Kazan, l’expérience ultime

Même après avoir fait un match à Venise pour une rencontre de deuxième division, même après avoir assisté à un match en Thaïlande, même après m’être gelé les miches sur les marches en béton du vieux stade St-Jacques pour assister à FCB-Soleure, je peux te dire que là, ça y est, je la tiens mon expérience ultime !

Il faut dire que j’ai été particulièrement chanceux durant le tirage au sort de la Champions League, qui m’offrait un Rubin Kazan – Barcelone pas loin de chez moi (j’habite Moscou), c’était du pain béni ! Voici donc pour toi cher lecteur le récit de cette journée de foot au pays de… ben c’est quoi déjà la spécialité de Kazan ? Attends, au fait, c’est où ce coin paumé ?Donc déjà pour rallier Moscou à Kazan tu as deux options : un vol russe intérieur, rapide et efficace, mais quand la compagnie aérienne se nomme Tatarstan Airlines ou encore Sibir Airlines, tu y réfléchis à deux fois. Ensuite il te reste l’option 2 : un train de nuit avec couchette et vodka partagée avec des Russes tout heureux de rencontrer des Suisses et Français barbotant leur langue. Le choix ne fut donc pas si cornélien que ça, préférant évidemment augmenter mes chances de cirrhose dans 30 ans plutôt que de tenter le saut de l’ange de 30’000 pieds immédiatement.

Le train de nuit en Russie c’est quelque chose, imagine un car de supporters partant de Lausanne pour monter à Munich pour assister à la finale de la Coupe du Monde, Allemagne – Suisse. Ben c’est pareil sauf que ce ne sont pas des supporters, mais des pendulaires tout ce qu’il y a de plus normal et que la bière est remplacée par de la vodka (faut-il préciser pas en même quantité, tout de même…). Je te laisse donc imaginer mon état en arrivant à, où ça déjà ? ah oui ! Rubin. Non, pardon, Kazan. Bon Kazan, c’est à 800 bornes de Moscou plein est. On se rapproche des froids sibériens. Mais heureux je fus en me rendant compte que finalement les -5 degrés offerts aux voyageurs étaient loin d’être dramatiques.
Bon je te passe la journée tourisme. Juste un conseil, la prochaine fois que Kazan rencontre Barcelone, débrouille-toi pour aller voir le match à Barcelone… Bref voici enfin le moment tant attendu, l’heure de nous rendre au stade. Le temps de héler une Lada des temps soviétiques afin de nous déposer à l’hôtel jouxtent le stade et nous voilà nez à nez avec l’équipe de Barca montant dans leur car pour rejoindre le stade. Amusant de voir Messi arriver au niveau des genoux d’Ibrahimovic ou encore de se rendre contre que les bras de Touré représentent à peu près mes deux cuisses réunies !
Tickets en poche, nous voilà arrivés au salon VIP du stade pour quelques bières servies par de charmantes Tatares dont on m’avait tellement vanté les beautés. Nous sirotons donc notre précieux nectar en attendant petits fours et en observant admiratif le ballet des serveuses versant allégrement bière après bière aux clients. Pas un Espagnol, pas un Français, juste une délégation de onze expats moscovites partageant le luxe de cet espace VIP avec leurs hôtes russes.
Bref, arrêtons de nous pavaner dans ce «champions club» et rejoignons nos places en tribunes. Premier sentiment, niveau sécurité c’est un peu léger. Nous avons dû partager nos onze places avec quatre russes ayant réussi à rentrer sans billet. Et c’est vrai qu’en me rappelant la manière dont nous avons été contrôle à l’entrée, je pense que j’aurais pu rentrer avec un billet de ballet vénitien joué dans une salle obscure de Vladivostok il y a 5 ans ! Prenons le côté positif de la chose cher lecteur, la chaleur humaine dégagée par ce surplus nous a au moins permis de supporter le froid ambiant… Léger comme avantage me diras-tu.

Le match : on était venu voir Messi, et bien ce sera un autre Argentin qui lui aura volé la vedette, un certain Dominguez. Et je retiendrais aussi la rentrée fracassante de Bukharov, entre grands ponts sur Puyol et enrhumage de Dani Alves il nous a régalé ce petit. Et que dire de ce magnifique loupé de Zlatan en tout début de partie. Avec un certain Samuel E., cela aurait fait 1-0 sans aucun doute ! Bref comme à mon habitude, j’ai encore assisté à un bon 0-0 des familles avec Barcelone sur la pelouse. Pas de bol quand même ! Cette équipe qui m’a régalé l’an passé au travers de mon téléviseur me colle un lapin à chaque fois que je vais la voir jouer en chair et en os ! La prochaine fois je pense que je vais aller voir l’Inter. Vu comment je m’ennuie quand je les observe sur mon tube cathodique, je ne pourrais que me régaler en live !
Malgré ce 0-0, malgré ce froid, malgré cette ville paumée et malgré cette cuite en train, je garde un très bon souvenir de ce match et de cette petite virée ! Et bon, dire «j’y étais» à ce match qui mine de rien est le plus méridional de l’histoire de la CL, c’est pas mal ! Vivement que Vladivostok se qualifie pour la Champions League, histoire de se marrer !

Écrit par Eric Laurent

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8 Commentaires

  1. Merci pour l’article ! L’expérience a dû être intéressante…

    Ben en tant que fan du Barça (mais pas de Titi « Handball » Henry) je dois dire que ce Rubin Kazan nous a bien gêné sur les deux matches. Faudra se réveiller si on veut passer… mais bon, les équipes russe et ukrainienne sont désormais connues pour craquer dans le dernier match 😉

  2. de forts beaux passages ! dommage que tu n’aies pas mis quelques photos tes Tartares Girls que tu as vu par Kazan ….l’article aurait été bcp plus saignant….. Bon, ok j’arrete et je sors…

  3. Excellent ton article, et que de bons souvenirs. L’année passée, en traverant la Russie en Transsibérien, j’ai passé 2 jours à Kazan. J’ai eu l’occasion de voir le fameux derby Sibérien Rubin Kazan – Tom Tomsk (ils ont surement dû consulter Bernard Jonzier pour trouver un nom pareil). Je confime que l’absence de sécurité est flagrante: je suis rentré sans que personne ne me demande de billet! L’ambiance très agréable, plus chaude que le temps glacial. Par contre, Kazan (en tout cas le centre) est plutôt une ville de nouveau Russes avec hôtels a 200.- la nuit qu’un vieux débris communiste.

  4. Pour avoir effectué en train de nuit le trajet Moscou-Kazan et retour, je me souviens des compartiments à 4 habités par 8 tatars venus acheter à Moscou tout ce qui était introuvable à Kazan… Mais Kazan est plutôt une belle ville (comparée aux standards russes), musulmane, passionnée de sport et capitale d’une région autonome.

  5. Ca c’est du bon article! Sympa, sans pretention et depaysant, ca nous change d’un enieme blah-blah sirupeux sur la « legende d’Anfield » ou sur la « folie du ShalkeArena »!

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