TDF 2021 : résumé

Sorti fatigué d’un été à couvrir l’Euro de foot en mode machine de guerre, j’ai décidé de débriefer le Tour de France avec du retard et en mode minimaliste. Cela tombe bien car cette cuvée 2021 n’aura franchement pas fait rêver les foules comme elle aura ravivé les souvenirs douloureux des années Armstrong…

Le Tour en deux mots

Sans suspense mais pas sans soupçons.

L’homme du Tour

Tadej Pogacar évidemment. Le Slovène aura survolé la course comme rarement avec une prise de pouvoir précoce dès les Alpes assortie de trois victoires d’étapes. A 22 ans, celui qu’on surnomme « Pogi » dans le peloton gagne donc son deuxième Tour de France consécutif. Le deuxième d’une longue série sauf… si la Patrouille de France se décide ces prochains étés à venir le contrôler un peu plus assidûment lorsqu’il vient pétarader sur les routes du Tour.

Le grimpeur du Tour

Lâchant tous ses adversaires dans les Alpes lors de son show dans la Colombière et le lendemain vers Tignes, puis l’emportant coup sur coup dans les Pyrénées au col de Portet et à Luz-Ardinen, maillot jaune sur le dos, Tadej Pogacar est également le grand grimpeur de ce Tour 2021. Comme l’an passé, il décroche d’ailleurs à Paris la fameuse tunique blanche à pois rouge chère à Richard Virenque. Sans saveur, ni émotion particulière.

Le sprinteur du Tour

Après trois années sans victoire passées par les affres de la dépression, Mark Cavendish revit cette année chez Deceuninck-Quick Step. Il est toujours surprenant de constater à quel point les coureurs marchent lorsqu’ils sont dirigés par Patrick Lefevere et le docteur de l’équipe Yvan Van Mol. Et à quel point ils redeviennent des coureurs ordinaires une fois qu’ils quittent la machine de guerre belge (les sprinteurs Marcel Kittel, Fernando Gaviria et Elia Viviani peuvent en témoigner). A 36 ans, Mark Cavendish n’échappe donc pas à la règle. Initialement pas prévu pour disputer le Tour de France, le Cav’ remplace au pied levé Sam Benett pour s’octroyer quatre victoires d’étapes et le maillot vert de meilleur sprinteur. Avec 34 bouquets récoltés sur la Grande Boucle, il égale le plus grand coureur de tous les temps Eddy Merckx. Niveau classe, il ne lui arrive cependant toujours pas à la cheville.

Le puncheur du Tour

Il est difficile de classer Wout Van Aert dans une catégorie particulière tellement le champion belge sait tout faire. Wout, c’est le gars qui gagne l’hiver en cyclo-cross, au printemps sur les classiques et l’été sur le Tour chaque année depuis deux ans. Sur chaque Grande Boucle, il a pris pour habitude de claquer des sprints en marge de son travail d’équipier pour Roglic. Libéré de ce fardeau suite a l’abandon précoce de son leader, Van Aert l’emporte à la fois en montagne sur le Ventoux, sur le contre-la-montre à Libourne et au sprint sur les Champs-Elysées. Une trilogie décapante avec son maillot de champion de Belgique qui, elle, rend réellement hommage à la carrière de son compatriote Eddy Merckx.

L’abandon du Tour

Primoz Roglic. Venu pour remporter le Tour de France qui lui avait échappé d’un rien l’an passé, la veille de l’arrivée à Paris, sur le fameux chrono de la Planche des Belles Filles, le Slovène aura déchanté dès le troisième jour suite à une chute spectaculaire. Largué au général avant même le début de la haute montagne, il se retirera sagement au bout d’une semaine de course. Revanchard, il sera sacré champion olympique du contre-la-montre trois semaines plus tard à Tokyo.

La buse du Tour

Julian Alaphilippe. Depuis le coronavirus et son idylle avec Marion Rousse, l’Auvergnat est moins dominant. Alors certes, il a beau porter le maillot de champion du monde depuis dix mois, il ne gagne plus que trois courses par an. En juin, il caresse les pédales en Suisse mais ne gagne aucune étape. Pire, il abandonne la veille de l’arrivée alors qu’il est encore troisième du classement général… pour aller rejoindre sa dulcinée sur le point d’accoucher. Le timing est mauvais et il le reste quelques semaines plus tard sur le Tour de France. Alors oui, l’exilé fiscal andorran s’impose d’entrée à Landerneau pour se parer de jaune. Maillot arc-en-ciel sur le dos, c’est beau et ça rappelle Hinault. Mais derrière, plus rien, le désert, vingt jours de cyclotourisme pour ne même pas aller dans la foulée aux Jeux olympiques. Un vrai gâchis.

Le tournant du Tour

La huitième étape entre Oyonnax et Le Grand-Bornand. Courue sous la pluie et dans le froid, Tadej Pogacar attaque à 30 kilomètres de l’arrivée dans le col de Romme. Il y éparpille tous ses rivaux avant d’enfoncer le clou dans la Colombière. Avec près de cinq minutes d’avance au classement général sur ses principaux adversaires au soir de la première étape de montagne, le Tour est déjà plié. On passera par conséquent les deux semaines suivantes à se faire royalement chier.

L’esthète du Tour

Comme Wout Van Aert, Mathieu van der Poel est un crack. Pour son premier Tour de France, il vise d’entrée le maillot jaune pour rendre hommage à son grand-père Raymond Poulidor, disparu il y a 20 mois. S’il se manque le premier jour à Landerneau, il se venge dès le lendemain à Mûr-de-Bretagne en faisant coup double : étape assortie du maillot jaune. Mathieu emballe la France comme sa copine sur la photo. Problème, il s’éclipse dès les Alpes en vue des Jeux olympiques à Tokyo, ce qui déclenche de vives polémiques chez nos voisins toujours adeptes de débats stériles. Ironie du sort, il se cassera ensuite lamentablement la gueule au Japon sur l’épreuve de VTT qu’il préparait depuis cinq ans. Emballer n’est pas peser Mathieu !

Le Tour des Suisses

Avec six coureurs helvétiques au départ de ce Tour, nous pouvions prétendre à de bons résultats sur cette cuvée 2021. Malheureusement, la chute initiale de Marc Hirschi l’aura cantonné à un rôle de simple équipier pour son leader Tadej Pogacar. Quant aux deux Stefan, Küng et Bissegger, ils se feront dominer sur le contre-la-montre par les fusées Pogacar et Van Aert. Bref, une Grande Boucle à oublier pour eux.

Le coureur le plus scandaleux du Tour

Tadej Pogacar évidemment. Après les soupçons nés l’an passé sur les pentes de la Planche des Belles Filles où il avait renversé le Tour de France et Primoz Roglic de façon toujours inexplicable, le jeune Slovène a cette année promené son vélo de la Bretagne à Paris. Il aura réussi la performance incroyable de l’emporter aussi bien sur le contre-la-montre plat de Laval que sur les deux étapes de montagne pyrénéennes. Sans coureurs echappés dans les Alpes, il gagnait également au Grand-Bornand et à Tignes. Son récital sur trois semaines n’est pas sans rappeler celui d’un certain Lance Armstrong au début du siècle. L’attitude n’est évidemment pas la même. Dénué de charisme, Pogacar aime la jouer profil bas en s’appuyant sur ses valeurs familiales comme gage de sa probité. L’histoire ne dira donc pas encore tout de suite si le blondinet d’UAE préfère les produits diététiques de son sulfureux manager Matxín aux éventuels moteurs planqués dans les vélos Colnago…

L’équipe la plus scandaleuse du Tour

L’équipe Bahrain Victorious. Suspecte depuis deux mois après le Giro stratosphérique de Damiano Caruso (deuxième du Tour d’Italie avec une victoire d’étape) et le week-end délirant de Mark Padun au Dauphiné (deux victoires d’étapes en montagne coup sur coup face aux cadors), la formation du Golfe se fait de nouveau remarquer sur le Tour de France avec deux succès d’étapes de Matej Mohoric, un de Dylan Teuns et des performances stupéfiantes de Sonny Colbrelli en montagne. Sans Landa blessé, ni Caruso et Padun au repos, Bahrain écrase de nouveau la concurrence avec des coureurs de seconde zone. Une perquisition policière est menée en troisième semaine à Pau pour mettre fin à la mascarade. Les gendarmes n’y trouveront rien d’autres que les rires sarcastiques d’une équipe sûre de son fait.

Et si le Tour s’était couru à l’eau claire ?

Huitième à Paris au terme d’une course courageuse, Guillaume Martin l’aurait probablement emporté. Le problème, c’est que pour gagner le Tour de France, il vaut mieux étudier la physique et la chimie que la philosophie. Même Romain Bardet, absent cette année, peut en témoigner.

A propos Thierry Bientz 47 Articles
Après avoir parcouru 250 000 kilomètres à vélo en 20 ans, j'ai décidé de prendre un peu la plume pour raconter le cyclisme...

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1 Commentaire

  1. Pourquoi les équipes françaises telles que cofidis ou ag2r échappent à la suspicion de dopage ?
    J’ai l’impression de lire un journaliste francais pour qui, chaque coureur devant un français est dopé… Et les français sont tous clairs.
    Je tiens juste à dire que des français positifs, il y en a toujours eu et même dans les « petites » équipes…
    Alors de la a dire que ce serait Martin qui aurait gagné le tour à l’eau clair…. Je ne suis pas d’accord

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