Rien ne sert de courir…

C’est quand-même ballot. Pour une fois que la Suisse avait une voie royale pour accéder en demi-finale, la voilà qui perd lamentablement contre une brillante équipe d’Allemagne. D’une stérilité offensive affligeante lors de ses trois derniers matchs, la Nati quitte ce championnat par la petite porte. Comment est-ce qu’on dit déjà ? Ah oui, virez Simpson !

Cinq victoires en autant de rencontres, ça aurait été d’une part inédit, et d’autre part trop beau pour être vrai. Forts de cet adage, nos petits Suisses s’étaient donc magistralement pris les pieds dans le tapis défensif fort bien tissé par nos amis norvégiens. Finalement, ce petit couac était arrivé à point nommé avant d’affronter les vikings suédois, histoire de recadrer le tout. Seulement voilà, le navire helvétique prenait l’eau de toutes parts face aux coups de boutoir de la Tre Kronor. Face à ces deux adversaires au profil pourtant bien différents, les Suisses n’ont non seulement pas été à leur avantage dans le secteur offensif, mais leur arrière-garde pourtant réputée solide a salement failli. Martin Gerber et Tobias Stephan étant retombés sur terre, la sanction fut implacable.

Touchante naïveté

Après la victoire contre les Tchèques, tout le panel des qualificatifs les plus élogieux avait été utilisé jusqu’à écœurement au sujet de cette merveilleuse équipe nationale. Encensé, porté aux nues par une population entière prête à lui faire des gâteries buccales à profusion, l’audacieux Sean Simpson symbolise l’image d’une Suisse conquérante qui parvient sans complexe à mettre à terre de prestigieux adversaires. Au diable donc Krüger et son système aussi hideux qu’abject. C’est vrai, lors de sa victoire contre le Canada, une Nati au séduisant visage avait réussi sa prestation la plus aboutie depuis les JO de Vancouver et sa défaite aux pénaltys face à ce même adversaire, du moins au niveau du nom de l’équipe. Une éternité donc. Forcément, ces deux dernières défaites dans le tour intermédiaire ont fait un peu tache dans ce tableau et tempèrent quelque peu les envolées mirifiques relatives à cette renaissance.

Du côté allemand, ce fut plutôt le contraire puisqu’à la suite de résultats dernièrement catastrophiques, l’écrasante majorité des fans germaniques étaient favorables à une exécution en bonne et due forme de leur sélectionneur national. Tout comme leur voisin, les Allemands se voient contraints d’adopter une tactique ultra-défensive pour espérer épingler les grosses cylindrées et aller le plus loin possible dans la compétition. Et ça marche. Se qualifiant enfin pour les quarts de finale en battant au passage les États-Unis et la Slovaquie, ils peuvent en outre compter sur deux renforts titulaires en NHL alors même que Sturm et Hecht manquent à l’appel. Contrairement à un bon nombre de joueurs suisses qui possèdent une mentalité n’allant pas dans le sens de l’ambition et du sacrifice, certains Allemands parviennent a s’implanter durablement dans la grande ligue nord-américaine. En attendant l’explosion de Niederreiter, Sbisa et Josi, nous continuerons à nous gargariser de l’unique match officiel joué par Julien Vauclair avec les Sénateurs d’Ottawa…

Krüger, Simpson, même combat

Les attentes furent donc très grandes avant d’affronter un adversaire que les Suisses connaissent par cœur. Après un premier tiers globalement dominé par les Helvètes, les Germaniques reprirent les choses en main dès la deuxième période en étouffant totalement les rouges. La fameuse première réussite – si importante dans ce genre de rencontre – tomba logiquement pour les locaux et par la suite les Suisses se cassèrent systématiquement les dents sur le mur défensif érigé par Uwe Krupp. Il y aura bien eu une recrudescence d’occasions suisses dans le tiers final, mais sans succès.
Bien sûr, on pourra toujours invoquer les décisions arbitrales plus que douteuses, en donnant par exemple une pénalité de match à Martin Plüss pour une petite caresse boursière sur Ehrhoff, ou encore en oubliant tout simplement toutes les obstructions commises. Certes oui, les Suisses n’ont pas eu de chance en touchant les montants à quatre reprises, mais on se demande toujours comment Brunner a fait pour rater le cadre à la 53e minute.

Trois misérables buts contre l’Italie, deux ridicules contre la Norvège, aucun contre l’Allemagne ; très souvent décrié, le problème du manque de productivité offensive de la part des Suisses contre des adversaires de seconde zone n’a toujours pas été résolu. C’est bien mignon de  s’époumoner devant la victoire acquise contre un Canada d’une consternante faiblesse et celle contre des Tchèques pas encore bien concernés, toujours est-il que sans confirmation, ces succès sont aussi beaux qu’inutiles. Les Helvètes viennent donc de tomber de haut et Sean Simpson a encore du boulot. La première chose serait évidemment de donner une stabilité à ce cadre qui est pourtant prometteur. Une non-entrée en matière envers ceux qui ont décliné la sélection pour des motifs irrecevables serait une excellente base, en commençant bien évidemment par la diva de St-Léonard Julien Sprunger, le pauvre petit chéri tout fatigué qui mériterait une exclusion du cadre national pour une (très) longue durée. 
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Suisse – Allemagne 0-1 (0-0 0-1 0-0)

SAP Arena, 12’500 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : Laaksonen/Sterns (Fin/Usa) ; Brown/Terho (Usa/Fin).
But : 31e Gogulla (Hospelt, Sulzer) 0-1.
Suisse : M.Gerber; Seger, J.Vauclair; Hirschi, Bezina; Josi, Du Bois; Helbling; Déruns, M.Plüss, Rüthemann; Duca, Savary, R.Lemm; Monnet, Ambühl, D.Brunner; Jenni, Trachsler, Romy; Christen.
Allemagne : Endras; Ehrhoff, Dietrich; Krueger, Sulzer; Holzer, Braun; N.Goc; Schutz, M.Goc, Rankel; Wolf, Müller, Ullmann; Hager, Hospelt, Gogulla; Felski, Barta, Kreutzer; Tripp.
Notes : la Suisse sans Geering, Back, Niederreiter et Manzato (surnuméraires).
Pénalités : 1 x 2’ + 1 x 5’ (M.Plüss) + pénalité de match (M.Plüss) contre la Suisse ; 1 x 2’ contre l’Allemagne.

Écrit par Mathieu Nicolet

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11 Commentaires

  1. Pour moi, ce match a été perdu à cause de pas de chance. Avec tous ce qu’ils ont entrepris pour mettre ce puck au fond, je ne peux pas leur en vouloir. Ils ont bien joué.

    Un match de hockey reste très ouvert. Ce n’est pas pour rien qu’une élimination directe se joue au meilleur des 7 matchs dans les clubs. Parce que, cette défaite de 1-0 ne veut rien dire. L’Allemagne fait quelques actions et le puck fait poteau intérieur…

    C’est vrai que pour une fois, il y avait un quart de finale avec davantages de chances de notre côté. Mais voilà, cela fait partie du jeu.

  2. Ils n’ont pas eu de chance et c’est dommage. L’Allemagne joue un hockey kruegerien indigeste qui ne mérite pas la qualification mais c’est le sport, ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne.

    Avec cette équipe expérimentale, la Suisse n’a pas fait un mauvais tournoi mais on peut être déçu de ce 1/4 de finale contre cet adversaire à leur portée.

    L’arbitrage était clairement impartial pour la plupart des cross-check allemand non sanctionnés dont celui qui se ramasse le puck en pleine face et qui perd sa crosse, se relève et en met un sous les yeux de l’arbitre!!!

    Sinon pour la fin de match, c’est clairement les Allemands qui ont cherché la bagarre et c’est dommage qu’ Helbling n’ai pas pu mettre un pain à cet assistant!

    A+

  3. Que la Suisse manque de buteurs et qu’elle fait régulièrement le ridicule contre les « petites » équipes, c’est pas vraiment un scoop. Vous attendiez quoi? Que l’ami Sean révolutionne le hockey suisse en 3 semaines de stage de préparation et 2 de mondiaux? Laissez-le travailler et arrêtez une fois pour toutes de chialer sur les joueurs absents. C’est bon, on en a déjà fait une montagne avant ces mondiaux, basta maintenant! A Simpson de faire de son mieux avec ce qu’il a sous la main.

  4. … non ça sert à rien…

    Je n’aurais pas été jusqu’à dire « brillante équipe d’Allemagne », leur système de jeu est aussi immonde que celui que la Suisse proposait sous l’ère Krueger… Je fais du boxplay à 5v5, je bourrine tout c’qui bouge, je fous l’puck au fond, j’ai la chatte de marquer un goal pourri, voila, youpilol.

    En l’occurrence oui ça a marché sur ce quart de final tant attendu… fais ch***.

    Ce que vous dites dans l’article est ma foi fort juste… de belles victoires contre le canadiens et les tchèques sans confirmation contre des équipes plus faible ne servent à rien du tout.

    Mais nous avons quand même le droit de dire qu’on a pas du d’bol sur ce foutu match malgré notre ami Brunner qui rate l’immanquable… 4 poteaux, des pucks qui rasent la ligne de buts, pas un rebond favorable devant la cage etc..etc..

    Sinon en effet, un grand, grand merci à toutes les divas qui ont refusé la sélection parce que ouin-ouin trop fatigué, trop dur le hockey, ouin-ouin.

    Merci de faire honneur à votre nation et à vos supporters, c’est sur que ces quelques matches de plus vous auraient tué. Reposez-vous bien et on s’voit au moins d’septembre.

  5. Même pas un petit commentaire sur la baston soit-disant provoquée par les Suisses en fin de match? Ni sur Seger et ses magnifiques relances qui reçoit un prix juste parce qu’il est capitaine?

    PS: j’ai compter en tout cas 4 poteaux… (mais je pense que vous êtes allé chercher la statistique officielle)

    PS2: c’est pas possible de faire des codes encore moins lisible? J’en suis à mon 3ème essai ^^

  6. Moi j’ai bien aimé regarder cette Suisse new look.

    Il a manqué un peu de chance dans ce quart mais à part pendant 10minutes, on a quand même bien dominé les allemands (Il y a eu 4 poteaux et non pas 2 comme noté dans l’article) et une quarantaine de tirs.

    En plus c’est le premier tournoi de Simpson, laisson-lui du temps. Il y avait aussi une quinzaine d’absents, c’est quand même énorme pour un pays comme la Suisse.

    Je pense que les joueurs ayant refusé une sélection pour fatigue (oui, oui, y compris Streit) devraient prendre un peu exemple sur les Russes. Tout les joueurs vedettes de NHL ont accepté de venir (Ovechkin, Malkin, Kovalchuk et j’en passe)

    Enfin bref, bravo à la Suisse et vivement 2011

  7. La première ligne Deruns-Pluss-Rutheman commencait à être carbonisée, dommage parce qu’elle a montré de magnifique chose par moment. La deuxième ligne est trés belle aussi. Trachsler et Savary sont 2 trés bonnes surprises. Helbling est une plaie, consternant qu’il soit sélectionnable.

    Quand à la diva fribourgeoise, pas de commentaire, tout ce qu’il mérite c’est l’ignorance de Simpson. Les dzos vous diront pour l’excuser que sa femme est enceinte, et qu’il a été blessé il y a une année, ou la plus drôle, il est fatigué(quand on sait que par exemple Deruns a fait plus de 70 match cette saison).

    Et pour finir, pas joli joli ce qu’il s’est passe à la fin du match.

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