Seger convaincant

Bienne avait à faire face à une rude concurrence hier soir. Champions d’Europe en titre, capable à l’occasion de dicter la physionomie d’un match face à n’importe quelle équipe de la planète, le ZSC a pourtant l’habitude d’en laisser passer de faciles, de temps à autres.

Mais, malheureusement, la poisse attire l’attention et pousse à la vigilance. D’autant plus que cette année sans Ligue des Champions ne donne pas de raisons de s’économiser face à un adversaire non direct. Une première place en saison régulière serait d’ailleurs une fort bonne affaire s’ils veulent directement gagner une belle coupe sans devoir en obtenir une très laide à titre de préalable.Et c’est face à ce redoutable adversaire et une assistance amputée de groupuscules revendiquant le droit de tambouriner ailleurs pour du respect – notion dont ils ont dû prendre connaissance dans un mauvais roman d’aire d’autoroute – que Bienne se devait de mettre fin à une mauvaise série. Coups du sort ou alors édictées par une logique synonyme de dégringolade, les absences de Fata et Bordeleau durent laisser place au constat que les vétérans Suisses de cette équipe manquaient cruellement d’influence sur le jeu. Nüssli, affublé de son maillot à flamme d’ado fan de boguet maquillé, n’était ainsi bon qu’à créer un simulacre de danger, ne trouvant ni angle, ni ressources pour adresser son tir habituellement dévastateur. L’ivrogne insensibilisé à toutes les formes de prévention peut profiter de recommander une consommation lorsque le 88 semblait vouloir faire une passe : il aura le temps et sera certain de ne rien manquer. Tschantré, quant à lui, semble plus à l’aise dans le rôle de capitaine de submersible que comme motivateur de troupes. Sans doute le lac de Bienne ne lui offrait pas de plongées assez profondes à son goût…

Si Peter a été promu appelé à remplacer en deuxième ligne, il pouvait montrer que malgré une propreté d’exécution et une technique supérieure, il n’avait pas la rapidité ni la créativité pour faire autre chose que pâle figure face au plus branleur de ces Zurichois. Et même si Lötscher le relayait bien, se faisait presque dangereux, il choisissait par défaut de se jeter dans la tenaille des arrières plutôt que de tenter un débordement ou tout autre mouvement sujet à interprétation du corps arbitral. Par simple mesure d’hygiène, il lui faudra bien y passer sur ce banc d’infamie…
Et puis, il y a tout ceux que l’on s’imagine déjà mettre un terme à leur carrière ou, avec plus de bienveillance, que l’on aimerait voir faire un malheur une ligue en dessous. Tous ces joueurs dont le maniement de rondelle déconstruisent un préjugé tenace: oui, il existe une réelle volonté de joueur au baseball en Suisse. Après l’année des «viennent en Suisse» de l’ambassadeur Hill, cette année, on peut se lamenter avec les «viennent ensuite» du cru. Tous ces joueurs habités d’une volonté la plupart du temps stérile mais débonnaire (terme nouvellement connoté par une idée d’action menant presque à un but) d’aider l’équipe. En réalisant une bonne action toutes les trois semaines, ils arrivent à maintenir l’illusion qu’on aurait tort de jeter la serviette dans leur cas. On constate après, penaud que ce sont ces mêmes joueurs qui, blessés, voient l’estimation de leur potentiel grimper en flèche. Tant de joueurs de quatrième ligne, alors que c’est peut-être la seule triplette dont la composition est indiscutable. Le tableau est complet.

Alors qu’en une minute, en fin de deuxième tiers, les affaires étaient relancées par des réussites de Trunz et Brown, les puissances célestes qui animaient les pantins de l’arène n’allaient pas s’inverser pour autant. Zigerli montrait que dans l’ordre de priorité de ses premières fois, ce serait d’abord manquer l’immanquable avant de mettre un but gagnant. Les Zurichois n’avaient qu’à suivre un conseil pour repartir le coffre plein : viser bien haut.
A Bienne, on sait que parfois les choses tournent. Pour preuve : le brouillard relâche un peu de sa pénible étreinte automnale et Salmonsson est un joueur capable d’apporter du danger depuis les bandes. Vu le type de jeu préconisé par Ruhnke, c’est difficile de prendre cela comme une mauvaise nouvelle. Certes, mais dans le trouble, il reste une impression sur le tout : c’est guère convaincant.
Photos copyright Simon Bohnenblust

Bienne – ZSC Lions 2-5 (0-1 2-1 0-3)

Stade de Glace, 4173 spectateurs.
Arbitres : MM. Kurmann ; Abegglen et Dumoulin.
Buts : 16e Seger (Trudel, Monnet) 0-1, 28e Monnet (Bastl, P.Bärtschi) 0-2, 38e Trunz (Truttmann) 1-2, 39e Brown (Bärtschi, Lötscher) 2-2, 52e Gardner (Wichser, Müller) 2-3, 54e Monnet (Trudel, Kostovic) 2-4, 60e Monnet (Trudel, Gardner/cage vide) 2-5.
Pénalités : 4 x 2′ contre Bienne ; 3 x 2′ contre les ZSC Lions.
Bienne : Caminada; Jackman, Trunz; Schneeberger, Steinegger; Kparghai, Fröhlicher; Meyer; Wetzel, Brown, Nüssli; Lötscher, Peter, D. Bärtschi; Truttmann, Tschantré, Salmonsson; Zigerli, Gloor, Beccarelli; Tschannen.
ZSC Lions : Sulander; Suchý, Müller; Seger, Schnyder; Stoffel, Geering; Reist; Krutov, Wichser, Gardner; Schommer, Sejna, P. Bärtschi; Bastl, Alston, Grauwiler; Trudel, Monnet, Kostovic.
Notes : Bienne sans Bordeleau, Ehrensperger, Fata, Gossweiler et Seydoux (tous blessés) ; ZSC Lions sans Schelling, Bühler (blessés) ni Pittis (étranger surnuméraire) et Flüeler (GCK Lions).

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche

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