The show must go on !

L’US Open a débuté sur les chapeaux de roue pour les amateurs de grand spectacle. Pour les autres, les puristes du tennis, il n’y a pas de quoi se relever la nuit. Mais on est en Amérique, à New York, là où le tennis devient presque superflu…

Si Wimbledon est le garant des traditions séculaires en matière de tennis, l’US Open innove et réinvente la matière à chaque édition. Le temps passe, efface petit à petit les mémoires collectives des grands de ce sport et le tennis devient de moins en moins passionnant. On oublierait presque qu’on joue encore au tennis à l’US Open. Face à l’ennui, deux Américains avaient ma foi trouvé une jolie parade, puisque après s’être copieusement insultés dans les tribunes, ils en sont venus aux mains, forçant l’arbitre à interrompre la rencontre entre Djokovic et Petzschner. La scène a bien duré quelques minutes avant que n’intervienne le service de sécurité. Ce qui me fait me poser la question de la véracité d’un tel acte. Et si tout ceci avait été judicieusement prémédité par les organisateurs, histoire de relancer un peu l’intérêt des téléspectateurs ? Une sorte de télé-réalité mais dans la «vraie vie».Autre sensation qui a suscité l’émoi chez les téléspectateurs, c’est l’évanouissement de Victoria Azarenka en plein match face à Gisela Dulko. Là encore, une série de gros plans abjects sur la pauvre Victoria qui a dû être sortie sur une chaise roulante alors qu’elle était encore inconsciente. Plus c’est tragique, plus c’est rentable !

Évidemment, le spectaculaire a toujours les faveurs du public. En témoigne le coup de génie de Federer lors de son match d’ouverture, une balle prise entre les jambes qui a fini en point gagnant et qui a valu au Bâlois une standing ovation et une place dans le top 10 des vidéos les plus regardées sur YouTube. Le règne des paillettes et du show à l’américaine a bel et bien repris ses droits, au détriment du beau jeu. Mais pour le reste, l’Américain moyen dans son fauteuil et burgers à la main, doit bien se morfondre et réaliser que l’Amérique a perdu de sa superbe, après le retrait des showmen tels que McEnroe, Agassi ou Connors. Des showmen, certes, mais qui n’ont jamais cessé de gagner de grands tournois. L’indigence du tennis US actuel est tel que même le chouchou du public, Andy Roddick, que ses potes avaient laissé gagner l’US Open en 2003 pour qu’il puisse être adoubé par son pays, a échoué au deuxième tour.

Un peu de tennis…

Après ce constat peu glorieux, je propose de continuer sur cette belle lancée, tout en parlant de tennis. Outre l’élimination d’A-Rod, il faut signaler les défaites assez mortifiantes des Françaises Aravane Rezai et Marion Bartoli, éternelles outsiders et perpétuellement élevées au rang de potentiels vainqueurs de Grand Chelem. Là encore, depuis la retraite de Mary Pierce et Amélie Mauresmo, le tennis français, un peu à l’image de son équipe de foot, peine à se distinguer en matière de résultats. Si en foot ce sont les joueurs qui font le show, en tennis ce sont les commentateurs qui tiennent la dragée haute, entre un chauvinisme aux portes de l’insupportable et une belle ténacité lorsqu’il s’agit de critiquer les autres joueuses.
Chez les femmes, honnêtement, je vais vous épargner des heures de lecture : RAS. À l’exception de quelques belles rencontres, comme la victoire de la jeune et jolie Beatrice Capra sur «Miss Boudin» Aravane Rezai ou les deux matches de Patty Schnyder, dont on peut pour une fois relever l’excellente détermination, il n’y a absolument rien à signaler. Je prédis une victoire de Sharapova, en forme olympique, de Venus Williams, toujours à l’aise chez elle, ou de la tenante du titre, Kim Clijsters, seule joueuse avec Wozniacki à proposer un tennis quelque peu inspiré.

Chez les hommes, on notera la sensation toute relative qu’a créé Richard Gasquet en éliminant un Davydenko de retour à la compétition et qui jouait de la main gauche. Je ne suis pas allé consulter les sites de paris en ligne, mais je ne serais pas étonné de constater que Nikolaï eût touché le jackpot après sa défaite…
Autre exploit, la victoire de Llodra sur Berdych au premier tour. N’ayant pas vu le match, jusqu’au dernier moment j’ai cru à une erreur d’affichage du résultat. Le Tchèque retomberait-il dans ses travers d’antan, là où il tutoyait les sommets puis les abysses du tennis ?
Je terminerai en évoquant tout d’abord les victoires plus ou moins faciles de Rafa sur des adversaires de seconde zone, la frayeur de Djokovic au premier tour, et le parcours pour l’instant sans faute de Federer, qui semble avoir retrouvé confiance, détermination et une condition physique digne de son rang. Et il va sans dire que la coaching d’Annacone semble tomber à point nommé. Je relèverais encore le «mini-exploit» de l’homme aux seize titres du Grand Chelem, qui a battu deux gauchers en trois matches et qui s’apprête à en affronter un troisième aujourd’hui. Peut-être un signe du destin…
Enfin, gardons le meilleur pour la fin : le fabuleux exploit de Stan Wawrinka contre l’infect Andy Murray ! Ce matin, nombreux sont les Suisses à avoir découvert le résultat en se levant… De quoi renvoyer l’Ecossais à ses études et de se mettre à rêver d’un quart, voire d’une demi-finale ! Bravo Stan.

Écrit par Jérôme Nicole

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2 Commentaires

  1. Heureux d’être resté debout pour Stan car après la perte du 1er set à 3-0 dans le second je me suis dit: « encore une fois, si proche, si loin ». Mais il a sorti du lourd, a été régulier, offensif.
    Et puis c’est pas un luxe de ne plus voir cet Ecossais grincheux!
    Allez Stan, une demi est tout à fait envisageable !

  2. Wawrinka a killer !
    Il a fait des points de fou furieux, notamment une amortie et un revers à l’aveugle de toute beauté.
    En finale ! (on peut toujours rêver)

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