La France aime s’inventer des problèmes

Dire que la France du football aime se chercher des poux est un doux euphémisme. En une année, elle a absolument tout fait pour se rendre ridicule et y est parfaitement arrivée. Heureusement, DSK a pris le relais…

Il y a un peu moins d’un an, la «mutinerie de Knysna» avait fait rire le monde entier. Depuis, la France a réussi à enchaîner les énormes conneries d’une façon absolument stupéfiante. Entre les frasques sexuelles de Ribéry et Benzema, le «débat» sur le racisme ou non de la FFF et finalement la montre tchétchène d’Alain Boghossian, on a rarement vu une institution s’auto-flageller à ce point. Mais qu’est-ce qui leur prend à nos voisins ? Ils veulent Marco Streller ou quoi ?Avant-dernière en date, la polémique concernant les binationaux au sein de la formation française m’a particulièrement fait réagir. En Suisse, on connaît bien ce problème, pour avoir dû se passer de Rakitic, Petric ou encore Kuzmanovic. En passant, imaginez la gueule de la Nati si l’un de ces trois  «traîtres» étaient là pour remplacer Huggel dans l’entrejeu ou… euh… il reste qui devant au fait ?

Je n’ai pas le souvenir que l’ASF ait été secouée par un tel séisme lorsque ces trois joueurs ont refusé une sélection avec la nation qui les a formés. Avec la Fédération ou des clubs suisses qui ont dépensé du pognon pour les faire devenir les riches footballeurs qu’ils sont devenus. Débat il y a eu, que l’on soit bien clair, mais personne n’a été accusé de racisme.
Bien sûr, personne n’a enregistré les conciliabules de l’Association Suisse de Football à l’insu de tout le monde avant de balancer le tout à un site (payant) d’«informations». Jamais quelqu’un par chez nous, sans doute, n’a dit qu’il fallait tant de «bons Suisses» et tant de «secundos, tertios ou quadritos», c’est pas faux. En même temps, imaginez la merde dans laquelle on serait si on ne devait sélectionner que des Ludovic Magnin et autre Xavier Margairaz. Ce serait drôle, c’est vrai, mais après on lutterait à armes égales contre le Liechtenstein.
Au sein de cette discussion que certains esprits bien pensants estiment nauséabonds (pas moi), une vraie question a été globalement éclipsée. Et c’est bien dommage. Laurent Blanc a raison quand il parlait de la propension franco-française à former en priorité des grands noirs qui ratissent des ballons au milieu. Alors que la mode (Pirlo, Xavi, etc…) est à faire reculer des meneurs de jeu pour fabriquer du football depuis les bases arrières, la France s’obstine à accumuler les récupérateurs. Il faut dire que les Bleus ont été champions du monde et d’Europe avec trois milieux défensifs uniquement chargés de donner le ballon à Zidane ou à Djorkaeff.
Imaginez que Jérémy Toulalan, international en puissance quoi qu’on veuille bien en dire, n’a marqué qu’un seul but en championnat depuis ses débuts professionnels en l’an 2000. Le faux-vieux (mais bientôt vrai finalement) de l’entrejeu lyonnais n’a plus fait trembler des filets en Ligue 1 depuis la saison 2004/2005 ! Vous voulez faire quoi avec ce genre de types ? Compter sur Gourcuff et Menez pour amener des buts que Benzema ne marquera pas ? Non, le débat est juste, il a simplement sans doute été mal amené, au mauvais moment, à un instant où la France n’avait vraiment pas besoin de ça.
C’est Nike qui doit être content au final. La firme à la virgule a signé le plus gros contrat de tous les temps pour habiller l’équipe nationale française et même le maillot extérieur qu’elle a confectionné a remué les esprits. Ah ça, quand il faut innover, choisir la France n’est pas vraiment l’idée la plus géniale. Pourtant il claque ce maillot. J’y ai fait mettre «11 Nasri» derrière et je peux vous assurer que je suis le roi du monde.
Terminons ce rapide tour d’horizon par la nouvelle polémique vieille d’à peine quelques heures. Ainsi, ce vilain Alain Boghossian est allé choper du fric facile et une belle montre avec des bijoux du côté de la Tchétchénie ? Et ? Le problème est le même que pour Neuchâtel Xamax. Tu veux avoir un mécène aujourd’hui dans le football ou gagner de l’argent facile avec une notoriété passée ? Pour ce faire, il est où le pognon ? Et bien oui, au Qatar, en Russie et compagnie.

Tant que les plus hautes instances politiques n’auront pas réglé ces problèmes, ce n’est pas au football de juger si leur fortune a été acquise de manière frauduleuse ou non. Pourquoi le jeu de ballon devrait-il faire le boulot de la justice ? Pourquoi un Sylvio Bernasconi ou un entraîneur adjoint de l’équipe de France devrait avoir une éthique supérieure aux politiciens de tous bords ? Non pas que je cautionne cela, hein, même Zidane – qui aime pourtant beaucoup l’argent – a refusé le voyage à Grozny. Mais si je me mets à leur place et qu’ils souhaitent me remplir le compte en banque plus qu’un binôme Zubi – garagiste du coin, moi j’accepte sans doute au final. Un Qatari veut gonfler le budget du Lausanne-Sport à 325 milliards et gagner la Ligue des Champions ? Viens copain !
Ce pognon est-il propre ? Oui ou sans doute non. Mais c’est comme pour les problèmes dans les stades, comme pour le manque d’éducation des jeunes joueurs d’aujourd’hui. C’est la société qui est faite comme ça et on a toujours dit que le football était son reflet. Alors que les politiques commencent par faire le ménage à leur niveau de compétences et je suis sûr que notre sport préféré suivra naturellement.