Genève-Servette en pistard

Cher lecteur, mon ami, mon frère, toi qui es un fanatique de sports en tous genres, tu as forcément déjà vécu ces instants d’exaltante intensité lors d’une retransmission de cyclisme sur piste sur Eurosport 2, lorsque deux sprinters rivalisent de surplace afin de laisser à l’autre le redoutable honneur de passer devant. Il n’y a pas de raison que ces moments magiques soient réservés aux amateurs de sports à pédales. En cet an de grâce 2009, le hockey y a aussi droit.

Alors bien sûr, comme toujours, il y a ceux qui préfèrent la technique classique. C’est le cas de Lugano, qui joue le surplace dès le début histoire de bien montrer qu’ils n’ont aucune intention d’aller affronter Davos. Seul problème, ils sont devant, et on les voit venir avec leurs gros sabots. Il y a donc de la marge pour s’amuser un peu.Avec à leur tête un homme comme Chris McSorley, les Aigles ne pouvaient eux qu’inaugurer des stratégies plus créatives, en prenant de surcroît un malin plaisir à jouer avec les nerfs de leurs adversaires. Leur plan: prendre résolument les devants puis, à l’approche de la ligne d’arrivée, planter soudainement les freins pour se faire imparablement rattraper par la meute.

À l’heure du coup d’envoi, la crainte sourde d’un coup de Trafalgar flottait sur les Vernets. Personne en face ! Est-on en droit de refuser une victoire par forfait ? Était-il trop tard pour inscrire un cinquième étranger sur la feuille de match, histoire d’assurer le coup ? Ces interrogations métaphysiques prenaient fin après quelques minutes, lorsque les Grisons et leurs maillots couleur Ikea pénétraient enfin sur la surface de jeu. Le spectacle pouvait alors commencer.
Si les Genevois n’étaient pas spécialement motivés à s’avaler 12 heures de route pour affronter ce même contradicteur en play-off, les gens d’en face n’étaient pas motivés tout court, n’ayant rien à gagner ni à perdre. Les locaux se voyaient donc contraints de prendre le match en main. Fort heureusement pour eux, ils se retrouvaient environ la moitié du temps en supériorité numérique, ce qui limitait sérieusement le risque d’ouvrir le score. Mais un accident est vite arrivé, et c’est ainsi que Jean-Pierre Vigier concluait sur un malentendu.
La partie poursuivait son ronronnement pendant une grosse quarantaine de minutes, et seul l’ambassadeur du Canada parvenait à la trouver «captivante». Mais peut-on se fier à un ambassadeur, canadien qui plus est, et qui n’avait de surcroît même pas daigné prendre la peine de faire distribuer des Ferrero Rochers ? (Si vous vous demandez ce que venait faire ici ce monsieur, sachez que la rencontre fêtait le Canada, notamment en envoyant le Québécois de l’équipe dans les tribunes.)
À la 47e minute, c’était la catastrophe: Igor Fedulov, décidément bien peu à son affaire ces temps, poussait au fond des filets une passe inconsciente de John Gobbi. Genève menait donc 2-0, et l’on pouvait alors actionner le frein de secours. En l’espace de trois minutes, Davos était revenu à hauteur sans même avoir compris comment. Les Grenat poursuivaient en désertant le slot pour offrir à Peter Guggisberg l’occasion de contrôler tranquillement le puck, boire un café, faire une petite sieste et remplir un sudoku avant de crucifier Benjamin Conz.
Pour parachever l’œuvre, il ne restait qu’à retirer le gardien afin de s’assurer que Davos ne prenne le large, ce qui ne prit pas plus de six secondes.
Mission accomplie.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Davos 2-4 (1-0 0-0 1-4)

Patinoire des Vernets, 6’134 spectateurs.
Arbitres : D. Kurmann ; A. Abegglen, R. Kaderli.
Buts : 8’14 J.-P. Vigier (T. Déruns, B. Ritchie / 5 contre 4 / S. Rizzi) 1-0, 47’24 I. Fedulov (J. Gobbi, T. Salmelainen) 2-0, 49’00 B. Forster (A. Daigle, M. Riesen) 2-1, 50’37 P. Guggisberg (S. Rizzi) 2-2, 56’14 P. Guggisberg (A. Ambühl, S. Rizzi) 2-3, 59’02 D. Wieser (P. Guggisberg) 2-4.
Pénalités : 5 x 2’ contre Genève-Servette, 10 x 2’ contre Davos.
Genève-Servette : B. Conz ; G. Bezina, S. Schilt ; O. Keller, J. Gobbi ; R. Breitbach, D. Vukovic ; J. Mercier ; J. Kolnik, B. Ritchie, D. Rubin ; I. Fedulov, J.-P. Vigier, T. Salmelainen ; T. Déruns, M. Trachsler, J. Cadieux ; R. Suri, G. Augsburger, F. Conz ; F. Debrunner. Absents : G. Mona, M. Höhener, P. Savary, C. Rivera (blessés), S. Aubin, F. Heynen et T. Kast (surnuméraires).
Davos : R. Berra ; B. Forster, F. Blatter ; R. Grossmann, M. Gianola ; A. Furrer, J. von Arx ; L. Stoop, L. Gerber ; A. Daigle, R. von Arx, M. Riesen ; D. Bürgler, P. Tatíček, P. Sýkora ; A. Ambühl, S. Rizzi, P. Guggisberg ; D. Wieser, J. Marha, M. Wieser. Absents : R. Leblanc (blessé), L. Genoni, G. Donati et D. Gartmann (surnuméraires).
Notes : 14’01 Temps mort demandé par Chris McSorley. 58’56 B. Conz quitte son but l’espace de six secondes.

Écrit par Yves Grasset

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2 Commentaires

  1. Genève-Servette a plus de chance d’arriver en demi-finale en affrontant Les Aviateurs que le Team Ikea. J’ai revu les statistiques entre GS et Davos et depuis 2006, les Grenat n’ont gagné qu’une seule fois chez les Montagnards.
    Avec Kloten ce sera un peu moins compliqué, et en plus, comme j’habite Zurich, j’aurais la chance de pouvoir assister à quelques match sans me tapper 3 heures de route jusqu’à Davos, mais bon, ça c’est personel et vous vous en fouttez. L’essentiel est d’arriver en demi pour les Aigles et la tactique est bonne même si l’on peut discuter du style et de la manière, il est clair que Mc Sorley a donné des instructions à ses joueurs:
    – Play good, have fun, practice well your game, don’t get hurt, but let it go…
    Si les Genevois arrivent à se « faire » Kloten, ce sera avec un gros coeur, beaucoup d’énergie et créativité.
    Après, ce sera une autre affaire si l’aventure continue car je pense que
    Zurich et Davos continuerons, et Berne y sera sans problème cette fois, ayant retenu la leçon Fribourgeoise de l’an passé.
    Personellement je ne pense pas que laisser une ou deux parties à l’adversaire en fin de qualification dans l’état actuel du classement (Lugano qui traîne les patins à deux longueurs devant et le risque de se tapper ces diables de Davosiens) doit fâcher ou scandaliser qui que ce soit.
    L’essentiel est maintenant de se préaparer à des Play-Off fabuleux et Genève-Servette risque encore de nous surprendre un peu. Wait & See..
    Je souhaite bien entendu aux Fribourgeois le même succès que l’an dernier, on doit rêver !

    Oliver – Zurich

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