixe ´Tax´ (TaxEasy, TaxExpert, Taxolution…). J’en déduisis que les Zougois devaient probablement préférer payer leurs impôts que brasser de la bonne bière. En effet, celle dégustée en provenance de la Baar Brauerei était assurément issue de futs frelatés, ce qui me fit immédiatement regretter de ne pas avoir commandé une Heineken. On ne m’y reprendra plus, quoique.

Deuxième stop de mon périple, Altdorf (situé dans le Canton d’Uri pour ceux qui voulaient aller checker sur Google), le bled d’un certain maraicher répondant au nom de Wilhelm Tell. La gare magnifiquement rénovée est située à environ deux kilomètres du centre du Vieux Village desservi par… aucun bus le samedi. J’en conclus que la ville de Tell devait être habitée par une jeune génération de bobos verts qui préféraient la marche sportive aux transports polluants. Cette hypothèse fut mise à mal en observant l’âge canonique des politiciens uranais qui souhaitaient se faire élire sous la Coupole Fédérale en ce week-end d’élection. L’attraction principale d’Altdorf est constituée par la statue de Guillaume Tell, posant fièrement avec sa mythique arbalète sur le devant de la Zentral Turm. C’était assez choli ! En prenant la traditionnelle photo pour immortaliser ma présence dans ce lieu bucolique, je manquai juste de me faire écraser par un bus postal conduit par un moustachu à la boucle d’oreille tenace. Le chauffeur se mit à gesticuler en suisse-allemand. Ces signes de bienvenue utilisés par ce montagnard uranais aussi sympathique que la langue qu’il éructait avec conviction me prirent un peu à contrepied. Face à cette adversité temporaire, je décidai de passer mon chemin et comme tous les jeunes nés à Altdorf, de partir me pendre.

Le passage du Gothard en train se passa sans anicroche, bien aidé par la présence dans le wagon de deux Polonaises aussi délicieuses aux yeux que le somptueux Mont Gothard qui se dressait au-dessus de ma tête.

Ticino, pardon, Léventine, nous voici… enfin.

La Gottardo Arena, elle nous Botta bien

Exit la Valascia, désormais passée à trépas, voici la somptueuse Gottardo Arena, vaisseau brunâtre parqué le long de l’A2 et de l’aéroport d’Ambri. Moderne, lumineuse, spacieuse et enjolivée d’un bandeau lumineux à la gloire d’Ambri et de…. sociétés de trading en cryptos, l’arène glaciaire du club mythique de la Léventine en jette vraiment. Et que dire du cube audio-visuel géant suspendu au centre de cette somptueuse enceinte ? Tout simplement qu’il ferait passer le nouveau Totomat de Tourbillon pour un écran Commodore des années huitante. La Curva Sud où s’agglutine la joyeuse et vocale plèbe bleue et blanche est adroitement décorée de graffitis ancestraux arrachés aux entrailles de la feu Valascia (eh oh, les gourous viégeois, si vous nous lisez ici, voici une idée pour décorer votre corbillard de la Lonza Arena). Les bancs des joueurs sont astucieusement placés derrière des plexiglas donnant une sensation de proximité forte entre joueurs et supporters (au point de pouvoir occasionnellement leur susurrer quelques gentillesses). Premier petit accroc dans cette Gottardo Arena, les emplacements bancals des bars et des charrettes à bière. Pas vraiment fonctionnels, ces débits de boissons douteuses sont un peu coincés au milieu des corridors grisâtres occasionnant régulièrement des tangos spectaculaires lorsqu’il s’agit de croiser un Uranais tout juste sorti de la Fête Fédérale de Lutte. En outre, ces bars sont staffés par des gentilles mamies dans la cinquantaine pas trop réveillées qui préfèrent largement donner des ordres que de les exécuter. Quand il faut trois intervenants pour se faire servir un verre de vin blanc, je pense qu’il y en a largement deux de trop.

Quand on laisse le stagiaire au design des maillots d’échauffement…

Bande de saucisses

Le catering dans les enceintes sportives se professionnalise, enfin il monte en grade pour mieux venir spolier les pauvres supporters de leurs derniers deniers. A l’entrée de la Gottardo Arena, le fast food bien crasseux d’huile surcuite arriverait probablement à faire prendre du cholestérol à un gamin du Biafra. A l’étage, le traditionnel Salon Gruyère sert une fondue des plus alléchantes mais qui schlingue dramatiquement même cachée dans les chiottes. Mais qui peut m’expliquer pourquoi toutes les patinoires en Suisse sortent le caquelon à fromage pour attirer l’estomac du supporter de hockey ? Un réflexe pavlovien des plus bizarres.

Dans l’Osteria Valascia, j’aperçus des ‘célébrités’ dont Patrick Fischer et… Alain Berset qui se cachait la moindre. Quant aux bars pour les sans-le-sous, ils nous réservaient des paninis qui faisaient autant envie qu’un ragoût de castor. Et je dois rapporter fort tristement que, bordel, y’avait pas une saucisse rôtie à l’horizon dans la patinoire. Tu sais, la traditionnelle saucisse qui suinte sa graisse dans la paume de ta main et dégueulasse de moutarde ton t-shirt collector. Vu cet oubli impardonnable du chef du catering, la saucisse de Coventry City reste à ce jour la quintessence de la sous-saucisse dans mon benchmark des enceintes sportives.

Et que dire du Merlot blanc et rouge servi pour 6 balles le déci ? Rien. Car dire du mal d’un vigneron pas présent autour de la table du carnotzet, ben ça, on ne le fait pas, même au Tessin. Quand on vous précisera que la seule bière servie dans l’antre des Léventins c’est de la Feldschlösschen, vous comprendrez aisément pourquoi, pour la deuxième fois de la journée, j’ai regretté de ne pas voir l’effigie d’Heineken derrière ces bars.

Carton-Rouge en mode paparazzi…. qui qui voit Berset bien caché ?

Kloten débande

Mal assis juste à côté du parcage à bestiaux scandaleux réservé aux supporters de Kloten et avec un champ de vision aussi développé que celui de Gilbert Montagné, je décidai assez rapidement de prendre de la hauteur pour observer les débats debout au sommet des tribunes. A 67 francs la place ‘assis-debout’, ça fait quand même un peu cher le privilège. Le premier tiers de ce Ambri-Kloten fut aussi brouillon qu’une déclaration de Parmelin faite dans la langue de Shakespeare. Les Aviateurs volèrent la vedette aux Tessinois du Haut principalement sous l’impulsion d’Aaltonen. Toutefois, l’attaquant finlandais ne trouva pas les bons Ang pour tromper son habile compatriote Juvonen. Dès le début du deuxième tiers, Ambri décida de mettre ses patins à l’endroit et domina de la tête de Heim (bien revenu au pays après avoir chopé le Blues à St-Louis) et des épaules de Kneubuehler juste trop rapide pour les plots de la défense zurichoise (hein Nodari et Profico).

Côté grosses déceptions, l’armada des renforts biancobiu ne fit pas grand-chose durant cette partie, à défaut de faire parfois n’importe quoi. Le topscorer Spacek fut fort discret (si, si), Heed manqua souvent d’attention dans sa zone de défense ce qui est paradoxal vu son nom et pour parachever ce morne portrait, pour le Suédois Lilja, ce fut l’Odyssée vers le néant. Et si on ajoute à cela un Pestoni nettement en dessous et qui se fit remarquer principalement par son élégante deuxième moitié assise juste devant moi en avant-match, on n’a pas été véritablement emballé par l’ensemble poussif de Cereda. Juvonen (justement nominé homme du match) et son poteau ont sauvé la baraque, bien aidés il est vrai par la débilité de ces ânes de Dario Meier et Patrick Obrist, auteurs de deux horribles charges avec élan contre la bande. Pénalité de match pour l’un et sursis de cinq minutes pour l’autre, ce n’était pas cher payé pour ces attaques de pleutres dans la droite lignée de la tragédie Pat Schaffhauser. Et dire que le coach des Zurichois Gerry Fleming réussit à venir grotesquement contester ces pénalités majeures. Heureusement que les arbitres lui répondirent du tac au tac qu’il valait mieux prévenir que Gerry.

Au final, la chiche victoire d’Ambri (2-0) fut chanceuse surtout qu’Aaltonen (quel joueur) et Ojamäki auraient pu faire déchanter la Montanara si leurs pucks du premier tiers avaient été mieux négociés. Oui mais avec des si, le HC Martigny serait aussi en National League avec René Grand à la bande.

Hans et Regula furent tip-top super

40 ans que le grisonnant Hans fait la route depuis Lucerne avec son épouse Regula, rencontrée dans les gradins de la Valascia il y a bien longtemps de cela. Au coin d’un bar, Hans voulut me payer un verre après m’avoir distillé une analyse à la Stéphane Rochette sur le premier tiers merdique des Tessinois. Il avait affaire à un Valaisan donc inutile de dire qu’il se fit payer DES verres tout au long du match. Hans m’avoua que l’ambiance dans la Gottardo Arena n’était plus la même qu’à la Valascia et que les 1’700 francs payés pour son abo de saison faisaient sacrément mal à son AVS. Sandwich dans la poche, il se plaignit à demi-mot des prix pratiqués dans les cantines et me glissa même en rigolant que les casquettes à l’effigie d’Ambri à 46 balles pièce, il les laissait bien volontiers pour des évènementiels comme moi !

Hans connaît aussi bien le hockey valaisan en s’inquiétant des résultats de l’EHC Visp. Suite à mes ricanements sur ce point, il lâcha l’affaire mais me demanda tout de même si Constantin allait continuer avec le FC Sion. Je lui répondis par l’affirmative, what else… Pour finir, on parla de son jeune neveu qui joue actuellement en Elites aux GCK Lions et de Madame Couchepin (la fille de l’autre et Présidente actuelle de Martigny) qui ne veut pas de nouvelle patinoire en Octodure. Pour prendre son contre-pied, Hans souligna que Lombardi et consorts ont investi courageusement pour les futures générations de la grande Région du Gothard et qu’au moins ses 3’400 francs versés annuellement encourageront peut-être les jeunes pousses à pratiquer le hockey plutôt que de gâcher leurs soirées collées à leur natel au Starbucks du coin.

Hans avait de l’entre-jean. Ce fut une chouette rencontre entre passionnés de puck dans l’antre des éternels perdants de la National League. J’y reviendrai, tout en rameutant du monde. C’est ça la magie d’Ambri, la multiplication contagieuse des émotions.

Bellissima serata !

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.