Ilfis maudit, avec des cadeaux pleins les bras

Genève-Servette a décidément des transformations surprenantes. Vingt-quatre heures après avoir offert à Matthias Schoder le blanchissage le plus facile de sa carrière, les Aigles ont soudainement retrouvé leur instinct de tueur pour disposer de Davos. Comme quoi les supporters ont eux aussi intérêt à prendre les matches les uns après les autres sans se poser de questions.

Peut-être est-ce l’air du canton de Berne. Lors de leur dernière visite dans le bien nommé Eisstadion biennois, les Grenat avaient fourni une performance anémique destinée, on l’espérait en tout cas, à faire date. Raté. Pour le plus grand bonheur des malheureux genevois ayant eu l’idée saugrenue de se taper cinq heures de voiture voire, pour les plus inconscients, de train, la barre a été placée encore plus bas.On aura en tout cas compris pourquoi Chris McSorley ne voulait absolument pas que Benjamin Conz ne soit aligné. Contrairement à ce qu’ont pu en penser certains esprits simples, il ne s’agissait pas de miser sur la faiblesse supposée de Matthias Schoder, tant celui-ci a passé une soirée tranquille. À sa place, même le regretté Marc Klingler aurait gardé sa cage inviolée. Avec le but vide, les Tigres l’auraient sans doute tout de même emporté. Songez que l’occasion genevoise la plus dangereuse échut à nul autre que Morris Trachsler. La suivante fut une combinaison entre Florian Conz et Chris Rivera. Ça donne une idée. Non, la manœuvre du bosse n’avait qu’un seul but, très humain : épargner à son jeune gardien ce triste spectacle. Mission accomplie.

On notera au passage qu’au choix bien épineux du meilleur joueur adverse, les Emmentalois répondirent par une pirouette en élisant le brave Florian, frère de… Les Suisses allemands sont fourbes, on l’oublie trop souvent.
Revenus dans des contrées civilisées, les Genevois pouvaient retrouver un niveau plus conforme à leurs précédentes prestations. Avec la complicité dans un premier temps de Grisons pour le moins amorphes. Les débats étaient lancés par une pénalité extrêmement intelligente de Reto von Arx (étonnant, non ?) au fond de la zone genevoise alors que son équipe était déjà en infériorité. Sur le powerplay qui suivait, Goran Bezina tentait une reprise. Mais le captaine genevois se retrouvait en déséquilibre, et son tir évitait alors étrangement tous les joueurs davosiens pour aller se ficher dans le but de Leonardo Genoni.
Les Davosiens prirent alors une légère emprise sur la rencontre, sans trop de réussite cependant. Il fallait une sieste de la défense genevoise associée à une mauvaise inspiration de Tobias Stephan, qui tentait un dégagement digne de son ex-mentor Reto Pavoni, pour offrir une cage béante à Sandro Rizzi. Un partout après deux tiers, les hostilités pouvaient commencer.
Et quand on dit hostilités, on n’exagère pas, tant la tension fut palpable dans cette dernière période. Et le déroulement des faits ne fit rien de particulier pour mettre les nerfs à moins rude épreuve. À peine le temps de reprendre le jeu que Davos passait en tête. Ou le croyait. Son but fut en effet annulé pour une faute sur Stephan. Sur l’action qui suivait, Juraj Kolník exploitait parfaitement un rebond du roc Jeff Toms pour provoquer la première (mais pas la dernière) crise de nerfs du trio Beat Forster-Leonardo Genoni-Arno del Curto.

Les Herboristes réagissaient toutefois un peu plus sainement par la suite et ajoutaient deux buts pleins d’opportunisme pour, cette fois, enfin mener au score. Le dénouement n’allait s’en trouver que plus cruel.
Alors que l’espoir des locaux commençait gentiment à chanceler, ce fut de la crosse improbable de Reto Suri que survint la délivrance, sous la forme d’un palet extirpé de la mêlée et envoyé au bon endroit. Cette fois, c’est Tim Ramholt qui pétait les plombs. Ce n’était pourtant qu’un début. Alors que la prolongation montrait son visage peu engageant, à trente-huit secondes de la fin, Kolník prolongeait la mode du but de raccroc et poussait dans la cage un palet transmis on ne sait trop comment par Daniel Rubin. Genoni et Forster se moquaient éperdument de l’ouverture prochaine du sommet de Copenhague et apportaient leur contribution à la déforestation.
À l’issue de cette reprise en montagnes russes, la satisfaction prédomine tout de même. Avec deux victoires face à des équipes de pointe, le podium reste plus que jamais accessible. Et, nonobstant la lamentable prestation au pays du caoutchouc à trous, quand à la fois Matthias Seger et Beat Forster perdent l’intégralité de leur sang-froid, la semaine est forcément réussie.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

SCL Tigers – GE-Servette 5-0 (2-0 2-0 1-0)

Ilfis, 4579 spectateurs.
Arbitres : MM. Reiber, Kulakov (Rus) ; Kehrli et Stäheli.
Buts : 2e Gerber (C.Moogi, S.Moggi) 1-0, 14e C.Moggi (Gerber, S.Moggi) 2-0, 32e Murphy (Daigle) 3-0, 34e Brooks (Daigle, Camerzind/5c4) 4-0, 56e Camenzind (Murphy) 5-0.
Pénalités : 3 x 2’ contre SCL Tigers ; 10 x 2’ contre GE-Servette.
SCL Tigers : Schoder; Lüthi, Reber; Naumenko, C. Moser; Murphy, Blum; Gmür, Flückiger; Helfenstein, Sutter, S.Moser; S. Moggi, Gerber, C.Moggi; Brooks, Camenzind, Daigle; Haas, Cunti, A.Lemm.
GE-Servette : Stephan; Mercier, Bezina; Gobbi, Maurer; Höhener, Breitbach; Vukovic; Toms, Rubin, Kolnik; Déruns, Savary, Salmelainen; Cadieux, Trachsler, Suri; Rivera, Conz, Hurlimann; Antonietti.
Notes : Langnau sans B. Conz (surnuméraire, car un accord entre les deux clubs prévoit qu’il ne peut pas joueur contre GE-Servette), Bieber et Schild (blessés).

GE-Servette – Davos 4-3 (1-0 0-1 3-2)

Vernets, 6623 spectateurs.
Arbitres : MM. Massy, Prugger ; Niquille et Zosso.
Buts : 15e Bezina (Gobbi, Kolnik/5c3) 1-0, 38e Rizzi (Forster) 1-1, 43e Kolnik (Toms, Höhener) 2-1, 45e Sciaroni (Grossmann) 2-2, 47e Joggi (Forster, Guggisberg/5c4) 2-3, 54e Suri (Cadieux, Mercier) 3-3, 60e Kolnik (Rubin, Toms) 4-3.
Pénalités : 6 x 2’ contre GE-Servette ; 7 x 2’ contre Davos.
GE-Servette : Stephan; Mercier, Bezina; Gobbi, Maurer; Höhener, Breitbach; Vukovic; Cadieux, Trachsler, Suri; Déruns, Savary, Salmelainen; Toms, Rubin, Kolnik; Rivera, Conz, Hürlimann.
Davos : Genoni; Stoop, Forster; Grossmann, Ramholt; Untersander, Back; Sciaroni, R.Von Arx, Joggi; Widing, Marha, Setzinger; Guggisberg, Rizzi, Bürgler; M.Wieser, Taticek, D.Wieser; Donati, Carbis.
Notes : GE-Servette au complet ; Davos sans J.Von Arx, Wellinger (blessés) et Salmonsson (étranger surnuméraire). Tir sur le poteau: Bezina (13e). Davos sans gardien dès 59’22.

Écrit par Yves Grasset

Commentaires Facebook

2 Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.