Quand y’en a plus Janka encore !

Carlo «Iceman» Janka. D’aucuns qualifient ce skieur comme étant le plus talentueux de son époque, à tort ou à raison, je ne suis pas là pour juger mais d’un point de vue technique c’est certainement le meilleur mariage possible : une alchimie entre Michael von Grünigen et Bode Miller. Le Grison possède l’élégance de MVG couplée à la souplesse et le sens de la glisse de Bode que tout le monde aimait décrier à ses débuts mais dont tout le monde s’inspire aujourd’hui. (Un peu de post-modernisme dans toutes les classes ne ferait de mal à personne !)

Ensuite Janka c’est le mec parfait pour les médias (même pour des insiders de CR !), un symbole derrière lequel la Suisse politique et des comptoirs aime se ranger. Il a une bonne gueule de paysan grison, il a fait son école de recrue avec un autre Grison brillant qui glisse aussi bien que lui (bien que l’autre Grison soit coaché par un spécialiste de cyclisme mais plus pour longtemps…), mais Carlo, lui il est surtout modeste, à la limite de l’insolence et de l’agaçant. En effet, les exubérances du boucher neuchâtelois dérangent bien des sportifs du dimanche (sans parler de Pauli Accola qui fait grincer des dents aujourd’hui encore) alors que Carlo le génie helvétique ne fait que lever son index, voire les deux en cas de truc vraiment trop dur à contenir dans un seul, pour célébrer une victoire. Après les Federer, Ammann et autre Lüthi, il est bon d’avoir un Carlo Janka dans ses rangs pour montrer qu’en Suisse tout va bien, le sport reste une priorité et que le savoir-faire du pays de l’oncle Köbi ne se perd pas ! Qui après ? Bah ! On s’en fout un peu parce que pour l’instant on gagne. Merci la Berne fédérale, merci Monsieur le Conseiller Fédéral Maurer de promouvoir le sport suisse à coup de millions injectés dans votre département de la défense, de la protection de la population et des sports. Pardon, c’est vrai les millions sont surtout injectés dans la défense du territoire et pas dans le sport, enfin juste le minimum nécessaire à justifier l’appellation du département, par exemple, un apéro-dinatoire après un sacre mondial d’une bande de jeunes racailles des banlieues que son propre parti aimerait bien renvoyer chez eux à l’occasion du prochain carton rouge.

Bon, Monsieur le Conseiller fédéral Maurer n’était pas le seul à faire le paon à Vancouver puisque voyager seul serait certainement ennuyeux pour Monsieur Ueli, non, Madame la Conseillère fédérale Leuthard était aussi présente lors de l’événement et en plus elle a bien choisi puisqu’elle a opté pour le saut à ski avec le dénouement que l’on connaît. Ah télévisuellement parlant c’était beau de voir notre Simi national prendre la Leuthard et la faire tourner ! La Berne fédérale et ses plus hauts représentants et les meilleurs sportifs suisses du monde réunis dans une valse où le monde a les yeux braqués sur eux ! Chères concitoyennes, chers concitoyens, profitez de ces rares images que l’on ne voit qu’une fois tous les quatre ans car le reste du temps c’est eux qui nous prennent et nous font tourner !
C’est beau de voir un Suisse au sommet de la hiérarchie mondiale, toute discipline confondue, il suffit de regarder les classements finaux des disciplines alpines traditionnelles comme avant-gardiste, ainsi que les disciplines nordiques pour constater qu’en matière de ski, le réchauffement climatique a du bon de ce côté-ci des Alpes. Mais brandir une médaille d’or olympique ou un globe de crystal est finalement bien réducteur ; c’est oublier tous les efforts – financier et en temps – consentis par les familles qui doivent trop souvent s’acquitter de tous les frais sans aide externe. Alors oui l’athlète peut se targuer d’être le roi du monde dans la discipline et oui les familles peuvent aller narrer les exploits de leur rejeton au bistrot du coin, mais que les politicards arrivistes et opportunistes viennent récupérer leur succès à des fins électorales, ça c’est réellement inacceptable ! Sans parler, et c’est fréquent, que les subsides étatiques vont dans les bourses des clubs et des athlètes déjà millionnaires. Heureusement que des passionnés avec une réelle aura comme Pirmin Zurbriggen sont actifs sur le plan de la relève pour éviter que ces succès ne restent sans lendemain et que son lourd palmarès parle aux oreilles des froids calculateurs, spécialistes des feuilles de calculs Excel.

Mais revenons-en à notre Carlo puisqu’il est devenu le nouveau maître du monde en matière d’or blanc (non il n’est pas colombien). Bravo à Carlo d’avoir damé le pion au Habsbourg Reich afin de régner sans partage sur la planète ski. Souhaitons-lui surtout qu’il ne finisse pas comme les derniers skieurs suisses brillants de sa génération : un a fini paralysé, l’autre est devenu ouvreur. Et si seulement une fois, juste une petite fois pour nous faire plaisir, il pouvait lever son majeur en direction de la Mecque bernoise, alors cette fois, oui, Carlo Janka serait une légende et je lui édifierais une statue de glace dans mon jardin, c’est promis.

Écrit par Yannick Freymond

Commentaires Facebook

6 Commentaires

  1. Monsieur Freymond, vous devriez vite vous recentrez sur le sport comme c’est le but de ce site, vos polémiques et petites piques sur tel ou tel parti politique est plus que limite.

    Et si un politicien avait été élu grâce au résultat de Federer, ça se saurait…

    Je vous rejoins cependant sur un point, les moyens mis à disposition en Suisse pour le sport sont faibles et effectivement on a vraiment des gens de talents pour en arriver là. Mais ça de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par l’extrême centre, ça changera pas donc abstenez-vous de nous passer vos propres idées politiques à travers ce site SPORTIF.

  2. @joiezurichois
    Tout d’abord merci pour votre commentaire, je crois que ce genre d’article ne doit pas avoir valeur de référence absolue mais de susciter, un peu, la polémique.
    Permettez-moi cependant de réagir à votre commentaire et de préciser certains points qui peuvent l’être.
    Sport et politique sont étroitement liés depuis toujours. Toutes les institutions sportives sont politisées et tous les gouvernements ont un intérêt dans le sport. Le sport est, et l’histoire le prouve à maintes reprises, une vitrine pour les pays (l’URSS ou l’Allemagne pour ne citer qu’eux, misaient énormément sur le sport, puisqu’ils pouvaient montrer au monde entier leur puissance). Les JO et les résultats positifs de la délégation suisse sont tombés à point nommé pour la Suisse politique. En effet, quoi de mieux que de triompher lors des Jeux pour montrer que la Suisse ne se laisse pas déstabiliser même lorsque la situation est plus que tendue.
    Enfin, et pour justifier la présence de mon article sur site dont le but est de proposer un regard différent sur le sport, je vous renvoie sur les pages 180 et suivantes du TXT pour consulter les résultats de votre club de foot favori.
    Merci et vive carton rouge!

  3. Merci également de votre réponse, cela fait plaisir de voir que des rédacteurs prennent le temps de lire les commentaires et d’y répondre. 🙂

    Dans l’ensemble je suis totalement d’accord avec votre article, c’est seulement votre parti pris clair et net contre certains partis qui me dérangent (je respecte l’opinion de tous, donc faites de même et rester neutre sur ce point là). Et j’essayais juste de dire par là que je doute que l’UDC (puisque Maurer en est un) gagne des voix grâce aux médailles de Vancouver. 😉

    Sinon merci pour votre conseil, mais la passion se vit au stade pas au TXT pour mon équipe de foot.

    Salutations et oui, vive carton rouge!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.