Pourtant on était prévenus…

Le premier grand choc de cette Ligue des Champions 2009-2010 a accouché d’une souris. Entre un Inter conforme à ce que l’on peut attendre d’une équipe italienne entraînée par José Mourinho et un Barcelone dominateur mais peu inspiré à la conclusion, le score est désespérément resté nul et vierge.

C’est pas comme si on n’était pas au courant : statistiquement, un match avec une équipe italienne a plus de chances de se terminer sur un score de 0-0 qu’un match sans équipe italienne. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles mes déplacements vers les stades transalpins se sont faits de plus en plus rares ces dernières saisons. Les retours au milieu de la nuit après un Juve – Milan 0-0 où il ne s’est rien passé en te choppant en plus la neige au Saint-Bernard, j’estime avoir donné.

Le mythe San Siro

Mais voilà, San Siro reste San Siro et je suis toujours susceptible de craquer. Un classement récemment établi par le très sérieux journal anglais Times a classé le temple milanais comme deuxième meilleur stade du monde, ce qui me paraît assez correct, même si personnellement j’aurai peut-être intercalé Old Trafford à la deuxième place. Quant à l’incontestable meilleur stade du monde selon le Times, j’aurai l’occasion de t’en parler la semaine prochaine, vu que j’y serai pour une affiche autrement plus alléchante qu’Inter – Barça.

Quand je me suis aperçu que j’étais un peu désœuvré cette semaine et que je me suis enquis d’un match à voir dans la région, j’ai jeté mon dévolu sur l’affiche phare de cette première journée de Ligue des Champions. Et ce même si je garde un souvenir assez mitigé de mon dernier Inter – Barça à San Siro ; c’était en 2003, il ne s’était pas passé grand-chose, ça avait fini 0-0 et le principal souvenir que j’en garde, c’est la partie de chibre que l’on avait fait dans les gradins avant le coup d’envoi.
Ce qu’il y a de bien avec les Italiens, c’est que, vu leur engouement tout relatif pour le foot, tu peux décider sur un coup de tête d’aller voir un duel aussi prestigieux qu’Inter – Barça 36 heures avant la rencontre et encore trouver des excellentes places à prix raisonnable sur le site internet du club.

Entame prometteuse

C’était pourtant bien parti. Le Barça réussit une entame de match assez impressionnante et se crée d’emblée trois occasions sur deux tentatives de Messi bloquées par Julio Cesar et une volée dévissée d’Ibrahimovic. Pour son retour à San Siro, le Suédois a réussi des choses intéressantes mais s’est souvent compliqué la tâche, il n’est manifestement pas encore totalement intégré dans le collectif barcelonais. Et on lui en veut un peu de ne pas avoir cadré en début de match lorsqu’il est arrivé seul devant Julio Cesar, ce qui aurait donné une toute autre dimension à la partie. L’entraîneur Pep Guardiola a encore du travail pour faire bien jouer ensemble ses trois attaquants vedettes. Si le futur Ballon d’Or Messi a été très bon, le Barça a joué à dix en 1ère mi-temps, tant la prestation de Thierry Henry fut catastrophique.
Le Français a échoué dans presque tout ce qu’il a entrepris et a même failli offrir l’ouverture du score à Sneijder sur un ballon perdu à mi-terrain. Manifestement, l’ancien Gunner était plus préoccupé à chercher des noises aux défenseurs adverses, en particulier à Chivu (toujours la frustration de ne pas avoir battu la Roumanie ?), qu’à essayer de marquer un but. Il sera un peu moins mauvais en 2e période mais on peine à comprendre pourquoi Guardiola a attendu aussi longtemps avant de le sortir. Cela n’empêche pas le Barça de finir la première mi-temps sur dix minutes de power-play à dix contre onze (ou à dix contre dix, parce que Muntari était aussi à la rue côté intériste), mais Keita ne trouve pas le cadre alors que Julio Cesar avait déserté son but.

Un trio prometteur

Entre un début et une fin de mi-temps difficiles, l’Inter est parvenu à rééquilibrer un peu les débats et à se créer quelques occasions, notamment sur un tir de Milito bloqué par Valdes. Il m’en coûte de le dire mais je pense que l’Inter est peut-être le club en Europe qui a réalisé le meilleur recrutement estival sur le plan offensif. Le trio Sneijder-Eto’o-Milito pourrait faire des ravages. Même s’il n’a pas connu beaucoup de réussite sur ses frappes, Wesley Sneijder a réussi une performance encourageante. Diego Milito a été très bon et, vu le nombre de maillots floqués à son nom et la clameur qui a salué l’annonce de son patronyme, a déjà fait oublier Ibrahimovic dans le cœur des supporters nerazzurri ; seul bémol à sa performance, un contrôle approximatif qui l’a empêché de partir seul au but. Samuel Eto’o s’est montré plus discret mais a été à l’origine de la meilleure occasion milanaise, avec un somptueux contrôle acrobatique et un service pour Sneijder dont le tir est passé juste à côté (47e).

Et la défense ?

En revanche, la défense centrale nerazzurri ne paraît pas tout à fait à la hauteur. Samuel, Lucio (voire Cordoba) ont beaucoup d’expérience mais les meilleures années de leur carrière sont derrière eux. Aligner une charnière centrale aussi peu mobile contraint José Mourinho (qui nous gratifié d’un magnifique saut de carpe pour contester une décision litigieuse d’un juge de touche) à aligner une formation extrêmement compacte et défensive. Parce qu’il est exclu de prendre le risque que Samuel se retrouve en un contre un face à un Messi lancé à pleine vitesse. Tu me diras, ça ne dérangera pas trop l’entraîneur portugais qui a bien été champion d’Europe en alignant des camions comme Ricardo Carvalho et Jorge Costa en défense axiale. Mais c’était à une époque où l’AS Monaco pouvait arriver en finale de Ligue des Champions, époque qui paraît bien révolue aujourd’hui. Bref, à mon sens, ce ne sera pas encore cette année que l’Inter va renouer avec cette victoire en C1 qui le fuit depuis 1965.

Le Barça floué ?

La deuxième mi-temps a été un ton en dessous, avec toujours le même schéma de jeu, soit un Barça maître du ballon et un Inter procédant par contre. Il y a eu quelques longues séquences d’attaque-défense, quelques occasions de part et d’autre aussi, notamment sur des frappes juste au-dessus de Stankovic et Ibrahimovic. Mais dans un groupe peut-être plus ouvert qu’il n’y paraît de prime abord, avec des outsiders russes et ukrainiens qui pourraient s’avérer coriaces, les deux équipes voulaient surtout éviter de commencer par une défaite et se retrouver déjà au pied du mur lors de la 2e journée.
Tu as sans doute un avis plus autorisé que le mien sur la question, vu que tu as eu droit à douze ralentis, mais il m’a semblé que le Barça avait été floué d’un penalty sur une main intériste qui semblait bien décollée du corps. Je l’ai déjà fait dans une chronique de Bundesliga mais c’est tellement drôle que je le répète encore une fois : sur le coup, M. Stark n’a pas fait fort.

On ne nous y reprendra plus

On a également été surpris par le déchet technique, le nombre anormalement élevé de passes ratées ou d’ouvertures directement en touche pour des formations de ce renom et des joueurs de cette qualité. D’accord, les équipes sont encore en rodage mais il y aurait eu de la bière et un peu plus d’ambiance qu’on se serait cru à Bochum – Köln. L’ambiance était partie très fort mais, comme souvent en Italie, si leur équipe ne marque pas rapidement, les supporters se crispent, deviennent anxieux, s’énervent contre tel ou tel joueur, et en oublient un peu de chanter. En 2e mi-temps, il ne devait pas y avoir beaucoup plus de décibels qu’à LHC – Young Sprinters la veille. Bref, en quittant le stade sur un 0-0 et une impression mitigée, on se dit que l’on ne nous y reprendra plus. Sans se faire d’illusion sur la durabilité de cette bonne résolution. A la prochaine affiche un peu tentante, on se dira que San Siro comble, c’est quand même magique et que, statistiquement, on ne peut pas toujours tomber sur un 0-0.

Inter Milan – FC Barcelone 0-0

Stadio Giuseppe Meazza, 76’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Stark.
Inter : Julio Cesar ; Maicon, Lucio, Samuel, Chivu ; Zanetti, Thiago Motta, Muntari (62e Stankovic) ; Sneijder (80e Santon) ; Eto’o, D. Milito (85e Balotelli).
FC Barcelone : Valdes ; Dani Alves, Puyol, Piqué, Abidal ; Touré, Keita, Xavi ; Messi, Ibrahimovic, Henry (77e Iniesta).
Cartons jaunes : 54e Henry, 83e Touré, 90e Chivu.
Notes : Inter sans Mancini, Arnautovic ni Materazzi, Barcelone sans G. Milito, Bojan ni Chygrinskiy.

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

8 Commentaires

  1. @Agouzou
    Oui, toujours en voiture, c’est plus rapide et beaucoup moins cher que le train. Faut compter 7h Lausanne – Dortmund, 6h15 si la circulation est fluide, mais en principe ça coince toujours un peu entre Karlsruhe et Francfort ou entre Hagen et Dortmund.

  2. Julien Mouquin c’est un peu le gars qui ne supporte pas l’espagnol, déteste la musique latino, est allergique aux plats épicés et qui mange midi et soir au Poco Loco…

    Franchement, t’espérais quoi… Y avait pas Schweinsteiger, Metzelder ni Mertesacker sur le terrain. Tu pouvais pas prendre ton pied…

    T’es tellement bon quand tu parles de la Bundesliga et du foot suisse. S’il te plaît, arrête de massacrer le foot italien. Tu le faisais déjà quand tout allait bien, alors aujourd’hui, c’est un peu comme tirer sur une ambulance dans un corridor…

  3. « sur une main intériste qui semblait bien décollée du corps ». Euh, si on lit bien la rêgle on s’en moque que la main soit décollée, ce qu’il faut c’est une main volontaire (ou délibérée je ne sais plus le terme exacte).
    Il faut arreter de répéter ce que disent les commentateur de télé…..

  4. Ah Julien …. arrête de propager le mensonge automobiliste le plus scandaleux de l’histoire des transports …

    la voiture coûte bien plus cher que le train…. même le TCS a enfin accepté de mettre fin à la rumeur. A quand ton tour ?

    A+
    ES

  5. @hog
    En fait, quand je vais dans un stade, je prends pas une télé portative pour écouter ce que disent Yannick Paratte ou Pierre-Alain Dupuis
    @economiesuisse:
    du moment que je paie de toute façon les frais relatifs à la voiture, Lausanne – Dortmund c’est fr. 180.- d’essence aller-retour contre fr. 450.- en train…
    Et dois-je te rappeler que la seule fois où l’on est allé en train, on est parti à 5h30 et on a quand même raté le never walk alone, alors qu’avec la voiture en partant à 5h30 on a le temps de passer à l’hôtel et d’être dans un biergarten 2 heures avant le match.

  6. avec le demi tarif allemand, c’est 280frs a/r et avec l’AG suisse c’est 25% de réduc…le train, y’a que cela de vrai…bon peut-être que vous avez des ferraris que vous voulez rouler en Allemagne;-) amicalement et bravo pour votre travail et CR…ne lâchez rien…

  7. Super les infos sur le trajet Lausanne-Dortmund, merci!!!

    Zéro ton article Mouquin, toujours autant de subjectivité….

    Null = Zéro en allemand non?

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