Thomas Déruns superstar

La métamorphose du Chaux-de-Fonnier, jadis gratteur et rouleau compresseur dans les bandes, en buteur patenté ne cesse d’étonner. Au delà de son coup du chapeau, le top-scorer genevois fut partout et dynamita les faibles velléités défensives adverses, avant de jouer les opportunistes pour parachever son œuvre. Décidément euphorique, il a même parfois passé le palet à ses coéquipiers. Mais où va-t-on ?

De suspense dans cette rencontre, il n’y en eut jamais vraiment. Doté d’un effectif assez comparable en qualité à celui de Langnau (c’est-à-dire anémique), Ambrì possède au moins des qualités de cœur et de pugnacité incarnées par son capitaine Paolo Duca, ainsi qu’une défense mieux organisée que celle des Emmentalois, avec notamment le très bon Zdeněk Kutlák. Enfin, ils ont une défense, quoi. Tout cela lui a permis de rester à distance respectable pendant toute la partie, mais il n’y avait pas de miracles à attendre non plus.Cinq minutes n’étaient pas encore écoulées que Jan Cadieux exploitait un rebond pour ouvrir la marque, et la partie était déjà quasiment jouée pour un Genève-Servette qui n’est cette année pas particulièrement décidé à lâcher son os quand il le tient. Avec leur sérieux habituel, les Aigles faisaient le nécessaire sans puiser outre-mesure dans leurs réserves non plus.
Thomas Déruns entrait alors en scène et jouait le Michel Riesen de service, envoyant impitoyablement au fond des filets tout palet qui avait la malencontreuse idée d’aller voir du côté du deuxième poteau. Dans la foulée, sur un deux contre un, le même Chaux-de-Fonniers prenait en traître Thomas Bäumle en choisissant la passe, mais Paul Savary, sans doute aussi surpris, manquait le puck du 5-0.

À la mi-match, Genève-Servette pouvait donc se reposer sur un coussin de quatre buts pour voir venir. À peine sourcillait-on lorsque Noah Clarke réduisait l’écart sur un cafouillage devant Tobias Stephan. Hormis ce coup d’éclat, si l’on peut dire, le Canadien fut d’une transparence qui fait mieux comprendre pourquoi on cherchait désespérement à s’en séparer, jusqu’à ce que le vilain démon des blessures (déguisé notamment en Julien Vauclair) ne vienne frapper la Valascia et ses étrangers. (Mais enfin, quand on compte Jakub Horak dans son effectif, on attire l’attention du mauvais sort, il faut dire.) On comprenait même pourquoi cette opération de débarras se révéla si infructueuse.
Les six mille et quelques spectateurs sombraient gentiment dans une léthargie certaine lorsqu’à dix minutes de la fin, Mirko Murovic profitait d’une faute inutile de Robin Breitbach et d’un tir de Duca pour ramener les siens à deux longueurs. La partie allait être relancée ? Allait-on avoir peur ?
Même pas. Les biancoblù avaient donné tout ce qu’ils avaient, et Goran Bezina, pour se racheter de sa partie de natation trihebdomadaire, enterrait les derniers espoirs des visiteurs d’un tir du poignet en jeu de puissance.
La vie continue donc des deux côtés. Les Grenat suivent le train des équipes de tête en comptant sur leurs matches de retard pour se rapprocher encore un peu. Les Léventins voient eux déjà la barre s’éloigner quasiment inexorablement et peuvent presque déjà se préparer aux play-out.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Ambrì-Piotta 5-2 (2-0 2-1 1-1)

Patinoire des Vernets, 6’185 spectateurs.
Arbitres : N. Mandioni ; A. Abegglen, R. Kaderli.
Buts : 4’54 J. Cadieux (M. Maurer) 1-0, 17’28 T. Déruns (D. Rubin, J. Gobbi) 2-0, 26’21 T. Déruns (T. Salmelainen, D. Rubin / 5 contre 3 / R. Bundi, R. Stirnimann) 3-0, 30’31 T. Déruns (P. Savary, T. Salmelainen) 4-0, 33’42 N. Clarke (P. Duca) 4-1, 49’16 M. Murovic (P. Duca, Z. Kutlák / 5 contre 4 / R. Breitbach) 4-2, 57’24 G. Bezina (J. Toms, C. Rivera / 5 contre 4 / A. Demuth) 5-2.
Genève-Servette : T. Stephan ; G. Bezina ( ), J. Mercier (+1) ; M. Maurer (+2), J. Gobbi (+3) ; R. Breitbach (-1), M. Hoehener (-1) ; J. Kolník ( ), D. Rubin (+1), J. Toms ( ) ; T. Salmelainen (0), P. Savary (+1), T. Déruns (+1) ; R. Suri (+1), M. Trachsler (+1), J. Cadieux (+1) ; S. Hürlimann ( ), F. Conz ( ), C. Rivera ( ) ; F. Randegger ( ). Absents : D. Vukovic, P. Pivron (blessés), G. Mona (surnuméraire) et B. Conz (à Langnau).
Ambrì-Piotta : T. Bäumle ; Z. Kutlák (+1), M. Gautschi ( ) ; F. Stephan (0), R. Bundi (-1) ; G. Casserini ( ), R. Kobach (-2) ; D. Marghitola (-2), D. Mattioli (-1) ; P. Duca (0), N. Clarke (0), K. Law (0) ; M. Murovic (-2), A. Brunner (-1), R. Botta ( ) ; A. Demuth ( ), R. Stirnimann (-1), J. Walker (-1) ; G. Christen ( ), L. Schönenberger ( ), M. Bianchi ( ). Absents : E. Westrum, D. Schneider, M. Juri, J. Horak (blessés), M. Zanetti et C. Isabella (surnuméraires).
Pénalités : 5 x 2′ contre Genève-Servette, 7 x 2′ contre Ambrì-Piotta.
Notes : 4’18 G. Casserini tire sur la latte, 21’25 J. Toms ajuste le poteau, 42’16 Z. Kutlák trouve la latte, 49’00 P. Duca ne veut pas être en reste et voir son tir repoussé par le poteau.

Écrit par Yves Grasset