La dernière ligne courbe

Non, il ne s’agit pas encore de la prophétie annonçant la venue du Sauveur McSorley à Malley ni même d’atermoiements feints et bien mal placés sur le futur parcours de son équipe en play-off. Mais d’un état des lieux du potentiel (toujours illimité) du LHC à la veille de débuter sa saison.

Nous y voilà. Ou presque. Les tournois de préparation de la Coupe des Bains et des Hockeyades vont gentiment se terminer et il va falloir enfin passer la vitesse supérieure pour réussir la saison que tout le monde attend. Amputée pour la première fois de la partie «championnat» et remplacée par une interminable phase de préparation, la saison régulière tant attendue (et ne comptant donc que la partie «play-off») devient finalement de plus en plus redoutée, tant la confiance du public s’est étiolée vis-à-vis de son équipe. Outre le catastrophisme récurrent qu’il est de bon ton d’arborer fièrement (comme pour mieux prouver son attachement indéfectible, quelles que soient les futures tuiles) à l’orée des examens finals, c’est surtout la crainte de ne pas avoir une équipe suffisamment soudée et rodée.Commençons par ce qui tient tout le monde en haleine en ce lundi 31 janvier, dernier jour pour effectuer les derniers transferts de licences. Le club avait claironné l’annonce de renforts LNA pour cette saison et la signature à venir de jeunes prometteurs pour les lignes 3 et 4 de la saison prochaine. Résultat au niveau des renforts estampillés-garantis-made in LNA promis-jurés-crachés pour les play-off ? Dommen (Thurgovie), Hecquet (sans club) et Pecker (indésirable à Viège). Et pour les jeunes scoutés dans le mouvement junior lausannois ou dans les équipes juniors de Suisse pour les troisièmes et quatrièmes trios de l’année prochaine ? Florian Conz (Servette), Sven Helfenstein (Langnau) et Pascal Caminada (Gottéron). Soit c’est moi, soit c’est eux. Mais quelqu’un essaie de prendre l’autre pour un con avec ces annonces à la mords-moi-le-noeud. Tiens, profitons-en pour rappeler à quel point on avait qualifié de scandaleux l’échec personnel de Boxy de ne pas réussir à engager Zeiter en mai dernier, et que la simple perspective de voir l’ancien international à patins blancs en renfort, sous prétexte d’une saison en demi-teinte à Viège, est aujourd’hui qualifiée de très mauvaise option. Comme quoi…

C’est grave, docteur ?

Dans cet océan de doutes en grande partie psychosomatiques, il y a néanmoins un certain nombre de certitudes. La défense organisée autour d’un Leeger qui semble retrouver le niveau qui était le sien il y a deux saisons et qui pallie l’absence de Stalder (blessé, mais surtout en déclin par rapport à l’année dernière). Réjouissons-nous que Leeger n’hésite pas à jouer très offensivement lorsqu’il en a l’occasion, ce qui permet de compter sur deux défenseurs au potentiel offensif avec le futur de nouveau rhénan Schäublin. Kamerzin prouve match après match qu’il s’est bel et bien métamorphosé sous la houlette de John van Boxmeer. Quant à Keller, j’ai l’impression depuis plusieurs matchs de revoir l’international qui a battu le Canada aux JO de Turin, ce défenseur défensif sobre et 100% sûr dans la relance, au sens du placement aigu, à la vision du jeu limpide, intraitable et impassable en un contre un. Une pierre angulaire retrouvée pour une défense qui peut se reposer sereinement sur des assises inébranlables. J’étais pourtant le premier à douter qu’il puisse revenir à ce niveau. Jannick Fischer a également gagné en sobriété défensive et en assurance depuis le début de la saison et Reist devrait être décisif face aux meilleurs compteurs adverses… lorsque la saison régulière aura enfin commencé.
Si l’excellent Mona ne se blesse pas, le LHC a encore d’autres certitudes : les troisièmes et quatrièmes blocs sont largement fournis, tant au niveau qualitatif que quantitatif. En baisse de régime depuis une quinzaine de mois, soit depuis que son compère Sigrist a décidé de tenter l’aventure sierroise, Staudenmann recommence à devenir décisif. Cette checking-line composée autour du centre Hürlimann permet à Staudi, pourtant centre également, de retrouver l’impact physique autant qu’offensif qu’il avait au plus haut de l’époque de la «747». Le quatrième bloc – réputé pour faire souvent la différence en play-off – est pléthorique : Frunz, Dostoinov, Schnyder, tous trois très convaincants, peuvent être épaulés par Fedulov. Donati étant pour ma part cantonné à devoir faire la causette à l’étranger surnuméraire, tant il n’arrive pas à faire sa place dans le collectif vaudois et Simon Fischer, malgré sa présence physique imposante, semble incapable de manier correctement sa crosse. A tel point qu’il serait certainement plus efficace avec un râteau, de ceux que Pecker était alors affairé à ramasser dans un célèbre établissement nocturne lausannois.

Dans le Dommen du possible

On en arrive donc aux incertitudes des deux premiers blocs. Le fougueux et extrêmement prometteur Antonietti (blessé dimanche et remplacé par un convaincant Frunz) devrait pouvoir avoir bien plus d’influence sur le jeu. L’association avec Alston et Augsburger n’a pas encore produit le déclic que l’on est en droit d’attendre.
Et le premier bloc ? Le seul joueur qui a joué dans la première triplette lors des deux derniers matchs est l’incontestable Setzinger, qui a tour à tour brillé contre les surmotivés Thurgoviens vendredi (4 assists) puis dans son pré gardé, dimanche à Malley, où il ne glana cette fois qu’un seul assist et un tir au but magistral. Il parvint à enchanter une nouvelle fois le public lausannois malgré un Tremblay aussi à l’aise qu’un Stéphane Lambiel voulant jouer à chat-bite dans le vestiaire des All Blacks. Bien malgré lui, le futur ex-capitaine québécois a failli faire deux assists contre son gré (il s’est rattrapé par la suite en visant avec un talent certain les panneaux d’affichage de basket du CIGM). Depuis qu’il a signé à Viège, il alterne avec beaucoup de motivation les «pas ce soir, j’ai mes ragnagnas» et les «pas ce soir, j’ai mal à la tête». Ça aurait été dommage de sortir par la grande porte pour son peut-être dernier match chez les Lions lausannois. Comment peux-je mettre un «peut-être» après la très piètre et très pire prestation de dimanche et alors que le bien-aimé Pecker a réussi 4 points contre Thurgovie ? Car ce dernier devra surtout confirmer lorsqu’il y aura une double pression (celle du public trépignant d’impatience de Malley et celle, autrement plus persuasive, d’un adversaire en mode play-off) pour être sûr qu’il ne s’agit pas d’une expérience à la Arnason, le Canadien de Biou qui a réussi trois buts et deux assists contre le CP Berne puis, plus rien.
Reste LA question sur toutes les lèvres. Et ça chatouille. «Conz sera-t-il lausannois plus tôt que prévu ?» Présentée maintes fois comme une certitude, la présence des fameux renforts genevois se fait plus que jamais attendre. Avec moult blessés et des performances sportives conformes au niveau de hockey que l’on est en droit d’attendre d’eux, les propriétaires du bout du lac de Villeneuve devraient compter sur tous leurs joueurs. Mais justement, au plus fort de la tempête, McSorley et Quennec se séparent de leur figure de proue Déruns, au profit du CP Berne, pour raisons «financières» (juste après avoir engagé le très bon marché Simek). Même si on n’est pas à une incohérence près du côté des Vernets (la dernière en date étant de mettre la pression pour une nouvelle patinoire auprès de politiciens récalcitrants et échaudés du fiasco du Stade de Genève), l’activation du prêt pour les play-off de Florian Conz devient de plus en plus hypothétique. Pourtant, le LHC aurait bien besoin de «Monsieur deux buts par match», brillant de mille feux à chacune de ses apparitions sur la glace et s’entendant à merveille avec le Gretzky des Alpes. Enfin, tant qu’on nous refile pas le prolifique Cadieux et ses 0 but et 1 assist en 42 matchs…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Yves de St-Aÿ

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10 Commentaires

  1. Du tout bon dans cet article:

    « A tel point qu’il serait certainement plus efficace avec un râteau, de ceux que Pecker était alors affairé à ramasser dans un célèbre établissement nocturne lausannois.  »

    « …malgré un Tremblay aussi à l’aise qu’un Stéphane Lambiel voulant jouer à chat-bite dans le vestiaire des All Blacks. »

    Superbe sens de la formule qui fait mouche.

  2. le coup de Lambiel est absolument superbe, j’en ris encore.

    En tout cas les cocos, il semble bien qu’il faudra vous débrouiller seuls cette année.

    Mais bon, Biou est nul.

    Allez Ajoie

  3. @ Janclod : Je sais que ça paraît surprenant, mais « finals » et « finaux » sont corrects. Il me semble même que « finals » est la forme étymologique mais que, beaucoup faisant la faute en écrivant « finaux », cette deuxième forme est devenue acceptée par la force des choses.

  4. Bon article. Y’a juste la phrase « Comment PEUX-JE (!) mettre un «peut-être» après la très piètre et TRES PIRE (!) prestation de dimanche et alors que le bien-aimé Pecker a réussi 4 points contre Thurgovie ? » qui pique doublement les yeux, mais sinon rien à redire.

  5. @ Xavier : ça m’apprendra d’avoir l’habitude de balancer une ou deux phrases à la syntaxe douteuse par article ! Remarque que le « très piètre » est aussi passablement bancal…

  6. Et ça recommence… les apprentis en pause cherchent le petit pois hors de leur cerveau et le Xavier qui ne comprendras décidément jamais le chmilblique de CR. Mais retournez sur vos forums bon sang !!
    Plus qu’une semaine avant qu’ils se la coincent tous !

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