Xamax : la culture du beau geste

A 3-0, le derby est plié. Les trois points sont pour Xamax, les sourires sont revenus illuminer les visages des derniers braves, assis dans les gradins du joyau du Littoral. Et là… soudain, alors que l’équipe hôte mérite déjà tous les honneurs, un geste d’humanité jaillit comme un éclair, magnifiant la fin de partie.

Sur un centre consécutif à une action très bien menée par les visiteurs, Bastien Geiger, en grand seigneur, lève le bras pour signifier tant au nombreux public qu’à ses coéquipiers «on les laisse aller !» Quel grandeur d’âme, tel un empereur romain tendant son pouce vers le ciel pour épargner un gladiateur valeureux, le latéral valaisan de Neuchâtel laisse ainsi filer Saborio vers le geste qui sauvera l’honneur des vaincus.Comme si les Xamaxiens ne s’étaient pas encore montrés assez magnanimes, Besle, en patron sécurisant d’une défense retrouvée, feint le dégagement en touche quelques minutes après le geste impérial de Geiger. Le Français rend de fait le ballon au capitaine sédunois Arnaud Bühler qui, à seize mètres, arme une frappe limpide en direction de Saborio. Le centre-avant rouge et blanc, dans une inspiration divine, dévie le cuir d’une talonnade épurée pour finalement redonner au score une image moins humiliante.

Deux gestes qui glorifient le sport, deux inspirations géniales qui rappellent au monde que même dans une compétition acharnée, les valeurs éthiques et morales restent présentes. Même adulés, cannibalisés par les médias, dépassés par les sommes astronomiques qui régissent leur sport, les footballeurs demeurent des hommes avant tout.
Pour ceux qui se demandent si j’ai vu le même match qu’eux qu’ils se rassurent. Le bras levé du «bobet qui coupe» et les errances techniques d’un défenseur central limité restent des gestes impardonnables. Quand on mène de trois buts à moins de cinq minutes du terme, l’objectif n’est plus de gagner, mais bien de ne pas encaisser de but. Xamax, malgré une victoire qui fait du bien, a manqué l’occasion dimanche de montrer aux autres équipes de Super League qu’il ne fait plus bon venir jouer à la Maladière. Vaduz devra s’en rendre compte dans deux semaines.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch 

Xamax – Sion 3-2 (0-0)

La Maladière, 3409 spectateurs (!).
Arbitre : Zimmermann.
Buts : 61e Wüthrich 1-0. 70e Brown 2-0. 80e Brown 3-0. 90e Saborio 3-1. 93e Saborio 3-2.
 
Neuchâtel Xamax : Faivre; B. Geiger, Besle, Hodzic, Edjenguele; Belghazouani (58e Wüthrich), Bah, Niasse (86e Chihab), Szlykowicz (61e Niçoise); Taljevic; Brown.
 
Sion : El-Hadary; Alioui, Kali, Vanczak, Bühler; Reset (70e Monterrubio), Serey Die (73e Crettenand), Fermino (64e Mfuti), Paito; Dominguez; Saborio.
 
Cartons jaunes :
39e Belghazouani. 45e Dominguez.

Écrit par Oscar Sörensen

Commentaires Facebook

13 Commentaires

  1. Après avoir hésité à aller au match hier, je me suis résigné en voyant qu’il était donné sur la TSR… Et comme à chaque fois que j’y suis allé j’ai regretté mon « investissement »… La tempête de 12h a refroidi toutes velléités de ma part même si à 15h30 les rayons de soleil auraient pu me faire lever de mon canapé… Mais non et 25 CHF de perdu pour Bernasc’ !

  2. @Fonkydjul
    Pas géniale l’affluence. Par contre, c’est un peu propre au football suisse malheureusement.

    GC – Lucerne 4100
    Zurich – Bellinzone 4200
    Bale – Zurich 21’800 (pas énorme pour un match pareil à Bâle)
    Bellinzone – Sion 3870
    Aarau – Xamax 3500

    Bref, lorsque la presse enfonce des portes ouvertes, elle pourrait le faire pour tous les clubs du pays.

  3. Ok pour le cote caustique et decalle… moins pour certain commentaires faciles (defenseur central limite, bobet etc.)

    Dommage surtout de ne rien dire sur les 3 buts de Xamax, tous tres bien amenes.
    Ca me semble tellement suisse de toujours s’interesser plus a ce qui ne va pas plutot que de relever ce qui est bon. Si au moins on faisait les deux, je pourrais comprendre qu’on insiste sur l’un ou l’autre, mais la…!

  4. D’accord avec Sugar, j’attendais cet article avec impatience et je reste méchamment sur ma faim!
    La seconde période en général, et les 3 buts xamaxiens en particulier méritaient de fait la citation…

  5. Mais franchement, qui ça intéresse encore d’aller voir jouer des équipes aux contingents éteroclites, sans âmes et quasi sans joueurs suisses.
    A quoi sert la formation dans notre pays, et surtout en suisse romande ?
    A qui s’identifier lorsqu’on est supporter valaisan ?
    OK pour de réels renforts étrangers. Mais pas des joueurs très moyens, peu concernés par l’avenir du club et qui ne se battent pas pour le maillot.
    Pathétique foot romand. Pathétiques présidents, bon qu’à pleurer dans nos médias, à changer d’entraîneurs sans jamais se remettre en question quand aux contingents mis à disposition de leurs techniciens.
    Il serait bon de leur rappeler que Lulu n’aurait jamais été champion avec Zürich si on ne lui avait pas laissé le temps de monter son équipe selon ses propres critères (idem avec le Herta). A Bernasconi et Constantin (surtout) d’assumer la mauvais parcours de leurs équipes.

  6. « …Il serait bon de leur rappeler que Lulu n’aurait jamais été champion avec Zürich si on ne lui avait pas laissé le temps de monter son équipe selon ses propres critères (idem avec le Hertha)… »

    Voilà la remarque la plus pertinente lue dans les commentaires depuis un bon moment. Un grand bravo à Franckie !!

  7. A mon sens, ce n’est pas tant la nationalité, mais la durée du séjour du joueur au sein d’un même club. Pour moi, un nigérian, un croate ou un suisse jouant depuis au moins 6 ans dans le même club est à mon sens un joueur de la région.

    Il est évident que ce n’est pas en changeant le tiers de l’équipe tous les 6 mois qu’on arrivera à quelque chose.

    PS: à noter qu’à Xamax, 50% des joueurs (l’ensemble des cadres et titulaires réguliers) sont suisses.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.