Encore cinq incertitudes

Il n’y a pas qu’en Europe que les qualifications pour la Coupe du Monde 2010 touchent à leur terme. Il ne reste plus qu’un ticket à attribuer en Amérique, un en Asie-Océanie et trois en Afrique. On fait l’état des lieux dans les différentes zones continentales.

Asie-Océanie

Nouvelle-Zélande ou Bahreïn ?

Le Japon, la Corée du Sud, la Corée du Nord et l’Australie ont déjà leur ticket depuis plusieurs mois, il ne reste plus qu’une inconnue : qui de Bahreïn ou de la Nouvelle-Zélande les accompagnera ? A priori, les Kiwis ont pris une petite option en allant chercher le match nul 0-0 à l’aller à Manama mais l’on se souviendra qu’au tour précédent les Bahreïnis avaient également concédé le nul 0-0 à domicile contre l’Arabie Saoudite avant d’aller arracher leur qualification à Riyad au but marqué à l’extérieur (2-2, avec un 2-1 tombé à la 91e et un 2-2 à la 93e !). En tous les cas, le minuscule Bahreïn (900’000 habitants sur un territoire plus petit que le canton du Jura) qui, contrairement à certains de ses voisins du golfe, aligne une équipe quasi exclusivement composée de joueurs locaux et non de Brésiliens naturalisés, se retrouve désormais bien seul pour défendre les couleurs du Proche et Moyen-Orient après les éliminations de la Turquie, d’Israël, de l’Iran, de l’Irak, de l’Arabie Saoudite, du Qatar etc…. Si le royaume du Golfe devait échouer au retour le 14 novembre à Wellington, ce serait la première fois depuis 1974 que cette région du globe n’est pas représentée en Coupe du Monde. Quant à la Nouvelle-Zélande, elle n’a jamais été aussi bien placée pour participer au deuxième Mondial de son histoire après 1982. Une certitude : d’ici un mois, lorsque toute le presse va élaborer des théories fumeuses sur le groupe «idéal» pour la Suisse en Afrique du Sud, nul doute que le vainqueur de ce Nouvelle-Zélande – Bahreïn y figurera en bonne place.

Amérique du Sud

L’Argentine malgré Diego Maradona

Le Brésil et le Paraguay étaient déjà qualifiés. Ils ont été rejoints samedi par le Chili, vainqueur 4-2 en Colombie. Les Chiliens ne comptent pas de grandes vedettes dans leurs rangs (le plus connu est sans doute le défenseur de Leverkusen Arturo Vidal) et beaucoup d’entre eux évoluent encore en Amérique du Sud. C’est peut-être sur le banc que se trouve leur principal atout avec le génial entraîneur argentin Marcelo El Loco Bielsa. Beaucoup moins génial est un autre «entraîneur» argentin, Diego Maradona. L’Albiceleste n’a pas été loin de toucher le fond à domicile contre la lanterne rouge péruvienne. Après une 1ère mi-temps crispante, l’Argentine avait fait le plus dur en ouvrant le score par Higuain à la 48e. Mais les Gauchos se sont alors recroquevillés en défense, faisant preuve d’une désorganisation totale et d’une invraisemblable fébrilité, acceptant la domination d’une faible équipe péruvienne. Et ce qui devait arriver est arrivé : après plusieurs grosses occasions, le Pérou a égalisé à la 90e. Un rush désespéré et un cafouillage ont permis au vétéran Martin Palermo (ils vont bientôt aller rechercher Kempes, Batistuta et Burruchaga ?) de redonner l’avantage à l’Argentine à la 93e (2-1).
Je suis un peu jeune pour avoir assisté à la théorie de Jean-Claude Magnin qui fait actuellement fureur sur internet, par contre j’ai eu droit à d’autres théories du père de Ludovic dont la fameuse «le gardien adverse était au bal hier soir, tu me passes le ballon et je tire sur l’engagement». On ne sait pas si le peu rassurant gardien argentin Romero était allé au bal la veille mais les Péruviens ont tiré sur l’engagement consécutif au 2-1 et le ballon a ricoché sur la latte, les Argentins ayant frôlé la catastrophe sur le coup. Sur sa lancée, l’Albiceleste a assuré sa qualification en s’imposant 1-0 en Uruguay dans un derby du Rio de la Plata haché et tendu (la Celeste a fini à 9) grâce à un but tardif de l’inconnu Mario Bolatti. Si l’essentiel était acquis, il n’y a guère que Diego Maradona qui ait été rassuré par ces deux victoires. Sans changement d’entraîneur, on n’imagine mal l’Argentine faire autre chose que de la figuration en Afrique du Sud et ce malgré une incroyable concentration de talents.

En dépit de sa défaite contre son éternel rival, l’Uruguay n’a pas tout perdu. La victoire obtenue lors de l’avant-dernière journée en Equateur, sur un penalty controversé de Diego Forlan à la 94e (2-1), couplée au revers des Equatoriens au Chili lors de l’ultime ronde, permet à la Celeste de se qualifier pour les barrages contre le Costa Rica, où elle partira favorite. Puisque certains supporters d’équipes condamnées aux barrages ont besoin d’invoquer des succès passés d’époques à jamais révolues pour se rassurer avant les matchs couperets de novembre, rappelons que l’Uruguay est double championne du monde en 1930 et 1950.
Encore quatrième à deux journées de la fin, l’Equateur, présent lors des Coupes du Monde 2002 et 2006, est le grand perdant de cette fin de qualifications, puisqu’il est définitivement éliminé. Les Equatoriens sont particulièrement amers envers l’arbitrage du match Equateur – Uruguay. Demande à un Equatorien ce qu’il pense de M. Salvio Espinola Fagundes Filho et tu auras sans doute le même genre de réponse que si tu demandes l’avis d’un Italien sur l’inoubliable Byron Moreno ou d’un Anglais sur Urs Meier (dont on aimerait bien, lui, qu’il se fasse un peu oublier).

Concacaf

La décision à la 94e

Le début du tour final avait laissé entrevoir la possibilité d’une sensation avec un très mauvais départ du Mexique. Mais le remplacement de Sven-Goran Eriksson par l’ex-entraîneur de l’Atletico Madrid Javier Aguirre et le retour en sélection du mythique Cuauhtemoc Blanco ont permis aux Mexicains de redresser la tête et d’assurer ainsi facilement leur qualification lors de l’avant-dernière journée avec un succès 4-1 contre le Salvador devant 104’000 spectateurs au stade Aztèque de Mexico. Dans le même temps, les Etats-Unis obtenaient également leur ticket en s’imposant 3-2 au Honduras. Dès lors, et comme d’habitude, la principale incertitude était de savoir qui accompagnerait les deux ténors de la zone : finalement, c’est le Honduras qui, au bout du suspense, a arraché la deuxième qualification de son histoire (après 1982, où il avait réussi l’exploit de tenir en échec le pays organisateur, l’Espagne). Emmenés par David Suazo (Inter Milan), les Honduriens se sont imposés 1-0 au Salvador grâce à une réussite de Carlos Pavon, ancien coéquipier de David Beckham à Los Angeles. Le Honduras a soufflé la dernière place qualificative au Costa Rica à la différence de but ; les Ticos d’Alvaro Saborio ont longtemps cru tenir leur qualification directe en menant encore 2-0 aux Etats-Unis à vingt minutes de la fin ; mais l’égalisation américaine du dénommé Jonathan Bornstein à la 94e (2-2) a envoyé le Honduras en Afrique du Sud et le Costa Rica en barrage contre l’Uruguay.

Afrique

Groupe A : Cameroun ou Gabon ?

Ce groupe a peut-être basculé avec le décès du président gabonais Omar Bongo en juin dernier, ce qui avait occasionné le report du match Gabon – Cameroun. Les Panthères gabonaises étaient alors en pleine confiance et comptaient cinq points d’avance sur des Lions Indomptables camerounais en proie au doute. Les deux mois de pause estivale ont permis au Cameroun de se refaire une santé et d’enchaîner avec deux victoires contre le Gabon en septembre. L’équipe d’Alain Giresse est toutefois toujours dans la course après son succès 3-1 samedi contre un décevant Maroc, grâce à ses joueurs vedettes Daniel Cousin et Eric Mouloungi. Le Gabon ne compte qu’un point de retard sur le Cameroun à l’aube d’une dernière journée qui mettra aux prises le Togo au Gabon et le Maroc au Cameroun. Sachant que Togolais et Marocains ne solderont rien puisqu’ils se disputent la 3e place qualificative pour la Coupe d’Afrique des Nations, tout reste ouvert et la colossale surprise que constituerait la présence du Gabon en Afrique du Sud ne peut être exclue.

Groupe B : Tunisie ou Nigéria ?

En battant le Kenya 1-0, la Tunisie a longtemps cru tenir sa qualification mais le Nigéria a préservé le suspense en arrachant la victoire à la 93e contre le Mozambique (1-0). Les Aigles de Carthage comptent deux points d’avance sur les Super Eagles : c’est dire qu’une victoire au Mozambique lors de l’ultime journée le 14 novembre leur assurera la qualification ; en revanche, un nul ou une défaite tunisienne, doublé d’un succès nigérian au Kenya, enverra le pays le plus peuplé d’Afrique à la Coupe du Monde. Je ne te cacherai pas que l’on espère un renversement de situation car le Nigéria a toujours eu une tradition de jeu offensif, alors que la Tunisie, si elle a participé aux trois dernières éditions, s’est toujours contentée d’éliminations sans gloire au premier tour.  

Groupe C : décision au tirage su sort ?

C’était un dimanche soir un peu désœuvré qui a priori ne recélait guère de promesses, jusqu’à ce que je tombe par hasard sur un improbable Algérie – Rwanda (enfin, presque par hasard, parce que s’il n’y a pas de qualifications pour la Coupe du Monde, je ne zappe jamais jusqu’à la chaîne 103). Lequel Algérie – Rwanda s’est révélé être un tout grand moment de football avec deux équipes survoltées, un arbitrage qui aurait fait passer Roberto Rosetti pour un as du sifflet et des commentateurs algériens à côté desquels Thierry Roland ferait figure de modèle d’objectivité et de neutralité… Ce que j’ai préféré, c’est lorsque les brancardiers algériens ont quasiment molesté un joueur rwandais à terre pour le charger sur la civière, avant que ledit joueur ne décide de sauter de la civière en marche pour se rouler à nouveau par terre. Autre grand moment, la coupure de cinq minutes au milieu de la retransmission pour l’adhan (l’appel à la prière), heureusement qu’il n’y a pas eu de goal pendant ce temps ; d’aucuns diront que c’est ce qui nous attend en Suisse dans vingt ans, alors autant commencer à s’y habituer…
Après moult péripéties, l’Algérie, emmenée par un excellent Abdelkader Ghezzal (Sienne),  l’a emporté 3-1 avec notamment un penalty du Wölfe Karim Ziani à la… 98e. Les Fennecs aborderont en position de force la finale du groupe contre l’Egypte au Caire devant plus de 70’000 spectateurs déchaînés. Une victoire, un nul ou une défaite par un but d’écart qualifiera l’Algérie ; un succès avec trois buts d’avance ou plus assurera à l’Egypte un ticket pour l’Afrique du Sud. Et en cas de succès des Pharaons par deux buts d’écart ? C’est là que ça rigole, les deux équipes seraient à égalité parfaite et devraient être départagées par… tirage au sort. Les plus érudits se souviendront qu’avant l’invention des tirs au but, une demi-finale de l’Euro 1968 s’était jouée par un tirage au sort à la pièce : c’était Italie – URSS à Naples, devine qui l’avait emporté… En tous les cas, l’Egypte – Algérie du 14 novembre vaudra vraiment la peine d’être vu.

Groupe D et E : sans surprise

Les groupes D et E se sont révélés beaucoup moins palpitants. Dans le groupe D, le Ghana avait déjà assuré sa qualification en septembre ; dans le groupe E, la Côte d’Ivoire avait fait le plus dur grâce à ses deux victoires contre son voisin et plus dangereux rival le Burkina Faso et a définitivement validé son ticket avec un nul au Malawi samedi.

Écrit par Julien Mouquin

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10 Commentaires

  1. tu l’as enregistré Algérie-Rwanda?

    Maradonna est vraiment naze, il va réussir à détruire lui-même sa légende, même avec une des meilleures équipes du monde.

    j’espère un 2-0 pour l’Egypte…hihihihi

  2. …vous avez qq pour couvrir le match NZ-Bahrein sur CR ?…..Paul Fournier ferait peut-etre l’affaire vu que le hockey c’est pas tant son truc….?

  3. « Autre grand moment, la coupure de cinq minutes au milieu de la retransmission pour l’adhan (l’appel à la prière), heureusement qu’il n’y a pas eu de goal pendant ce temps ; d’aucuns diront que c’est ce qui nous attend en Suisse dans vingt ans, alors autant commencer à s’y habituer…  »

    J’adore!!!!!

  4. On va proposer à la FIFA, mon ami Julien Mouquin, un groupe des t’as rien à faire dans la zone européenne, composé de tes deux favoris la Turquie et Israël ainsi que de tes oubliés Chypre, la Moldavie (bon là si on fait 6 points chaque fois ce serait dommage!), l’Azerbaïdjan, l’Arménie (désolé Charles), le Kazakh-StanWawrinka et je propose aussi l’Ukraine (l’équipe préférée de Ch.Logoz après la Suisse et la squadra je crois!) la Biélorussie et la Russie, qui au prorata de son pourcentage géographique est dans le même cas que la Turquie…

    Et pour les pays du monde arabe, je propose de faire un groupe avec les pays d’Afrique du Nord, depuis le Maroc jusqu’au Pakistan, que l’on pourrait nommer le groupe des minarets…

    Et personnellement je suis pour un groupe composé uniquement des pays asiatiques…

    Et n’y voyez pas de ma part, mes amis de carton de cabernet-sauvignon et du monde entier, la moindre parcelle de racisme…

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