Bientôt champions du monde !

L’équipe de Suisse a entamé samedi la campagne qui doit l’emmener au titre mondial le 11 juillet prochain. Au vu de la prestation helvétique contre l’ogre norvégien, le prof de maths Ottmar Hitzfeld a encore quelques équations à résoudre s’il veut faire briller la Nati en Afrique du Sud.

Décidément, le Stade de Genève est maudit. Critiquée dès sa conception et sa construction, minée par des problèmes financiers, promise par certains à la démolition, l’arène genevoise paraît en plus vouée à n’accueillir que des matchs médiocres, entre les performances navrantes du Servette FC, les ridicules campagnes européennes du FC Sion et les matchs amicaux les plus affligeants de notre équipe nationale. On n’avait pas gardé un souvenir très chaleureux du glacial Suisse – Bulgarie de février dernier, ce Suisse – Norvège a été de la même veine, même s’il y a fait un peu moins froid.

Le prof de maths

La Suisse n’a pas toujours présenté un football champagne lors de sa campagne de qualification victorieuse pour l’Afrique du Sud. La faute, notamment, à des adversaires comme la Grèce ou Israël dont le jeu est considéré parmi les plus rébarbatifs du continent. Cependant, il faut croire que ce type d’équipe plaît bien à notre équipe nationale car, pour notre premier match amical post-qualification, il faut à nouveau se coltiner un adversaire davantage réputé pour son hermétisme et sa solidité défensive que pour sa furia offensive et sa qualité technique, la Norvège. Malheureusement, l’entame de match confirme rapidement nos craintes et il apparaît bien vite qu’il faudra un miracle (ou un Degen) pour échapper au 0-0.

Ottmar Hitzfeld s’en rend également compte, lui qui s’est déjà levé à deux reprises après dix minutes de jeu pour recadrer son équipe expérimentale, sans grand résultat. Selon l’un des slogans du centenaire du Borussia Dortmund, Ottmar Hitzfeld c’était «juste un prof de maths, jusqu’à ce qu’il n’écrive l’histoire avec les meilleurs fans du monde.» On ne commettra pas l’outrage de comparer le public du Stade de Genève à celui du Westfalenstadion mais disons que si Hitzfeld entend écrire une nouvelle page d’histoire, avec la Suisse cette fois, il lui reste encore un certain nombre d’équations à résoudre.

Première mi-temps à oublier

La première mi-temps est vite résumée : deux tirs largement trop enlevés pour la Norvège, un coup de tête de Frei cinq mètres à côté pour la Suisse. En jouant avec deux demis axiaux à vocation défensive, la Nati devait pouvoir compter sur ses couloirs pour animer le jeu. Mais Barnetta et Lichtsteiner ont été transparents, Inler n’a eu de cesse de repiquer vers le centre, il n’y a guère que Reto Ziegler qui a amené un peu de mouvement sur les côtés. Comme en plus le duo d’attaque Frei-Derdiyok n’a pas été plus convaincant que Frei-Nkuo contre Israël, ça devenait difficile de se créer des occasions contre une équipe norvégienne sans génie mais bien en place. Il y a bien eu quelques manœuvres d’approche intéressantes mais, comme souvent, c’était beaucoup trop imprécis, trop statique et trop lent dans les trente derniers mètres pour être véritablement dangereux.

L’entrée fracassante de Philipp Degen

La Suisse paraît repartir d’un meilleur pied après la pause. Albert Bunjaku aurait pu fêter son premier but avec la Nati 21 secondes après ses débuts en équipe nationale mais il tire sur le gardien Jarstein. Ce timide élan suisse va être freiné par une faute inutile de Philipp Degen, entré en jeu moins de trois minutes auparavant, qui va permettre au géant John Carew d’inscrire l’unique but du match sur penalty. Un salaire royal pour la Norvège qui ne se créera que deux autres occasions sur deux sorties un peu téméraires de Diego Benaglio. La Suisse n’aura pas beaucoup plus de possibilités de revenir.

Vu l’incapacité de notre équipe nationale à prendre le match à son compte et à mettre sous pression la Norvège, on se dit, rétrospectivement, qu’heureusement que l’on n’a pas été menés au score lors des matchs décisifs contre la Grèce et Israël ; sinon, ce n’est pas à Genève que l’on aurait été en ce samedi de novembre mais bien à Bâle pour un barrage de tous les dangers contre notre bête noire ukrainienne. Il y a bien eu quelques possibilités de revenir, deux tirs juste à côté d’Huggel et Bunjaku ou un penalty oublié sur Schwegler ; on a même failli assister à un événement qui aurait fait date dans l’Histoire du football : un but 100% Degen en match international ! Las, David s’est appuyé sur un défenseur pour reprendre le centre parfait (si, si…) de son jumeau Philipp.

Que retenir ?

Quels enseignements tirer d’un match aussi insignifiant ? Reto Ziegler a sans doute marqué des points. Il peut se passer beaucoup de choses d’ici là mais, au jour d’aujourd’hui, on a l’impression que l’on se dirige vers un duo Ziegler-Spycher comme latéraux gauches dans les 23 pour l’Afrique du Sud, ce qui conduirait à l’éviction de l’un des cadres de l’équipe sous Köbi Kuhn, Ludovic Magnin. Barmettler et Schwegler sont à créditer d’une prestation honorable, ils mériteraient d’être revus contre un adversaire plus féroce offensivement. Inler dans le couloir droit, ce n’est définitivement pas une bonne idée. Quant à Albert Bunjaku, il a été le plus dangereux des quatre attaquants suisses ; néanmoins, il n’a pas connu beaucoup de réussite dans le dernier geste, il lui faudra sans doute inscrire encore quelques buts en Bundesliga pour avoir une deuxième chance. Le Nurembergeois a toutefois été plus en vue qu’un inexistant Marco Streller ; évidemment, c’est moins facile d’enchaîner les roulettes lorsqu’en face il y a une défense un peu plus crédible que celle de Neuchâtel Xamax.

On ne sait pas encore quel critère sera retenu pour déterminer les têtes de série en Afrique du Sud mais, si c’est le classement FIFA, cette défaite pourrait être dommageable lors du classement à paraître le 20 novembre prochain. Ce serait quand même dommage de se retrouver avec l’Angleterre ou la Russie plutôt que la Slovaquie ou la Bosnie juste parce que l’on n’a pas su disposer de la Norvège. Bon, le point positif, c’est que l’on est assurés de ne pas retrouver sur notre route en Afrique du Sud cette invincible équipe norvégienne puisqu’elle a été privée de barrage, et partant de qualification, comme moins bonne deuxième des neuf groupes européens.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch et Jon Michael Josefsen.

Suisse – Norvège 0-1 (0-0)

Stade de Genève, 16’000 spectateurs.
Arbitres : M. Whitby, assisté de MM. King et Fischer (Pays de Galles).
But : 48e Carew (penalty, 0-1).
Suisse : Benaglio; Lichtsteiner (46e P.Degen), Barmettler, Senderos (46e Von Bergen), Ziegler; Inler, Schwegler, Huggel (62e Behrami), Barnetta (61e D.Degen); Derdiyok (46e Bunjaku), Frei (46e Streller).
Norvège : Knudsen (46e Jarstein); Høgli, Høiland, Hangeland, J.-A. Riise; Huseklepp (40e Moldskred), Skjelbred (91e Ruud), Hauger (87e Solli), Hæstad (65e Tettey), Pedersen; Carew (78e Braaten).

Écrit par Julien Mouquin

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7 Commentaires

  1. « ..Quels enseignements tirer d’un match aussi insignifiant ?… » et bien, si vous permettez, je vais aussi vous soumettre quelques unes de mes reflexions :

    Ce qui est d’abord flagrant dans cette équipe, c’est l’absence d’un véritable no 10, un créateur. Inler confirme match après match depuis deux ans au moins qu’il n’est pas capable de tenir ce rôle. C’est un bûcheur, OK, il perd assez peu de ballons parce qu’il ne fait quasiment que des passes latérales à ses coéquipiers démarqués sans jamais aucune prise de risque. Huggel est puissant, solide, indestructible, mais l’éclair de génie ne viendra pas de lui. Quant à Barnetta, qui est d’ailleurs plutôt un joueur de couloir, il est assez à l’aise balle au pied au milieu du terrain, mais dès qu’on s’approche du but et qu’il faut assurer un centre valable, pffff quel gâchis ! (Alain Sutter, reviens stp !) Le seul qui peut tenir actuellement ce rôle, vous en conviendrez, ou pas, tant pis, c’est Hakan, mais Hitzfeld est-il prêt à le faire jouer d’entrée, d’en faire son meneur de jeu pour cette prochaine coupe du monde ? j’en doute, malheureusement…

    Autre point à souligner, le manque d’alternatives à disposition du coach : que font encore les Degen brothers et Strellette dans cette équipe ? faut-il vraiment qu’il n’y ait rien de mieux en Suisse pour sélectionner encore ces chèvres à pied carré ?! Je ne sais pas si vous avez remarqué en toute fin de match, le contrôle raté de Streller avec une balle qui part à deux mètres de son pied, un junior D se serait fait engueuler par son entraîneur pour le même geste !

    Et puis Alex Frei…Julien ne sera sans doute pas d’accord, mais moi j’en peux bientôt plus avec ce joueur, qui, à part branler la tête et essayer d’obtenir des fautes avec des demis-simulations…on peut sans autre lui donner sa lettre de sortie avec remerciements pour les buts marqués…ciao Alex !

    Quelques satisfactions dans la grisaille quand-même (je précise : sur les derniers mois et pas seulement sur le match d’hier s’entend) : Benaglio, Grichting, Derdiyok…et Behrami, s’il retrouve son niveau d’avant sa blessure, c’est probablement le joueur suisse techniquement le plus doué de sa génération, on croise les doigts pour qu’il ne se reblesse pas. Et puis hier soir, j’ai bien aimé Ziegler, je crois bien que Ludo Magnin va avoir de grandes difficultés à faire partie des 23 en juin prochain.

    Bon ben, comme l’a très bien dit Julien, y a encore des équations à résoudre, Ottmar en est bien conscient, il suffisait de lire sur son visage la profondeur de ses reflexions intérieures lorsque la caméra le montrait en gros plan hier soir, pour en être convaincu.

  2. déjà joué un match amical sans enjeu au moins de novembre et contre la Norvège bizarre et pas très convainquant pour attirer les foules dommage
    Ensuite a la limite tu peux tenter des choses avec certains joueurs comme Schwegler ou Banjako ou autresmais pourquoi oh combien pourquoi convoquer les frères Degaine et Streller qui ont 2 pieds gauches et 20 pouces……………………….

  3. Il manque un grand libéro, capable de diriger sa défense et d’apporter le surnombre au milieu, de construire le jeu. Idem pour la N0 10 et un grand attaquant.

    Strelette, c’est du pipeau cette gonzesse. Degaine Brothers, c’est irréversible, comme Magnin et ses centres dans les tribunes.

    Mais bon, on reste quand même la Suisse, il ne faut pas l’oublier. Il y a du matos, mais si pour une fois on pouvait bénéficier de tout le monde en même temps en étant épargné par les blessures et les méformes.

  4. t’es salaud avec der « Genfer Westfalenstadion » …. on l’a quand même inauguré face à YB (match nul si mes souvenirs sont bons) et on s’est fendu la gueule avec mon pote terroriste lors du fameux match d’Yves Martin à 2500 balles…

    Non vraiment Mook, j’sais pas ce que tu lui trouves de si nul ce stade 😉

    A+
    ES

  5. Ce qui me déplaît, c’est que quand l’équipe adverse marque en premier, on est sûr de perdre ou au mieux faire match nul…
    Cette équipe est incapable de renverser le score (remonter à 2004 contre la Slovénie)…

  6. Avis à l’ASF:
    A force d’organiser des matches amicaux et « pourri » (excusez moi du terme) mi-novembre à Genève et se foutre de la gueule (re-excusez moi du terme) des 16’000 spectateurs qui sont venu voir et ont du PAYER pour voir des types incapable de faire leur boulot ou au moins de faire semblant, il faut pas s’étonner que les gens ne répondent pas présent.
    Je crois que la crise touche pas assez certaines professions…
    Heureusement qu’il jouait pas contre nos M-15, ca aurait fait tache de se faire tourner autour !

  7. Je me suis fait royalement chier au Stade de Genève samedi soir.
    Je pense que sur les 16000 personnes présentent au stade 13000 on été invitée ou ont reçu en cadeaux des billets d’entrée (vu le nombre de junior présent!) et vraiment navré pour tous ceux qui on payé le billet d’entrée…
    Comme certitude d’après match je dirais que Strellette peut demander la nationalité Luxembourgeoise ça ne serait pas un problème (encore faut il que le luxembourg le veuille…)
    Frei. Il aurait le droit de commencer à se remettre en question de temps à autre ou tout du moins il aurait le droit de courir un peu plus pendant ce genre de match (même si il est amical)
    Les Degen ont le droit de prendre leurs retraite internationale (pour les intérêts de l’équipe en tous les cas…)

    Par contre j’ai trouvé Bunjaku relativement intéressant, à voir lors d’un vrai match de foot.
    Pirmin Schwegler a été également un des meilleurs Suisse (le meilleur au milieu du terrain, ça c’est sur!)

    La moutarde des hot dogs était beaucoup trop forte, à changer également!

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