Les sports olympiques les plus improbables

Le 25 juin dernier, le CIO a annoncé les nouveaux sports qui seront au programme pour les prochains JO d’été. Résultat, du très lourd avec le surf, le skateboard, l’escalade et le breakdance… L’occasion de faire un petit florilège des sports les plus débiles à avoir figuré au programme des Olympiades d’été (l’article sur les sports d’hiver suivra peut-être) modernes, soit depuis 1896. Et de se rendre compte des différents pétages de plombs qui feraient se retourner le Baron de Coubertin dans sa tombe.

Parce que qu’on se le dise, si l’escalade (qui se pratique sur mur de grimpe) est un sport assez impressionnant et difficile bien que méconnu, on se demande ce que le surf peut bien faire aux JO. Sans parler du skateboard, discipline que l’on pensait éteinte depuis le début des années 2000 et la disparition progressive de la chaîne MTV. La plus grosse blague restant bien entendu le breakdance, qu’on a plus l’habitude de voir dans « La France a un Incroyable Talent » aux côtés d’une ménagère de plus de 50 ans qui reprend « My heart will go on » en youtzant et d’un type obèse qui se prend des plateaux dans une piscine gonflable en sautant des 10 mètres.

Le programme Olympique, à la pointe de la mode

Mais le CIO a l’art de nous sortir des sports improbables pour faire varier quelque peu son programme et cela ne date pas d’hier. Toutefois, si vous pensez que les sports actuels sont justifiés, voici déjà un récapitulatif non exhaustif des compétitions improbables d’aujourd’hui avant de partir sur celles d’hier. Et je ne parle pas ici des sports juste chiants comme le golf ou l’hippisme.

Sports débiles actuels

Le trampoline

Au programme depuis les Jeux 2000 à Sydney, le trampoline fait partie des épreuves de gymnastiques. Et alors autant les anneaux ou le sol sont des disciplines habituelles et « légitimes », autant voir un type en training du dimanche enchaîner 3 pirouettes sur un trampoline est assez déstabilisant (même si je dois avouer que c’est plutôt impressionnant). Mais bon, au moins ce sport permet aux Canadiens de ne pas rentrer à chaque fois les mains vides des Jeux d’été, eux qui comptent parmi les meilleurs spécialistes bondissants.

De toute beauté

La gymnastique rythmique

On reste dans le domaine de la gym mais sur quelque chose de bien moins spectaculaire. Présente aux JO depuis 1984, cette discipline exclusivement féminine (merci pour l’égalité) dispose d’un concours individuel et d’un par équipe. Le but de ce « sport » dominé par les Russes (Vladimir n’approuve pas) est de faire une chorégraphie oscillant entre la danse et le sol, le tout accompagné d’accessoires indispensables tels que des cerceaux ou des rubans. On trouve difficilement plus ridicule mais comme une vidéo vaux mille mots, voici la performance de l’équipe championne olympique 2012.

Le 50km marche

Sport olympique depuis 1932, le 50km marche se distingue non seulement par la démarche chaloupée et particulière des participants mais aussi par le fait que ceux-ci se fassent dessus durant l’épreuve. Mais si ce sport est chiant (c’est le cas de le dire, je vous en prie pour l’élégance de cette blague) au possible à regarder, il est surtout excessivement dur (contrairement à… Bon j’arrête) ! La marche rapide fatigue au moins autant que la course et ce n’est pas un hasard si l’épreuve a été marquée par un nombre record d’abandons lors des Jeux de Rio en 2016. Ce sport est toutefois absurde en toutes circonstances puisque le Tribunal Arbitral du Sport a été récemment saisi afin qu’une version féminine, qui n’existe actuellement pas, soit ajoutée au programme alors qu’il est prévu que le 50km marche disparaisse après Tokyo 2020…

Pentathlon moderne

Si des lecteurs étaient capables de me faire une définition de ce sport avant de lire cet article, je les remercie de se manifester dans les commentaires, j’en serais très surpris. Le pentathlon moderne compte, comme son nom l’indique, cinq épreuves. Ce que le nom n’indique en revanche pas, c’est que ces épreuves sont assez improbables en soi et qu’elles n’ont absolument aucun lien entre elles. Jugez par vous-mêmes : escrime, natation (200m nage libre), équitation, course à pied (3’200m) et tir au pistolet. Ce choix d’épreuves est aussi cohérent que de mettre Xhaka comme capitaine d’une équipe de foot et, de plus, le tout est classé selon un système de points ayant autant de sens que le business plan de Roland-Garros. Le pentathlon moderne, dominé par les Hongrois, est présent aux olympiades depuis 1912 mais est pressenti pour en disparaître dans les années à venir, faute de popularité. Sans blague.

Sports débiles du passé

Nous venons déjà de voir un joli assortiment, mais les meilleurs sports à la con nous viennent du siècle dernier. Voici donc une liste, encore une fois non exhaustive, de ceux-ci, qu’ils aient été au programme durant des années ou comme simple démonstration, à découvrir dans un ordre totalement subjectif du plus « normal » au plus improbable.

Le croquet/roque

Tout le monde a déjà joué au moins une fois au croquet, ce sport où l’on doit faire passer une boule sous des arceaux à l’aide d’un maillet. Eh bien il a été sport olympique ! Bon, c’était à Paris en 1900, mais quand même. Dix participants ont été recensés, avec une mention spéciale à l’épreuve du double, dont la médaille d’or a été remportée… par la seule paire engagée ! Quatre ans plus tard, le roque, variante américaine du croquet, était à son tour au programme. Là encore, la foule ne se bousculait pas puisque seuls trois joueurs participaient. Au moins, chacun est reparti avec une médaille !

Au moins, la moyenne d’âge colle avec la dernière apparition aux Jeux

Le saut sans élan

De 1900 à 1912, les différentes disciplines de saut en athlétisme (en longueur et en hauteur) étaient pratiquées sans prendre d’élan. Je vous laisse juste vous imaginer la scène du moment où le type vient se placer, concentré au possible, devant la barre pour le saut en hauteur et effectue un superbe saut à pied joints sous les vivats de la foule ! Jusqu’en 1904, il y avait même le triple saut sans élan qui était au programme. Dans les trois disciplines, la légende de cette variante improbable du saut se nommait Ray Ewry et portait les couleurs des Etats-Unis, jamais les derniers quand il s’agit de déconne.

 

Ray Ewry, star du saut sans élan. Notez la grâce du pélican

Le hockey sur glace et le patinage artistique

Je m’explique. Ici, les sports n’ont pas grand-chose de ridicule. Cependant, il faut savoir qu’ils sont au programme olympique depuis 1920 alors que les premières olympiades hivernales ont eu lieu seulement quatre ans plus tard. Vous aurez par conséquent compris que le hockey et le patinage étaient donc aux JO d’été ! La technologie n’étant pas ce qu’elle est aujourd’hui, les compétitions ont eu lieu l’hiver précédent les Jeux d’été en question. Pour la petite histoire, la Suisse s’était ramassée un honorable 29-0 en hockey face aux Etats-Unis, mais a quand même fini devant la France. Tirez-en les conclusions que vous voulez.

Le polo à bicyclette

Si le polo, mix invraisemblable entre du foot, du croquet et de l’équitation, est déjà un sport bien barré en soi qui a eu droit a plusieurs participations à la Mecque du sport entre 1900 et 1936, je parle ici de son pendant à pédales. Le polo à bicyclette a été sport de démonstration en 1908 à Londres. Le but est donc de marquer des goals à l’aide d’un maillet tout en étant sur son vélo, à gérer sa vitesse et sa direction. S’il ne faut pas manquer d’adresse pour pratiquer ce sport, le résultat est assez ridicule. Je vous laisse cette vidéo si vous voulez vous faire une idée (notez le choix de musique et la foule en délire).

La pelote basque

La pelote basque regroupe plusieurs disciplines variantes du jeu de paume, vaguement ressemblantes à du squash. Je ne vais pas détailler toutes les spécificités ni les règles pour la simple et bonne raison que je n’y ai rien compris et que ça a l’air assez compliqué, cependant je vous laisse cette vidéo d’une finale de coupe de France si vous souhaitez en avoir tout de même un aperçu. La pelote basque a fait une apparition aux Jeux de Paris en 1900 (avec le total exceptionnel de deux équipes inscrites) et trois autres passages en tant que sport de démonstration par la suite. Comme vous pouvez l’imaginer, les seuls participants sérieux viennent du Pays Basque, français ou espagnol. A ce compte-là, si l’on peut faire d’une épreuve folklorique régionale un sport olympique, je propose d’inscrire la course de tracasset aux prochains JO…

Le bowling

The Dude likes this

Oui, le bowling, cette activité sympa qu’on pratique au Fun-Planet du coin le dimanche soir avec les copains quand on n’a rien de mieux à faire parce que tout est fermé, a été une démonstration olympique lors des Jeux de 1988 à Séoul. Alors certes, ça a dû faire plaisir à Jeff « The Dude » Lebowski, mais il faut rester sérieux un instant, sinon on va se retrouver avec une compétition de descente de White Russians. Le plus drôle étant que le bowling était en concurrence, notamment avec le vol en soufflerie (oui oui), pour revenir aux JO de Paris en 2024. Mais les organisateurs ont préféré le breakdance. Je sais pas ce qui aurait été le mieux en fait.

Le tandem

Le cyclisme est l’un des rares sports à avoir figuré lors de toutes les éditions des Jeux Olympiques et cela dans plusieurs disciplines (route, piste,…). Mais l’une d’entre elles est assez singulière à défaut d’être individuelle. En effet, de 1908 à 1972 ont eu lieu des épreuves de tandem, soit de deux personnes sur le même vélo ! Si ce véhicule, pratiquement disparu sur les routes aujourd’hui, est toujours utilisé pour permettre aux aveugles de participer au cyclisme aux Jeux Paralympiques (le sportif aveugle montant à l’arrière et ne touchant donc pas à la direction), il est assez étonnant d’imaginer des courses de tandem, le binôme postérieur ayant celui de son coéquipier en plein visage.

Allégorie du dimanche matin

Le tir à la corde

De 1900 à 1920, le tir à la corde était l’une des épreuves phares des JO, épreuve qui avait été reprise de la Grèce antique. C’est assez difficile à imaginer cela aujourd’hui, étant donné que l’on a davantage l’habitude de voir ce « sport » lors des joutes sportives du petit neveu de 9 ans et demi que durant la Grand-Messe du Baron de Coubertin. Mais la blague ne s’arrête pas simplement au sport proprement dit. En effet, plusieurs équipes du même pays pouvaient s’inscrire, ce qui a donné lieu à un triplé britannique lors des Jeux de Londres en 1908, les équipes étant alors composées de la police Londonienne, de son alter ego de Liverpool ainsi que de la police métropolitaine. Comme équipes olympiques, ça se pose là. Le tir à la corde a cependant (malheureusement ?) disparu des olympiades après 1920, la faute à de nombreuses polémiques de triches qui gangrenèrent la compétition, notamment de la part desdits britanniques qui prouvent donc qu’il n’a pas fallu attendre l’arrivée de Sky puis d’Ineos dans le cyclisme pour les voir contourner les règles de l’équité sportive.

Le tir de cerf courant

Oui, vous avez bien lu. Dès 1908 à Londres, une épreuve de tir sur cerf courant était au programme. Malheureusement, les sources concernant cette compétition sont très imprécises et divergent beaucoup, et les informations suivantes sont donc à prendre avec des pincettes. Mais il semblerait que lors de la première édition, de vrais cerfs étaient utilisés comme cibles, avant d’être rapidement remplacés par des cibles métalliques en formes de cerfs puis de sangliers coulissant le long d’un rail. Je vous laisse juste imaginer le tableau si aujourd’hui une telle compétition (sur animal vivant donc) était proposée. La PETA approuve.

La natation sous-marine

Retour à Paris, lors des Jeux 1900, lors desquels nos amis français ont décidément fait preuve d’une imagination débordante pour trouver des sports débiles et se faire des médailles faciles. Comme quoi il n’aura pas fallu attendre 2018 pour qu’ils se contentent de gagner sans la manière. Cette fois-ci, il s’agit d’une épreuve de natation assez particulière, puisque le but était de faire la plus longue distance en apnée, en essayant de plus de prendre le plus de temps possible pour réaliser cette distance. Les nageurs gagnaient en effet 2 points par mètres parcourus et 1 par seconde passée sous l’eau. Le vainqueur, un français, a donc parcouru sous l’eau le joli total de 60 mètres en une minute et huit secondes. Ah et j’allais oublier, cette épreuve, comme toutes les autres de natation lors de ces olympiades, s’est déroulée dans la Seine. Il reste à espérer que ce ne sera pas le cas lors des Jeux de Paris en 2024 sous peine de voir un sacré pic de maladies rares et disparues chez les nageurs dans les semaines qui suivent…

Qui est chaud pour un petit plongeon dans la Seine, par cette canicule ?

Les concours de ballons

Celui-ci est probablement mon sport disparu préféré. Il y a eu des compétitions de ballons (sortes de montgolfières) lors des Jeux Olympiques ! Les différentes compétitions furent : durée de vol maximale, distance maximale, altitude maximale et distance minimale (j’avoue que pour le dernier j’ai du mal à me l’imaginer…) Le grand vainqueur de la distance s’est tout de même posé en actuelle Ukraine, à près de 2’000 km du lieu de départ, ce qui lui a au passage octroyé le record du monde de la distance et de la durée de vol ! Ce sport, qui devait être une sacrée tannée à organiser et surtout à comptabiliser les résultats, n’a eu lieu que lors d’une seule édition des Jeux Olympiques. Et je vous le donne en mille, c’était à Paris en 1900, avec un triplé français à la clé.

Tir au pigeon vivant

On en arrive maintenant à l’épreuve la plus improbable jamais disputée selon moi, qui eut bien sûr lieu lors des Jeux de 1900. Il s’agit ni plus ni moins que du tir au pigeon vivant ! Certes, aujourd’hui la compétition existe mais les tireurs visent des assiettes en argile. Mais il fut un temps où le tir s’effectuait bel et bien en lâchant de vrais pigeons ! La PETA approuve aussi, d’autant que sur la seule journée de compétition, près de 300 volatiles ont été abattus, dont 21 pour le seul vainqueur ! Cette épreuve ne se déroula cependant qu’une seule fois, n’étant déjà pas jugée très éthique à l’époque. Par ailleurs, l’épreuve de pêche se déroulant dans le Seine la même année causa la mort de 881 poissons ! Dommage qu’on n’ait pas eu Sion 2026, la chasse aurait certainement eu sa place en Valais.

Voilà donc pour ce petit tour d’horizon de ce que l’olympisme a fait de pire et de meilleur. En tous cas, vivement dans 100 ans, qu’un futur rédacteur de carton-rouge.ch écrive un article se demandant comment on a décemment pu intégrer l’équitation ou le breakdance lors de nos Jeux Olympiques contemporains !

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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