Wilson définitivement seul au monde

Désormais, chaque mois, Carton-Rouge a le plaisir de sortir ses griffes dans le nouvel hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publions quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. La sixième tournée porte sur le feuilleton de l’été: l’affaire Alex Wilson.

En passant de héros à zéro, de champion bâlois à athlète suisse d’origine jamaïcaine, de l’Usain Bolt helvète au Ben Johnson national, il est peu dire que le sprinter Alex Wilson a vécu un mois de juillet particulièrement difficile. Pour ceux qui n’ont pas suivi le feuilleton de l’été, un petit rappel des faits s’impose. Le 18 juillet dernier se disputait en Géorgie un petit meeting d’athlétisme réservé aux seniors. Le suisse Alex Wilson s’aligne sur le 100 m et le 200 m pour peaufiner sa préparation aux JO. Sur 100 m, il restait cette saison sur un maigre 10’38’’. La surprise est donc totale lorsqu’il remporte la course en 9’84’’, nouveau record d’Europe à la clé. Rebelote sur 200 m avec un nouveau record suisse en 19’89’’. S’ensuit alors pour lui des rêves de médailles olympiques encouragés par un emballement médiatique de la presse helvète, mais contrebalancés par de fortes suspicions de la presse internationale. L’affaire est louche et trois suspects se détachent rapidement.

Suspect no 1: Le chronomètre. On peut penser qu’en 2021, même dans un petit meeting, le chronomètre soit fiable. Pourtant une analyse de la vidéo de la course montrerait que le Suisse a en réalité couru en plus de 10 secondes. Pas si vite, car les chronos des autres concurrents sont eux parfaitement corrects. Un autre indice en faveur de Wilson est que l’éventuel problème de chronométrage s’est reproduit plus tard sur 200 m, à nouveau uniquement en sa faveur. A-t-il un super-pouvoir permettant de déclencher l’arrêt du chrono quand bon lui semble? Hollywood a peut-être trouvé son nouveau Black Panther.

Suspect no 2: Les chaussures magiques. Pour expliquer ses chronos phénoménaux, Wilson avait la réponse toute trouvée. De nouvelles pointes carbonées fabriquées par son équipementier pour les JO. Sauf que la plupart des athlètes utilisent ces pompes miracles et le record du monde du 100 m tient toujours.

Suspect no 3: La viande contaminée. C’est la stupeur le 28 juillet lorsqu’on apprend la suspension pour dopage d’Alex Wilson pour un test datant du 15 mars dernier. Son excuse? Un steak contaminé qu’il aurait consommé dans un restaurant de Las Vegas. Notre champion dit adieu à Tokyo. Rater un bœuf de Kobé pour un vulgaire steak aux hormones, quelle faute de goût.

C’est finalement l’absence d’un système de détection de faux départ qui a mené à la non-homologation des deux records. Une conclusion pourtant évidente auquel tout le monde aurait dû rapidement se résoudre. Mais la presse et le public suisse ont préféré faire l’autruche pour ne pas se priver d’un nouveau conte de fée dans cet été sportif historique. Tous coupables donc… élémentaire mon cher Wilson.

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