Que reste-t-il aux autres ?

Des stades pleins, des ambiances de feu, des matchs passionnants, des buts en cascade, les quatre premiers du classement qui se tiennent en deux points à trois journées de la fin : la Bundesliga est plus exaltante que jamais. Mais que reste-t-il donc aux autres championnats ?

Après une folle semaine de spéculations, rumeurs, déclarations intempestives et autres démentis, la nouvelle a été officialisée mercredi dernier : Felix Magath quittera bien Wolfsburg en juin prochain pour occuper les postes d’entraîneur et de directeur sportif à Schalke 04 pour les 4 prochaines saisons (enfin, si tout va bien, car en principe l’espérance de vie d’un entraîneur à Gelsenkirchen n’est guère plus longue qu’au LHC).

Gomez atomise Wolfsburg

Cette annonce était évidemment un coup dur pour Wolfsburg, tant Felix Magath constitue la clé de voûte des succès actuels des Wölfe. Relation de cause à effet ou pas, le VfL a explosé samedi dans le match au sommet à Stuttgart (4-1) dans une Mercedes-Benz Arena comble sous les coups de boutoir de Mario Gomez, auteur des quatre buts (!) du VfB : deux coups de tête, un plat du pied et une frappe surpuissante, sans que Diego Benaglio n’y puisse quoi que ce soit. Le match aurait pu rebondir en début de 2e mi-temps lorsque Zaccardo a eu à deux reprises le 2-2 au bout du soulier mais l’Italien a dû prendre des cours de réalisme avec son compatriote Luca Toni et a loupé deux fois l’immanquable.
Wolfsburg reste leader mais a perdu deux joueurs clefs sur blessure, Misimovic et Riether, et ne paraît pas dans les meilleures dispositions avant d’affronter l’équipe en forme du moment, Dortmund, puis les derbies contre Hanovre et Brême. Quant à Stuttgart, s’il passe l’obstacle Schalke mercredi, il aura vraisemblablement droit à une finale du championnat lors de l’ultime journée à Munich. Le Bayern redevient le principal favori à sa propre succession après son succès à Cottbus (3-1). Dans un Stadion der Freundschaft à guichets fermés, les Rekordmeister ont été accrochés pendant une heure, avant de faire la différence grâce à Lukas Podolski, tireur du corner du 1-2 de Demichelis, puis auteur du 1-3. Comme l’an dernier à Cottbus, le gardien Tremmel a retenu un pénalty de Ribéry ; ce n’est pas complètement anodin dans un championnat qui pourrait se jouer à la différence de but.

La fête à Berlin

Le Hertha Berlin de Lucien Favre est toujours en course pour le titre après sa victoire contre le VfL Bochum de Marcel Koller (2-0). Lulu a inauguré un nouveau dispositif en alignant deux pointes (Voronin et Pantelic), au lieu d’une seule, avec toujours Raffael en soutien. Cela a été couronné de succès, même si c’est sur deux actions de rupture que l’ancien Lausannois et l’ancien Zurichois ont marqué les deux buts du succès de l’Alte Dame. Quoiqu’il advienne de cette fin de saison, Lucien Favre aura réussi un premier pari : ramener le public berlinois au stade. Ils étaient 71’323 pour la venue du modeste Bochum et, pour la première fois depuis dix ans, la moyenne de spectateurs du Hertha va dépasser les 50’000. C’était vraiment une journée faste dans la capitale, puisque, dans le même temps, à quelques kilomètres de là, 10’000 fans ont fêté l’ascension de l’Union Berlin en Zweite Liga.

Le cauchemar du HSV

Le SV Hambourg rêvait d’un triplé historique Coupe-championnat-Coupe UEFA mais il a tout perdu en l’espace de 19 jours et quatre Nordderby contre le grand rival Werder Brême. Après la défaite en Coupe aux pénaltys, les Rothosen ont subi une élimination particulièrement amère en demi-finale de Coupe UEFA, après avoir pourtant gagné le match aller à Brême (0-1) et ouvert le score au retour. Mais les Rothosen ont fini par s’incliner 2-3, en prenant deux buts sur une bévue du gardien Rost, puis sur le corner le plus stupidement concédé de l’histoire du football, à cause d’une boulette de papier résidu du tifo. Un pénalty refusé à la 93e a couronné la soirée noire du HSV.
Très touchés physiquement et moralement, les Rothosen n’ont pu réagir dimanche à Brême avec une défaite logique (2-0), qui les écartait définitivement de la course au titre. Les deux buts ont l’œuvre du Portugais Hugo Almeida dans le but vide. Almeida qui se met à ne pas rater devant le but vide et le gardien brêmois Wiese à faire des arrêts miracles, rien n’a souri au HSV dans ce Dauerderby. Une telle série de déconvenues contre l’éternel rival a dû être terrible à vivre pour les supporters hambourgeois, surtout que les fans brêmois mais aussi du rival local St. Pauli prennent désormais un malin plaisir à confectionner des boulettes de papier géantes qui se baladent au-dessus de leur kop respectif.
Hambourg réalise une saison magnifique mais ne gagnera rien et risque même d’être privé d’Europe l’an prochain. Paradoxalement, Brême a raté sa saison mais peut gagner deux trophées. Cependant, tout n’est pas rose au Werder : Almeida, Diego (suspendus) et Mertesacker (blessé) manqueront la première finale de Coupe d’Europe disputée sur sol asiatique, alors que l’exode des stars continue : après Micoud (2006), Klose (2007) et Borowski (2008), c’est très probablement au tour de Diego et Pizarro de quitter les bords de la Weser. Pire, l’inamovible entraîneur brêmois Thomas Schaaf (31 ans au club, dont 10 à la tête de l’équipe fanion) est sérieusement convoité par Wolfsburg.

Et de sept !

En atomisant la lanterne rouge Karlsruhe 4-0 devant 80’100 spectateurs déchaînés, le Borussia Dortmund a signé son septième succès consécutif. Cela n’était jamais arrivé dans l’histoire du club, même à la grande époque d’Ottmar Hitzfeld et Stéphane Chapuisat. La Brinkhoff’s a coulé à flot, surtout que la fameuse bière dortmundoise se vide aussi rapidement que l’Emirates Stadium un soir de demi-finale de Ligue des Champions. Alexander Frei a fait la passe sur le somptueux 1-0 de Jakub Blaszczykowski, obtenu le coup franc du 2-0 magnifiquement transformé par Nuri Sahin et inscrit le 4-0 en finesse. Statistiquement, la belle série du BVB doit s’arrêter mardi à Wolfsburg, lequel reste sur 13 victoires consécutives à domicile. Oui mais, dans ce 2e tour, tous les matchs du BVB à l’extérieur se jouent à guichets fermés, avec au moins 10’000 supporters jaunes et noirs qui suivent leur équipe, ce qui relativise l’avantage du terrain. Et puis, le Hertha restait sur dix victoires de suite à domicile lorsque Dortmund a gagné à Berlin le 4 avril dernier… N’en déplaise aux écolos, la chasse aux loups est ouverte !

On solde

Dans un match sans enjeu, Hoffenheim a renoué avec la victoire qui le fuyait depuis le 31 janvier en battant un Cologne démotivé (2-0) sur deux frappes superbes de Salihovic et Ba. Voilà qui calmera les esprits en Kraichgau après une semaine agitée : l’entraîneur Ralph Rangnick a imputé le 2e tour catastrophique du TSG à son mécène Dietmar Hopp, lequel a eu l’outrecuidance d’investir moins de 10 millions d’euros lors du dernier mercato (!), et réclamé une kyrielle de renforts pour la saison prochaine. Les choses se seraient arrangées après que l’omnipotent Hopp eût rappelé à son entraîneur qui était le patron. Il n’empêche, il nous étonnerait que Ralph Rangnick, qui porte une part de responsabilité dans la dégringolade du 2e tour, fasse de vieux os sur le banc d’Hoffenheim. La presse évoque déjà le nom de son successeur : Jürgen Klinsmann.
Sur le terrain d’un Hanovre déjà en vacances, l’Eintracht Francfort a lui raté une belle occasion d’obtenir la victoire qui aurait assuré son maintien. Le point pris (1-1) permet toutefois à SGE d’aborder le sprint final en ballottage très favorable.

Espoir pour Gladbach

En attendant l’arrivée de son nouvel homme (très) fort, Schalke finit sa saison en roue libre. Les Knappen ont certes dominé Mönchengladbach dans un Borussia-Park archicomble mais n’ont pas montré beaucoup de conviction à la conclusion. Les Fohlen ont manqué un pénalty par Marin (pourquoi un club qui joue sa survie fait-il tirer un gamin de 20 ans, aussi doué soit-il ?) mais ont arraché la victoire (1-0) à la 90e sur un caviar d’Oliver Neuville pour l’Italo-argentino-israélien Roberto Colautti. Cette victoire permet à Mönchengladbach de se relancer dans la course au maintien avant le match couperet mercredi à Cottbus.
Le Bayer Leverkusen n’a toujours pas gagné à domicile en 2009, après son nul contre Bielefeld (2-2). Auteurs d’une performance indigne, les Rheinländer ont tout de même eu le bon goût de ne pas trop fausser la lutte contre la relégation en arrachant l’égalisation par Helmes, après un centre de Barnetta, qui venait d’entrer (le Suisse a perdu sa place de titulaire au profit du jeune Kroos). Au Bayer, on prépare surtout la finale de la Coupe mais aussi la saison prochaine avec l’engagement du Finlandais Hyppia, lequel poursuit son tour d’Europe des clubs d’éternels perdants, toujours placés, jamais gagnants en championnat.

Freiburg promu

Le suspense est également présent en Zweite Liga, puisque seuls deux points séparent les deux rivaux de Rhénanie-Palatinat Mainz (2e) et Kaiserslautern (5e), avec intercalés entre les deux les frères ennemis de Franconie, Nuremberg (3e) et Fürth (4e). Tout est dit en revanche pour la 1ère place, puisque Freiburg a assuré sa promotion dimanche en gagnant 5-2 à Koblenz. Relégués en 2. Liga au terme du championnat 2004-2005, les Breisgauer ont raté leur retour dans l’élite à la dernière journée lors des trois saisons suivantes.
La quatrième tentative a été la bonne, avec un effectif homogène, sans grandes vedettes mais quelques têtes connues : l’ancien gardien de Rennes Pouplin, l’ex-Strasbourgeois Abdessaki, le Camerounais Idrissou (promu avec Duisburg en 2007), le Danois Bechmann (éphémère Torjäger de la Bundesliga avec Bochum en août 2007), le Croate Banovic (ex-Nuremberg) ou encore le Biélorusse Rodionov (qui a joué la Ligue des Champions avec BATE Borisov l’automne dernier). Cette promotion constitue une excellente nouvelle : premièrement parce que Freiburg n’est qu’à soixante kilomètres de Bâle et qu’il sera donc possible d’aller voir le championnat le plus exaltant du continent en moins de deux heures et demie de route depuis Lausanne. Deuxièmement, parce que dans cette équipe fribourgeoise évolue l’ancien Messin Jonathan Jäger ; et comme Freiburg est champion de cette 2. Liga, ça fait JägerMeister. Cela valait la peine de lire l’article jusqu’au bout, n’est-ce pas ?

Écrit par Julien Mouquin

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9 Commentaires

  1. En effet, ça valait la peine de lire jusqu’au bout. Et ça vaut toujours le coup de faire un saut outre-Rhin un samedi pour admirer les stades allemands et leur faune aussi pittoresque que débonnaire: là-bas on porte toujours fièrement les gilets en jean bardés d’écussons, et il n’est pas rare de croiser des fans qui se baladent avec 4 écharpes accrochées à chaque bras et 1,5 pour mille par jambe…

    Sinon, et dans un registre moins rigolo (en tout cas pour le fan du HSV que je suis), la fin de saison des Rothosen est absolument cauchemardesque. Etre privé successivement d’une finale de Coupe d’Allemagne, d’une finale UEFA et de la course au titre par son plus grand rival, tout ça en deux semaines, c’est très dur à avaler.

  2. Sauf erreur, il y a déjà eu des finales de Coupe d’Europe en Turquie.

    La finale de Ligue des Champions entre LIverpool et Milan en tout cas.

    Sinon, un article très chouette. Comme d’hab’

  3. @dazzy:
    y a que téléfoot, la seule émission qui fait passer sport dimanche pour une émission pointue et spécialisée, qui a vu un gobelet. C’était bien une boulette de papier chiffoné, il y a eu plein de gros plans dessus pendant le direct. Le journaliste de Sat1 l’a ramassée et l’a offerte au manager du Werder Klaus Allofs pour la mettre au musée du club.

    @hakan:
    merci du compliment.
    La finale 2005 Milan – Liverpool s’est bien jouée à Istanbul mais au stade Atatürk, sur la rive européenne du Bosphore. Tandis que la finale UEFA du 20 mai prochain se jouera dans le superbe stade Saraçoglu (théâtre du fameux Turquie – Suisse en 2005) qui lui se trouve sur la rive asiatique.

  4. Ja wohl !

    Le Bundesliga-Finale s’annonce – une fois de plus, excitant!

    Moi qui plaide la cause de ce magnifique championnat au fil des jours sur ce site… reste-t-il des sceptiques après ce bel article et ce scénario on ne peut plus … »spanend »?

    Vi-va Bundes-li-ga !!!

  5. Bon hé bien ça m’apprendra regarder téléfoot alors!

    Pour une fois que j’arrivais à me lever un dimanche matin…

  6. Cher Dazzy,

    Si tu arrives à nouveau à te lever dimanche prochain, je te suggère un petit footing matinal, ou d’aller chercher les croissants, sinon de lire les derniers commentaires ajoutés sur notre site préféré, pourquoi pas une petite ballade dans la nature, ou faire l’amour avec ta tendre moitié, d’aller boire l’apéro tiens, cueillir des champignons, écouter de la musique, ou à la limite lire les pertinentes analyses de Nicolas Jacquier sur le FC Constantin dans le Matin Dimanche, bref il y a plein d’activités sympathiques à faire un dimanche matin, mais surtout, la chose à éviter absolument, c’est de regarder Telefoot sur TF1 !

    Allez, bonne semaine…et bon dimanche 😉

  7. Pour ceux qui connaissent le football anglais et l’anglais ….

    Il n’y a pas qu’en Allemagne où les stades sont pleins…et l’ambiance et terrible dans les divisions inférieures anglaises pour y être plusieurs fois…mieux qu’en Premier League…

    « Crowds for matches in League One and League Two averaged more than 7,500 and 4,100 respectively – figures that continue to dwarf those at comparable levels of the game in Europe’s other major footballing nations

    League One (D3) crowds are 40% greater than those in Germany and more than three times higher than those recorded in Italy and France.

    League Two crowds (D4) are almost three times those of German football and four times those of the Italian game

    The Championship (D2) is currently the fourth most-watched league in Europe, with a total audience of 9.9 millions fans…

    http://news.bbc.co.uk/sport2/hi/football/8045781.stm

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