Pontesque !

Après avoir offert un match palpitant, abondant en émotions et mettant à dure épreuve les nerfs du public face à Schaffhouse, les Servettiens se devaient de réitérer une telle performance, en omettant le passage à vide de la première demi-heure de dimanche dernier. Et ce fut le cas !

Les Genevois s’attendaient évidemment à recevoir une équipe de Vaduz venue chercher le point, jouant recroquevillée en défense et misant sur les actions de rupture. On avait ouï-dire que les incrustes liechtensteinois ne présentaient pas un jeu alléchant et pratiquait un football ultra-défensif. Mais il fallait vraiment le voir pour le croire et se rendre à l’évidence que la presse avait été trop politiquement correcte. Exécrable, détestable, déplorable : la liste des synonymes pouvant qualifier cette équipe de Vaduz est aussi inépuisable que la profondeur de banc des Grenat mise en relief mercredi soir.Heureusement, à la 25e déjà, le SFC ouvrait le score par l’intermédiaire de Patrik Baumann sur un coup franc digne de Marquinho botté en pleine lucarne.
Le défenseur central, très en verve lors de ce second tour, se faisait ainsi pardonner de la plus belle des manières le malencontreux autobut de dimanche dernier.
Cette ouverture du score allait changer la physionomie du match, se disait-on, puisque la troupe de Taz alias Erie Orie, allait devoir enlever quelques briques à son mur afin d’égaliser.
Ainsi, Servette se voyait à plusieurs reprises proche du 2-0 avant le thé. On retiendra surtout la reprise de volée d’Esteban dans les bras du gardien, la frappe, toujours de Goku, qui s’échouait sur la barre transversale et une autre action articulée par le trio Esteban-Karanovic-Eudis.

A la mi-temps, il y avait de quoi être frustré puisque le match aurait déjà dû être plié.
Car lorsque l’on mène par un but d’écart face à de telles charognes, connues pour inscrire des buts fortuits à la 90e, il y a matière à envisager les scénarios les plus néfastes.
Le tout début de seconde période ne semblait pas vouloir donner raison à la bravoure du SFC. On pense à la pichenette de Karanovic, merveilleusement lancé par Vitkieviez, qui était sauvée sur la ligne par un banquier.
Hélas, lorsque l’on ne concrétise pas ses occasions, surtout face à un FC Vaduz connu pour son opportunisme mortifiant, cela se paie cash. A 17 minutes de la fin, les visiteurs revenaient à égalité suite à un beau mouvement offensif – le seul de la partie – conclu fortuitement par Cerrone. Tout était à refaire pour le SFC. 
Dès lors, 17 minutes mettant à risque le système nerveux des Grenat se profilaient. En effet, si on avait pu faire la connaissance d’une équipe frustrée et palliant sa nullité avec une attitude et un antijeu rivalisant avec celle de la Squadra Azzurra lors du Mondial 2006, on n’osait pas imaginer ce qui nous allait nous attendre lors de ces dernières minutes.
Jehle – un nom qui pourrait être introduit dans le Larousse comme adjectif qualificatif antonyme de fair-play – a continué, imperturbable, à faire perdre une minute à chaque six-mètres. Après 10 minutes de jeu seulement, le scandaleux dernier rempart tentait de faire perdre du temps aux Servettiens. Dès la 73e, Jehle est devenu le Liechtensteinois ayant eu le plus la balle au bout du soulier. Jamais l’idée de l’avertir n’effleura le crâne de M. Erlachner.
Ce soir-là cependant, la Praille était décidément bercée dans les bras des Dieux du foot, puisqu’à la 90e, alors que peu de monde y croyait encore, Pont, entré dix minutes plus tôt, plongeait le bercail grenat dans un état d’apothéose qui n’avait plus été vécu depuis belle lurette. Le brave et valeureux Tibert, entré 13 minutes plus tôt, reprenait un ballon relâché par Jehle suite à une conclusion de Schneider qui reprenait, lui, un excellent centre de Moubandje. Ce n’était que justice. Mais, apparemment, ce n’était pas encore assez. Ainsi, un autre joueur fraichement entré, M’Futi, scellait le match à la 94e sur le score de 3-1 !
D’une pierre deux coups ! Un Servette héroïque et stakhanoviste s’est fait justice en se battant contre vents et marées, contournant l’écueil de l’arbitrage, et vainquant le rival pour la place de barragiste.

En conclusion, je tiens à motiver le choix du titre. Toute l’équipe a, dimanche, mais surtout mercredi soir, mis en relief un état d’esprit irréprochable. Le coaching a aussi été gagnant avec 2 joueurs entrés en cours de jeu qui ont marqué. Cependant, celui qui, et ce depuis toujours, se comporte de façon irréprochable et qui est adepte d’une mentalité exaltant le professionnalisme et le clubisme est Tibert Pont. Cette saison, il faut relever son magnifique but face à Locarno dans les arrêts de jeu, la splendide passe pour Vitkieviez face aux pêcheurs, et surtout le but d’hier soir. Icône éloignée des réflecteurs, le numéro 6 grenat incarne toutes les bonnes valeurs du football. Une bandiera (drapeau en italien) l’appellerait-on à Rome ou à Milan. Mais, au contraire d’un Totti par exemple, parfois, les drapeaux les plus purs, ceux qui restent immaculés, sont ceux qui s’agitent le moins.
La fin de saison s’annonce palpitante et, quoi qu’il advienne, le peuple grenat n’a pas fini de vibrer ! Et dire qu’on pensait que tout est fini après la défaite contre Lugano…
Photo Tibert Pont de Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette FC – FC Vaduz 3-1 (1-0)

Stade de Genève, 5’816 spectateurs.
Arbitre : M. Erlachner.
Buts : 26e Baumann 1-0. 73e Cerrone 1-1. 90e Pont 2-1. 94e M’Futi 3-1. 
Servette FC : Gonzalez; Rüfli, Schneider, Baumann, Moubandje; Esteban (76e M’Futi), Kouassi (83e Soares), Pizzinat (76e Pont), Vitkieviez; Karanovic, Eudis. 
FC Vaduz : Jehle; Zanni, Schwegler, Bader, Cerrone; Sara; Arlan (83e Bellon), Ciccone, Burgmeier, Harrer (68e Fischer); Sabia (64e Merenda).

Écrit par Grégory Soldati

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8 Commentaires

  1. Habituellement, à chaque article consacré à Servette, on a droit à une grande théorie d’Henri Leconte qui nous explique à quel point Tibert Pont est nul et faible. Pas cette fois ?

    Parti rouler les oeufs, Riton ? 🙂

  2. En tout cas, en tant que vaudois et supporter du LS, je souhaite vraiment bonne chance à Servette.. Comme je ne m’imagine pas le LS sortir la tête l’eau, entre Servette et Vaduz, le choix est vite fait.. Donc bravo au footeux du bout du lac de Lausanne..:)

  3. SFC dans le coeur, encore un gros match. Super article de nos grands rédacteur Gregory qui nous transmet sa belle passion pour servette.

  4. Ca va être dur mais on y croit. Après une période de mou ou le SFC a égaré bètement des points,l’équipe est en pleine bourre et joue un beau jeux collectif. Le point noir, notre meilleur buteur De Azevedo va cruellement manquer dans ce sprint final.
    Allez Servette!

  5. @ Logoz

    Un but marqué a pour effet de transformer un joueur moyen en génie?

    Doit-on donc considérer qu’Afonso est le meilleur joueur du FC Sion des 10 dernières années?

    Plus sérieusement, si Servette veut progresser, il ne peut batir son équipe sur des joueurs moyens, même s’ils sont sympathiques et plein de bonne volonté, comme Pont, et même s’ils ont donné un grand moment de délire, mercredi passé. Parce que Pont, cela fait maintenant 6 saisons qu’on le voit, et ses limites sont archiconnues (et il peut apporter quelque chose sur des bouts de matches, pas plus).

  6. Lausanne et Servette méritent de retrouver la super-league, marre de l’élite qui vas que dans un seul sens, qui sait un jour on ce battra plus pour une place de barrage, mais tout simplement pour un titre national. 🙂

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