Les Pigeons d’Or des JO

Les Jeux Olympiques tout juste terminés (bon en fait vu le temps que j’ai mis à faire cet article, plus vraiment), il est déjà le temps de dresser le bilan de cette édition si particulière. Olympiades records pour les Suisses, incroyables pour les Italiens, bizarres pour les Tokyoïtes. Mais vous nous connaissez, à Carton-Rouge, on préfère souvent se moquer. Alors, puisque les traditionnels Pigeons d’Or ne sont plus à l’ordre du jour, on vous a quand même concocté une petite sélection des meilleurs colombidés de la quinzaine nippone.

Le bateau et le starter au triathlon masculin

Comme dans toute grande manifestation, il y a eu des couacs à Tokyo. On ne parlera pas des mesures sanitaires, ni du fait que les trois quarts du comité d’organisation ont été virés en cours de route pour des raisons qui seraient restées secrètes dans une fameuse tour genevoise. Mais même pendant les épreuves, il y a eu de magnifiques cafouillages. Celui qui reste probablement comme le plus beau des couacs eut lieu lors du départ du triathlon masculin. En effet, un bateau de la TV est là pour faire de magnifiques gros plans des concurrents, qu’on ne peut de toutes façons pas vraiment reconnaître avec leurs lunettes et bonnet. Sauf que ledit bateau oublie de s’enlever. Et que le type au starter a probablement plus les yeux rivés sur sa montre que sur ce qu’il se passe devant lui et lance quand même la course, alors que la moitié des athlètes ne peut simplement pas plonger ! Cette scène surréaliste aura pour conséquence que l’autre moitié des sportifs, celle de ceux qui ont pu aller dans l’eau, aura parcouru une centaine de mètres à fond pour rien, le départ devant logiquement être redonné. Des rumeurs annoncent qu’un film serait dans les tuyaux pour redonner vie à ce moment, avec dans le rôle du capitaine Francesco Schettino et dans celui du starter Gilbert Montagné.

Novak Djokovic

Si vous lisez régulièrement Carton-Rouge, vous savez à quel point on adore Djoko, ce croisement improbable entre un essuie-glace, un méchant de DC Comics et un étron. Du coup vous pensez bien qu’on ne va pas se priver d’utiliser ses contre-performances et autres bouderies tokyoïtes pour lui en mettre plein la gueule. Tout a commencé quand le plus connu des glutenophobes s’est viandé en demi-finales alors que le Golden Slam lui tendait les bras, dans un tableau vidé de ses plus grands adversaires. Alors qu’il venait de lourdement se la péter (et d’égratigner Biles au passage) dans la presse, le Serbe s’est fait déboiter par un Sascha Zverev survolté. Mais le meilleur était à venir dans la finale pour le bronze, où Djokobite a tenté de rendre hommage à Benoît Paire en brisant sa raquette contre le filet puis en en lançant une autre dans les tribunes. L’auteur du cluster le plus célèbre de l’été 2020 a complètement perdu le fil de son match face à un Pablo Carreño Busta qui n’en demandait pas tant pour s’offrir une médaille assez inespérée. Fun fact d’ailleurs, c’est face à ce même Carreño que Novax avait tiré une balle sur une juge de ligne lors du dernier US Open. Quand ça veut pas… Le clou du spectacle ? Frustré d’avoir perdu ce match, ce grand gentleman de Djoko a prétexté une blessure pour ne pas jouer la finale pour le bronze du double mixte, dans laquelle il était pourtant engagé avec sa compatriote Nina Stojanovic. Celle-ci, matricule 93 à la WTA, qui n’a sur son palmarès que deux petits tournois en double féminin, avait la chance de sa vie de gagner quelque chose de prestigieux. Sauf que Nole a ajouté l’égoïsme à sa large palette de défauts qui le rendent absolument détestable.

Naomi Osaka

La tenniswoman est probablement l’une des personnalités sportives les plus médiatisées de l’année écoulée. Elle qui a, au fil des mois, été nouvelle star du tennis féminin, militante politique, puis objectrice de conscience et enfin dernière relayeuse de la flamme olympique (les légendes du sport nippon que sont Ryoko Tani, Kosuke Kitajima ou encore Shizuka Arakawa doivent kiffer qu’une gamine de 23 ans n’ayant pratiquement jamais vécu sur l’archipel leur soit préférée) a même défrayé quelque peu la chronique, puisqu’elle s’est plainte de la couverture médiatique qu’elle devait subir, avant d’abandonner à cause de cela lors du dernier Roland-Garros. Ce qui est quand même cocasse quand on se met en avant comme elle a parfois l’habitude de le faire. Quoi qu’il en soit, la hype Osaka était immense à Tokyo, où beaucoup d’observateurs la voyaient déjà avec l’or olympique. En effet, elle était devant son public même si le stade était vide, la numéro un mondiale Ashleigh Barty s’est plantée au premier tour et Osaka a gagné les deux derniers Grand Chelem disputés sur dur, le revêtement du tournoi olympique. Sauf que non, la Nippone s’incline sans gloire en huitièmes de finales, se prenant un sec 6-1 6-4 face à Marketa Vondrousova, certes future finaliste mais seulement 42ème mondiale. Après cette défaite, la Japonaise évitera soigneusement la conférence de presse, pourtant obligatoire. Vraiment une mentalité de gamba, Osaka.

Alana Smith

Ça va peut-être vous surprendre, mais le skate était au programme des JO. Oui, oui, pour la première fois, alors que ça fait facile 10 ans que c’est has been. Et on ne va pas se mentir, c’était presque aussi chiant que le surf, qui était lui aussi au programme. Mais une athlète plus que les autres a fait parler d’elle, Alana Smith. Vous ne la connaissez pas ? Moi non plus. Selon son Wikipédia, il s’agit de la plus jeune médaillée de l’histoire des X-Games et de la première skateuse à avoir passé un McTwist en compétition. On a vérifié, ce n’est pas un nouveau burger de McDo. Jusqu’ici tout va bien. Mais c’est à Tokyo que tout se gâte. Alana décide de faire son run, sans vraiment le faire. Elle se promène avec sa planche tel le huit-ans-moi qui joue à Disney Extreme Skate Adventure sur Game Boy Advance sans connaître les touches, avant de se viander de manière assez grotesque sur sa première figure et de repartir en rigolant. À tout le moins, on peut dire que ça interpelle. Après vérification, il se trouve que celle qui se décrit elle-même dans sa bio Twitter comme « intolérante au lactose » (ce qui n’est même pas un signe distinctif puisqu’environ 75% de la population mondiale l’est aussi) aurait avant tout profité des JO pour faire son coming out, et profité de son run pour prendre du plaisir après une période très compliquée psychologiquement. Alors tout cela c’est très bien et on est contents pour elle si elle va mieux. Sauf qu’on ne peut s’empêcher de penser à la skateuse qui a été recalée aux sélections US, où on imagine aisément que la concurrence fait rage, et qui en plus de sa déception personnelle a vu que celle qui l’a privée de Jeux a profité d’être au Japon pour bien rigoler et glandouiller sur son skate.

Précision n°1 : J’utilise le pronom « elle » dans tout ce paragraphe, car Smith évolue avec les femmes bien qu’elle se décrive elle-même comme non-binaire. Je sais que pour être précis, il aurait fallu utiliser « iel », mais par simplicité autant que par clarté dans le texte, j’ai suivi les catégorisations olympiques, qui sont (encore pour le moment) hommes et femmes. Je pense qu’Alana ne m’en voudra pas.

Précision n°2 : Je n’ai malheureusement pas réussi à trouver une vidéo de son run totalement ridicule, toutes celles sorties le lendemain de sa « performance » ayant été supprimées. Simple hasard, problèmes de droits d’auteurs ou censure pour la protéger des moqueries (ce qui pose d’autres problèmes si c’est le cas), difficile à dire. Mais si quelqu’un a un lien, je suis preneur dans les commentaires.

Shericka Jackson

Avec un titre (4x100m) et deux médailles de bronze (100m, 4x400m), on pourrait se demander ce que Shericka Jackson fait dans cet article. Eh bien, parlons de la seule discipline dans laquelle la Jamaïcaine était engagée et où elle n’a pas ramené de médailles. Lors des séries du 200m, alors que sa qualification est largement en poche, elle se relève complètement à quelques mètres de la ligne, probablement pour s’économiser en vue de la suite. Mais entre ralentir et s’arrêter, il y a une différence quand même. Et la native de St Ann se rendra compte un peu tard que cela permet à deux coureuses de la dépasser et donc de l’éjecter, pour quatre centièmes, d’une qualification pour les demi-finales. C’est con, surtout pour l’une des favorites de l’épreuve. Julian Alaphilippe compatit en tous cas.

Saint Boy et Kim Raisner (et tout le pentathlon en fait…)

Ah, ce sport si génial, si suivi, si logique que le pentathlon moderne. Vous savez pas ce que c’est ? Mais c’est pourtant simple comme bonjour ! Vu que cet article fait déjà plus de 2000 mots, je me permets de m’autociter, tel Yves Martin, dans mon article traitant des sports débiles des JO : « Le pentathlon moderne compte, comme son nom l’indique, cinq épreuves. Ce que le nom n’indique en revanche pas, c’est que ces épreuves sont assez improbables en soi et qu’elles n’ont absolument aucun lien entre elles. Jugez par vous-mêmes : escrime, natation (200m nage libre), équitation, course à pied (3’200m) et tir au pistolet. » À l’époque, je ne savais par contre pas que le canasson utilisé pour l’équitation était tiré au sort par les concurrents 20 minutes avant leur passage. Et que certaines montures sont aussi compétentes dans le saut d’obstacle que votre serviteur tentant de joindre un live Twitter. Cela explique donc que l’Allemande Annika Schleu (ça ne s’invente pas), provisoirement en tête du général avant cette épreuve, tombe sur un cheval tout pété. Un peu comme si les équipes tiraient au sort leur gardien au début de l’Euro et que la Nati se retrouvait avec Loris Karius. Saint Boy, c’est le nom de l’équidé, a tout simplement refusé de passer le moindre obstacle, laissant sa concurrente dans une profonde détresse. Et provoquant la furie de son entraîneur, Kim Raisner, qui n’a rien trouvé de plus malin que de passer ses nerfs en attendrissant de ses poings les steaks de ce diable de Saint Boy. Pigeon collectif donc pour le cheval, la coach mais aussi pour toute cette blague qu’est cette discipline.

Pauline Ferrand-Prévot

Le 27 juillet 2021 est un jour à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du sport suisse. En effet, Jolanda Neff, Sina Frei et Linda Indergand ont signé un improbable triplé olympique en VTT, le premier chez les femmes et le premier tout court depuis l’invention de la télévision. Mais le plus fou, c’est qu’aucune d’entre elles n’était annoncée comme une vraie médaillée potentielle avant le départ. En effet, les deux immenses favorites, selon L’Équipe en tous cas, étaient deux françaises : Loana Lecomte et Pauline Ferrand-Prévot. La première, révélation de la saison, a mal géré sa course avant de terminer sixième, ce qui est quand même une belle perf à 21 ans. Mais pour la seconde, c’est bien plus rigolo. Alors qu’elle est à la lutte pour la première place avec Neff, et alors qu’en ce début de course les deux femmes tentent de s’échapper du reste de la meute, la Rémoise se viande, toute seule, sur des pierres, dans une légère montée, avant de voir sa monture se barrer, elle aussi toute seule, et de nombreuses concurrentes lui passer devant. Elle ne reverra jamais la future championne Olympique, mais apercevra tout de même le podium avant de totalement lâcher en fin de course. Mais la raison de sa présence ici tient surtout à ses déclarations d’après course, dans lesquelles elle affirme que sa chute est la faute de la Suissesse qui « débranche complètement le cerveau ». Après avoir revu plusieurs fois la séquence (disponible ici), on ne voit toujours pas où est l’erreur de Jolanda Neff. Une fois n’est pas coutume, le seum français face aux Suisses est un train de devenir légendaire.

L’Équipe

On avait quitté le journal sportif français à l’Euro, après un autre seum monumental à la suite d’une autre grande journée pour le sport suisse. Mais penser que cela allait leur servir de leçon était illusoire ! Le journal, qui ferait définitivement fortune dans la vente de la peau de plantigrade vivant, n’apprend décidément jamais. Après son fameux « Tous les pays nous les envient » en juin, le quotidien nous sort un splendide « Lecomte – Ferrand-Prévôt, le duel pour l’or » en une au matin du 27 juillet. Si vous ne vous souvenez plus comment ça s’est fini, vous pouvez relire le paragraphe précédent. Cette fois c’est bon ? Que nenni car rebelote le lendemain, lors du contre-la-montre du cyclisme sur route. Avant la course, Rémi Cavagna est présenté comme étant « favori pour l’or » par nos amis journalistes. Quelques heures plus tard, le tricolore termine donc 17ème de la course, à plus de deux minutes et demie du podium et à trois et demie de l’or promis par l’Équipe. Et la cerise sur le gâteau de ce chef-d’œuvre est intervenu au lendemain des JO. Alors que l’équipe féminine française de handball signe un exploit en gagnant pour la première fois de son histoire le titre olympique, le journal préfère consacrer sa une (et les trois quarts de ses éditions depuis lors) au transfert de Messi.

Morhad Amdouni

La polémique de la fin des JO. Lors d’un marathon qui avait l’air, de notre canapé, sacrément éprouvant, les ravitaillements étaient plus que nécessaires. Et ça, Morhad Amdouni, champion d’Europe du 10’000m en 2018, l’avait bien compris. Alors que la course s’emballe et qu’il commence à être dans le dur, le Français profite du point règlementaire où les athlètes peuvent prendre une bouteille d’eau pour renverser toutes celles situées sur la table et ainsi priver ses rivaux d’un peu de fraîcheur. L’athlète expliquera par la suite n’avoir pas fait exprès, que les bouteilles ont glissé. C’est quand même un sacré heureux hasard pour lui que la seule qui ne glissait pas était la dernière ! Heureusement, le karma fait parfois bien les choses. Malgré son hydratation meilleure que la moyenne, Amdouni craquera complètement pour finir à une anonyme 17ème place. Et le plus prétérité par son coup bas, le Néerlandais Abdi Nageeye, terminera médaillé d’argent. Cheh.

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A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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