Le magicien, les Cendrillons et la bouteille à encre

La Serie A, n’en déplaise à certains, c’est magique. La preuve en a encore été donnée à l’occasion de la 6e journée, riche en surprises et confirmant que cette saison pourrait bien voir s’élargir considérablement le cercle des prétendants à l’Europe. Quelques clubs inattendus jouent les Cendrillons, neuf équipes se tiennent en 3 points au classement et la magie est venue samedi soir des divins pieds d’un génie suédois…

IBRACADABRA !!! Inter – Bologna 2-1

C’est par là qu’il faut commencer, obligatoirement. Comment ne pas encore tressaillir de jubilation, pour qui l’a vu, à l’évocation de la merveille d’instinct, de technique et de talent brut dont nous a gratifiés le magicien Zlatan Ibrahimovic, samedi soir. De la magie, je vous dis. Ibracadabra, a-t-on dit ensuite dans la presse italienne. Un geste venu d’une autre orbite, une inspiration géniale dos au but, du talon droit, avec le défenseur qui lui souffle sur la nuque, pour dévier un centre à mi-hauteur venu de la gauche, des pieds d’Adriano. Quand on a vu ce but, on a vu, et on peut revoir encore et encore. Exceptionnel. Les qualificatifs manquent pour décrire la beauté de la chose. Cher lecteur, youtubise-moi ça…
A la pause les supporters intéristes en jubilaient encore. Et les leurs doublaient rapidement la marque par Adriano, sur penalty (50e). Six minutes plus tard, par contre, stupeur. Jusque-là vraiment solide et comptant sur un excellent Julio Cesar (ne met pas Toldo en pré-retraite qui veut), la défense nerazzurra trouvait moyen de relancer les Bolognais, grâce à un véritable cadeau issu d’une méga-boulette commune entre Cordoba et Zanetti, qui profitait à Moras. Mais l’Inter, finalement, ne tremblait pas, et aurait pu donner au score une autre allure si Adriano, très bon samedi, ne s’était pas vu refuser un énorme penalty après avoir abusé Terzi (obstruction caractérisée) à la 76e, et si Ibrahimovic n’avait pas inexplicablement mis à côté en un-contre-un avec le gardien adverse, après avoir ridiculisé les deux défenseurs qui le tenaient…
Dans une forme étincelante, le Zlatan. Inspiré, remuant, créatif, il a été l’homme du match. Et comme Adriano semble être sur la bonne voie, c’est du très lourd pour l’Inter en pointe. Avec ces deux-là en forme, et les extérieurs Mancini et Quaresma de mieux en mieux intégrés, c’est même théoriquement dévastateur et ça pourrait bien faire mal en Europe cette saison. Mais c’est une autre histoire…

Ibra, de l’or dans les pieds

Le Frioul en liesse : Udinese – Torino 2-0

Le Toro n’a rien pu faire. Dur, dur pour Blerim Dzemaili, titulaire au cœur d’un milieu très fourni et souvent opposé à son ancien coéquipier à Zurich, Inler. Le buteur turinois Rolando Bianchi est resté muet (il est peut-être trop seul en attaque dans un système un peu frileux). L’Udinese, vraiment une équipe redoutable en ce début de saison, s’est imposé 2-0 contre les Piémontais. En dominant le match, tirant une douzaine de fois au but. Mais seul Fabio Quagliarella a su cadrer (et marquer) deux fois, confirmant qu’il est une pièce maîtresse du jeu frioulin, au même titre que Di Natale, l’artiste D’Agostino, l’excellent chilien Sanchez ou Gökhan Inler (encore une fois précieux au milieu). Un doublé de l’international qui propulse Udine à 13 points et du coup en tête du classement, à égalité avec l’Inter et la Lazio, freinée 1-1 par Lecce (et sauvée par Simone Inzaghi à la 89e).

La Vieille Dame percluse : Juventus – Palermo 1-2

Là, ça semble sérieux. Après le traquenard Bate Borisov, c’est un signe de plus. La Juve, à 9 points, n’en a que 4 de distance avec le sommet du classement, mais on parle de crise. Car le jeu présenté par la Vieille Dame est inquiétant, loin des exigences de la gouvernance du club le plus titré en Italie. Avant que Sissokho ne se fasse expulser à la 40e pour un second jaune en cinq minutes, les Bianconeri n’ont pratiquement rien produit. Après non plus. Et la pénurie offensive s’est confirmée, malgré le but sur coup franc de Del Piero, profitant d’un Amelia magnifiquement mal placé. Il y a du boulot pour les infirmiers à Turin, avec cette équipe ravagée par les blessures, il y a du boulot pour Ranieri… à moins que, peut-être, il n’y en ait plus du tout bientôt ?
Du côté sicilien, ça rigole. Douze points en 6 matches, et une victoire historique à Turin, la première depuis 46 ans. Miccoli (5 buts désormais cette saison) en voulait à son ex-club piémontais, il a exploité en vrai renard l’incroyable léthargie de la défense adverse suite à un rebond laissé par Buffon sur une frappe puissante de Cavani. Nocerino en voulait à son ex-club piémontais, il a été énorme dans l’entrejeu, contribuant à annihiler l’ensemble du milieu de la Juve et particulièrement la «fourmi atomique» Giovinco (1m64, une petite merveille de technique et de vision dont on reparlera). Et au final, c’est le très jeune géorgien Mchedlidze (encore un nom à postillons), magnifiquement servi en rupture par Simplicio, qui fixait le score à 2-1 pour les Rosanero. Et les Palermitains de toujours plus se poser en prétendants à l’Europe…

La Juve et Ranieri vacillent

Une place-forte nommée Genoa : Genoa – Napoli 3-2

Un spectacle hallucinant a été offert aux fans des deux équipes, agglutinés dimanche dans un stadio Marassi tout heureux de l’aubaine. La Serie A, c’est magique, je vous dis. Une pluie d’occasions, des rebondissements, un match intense, sûrement le plus beau de la journée. Difficile de raconter tellement c’était riche, mais sachez que Napoli aurait pu, aurait dû gagner ce match 4 ou 5-3. Au moins. Mais Rubinho, le gardien gênois, a plusieurs fois sorti des arrêts de classe mondiale pour préserver la 3e victoire à la maison des Rossoblu. Une sorte de signal donné à la ronde : il sera difficile de venir gagner au Marassi cette saison, puisque – excusez du peu – Milan, Roma puis Napoli en sont déjà repartis battus…
Gagner et prendre seuls la tête du championnat pour la première fois depuis 14 ans : voilà ce que cherchaient les Napolitains, et ils s’y sont employés tout le match, adressant quinze tirs et usant tellement leurs adversaires que ceux-ci finissaient à neuf joueurs. L’incroyable Lavezzi (mais quel footballeur, Sainte Mère !) ouvrait le score dès la 25e… seconde, profitant d’un télescopage entre deux défenseurs gênois, et allait se révéler une écharde dans le pied des hôtes durant toute la rencontre. Intenable, roublard, puissant, ultra-rapide, imprévisible, voici El Pocho. Tout simplement incroyable, de la jeune star argentine certifiée. A ses côtés Denis, l’autre Argentin, ratait ou se faisait refuser des buts tout ficelés par un énorme Rubinho. De l’autre côté, un Diego Milito omniprésent faisait montre de sa très grande classe, mais c’est le Grec (est-il besoin de le préciser ?) Papasthatopoulos qui égalisait pour le Genoa, juste avant la pause. Déjà une mi-temps de folie et un public ravi. Mais la seconde allait encore être meilleure.
Complètement déchaîné, Lavezzi montait encore d’un cran, mais il aura manqué quelque chose à Hamsyk et Denis pour l’épauler à sa juste valeur – en clair, pour mettre au fond les géniales inspirations du tatoué. Tout aussi étincelant mais dans son propre registre, son pote Milito, en face, fabriquait le second but gênois à la 52e, avec une couverture de balle de jeu vidéo et une offrande à Palladino. Peut-être vexé, quatre minutes plus tard El Pocho ridiculisait trois défenseurs dans un mouchoir de poche et forçait Rossi à la faute de dernier recours et à aller se doucher avant les autres. On voyait bien Napoli renverser la vapeur, à ce moment-là, mais le Genoa tenait bon, héroïquement, avant que Milito ne se déchaîne à un peu moins de 20 minutes de la fin, d’abord avec une reprise de volée sèche décisivement sortie par Rinaudo, puis, à la minute suivante, avec une belle tête sur centre de Juric pour le 3-1, sa cinquième réussite de la saison.
Sonnés, les Napolitains ? Pas longtemps, puisque Denis trouvait enfin la faille pour remettre son équipe dans le match à peine deux minutes plus tard. Napoli poussait, Lavezzi faisait expulser son deuxième adversaire du match, le premier buteur des hôtes, dépassé et épuisé par la furia du Pocho. Mais Denis échouait encore sur Rubinho, qui dans les ultimes instants de la rencontre sortait sa splendide tête de la lucarne. Intense et spectaculaire de la première à la dernière minute, un match comme on les aime…

Lavezzi, la toute grande classe

Cagliari – Milan 0-0. Bon match de Cagliari, généreux, qui ramasse son premier point de la saison. Mais les Sardes, avec un peu plus de réalisme, auraient pu gagner ce match. C’est dire si la prestation milanaise a été décevante, pour ne pas dire bien pire. Une mollesse confinant parfois à l’attitude de match amical. Un pas en arrière comparé aux dernières sorties de la bande du capitaine Maldini.
Chievo – Fiorentina 0-2. Grâce plusieurs fois à un grand Frey, la Fiorentina gagne une nouvelle fois sans prendre de but. Avec une réussite par mi-temps, elle a assuré l’essentiel, par Kuzmanovic et l’inévitable Gilardino. La Viola de Prandelli accroche le bon wagon, à trois points de la tête, elle est faite pour jouer les brise-hiérarchie une nouvelle fois…
Siena – Roma 1-0. Coup de tonnerre et redimensionnement pour la Roma, toujours privée de Totti, qui perd à Sienne pour la deuxième année consécutive et stagne à 7 points. Mais, pire, la mayonnaise semble ne pas prendre sur les côtés, habituellement une force dans le jeu romain ces dernières saisons. Et, pire encore, elle perd sur un but d’un international… liechtensteinois, Mario Frick, bien servi par Maccarrone. Juste pour rigoler, histoire de ne pas en pleurer.
Atalanta – Sampdoria 4-2. Un doublé de Cassano (dont une splendide merveille pour l’ouverture du score, petit pont pour le défenseur et ballon piqué pour le gardien, y’en a pour tout le monde) n’aura pas suffi, la Samp est 17e avec 4 points et voit le train de l’Europe s’éloigner. Dynamitée notamment par Floccari (doublé) et le vétéran Doni. Avec 12 points, l’Atalanta n’est pas où on l’attendait. Tant mieux pour elle, d’autant qu’elle montre de belles choses.
Reggina – Catania 1-1. Les Catanais de Walter Zenga confirment leurs bonnes dispositions avec ce point ramené de l’autre côté du Détroit de Messine, et comptent 11 points au classement. La Reggina commence à s’inquiéter sérieusement de ne pas pouvoir battre les équipes prétendument à sa portée, surtout en se créant et gâchant autant d’occasions…

Prochaine journée

Samedi 18 octobre :
Fiorentina-Reggina
Napoli-Juventus
Dimanche 19 octobre :
Bologna-Lazio
Catania-Palermo
Chievo-Atalanta
Genoa-Siena
Lecce-Udinese
Milan-Sampdoria
Torino-Cagliari
Roma-Inter sur TSI2 à 20h30

Écrit par Gian del Mulo

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10 Commentaires

  1. une ligne et une parenthèse pour la Lazio cest déjà assez… haha, désolé…

    Napoli cest du lourd cette année… Espérons pour eux que le Pocho soit dans cet état de transe toute lannée…

    La Juve est vraiment décimée par les blessures, cest monstrueux. Derniers ajouts à la grappe dinvalides: Buffon ratera un mois, Camoranesi 3 semaines. A ce stade, franchement, on peut parler de préparation ratée ou de sorcellerie…

    Du côté de la Roma, Baptista sest fait mal, pas trop mais un peu. De quoi potentiellement donner un demi-Baptista et un demi-Totti pour le match crucial contre lInter lors de la prochaine journée. Pas idéal…

    Merci pour vos commentaires (très juste dumdum),
    à +

  2. Rome va revenir, beaucoup de potentiel offensif, faut juste que la mayonnaise prennne et que Totti revienne pour la confiance des autres joueurs

  3. Ne pas mentionner la Lazio qui est 1er du championnat (égalité avec Inter et Udinese), juste parce que Mr Del Mulo est un supporter de la Roma, montre le manque de professionnalisme total et souligne la médiocrité tant de larticle que de lauteur…
    Ceci dit je suis bien content que la Roma se prenne une claque et je lui souhaite de rester au fond du classement cette saison, ça ferait du bien à leur ego disproportionné!
    FORZA LAZIO!

  4. @ Quel auteur…? + @ Maj

    Cher ami lecteur, la Lazio EST mentionnée, dans le plus pur sens du terme… Une petite mention, soit, mais une mention tout de même, avec le score et le nom du buteur.
    Ceci dit, sache que les rédacteurs de Cartonrouge sont bénévoles (alors ton laïus sur le professionnalisme, pas sûr quil soit très indiqué ici), donc prennent sur leur temps libre pour écrire sur un sport qui les botte. Qui plus est, ce site et ses rédacteurs assument volontiers une part de subjectivité, cest lune de ses marques de fabrique, justement parce que si tu veux du professionnalisme dans le sens journalistique du terme, tu as déjà ce quil faut ailleurs.
    Alors oui, je me suis dit que je nallais pas remettre une tartine sur la Lazio (dont on a au demeurant beaucoup parlé dans les articles précédents, qui plus est même parfois avec des éloges, tu le remarqueras peut-être même si ça te fera mal dadmettre quelles viennent dun Giallorosso).
    Alors désolé si quand je finissais mon papier, à 2h30 dans la nuit de mardi à mercredi, mes paupières me pesaient tellement que je me suis endormi devant mon ordinateur avant de le faire, ce paragraphe sur la Lazio. La prochaine fois je prends du Speed pour pouvoir técrire 8 pages sur le club de ton coeur, toute la nuit.
    Quant au registre de linsulte dans lequel tu verses si facilement, je mabstiendrai, de peur de faire trop descendre le niveau. Et quon ne me parle plus degos disproportionnés, là on dirait lHôpital qui se moque de la Charité…

    Quant à ton commentaire Maj, jaimerais vraiment être aussi optimiste que toi, mais franchement je la sens mal… le mal, justement, semble profond à la Roma. Il est bien possible que quelque chose soit cassé entre les joueurs et Spalletti, pour ne rien arranger… En tous cas, le match de dimanche soir contre lInter va valoir son pesant dor… tout autre résultat quune victoire, pour la Roma, et le titre séloignerait dramatiquement, probablement définitivement… En tout cas cette année, le club-phare de Rome nest pas celui quon attendait au départ… On verra si ça va durer!

    à plus tout le monde

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