Adieu Shoya

Shoya Tomizawa nous a quitté en ce dimanche 5 septembre à la suite de son terrible accident lors du Grand Prix Moto2 de Misano. Le monde de la moto est en deuil, et la presse à l’affût pour faire une récupération négative de ce tragique événement que le principal intéressé n’aurait certainement pas voulue.

Si vous questionnez un pilote sur le tracé de Misano, il vous répondra à peu près ceci : «il tombe dans le virage où il ne faut pas tomber, on est à plus de 240 là-bas ! Mais cette putain de courbe me fait bander à chaque fois que je rentre dedans. Tu ne sais jamais si tu vas en sortir vivant. C’est pour ça qu’on roule».Hélas pour lui, c’est dans ce fameux virage que Shoya a chuté, avant de se faire percuter par Redding et De Angelis. Un peu plus d’une heure plus tard, son décès est annoncé, un guerrier nous a quitté les armes à la main. Le monde motocycliste est en deuil et les vieux débats futiles refont surface grâce à l’irrévérence sans limites de quelques arrivistes. Un peu comme si on se rendait aux soins palliatifs pour reprocher aux mourants d’avoir fumé.
Ce qui a causé la mort de Shoya n’est en aucun cas un manque de sécurité (même si les commissaires, dans le stress, ont lâché le brancard sur lequel il était évacué) mais l’essence même du sport qu’il aimait tant : une course serrée, en peloton, avec de la baston à chaque virage. Le genre de course qui procure les poussées d’adrénaline qu’il aimait tant !

Shoya est mort jeune, très jeune même, puisqu’il aurait fêté ses 20 ans en décembre. Mais la durée de vie compte-elle plus que son contenu ? Certainement pas selon la vision du monde de Shoya, qui, comme tout pilote de sa trempe, devait être un adepte de la philosophie James Dean : «live fast, die young and leave a good looking corpse». Il a vécu une vie bien remplie et ne laisse que des bons souvenirs à ceux qui l’ont côtoyé et restera à jamais le premier vainqueur en Moto2. Même si c’est terrible pour ceux qu’il laisse, il a eu une belle mort.
D’aucuns prétendent que les pilotes ne sont pas conscients des risques qu’ils prennent. Ne pas vouloir y penser ne veut pas dire ne pas en avoir conscience. Ils en sont tous conscients, leur grande force est d’avoir appris à vivre avec. La parfaite illustration de cet état de fait est la réponse d’Andrea Montermini, ancien pilote de Formule 1, à un journaliste qui lui demandait comment il faisait pour prendre le départ d’une course s’il était conscient des risques encourus : «et vous, comment souhaitez-vous mourir ?
– Dans mon sommeil.
– Et comment faites-vous pour fermer les yeux chaque soir pour vous endormir ?»
Certes la Dorna a une fois de plus démontré tout son appât du gain dans sa façon de gérer l’événement et de filtrer l’information, certes les supporters ont fait un immense étalage de leur bêtise en huant Lorenzo sur un podium chargé en émotions, mais Shoya Tomizawa est décédé en faisant ce qu’il aimait, ce pourquoi il vivait. Le moindre des respects à avoir pour lui est de ne pas cracher sur ce à quoi il a donné sa vie et ce à quoi ses proches ont donné un fils, frère, …
Adieu Shoya, et merci !

Écrit par Sébastien Junod et Yannick Freymond

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9 Commentaires

  1. bien triste nouvelle en ce dimanche ensoleillé.repose en paix.pensée à ses proche et à sa famille.seule consolation, c’est qu’il est mort en vivant sa passion.

  2. J’espère que cet évènement tragique vous fera prendre conscience de votre bêtise sans nom quant à la blague sur la mort de l’autre con de Baudry…

  3. Shoya… Toi, un pilote émérite de moto2, toi, jeune homme de 19 ans qui vivait sa passion à 100%, toi toujours le sourire aux lèvres et tellement sympa, tu es parti… Tu nous as quitté en ce dimanche de septembre… Cette terrible nouvelle nous a fait pleurer. Tu es parti, mais dans nos coeurs, tu seras éternel. Nous présentons nos sincères condoléances à la famille et aux amis de Shoya… De là-haut, aide ceux qui t’ont connu à supporter ton brusque départ. Cloclo, Yves Julien, Romain.

  4. Interview à Guy Martin pilote sur route:
    Vaincre ou mourir, quelle différence?
    – Peu. Gagner est une éventualité. Mourir l’est aussi, si tu ne risques pas de mourir tu ne peux pas gagner.
    – Est-ce que tu as peur?
    -Un peu aussi. C’est de l’adrénaline.
    […]ça arrive de voir mourir mais on s’y habitue. Nous savons que nous courrons ce risque mais nous voulons le courir. Ca pourrait aussi m’arriver mais je m’en fous…

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