Pigeon de juin 2 : Alain Geiger

Dans son excellent édito du mois de juin, le non moins excellent rédac en chef Yves Martin s’était gentiment emporté sur les propos totalement incohérents et déplacés du risible Alain Geiger. Et pour ne pas le décevoir, on a décidé dans la foulée de le sélectionner pour la liste des potentiels pigeon du mois de juillet. Notons qu’il l’aura bien cherché.

Alors bon, on viendra toujours nous dire que l’entraîneur grenat a le droit d’ouvrir sa grande gueule dans les journaux de notre confédération si exiguë car quand on a 566 matches en ligue pro au compteur, un beau parcours chez les Verts et un titre de champion d’Algérie à Sétif, on peut se la jouer à la Berset devant les médias. Admirable dans ses interventions au poste de libéro et magique dans son art de la relance, Geiger était un joueur respecté, élégant et un véritable ambassadeur du football romand à travers toute la Suisse. Oui mais…

Balancer des fleurs ça va un moment… passons maintenant aux casseroles rivées aux crampons de ce bavard de Geiger. Commençons par ses propos désobligeants envers Ruiz et Ndoye en ouverture du récent match Sion-Servette : « Jean Ruiz en défense et Birama Ndoye au milieu étaient les deux plus mauvais joueurs de Sion contre Saint-Gall. J’aurais préféré qu’ils jouent, car ceux qui vont les remplacer seront meilleurs ». Bon, si se moquer des pataugées de ces navets sédunois peut éventuellement se justifier en tant que fan ou journaliste sportif, le faire en tant qu’entraîneur d’un club de Super League est aussi idiot et déplacé qu’un tweet de Trump sur le traitement du Covid à l’eau de javel.

Paradoxalement, vu que Geiger s’attaque en tant que coach à des joueurs du championnat suisse sur la manière d’exercer leur métier, cela donne un droit d’inventaire à quiconque de disséquer son métier d’entraîneur. Et là, le tableau est aussi appétissant que la collection de vomis à la sortie du Mad lausannois un dimanche à 4h du matin. Depuis 2002, l’entraîneur valaisan des gars de la Praille est allé remplir ses poches dans pas moins de 14 clubs en Suisse (Xamax, LS, GC…) et dans le Maghreb, avec entre autres les extraordinaires équipes de Mo Bejaia, Olympique Safi et El Masry. Mais le pire c’est que le Valaisan s’est fait démissionner ou est parti avant de prendre un pied Constantinien au cul un peu partout après seulement une poignée de matches, notamment trois à Al-Ettifaq. Rappelons au passage son départ navrant du LS en 2006… la raison invoquée par cet espèce d’Henchoz du pauvre fut assez pathétique: « l’hostilité excessive d’une partie du public ». La soi-disant hostilité est expliquée en détail ici si vous voulez vous choper une belle quinte de rire. Et là, soudain, il a du succès quelques mois, son équipe présente du beau jeu et les résultats suivent, et il ne peut pas s’empêcher de faire le beau et de pérorer… En résumé, Geiger est un gars qui va donner des leçons de séduction aux autres parce que pendant six mois il a levé une bonasse alors qu’en fait, il s’est branlé toute sa vie…

Et si seulement, l’adopté grenat s’arrêtait à la critique de joueurs adverses, on pourrait juste penser que Geiger est tout simplement aigri. Mais hélas, ce gars au charisme d’endive vient donner son avis sur le mode de championnat suisse en défendant ce concept inepte de ligue fermée. Qu’on puisse prétendre aimer le foot et faire la promotion d’un tel système nous dépasse totalement :

« On devrait fermer notre Ligue à douze équipes durant quelques années, ce qui éviterait de mettre chaque saison deux gros clubs en péril. C’est ce qu’ils ont fait au Portugal pour éviter des allers-retours en première et deuxième division. » D’abord, c’est faux. Le Portugal n’a pas fermé sa ligue et la FIFA ne le permettrait pas, elle n’autorise les ligues fermées que « si un championnat professionnel national n’a jamais eu de promotion et de relégation entre les divisions », comme aux USA.

« Je le répète: qu’on s’inspire du Portugal, on monte le LS et Grasshopper, on fait jouer des jeunes et on ne parle plus de relégation durant les cinq prochaines années. Ce championnat à dix peut mettre en péril un Sion ou un Xamax pour faire monter Aarau ou Vaduz, à un moment donné, il faut arrêter de vouloir faire plaisir à tout le monde. ». Pour un gaillard qui a été à deux reprises l’entraîneur du FC Aarau, on espère qu’il sera reçu comme il se doit par leurs supporters la prochaine fois qu’ils le croiseront.

S’octroyant le droit de donner son avis sur les joueurs adverses, sur la formule de championnat et même sur les mesures anti-Covid19 du Conseil Fédéral, ce bavard d’Alain Geiger oublie probablement qu’il n’est que l’entraîneur du Servette FC…qui militait encore la saison dernière en Challenge League. Pour remettre l’église au milieu du village, c’est un peu comme si le fabriquant des poignées de chiottes d’un A380 venait expliquer aux ingénieurs de Rolls-Royce comment installer les pistons sur un réacteur.

Alors un peu d’humilité ferait peut-être le plus grand bien à Monsieur Geiger. Peut-être qu’un pigeon d’or pourrait ramener son melon sur terre ?

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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3 Commentaires

  1. Autant les sorties de Geiger sur une ligue fermée ne sont pas des plus intelligentes, autant on sent une certaine frustration de la part de la rédaction Lausannoise au vu de la saison des grenat.

    J’ose espérer qu’il y aura au moins un nominé bleu et blanc vu le mois de juin des pensionnaires de la pontaise (ou de l’Allianz Riviera vu que désormais il y a un contingent de 40-50 joueurs INEOS répartis entre deux clubs…)

  2. Je vous conseille de positiver un coup et de nous faire un article à la gloire de Geiger et au passage de Zeidler!

    Le « Pigeon d’or » avec son Servette à petit budget, nous propose le plus beau football de Super League, plébiscité journée après journée par la presse de notre pays et autant alémanique, que romande…

    Puis Zeidler « mis au repos par CC » avec sa talentueuse et fougueuse équipe, qui fait mieux que se frotter… aux deux grandes écuries helvétiques et qui redonne un coup de jeune à notre championnat poussiéreux.

    Et si les Brodeurs coiffaient YB sur le fil, ils le devraient peut-être à un Servette qui est la bête noire des Bernois cette saison et les 5 points obtenus en trois matchs face au double Schweizermeister.

    Oui on s’est éclaté dimanche à la Praille car nous… nous sommes des amoureux du beau football  Et surtout, rien a envier au derby des dinosaures du soir d’avant entre le FCB et YB…

    J’espère vivement que les Brodeurs seront champions et les Grenat européens au bout de cette fantastique saison. 

    En juillet 2019 nous étions reçus au Wankdorf avec des « Willkommen Servette », les bernois étaient bien contents et peut-être trop confiants de nous retrouver lors du premier match… à voir si le même accueil sera réservé à GC ?

    Merci au très grand, Monsieur Alain Geiger, qui a redoré le blason du football Romand !

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