Invictus

Novak Djokovic reste imbattable sur terre, fusse-t-elle battue, et remporte son 6ème titre consécutif cette saison dans la «Caja Mágica». Si vaincre Rafael Nadal dans son bac à sable est déjà un exploit en soi, c’est surtout la supériorité affichée tout au long de cette finale qui nous a impressionné. CartonRouge.ch n’a pas voulu manquer ce grand rendez-vous et te raconte.

On ne pouvait pas rêver d’une meilleure affiche en finale de cette troisième édition du Masters 1000 de Madrid : le Djoker qui alignait 31 victoires d’affilée cette saison face au Batman de la terre battue, invaincu sur cette surface depuis 37 parties. Une rencontre qu’on attendait très disputée dès ses prémisses. Il n’en fut rien. Djokovic, auteur d’un début de match tout simplement sublime, mène rapidement 4-0. Au grand bonheur des 12’500 crevettes à l’ail de la «Caja Mágica», Nadal parvient toutefois à recoller au score, profitant d’une baisse de régime toute relative de son adversaire. Mais à 5-6, Rafa au service, la boîte ne fut magique que pour Nole dont deux balles viennent toucher la bande du filet et mourir derrière ce dernier à la manière de la première scène de Match Point. Djokovic remporte 7-5 le premier set sous les huées du public madrilène, alors que dans la loge du Serbe on ouvre déjà la première bouteille de champagne.Le Baléare dont on connaît la force mentale sonne la révolte en faisant le break au tout premier jeu du deuxième set, avec au passage un coup d’anthologie qui sème l’hystérie dans les gradins. Notre voisin de droite regrettera à tout jamais d’avoir choisi ce début de set pour aller chercher son hot-dog. Mais l’euphorie est de courte durée, Djokovic contre-breake et finit par s’imposer logiquement 6-4 dans le deuxième set. Avec un mental désormais à la hauteur de son jeu, Djoko a montré qu’il possédait en son revers une redoutable arme pour faire douter Nadal, y compris sur terre battue. Toujours bien placé, il empêchait son rival d’avancer et d’imposer son jeu par la profondeur de ses coups. Même si le Serbe a profité des conditions spécifiques de Madrid, plus rapides qu’ailleurs en raison de l’altitude, il frappe un grand coup en vue de Roland-Garros, pour lequel il peut être désormais considéré comme favori à l’égal de Nadal. En attendant, Novak avait l’air tout heureux de recevoir le trophée madrilène, une horreur sans nom, dont on se demande bien où il pourra le ranger.

Alors que Nadal fait son apparition en conférence de presse, on entend juste en dessous le clan de son rival chanter «Campeones, Campeones…», une célébration qui n’a visiblement pas plu à l’Espagnol qui s’approche de la fenêtre pour s’assurer de l’identité de ses auteurs. Gageons que cela lui donnera encore plus soif de vengeance en vue de leurs prochaines confrontations. Fidèle à lui-même, le numéro 1 mondial n’attise pas la polémique et préfère parler du match. Il reconnaitra qu’il n’a pas été au niveau de son adversaire du jour et qu’il travaillera dur pour améliorer son jeu en vue de Roland Garros.

Et Federer nous diras-tu ?

Parlons en puisqu’on a quand même pas fait le voyage pour les seules charmes de la capitale espagnole. Depuis le début de saison, le maître truste les demi-finales, voire les finales quand, bien sûr, il ne rencontre pas au préalable les deux monstres actuels de l’ATP Tour. Le Bâlois joue bien mais ne parvient pas à hisser son niveau de jeu à la hauteur des deux finalistes de la cuvée madrilène 2011. Hormis le cas Melzer à Monte-Carlo, toutes ses défaites lui ont été infligées par ce duo infernal cette saison.
Alors, condamné à jouer les seconds rôles Roger ? C’est la question que tout le monde se pose, du mois en Suisse. Au vu des résultats en 2011, on serait bien sûr tenté de répondre par l’affirmative. Que ce soit sur terre battue ou, encore plus inquiétant, sur dur, le numéro 3 mondial ne trouve plus la solution face à Nole ou Nadal. Le temps qui passe suggère qu’il sera très compliqué pour Roger de récupérer cette place de numéro 1 qui lui allait pourtant si bien. Chaque sportif gère le vieillissement de façon différente. Physiquement, Federer n’a rien à envier à la jeune garde. Techniquement, il reste le joueur le plus complet du circuit. Le blocage est ailleurs. Ayant perdu l’ascendant psychologique sur ses meilleurs ennemis, il est maintenant obligé de s’arracher sur tous les points pour gagner ces duels au sommet. Or, il n’est pas saugrenu de douter que cette niaque soit aussi grande qu’il y a bientôt dix ans. Les nombreuses balles de break gâchées au cours de la demi-finale contre Nadal illustrent bien cette réalité.

L’attitude du Suisse en conférence de presse fut similaire à celle qui l’a conduit à lâcher le deuxième set, alors même qu’il n’était mené que par un break. Amorphe, distant et déconnecté de la réalité, Federer estimait avoir joué de la bonne façon. Il affichait une confiance à toute épreuve pour la suite de la saison. Mais pour atteindre quels objectifs ? Confiant qu’il restera membre du top 3, nous le sommes aussi. Beaucoup moins pour un retour à la tête de l’ATP, du moins en 2011. Nole jouant le tennis de sa vie depuis le début de l’année et Nadal étant presque intouchable sur terre battue, force est de constater que le Rhénan ne rattrapera pas son retard avant  Wimbledon. Et ce n’est pas en seconde partie de saison qu’il se propulsera au sommet de la pyramide. Sa fin de saison 2010 fut bien trop bonne pour espérer rattraper son retard.
Et pourquoi pas changer de discours en acceptant publiquement cette réalité ? La clef de sa fin de carrière se situe clairement au niveau de cette transition. Après l’ère de l’invincibilité, il faut maintenant accepter le statut de légende intemporelle avant même d’avoir décroché. Pas si facile, surtout quand on regarde derrière et qu’on perçoit ses nombreux records menacés par le roi de la terre battue. Les résultats à venir dépendront fortement de cet état d’esprit. Si le maître ne gagne plus ou trop peu selon ses objectifs, le cercle vicieux pourrait prendre le dessus sur le vertueux et pourrir son avenir. Le tennis en souffrirait. Avec ce qu’il a montré tout au long de sa carrière, pas de doute qu’il saura s’adapter pour nous faire encore rêver.

Écrit par Manuel Lopez et Basile Corbaz

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5 Commentaires

  1. Metzler, c’est une ex-Conseillère fédérale si jamais…
    (Et faites un chouïa attention aux coquilles, il y en a tellement que ça rend la lecture désagréable alors que sans ça, le papier serait correct.)

    (C’est bon, je sors avant de me faire couvrir de « tfaçon on s’en fout de l’orthographe! » et autres « t’as qu’à écrire toi-même si ça te plaît pas! ».)

  2. Mais faut arrêter avec l’altitude de Madrid… Quand on entend les joueurs et les journalistes en parler on a l’impression qu’ils jouent leur tournoi à Mexico City ou à la Paz, je rêve! Madrid c’est à 650 mètres d’altitude, alors que les conditions soient légèrement différentes qu’au bord de la mer je veux bien, mais de la à dire que ça change tout (ce qui n’est pas forcément le cas de cet article, mais de manière générale)

  3. Merci pour ton commentaire Hilde, c’est corrigé.

    Quant aux « nombreuses coquilles », envoie-nous un e-mail avec les corrections à faire, ça nous fera gagner du temps 😉

    Bien à toi,
    La rédac

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