Djibril Cissé : jambes de fer, tête en bois

Djibril Cissé est une figure. Ses looks spéciaux en ont fait une des figures de proue de la communication d’Adidas, mais ses jambes ne lui permettent plus d’être titulaire chez le 17ème de Ligue 1. Retour sur une carrière en dents de scie.

Le fils de l’ancien international ivoirien Mangué Cissé est né à Arles, dans les Bouches-du-Rhône, à une soixantaine de kilomètres de Marseille. Il débute le football dans le petit club de l’AC Arles, aux côtés d’un certain Gaël Givet (lui aussi à l’OM depuis le début de saison). Après un court passage au sport-études chez les crocodiles nîmois, il est repéré par Guy Roux qui deviendra son mentor. En 1998, il débarque à Auxerre à tout juste 17 ans.
 
C’est sur les terres de l’Yonne que l’attaquant peroxydé va construire son image. Couvé par son coach au bonnet magique la première année, il explose lors de la seconde à la suite de la blessure de l’emblématique Stéphane Guivarc’h. En marquant 8 buts en 22 matches au cours de la saison 2000-2001, il devient vite le chouchou des médias et des supporters locaux. Ses looks ravageurs et ses courses supersoniques en font une des figures de proue de la L1.


Guy Roux avait vite repéré le talent de Cissé

Deux fois meilleur buteur

Plutôt que de partir de suite s’enterrer à l’étranger, il choisit de rester à l’AJA pour emmagasiner un maximum de temps de jeu et d’expérience. Il faut dire que Guy Roux n’aime pas se départir de ses «bijoux de famille». Ainsi, les saisons suivantes, il profite à fond d’une tactique basée quasi exclusivement sur ses qualités. Les deux ailiers Bonaventure Kalou et Kanga Akalé sont alors mis au service du buteur. Deux saisons incroyables, ponctuées de 22 et 26 buts (meilleur buteur à égalité avec Pauleta la première année, meilleur réalisateur tout court la seconde), vont lui ouvrir les portes du club de son coeur (enfin, le 2ème après Marseille), Liverpool.
 
Lors de l’intersaison, il connaît sa première désillusion sportive. Déjà international chez les «grands», il est appelé en renfort pour un match crucial des Espoirs face au Portugal. Découpé régulièrement par les défenseurs portugais, il craque et en déglingue un, comme ça, juste pour le plaisir. Lourdement suspendu, il doit renoncer à l’Euro 2004 au Portugal. C’est le début de ses rendez-vous manqués avec les Bleus.
 
Juste avant de faire son sac d’Anfield, Gérard Houiller arrache le n°9 pour 22 millions d’euros et le laisse en héritage à son successeur. Sa première saison sur les bords de la Mersey se passe plutôt bien. Il ne score guère, mais ses courses et ses frappes lourdes plaisent aux supporters liverpuldiens. C’est en octobre de cette même année que Cissé va connaître le début de la galère. Au contact d’un défenseur, il se plante la pointe du pied dans la pelouse et sa jambe gauche se brise. Les images sont à la limite du soutenable.


Une image rare lors de son passage chez les Reds

L’Arlésienne

Indisponible de longs mois, il réussit le tour de force de revenir sur les terrains avant la fin de l’exercice. Avec en point d’orgue, son penalty réussi lors de la mythique finale de Ligue des Champions remportée par les Reds face au Milan AC. Mais il n’est pas épanoui en Grande-Bretagne. Rafael Benitez n’a jamais apprécié son style de jeu et le confine régulièrement sur l’aile droite ou sur le banc.
 
C’est le début des rumeurs concernant un éventuel transfert à l’OM. Mais le salaire de ministre de la flèche d’Arles et les prétentions du board de Liverpool en matière de somme de transfert ne permettent pas au club olympien de boucler l’opération. De plus, «Djib’» est un homme fier et ne souhaite pas rester sur un échec et compte bien s’imposer une fois pour toutes en Premier League.
 
Guère plus utilisé la saison suivante, il est à nouveau approché par José Anigo en janvier 2006. C’est le début de «l’Arlésienne». Amoureux de l’OM, Cissé a toujours déclaré vouloir jouer au Stade Vélodrome, mais le transfert semble ne jamais devoir se faire. Il faudra un nouveau coup du sort dans la carrière de l’international pour que l’affaire soit bouclée, en juillet 2006, sous la forme d’un prêt d’une année avec option d’achat.


Le rêve de Djibril : signer à l’OM

Rendez-vous international manqué

En match de préparation au Mondial allemand, l’attaquant se prend à nouveau les pieds dans le tapis et récolte encore une fracture tibia-péroné, cette fois côté droit. Il loupe encore une grande compétition internationale. Les pourparlers bien avancés avec l’OM seront conclus malgré cet accident et il en sera très longtemps gré à José Anigo et Pape Diouf. Il revient à la compétition en décembre après de nombreux reports. Attendu comme le Messie au Boulevard Michelet, il réalise dès sa première entrée une tête décisive contre Monaco qui permet à Mamadou Niang de marquer.
 
Mais bien vite, le très difficile public du «Vél’» va le prendre en grippe. Son manque de réalisme, sa pauvreté technique ainsi que sa constance à engueuler ses coéquipiers vont lasser le plus ardent des supporters. Il réussit toutefois à faire taire les quolibets en alignant une bonne quinzaine de buts et surtout en scorant à deux reprises en finale de Coupe de France à St-Denis (défaite aux penalties face à Sochaux).
 
Le début de saison 2007-2008 manqué des Marseillais va coûter cher à l’attaquant. Le manque de complémentarité des nouvelles recrues et le style de jeu beaucoup moins direct prôné par le néo-entraîneur phocéen Eric Gerets ne colle pas du tout avec le jeu de Djibril. Peu à l’aise dos au but, il est incapable de servir de point d’appui à son équipe et doit se contenter de courtes apparitions. Moins complet que Mamadou Niang, il reste sur le banc et est de moins en moins utilisé par son coach.


Juste avant le Mondial allemand,
Djibril-le-poissard se brise le tibia

Pimp my Djibril

Son style de vie plutôt clinquant n’aide en rien à sa popularité. Amateur de grosses bagnoles style «pimp my ride», de coupes de cheveux plus rocambolesques les unes que les autres et meilleur client des tatoueurs du Sud de la France, il agace par son manque de discrétion et d’humilité alors que son jeu s’effrite. Toutefois, depuis quelque temps il a appris la discrétion et tente de regagner sa place par le travail.
 
Son humilité nouvelle tranche avec ce personnage qui n’a jamais laissé indifférent. Soit on l’aime, soit on le déteste, mais il a l’avantage d’être reconnu bien au-delà des suiveurs du ballon rond et de faire vendre des maillots. Il a en outre prouvé son attachement au maillot de l’Olympique de Marseille en allant lui-même en Grande-Bretagne peser sur les négociations entre les Français et les Anglais, alors que l’OM n’avait pas les moyens de s’aligner sur l’offre de clubs comme Benfica, Portsmouth, West Ham ou Bolton.
 
Alors qu’on a l’impression de le voir tous les week-ends à Téléfoot depuis des décennies, Djibril Cissé n’a que 26 ans et n’est pas encore à la moitié de sa carrière de footballeur. Avec tous ses pépins physiques et ses récents échecs sur le plan sportif, il lui faut avoir un caractère fort pour rebondir et revenir sportivement sur le devant de la scène. Le n°9 est fait de ce bois et je prends la pari qu’il sera une idole sur la Canebière dans les 12 mois qui viennent. A moins qu’il ne se casse le fémur juste avant l’Euro 2008…

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4 Commentaires

  1. « Après un court passage au sport-études »
    Cest rien de le dire. Si un footeux na pas inventé leau chaude cest bien lui.

    Cissé? La plus grande arnaque avec P. Christanval et F. Fiorèse lors des 5 dernières années.

    Cest de lathlétisme quil aurait dû faire, car à part courir vite et tout droite, bof bof…

  2. Et oui, le cas Cissé est complexe.
    Mais cest surtout larchétype du joueur incapable de sadapter à différents systèmes. Car à Auxerre, le bon Djibril nétait tout de même pas un peintre. Il faut les marquer les 26, puis 22 buts…
    Alors soyons patients…Même si la patience nest pas la qualité première du Vélodrome…

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