Xamax : chaude journée

Il y aura en tout cas eu du spectacle au Rheinpark pour ce match des mal-classés. Vaduz, un genou à terre, n’a pu faire mieux qu’un pâle sursaut d’orgueil de quelques minutes pour ce qui sera sans doute l’un de leurs derniers matches en Super League.

Vous le savez comme moi, un jour de match ne dure pas 90 minutes, mais bien toute la journée. Départ de Neuchâtel à 9h30, cap sur l’extrême orient suisse. Le soleil est aussi invité et le thermomètre gonfle à vue d’oeil au fur et à mesure que la matinée avance. Après trois petites heures de route déjà, on a traversé notre pays et l’on peut s’installer chez nos hôtes du jour, ou plus précisément : on peut squatter leur parking. Au menu grillades et parties de pétanque sur terrain non-conforme. L’idéal pour s’entraîner à râler et chauffer sa mauvaise foi. Car un match de cette importance ne se prépare pas à la légère.On a en effet presque tendance à l’oublier, mais avant de connaître l’issue heureuse de cette rencontre, la tension était palpable. En témoigne la belle cohorte de supporters neuchâtelois présents dans la Principauté. Tous mes amis du jour semblent pencher vers de tristes et funestes prévisions, aussi nous décidons de lancer un concours de pronos. Je joue en dernier, m’obstinant à vouloir jouer un score que personne n’a mis pour rafler seul la rondelette cagnotte : «il reste du 2-3 ?» «Non, c’est déjà pris». «Alors 2-4 et qu’il en soit ainsi, Niçoise va bien marquer quand même…».
Sans trop savoir à quoi on l’a occupé, l’après-midi défile. L’heure de rejoindre le Rheinpark. Les gradins sont vides et les quelques centaines de Neuchâtelois semblent presque déranger la quiétude des lieux. L’indifférence semble générale quand le meilleur arbitre de Suisse donne le coup d’envoi de cette sombre affiche. Franchement Busacca, il doit se flinguer quand même… Bref, constat rassurant : Xamax semble vouloir rapidement étouffer son adversaire du jour. La générosité dans l’effort est de mise. On tente de gratter un maximum de ballons très haut et on pousse les fébriles princes à la faute. Niçoise et Brown montrent d’encourageants signes d’entente et l’un comme l’autre se mettent en évidence. Niasse en renfort continue son travail ingrat sans se plaindre et permet d’offrir de nombreuses bouffées d’air frais, tandis que l’arrière garde semble définitivement avoir trouvé son équilibre. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs, Besle a pris 10 ans d’expérience mentale en une saison, et semble être arrivé plus vite que l’on ne pouvait le rêver au statut de «baron de la défense». Tacles rageurs ripolinés au Monsieur Propre, gestes acrobatiques poncés au papier de verre, le Français continue de progresser et ne semble jamais s’en lasser. On devine toute l’importance pour le grand Stéphane de trouver à côté de lui un collègue de confiance avec qui il peut communiquer.
Cette petite euphorie qui semble envelopper les Xamaxiens va heureusement se convertir en but avant le thé. Le brave Niçoise fait le bon choix sur un astucieux service de Wutrich, et surtout le réussit cette fois. Je me souviens alors de cette phrase qui semblait faire l’unanimité au milieu de nos parties de pétanque quelques heures plus tôt : «tu leur mets un but et ils sont raides ! Après on pourra dérouler». C’était sous estimer les Rouges qui n’attendaient qu’un de ces légendaires passages à vide xamaxiens. Et la patience finit par payer. Le début de la deuxième mi-temps est catastrophique et permet de paniquer méchamment puisqu’en quelques minutes Ferro ne peut que capituler deux fois. La panique se transforme même en arrêt cardio-vasculaire momentané lorsque Ferro sauve miraculeusement sur la ligne à l’heure de jeu. Luca c’est la folie, la hargne. Quand il ne veut pas, il ne veut pas, car lui il croit toujours qu’il peut amener le tournant du match. Et ce fut le tournant du match.
La fin de l’histoire on la connaît. Niçoise confirme les bonnes impressions livrées précédemment, et sauve son bilan au dernier moment pour le plus grand bonheur des groupes qui scandent son nom comme s’il était déjà notre «serial scorer». L’entrée de Belghazouani apportera aussi un sacré plus au niveau du dynamisme sur le flanc droit (ou alors c’est la sortie de Bastien Geiger). Toujours est-il que l’ancien Strasbourgeois aura démontré une fois encore des capacités techniques hallucinantes auxquelles on est peu habitué dans notre championnat. On ne peut pas accuser Chahir de tricher, lui que l’on voit gesticuler et se démener sur tous les ballons comme s’il s’agissait du dernier. De belles satisfactions donc à l’heure du coup de sifflet final. Non seulement j’ai empoché les 50 balles du pronostic sous les quolibets de mes jaloux amis, mais en plus Xamax a fait un nouveau pas vers le maintien. Il faudra réussir à gérer ces fameux passages à vide qui coûtent à chaque fois des buts et qui sont accentués par des postes morts sur le terrain (Geiger, Tosi et Endjeguele pas toujours à leur affaire).
Toujours est-il que l’on a eu droit à un match agréable, bourré de suspense et à l’issue finalement heureuse. On a d’ailleurs vu quelques larmes de joie au moment des remerciements aux joueurs. On a aussi vu Stéphane Besle venir donner son maillot à un supporter de Xamax venu de Rouen tout spécialement (!). C’est toujours comme ça, après tant de suspense, l’émotion est décuplée. On se dit que le foot peut quand même vous offrir des journées parfaites. En guise d’apothéose, le fabuleux panorama d’un Walensee au crépuscule et des derniers sommets enneigés dorés par les ultimes rayons d’un soleil qui semble se coucher sur la Romandie. Comment peut-on vivre sans cela ?

Vaduz – NE Xamax 2-4 (0-1)

Rheinpark Stadion, 1040 spectateurs.
Arbitre : M. Busacca.
Buts : 29e Niçoise 0-1. 52e Gaspar 1-1. 58e Cerrone 2-1. 61e Niçoise 2-2. 82e Belghazouani 2-3. 93e Niasse 2-4.
Vaduz : Kirschbaum; Bellon, Rudan, Ritzberger, Haman (76e Saroa); Gaspar, Cerrone, Sutter, Fejzulahi; Rivaldo (86e Galbi), Thordarson (77e Fischer). Entraîneur : Pierre Littbarski.
NE Xamax : Ferro; Gomes, Besle, Hodzic, Edjenguele; Geiger (55e Belghazouani), Niasse, Wuethrich, Rodrigo (62e Chihab); Niçoise (90e Nuzzolo), Brown. Entraîneurs : Alain Geiger et Jean Michel Aeby.
Notes : Vaduz sans Nickenig, Vitali, Reinmann, Dzombic, Polverino ni Brezny (blessés). Xamax privé de Furios, Rossy, Bah (blessés), Taljevic (suspendu) Walthert, Szlykovicz, Rak, Steuble, Vuille, Garcia, Facchinetti ni Gissi (pas convoqués).
Cartons jaunes : 60e Belghazouani (jeu dur), 61e Sutter (jeu dur), 67e Haman (jeu dur), 82e Besle (jeu dur).

Écrit par Roby Steedman

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4 Commentaires

  1. Très bon papier et une sortie très sympa visiblement, merci de nous faire partager tout ça !

    Pour répondre à ta question finale enfin, on peut très bien le vivre. A en juger par le nombre réduit de neuchâtelois qui se déplacent, nous sommes d’ailleurs nombreux à le penser. 😉

    Trêve de plaisanteries, et pour passer un petit coup de brosse à reluire, bravo quand même aux neuchâtelois présents.

    Bravo également à Stéphane Besle pour son très beau geste. Notre ami du 76 conservera un souvenir magnifique de ce déplacement.

  2. Magnifique journée il est vrai Roby, même si j’ai du m’incliner lors des 2 dernières parties de pétanque…
    La fin du match valait plus que tout au monde! Et la rentrée… pfuuiii..!
    Mieux vaut en rester là!
    On est déjà 19 pour partir à Lucerne le 30 mai… ça commence à me faire peur!

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