Invente ton expression québécoise à la con !

Tu te dis que Gary Sheehan connaît autant le hockey qu’un surfeur blond guatémaltèque et que Dany Gélinas n’a pas la moindre langue maternelle vu les dizaines de fautes qu’il commet par phrase ? Comme toi, on arrive à la conclusion que leur accent provenant de la «Patrie de la Rondelle» leur permet de légitimer à lui tout seul ce joyeux n’importe quoi proféré à longueur d’antenne.

Sextuples pléonasmes à la valaisanne («monter en gravissant par l’ascension en haut dessus vers le sommet»), phrases vides de toute signification, erreurs grossières, non-sens à la pelle ou oxymorons involontaires s’alternent joyeusement dans leurs déclarations où l’enfonçage de portes ouvertes fait figure d’exercice imposé. Petit florilège évidemment loin d’être exhaustif : «Lötscher qui essaie une tentative» suivi d’un implacable «s’il cadre son lancer, il peut marquer». Puissantes analyses, Gary Sheehan. On se sent moins con maintenant. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre dans un souci de clarté : «Les Suisses sont surpris de s’organiser» puis «il a fait aucun geste de répliquer». Vous ne comprenez rien ? C’est normal. Car il a grandi au Québec «où c’qu’on» parle différemment. Quant à Dany Gélinas, il assène sans avertissement un cinglant «il a complètement changé un petit peu». C’est très clair. Mais ça nous a achevé et on a fait le reste du match sur SF.

Ces deux olibrius ne s’en tireront pas comme ça. Pour leur prouver que, comme eux, n’importe qui peut passer pour un consultant en hockey – à condition d’imiter l’accent de Trois-Rivières – voici une liste d’expressions qui auraient très bien pu être inventées par ces deux Dupont. Ou quand la première expression à la mords-moi-le-nœud prononcée avec l’accent québécois suffit à se faire passer pour un expert mondial.
«Parvenir à se goinfrer la Marie-Claude». Expression très imagée pour dire que l’objectif visé a été atteint. Exemple : Bezina a une nouvelle fois perdu la rondelle à la bleue. Décidément, il arrive à se goinfrer la Marie-Claude à chaque occasion. Variante utilisée à Chicoutimi et à St-Joseph-de-la-Pointe-Lévy : pogner la Marie-Claude.
«Faute de PQ, on s’use les ongles». Équivalent du français (donc pas du tout en relation avec le hockey) «faute de grives, on bouffe des merles». (Réd.: l’abréviation «PQ» ne correspond pas ici au «Parti Québécois» et son fameux slogan «Votez PQ ! Le PQ vous changera la vie !») Exemple : Reto von Arx refuse de venir en sélection, Simpson a donc convoqué Daniel Rubin. Faute de PQ, on va en avoir plein les ongles (variante utilisée au Lac St-Jean).
«Déplacer le tabouret loin du four à poutine». Bien qu’amateur de hockey, il ne s’agit pas ici de Vladimir, mais bien du «plat» en relief québécois composé à 124% de matières grasses ultrasaturées. Signifie qu’un joueur menaçant, subtilement comparé à un tabouret, a été repoussé loin du but. Exemple : En éloignant du filet Rick Nash, Sbisa a déplacé le tabouret loin du four à poutine. Rire garanti de Laurent Bastardoz.
«Cruiser comme un crisse de malade». Les Québécois cultivent toujours le paradoxe de défendre mordicus la langue française en adoptant toutes sortes de traductions à la lettre de termes anglophones, tout en conservant de monstrueux anglicismes. Cruiser signifie donc chasser (ou traquer) et s’assimile ici au domaine quasi inexploré de la drague lourdingue et insistante. Ce qui ne nous empêche pas d’y trouver une application fumeuse au hockey. Exemple : James van Riemdsyk s’est fait cruiser comme un crisse de malade durant toute la game, mais il a quand même pu compter en fin de rencontre.

«Avoir le Jean-Guy au garde-à-vous». En pays de Vaud, le soleil s’appelle Jean Rosset ; dans le même ordre d’idées, au Québéc, le braquemart possède aussi son propre prénom (Jean-Guy). Cette tirade s’utilise pour exprimer un moment d’intense satisfaction. Exemple : lorsque Ambühl l’écœurant a rétabli la parité juste avant la fin du temps réglementaire, on avait tous le Jean-Guy au garde-à-vous !
«Rentrer dans l’tabarnac comme un câlice». N’étant pas tout à fait sûr des multiples significations de ces mots à tout faire, on va dire qu’il s’agit d’une entrée en zone improbable, plutôt ridicule. Exemple : Trachsler trébuche tout seul sur sa crosse, en perd son casque et finit le cul par terre, la rondelle à la main au moment de passer la ligne bleue. Décidément, il rentre à chaque fois dans l’tabernacle comme un câlice, çui-lâ.
«Jouer comme des âsti de gros caves». Se dit d’une performance très laborieuse, pour rester poli. Outre-Atlantique, ces termes représentent le summum en matière de vulgarité absolue ; attention donc avant d’ouvrir la bouche devant des érudits (vous pouvez donc les utiliser à chaque phrase devant Sheehan ou Gélinas). Exemple : rien à dire. Contre la Norvège, les Suisses ont vraiment joué comme des âsti de gros caves en tabarnac !
«S’astiquer le distributeur à sirop d’érable». Être particulièrement satisfait de la tournure d’un événement. Exemple : quel magnifique but de Bergeron ! C’est à s’en astiquer le distributeur à sirop d’érable, çâ !
«Renifler le coupe-cigares du caribou». Expression là aussi très imagée qui consiste à vouloir jauger d’un peu trop près un adversaire par derrière. Exemple : Sprunger a voulu titiller Backes en lui tournant autour, on peut dire qu’il a reniflé le coupe-cigares du caribou d’un peu trop près. Il n’a d’ailleurs pas tardé à sentir le vent contraire.

«Caresser le castor avec une bêche». S’en prendre à l’arbitre en l’invectivant subtilement comme pourrait le faire votre copine. Exemple : il a crié dedans les oreilles du zèbre en crisse pour lui faire comprendre qu’il était pâs d’accord, on aurait dit que ma blonde caressait le castor avec une grosse bêche.
«Il lui manquait bien deux verges pour pouvoir conclure». Questions unités, les Québécois n’ont pas peur de se faire chier : ils utilisent à la fois le système américain et le système métrique en fonction des circonstances tout en traduisant naturellement systématiquement les unités anglophones. Ainsi, les yards deviennent des verges – utilisées surtout dans le football américain –, ce qui peut donner des tournures (et non pas tournantes) assez intéressantes comme : «Il manie bien le bâton, mais il lui manquait bien deux verges sur cette action pour pouvoir conclure».
Nous sommes sûrs que fourmille en toi, cher lecteur, une belle brochette d’expressions à la con qui seraient dignes de nos deux baratineurs. Fais-toi plaisir !

Écrit par Yves de St-Aÿ et Mathieu Nicolet, avec la participation de Jean-René Fréchette

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15 Commentaires

  1. Trop bon…

    J’imaginais bien ne pas être le seul à trouver tous ces «  »commentateurs » » pathétiques. Bon en même temps quand on parle de la TSR c’est un beau gros pléonasme…

    Qu’il nous fasse rire avec des expressions québécoises de derrière les fagots c’est bien, mais se prétendre anglophone ou presque et prononcer des nom à l’anglaise alors que c’est pas du tout la bonne prononciation…moyen…

    Entre ça, la connaissance abyssal de tous ces pingouins, de la NHL (la palme revient comme d’habitude à J-F Rossé qui n’a même pas pris la peine de voir que Bernier et les Kings étaient bel et bien allés en P-O) et l’avance insupportable d’une seconde à chaque match entre le commentaire et l’image…la TSR mérite d’être classé membre d’honneur à vie pour le Hall of Fame (prononcez Ol offe femme) des Pigeons d’Or !

    Mais bon, je ne fais que répéter ce qui a déjà été dit maintes et maintes fois…

  2. @ D.S.

    « l’avance insupportable d’une seconde à chaque match entre le commentaire et l’image »

    Ca me rend aussi complétement malade!!!!!!!!! C’est incroyable qu’ils n’aient toujours pas réussi à corriger ce problème

  3. On peut pas dire que les analyses de Bastardoz soient spécialement plus tranchantes… Et qui dire de sa prononciation des noms des joueurs telle que Ty Conklin qui devient « Coquelin ».

    Rendez-nous Larry Hurras…

  4. Cokline
    Skaïl
    Van Rimsdick
    Fürrer

    Heureusement qu’y a pas Toews ou Dubielewicz…On se croirait presque sur TF1 pour un match entre équipe anglaises…

  5. Tiens les mongols du LHC sont de retour et ils ont pris avec un petit copain…comme c’est chou!
    Tedieu les boulets!

  6. Pas joli de piquer des dessins sans demander, ni citer la source… ni envoyer un chèque pour les droits !
    Où puis-je vous envoyer la facture ? Merci.

  7. @ k2

    Pourtant, on avait bel et bien mentionné la source en bas de l’article… M’enfin bref, le dessin a été enlevé et remplacé par une photo, n’en parlons plus.

    Sportivement,
    La rédac

  8. @ K2 : tu crois que la société protectrice des poissons rouges va porter plainte pour plagiat, vu la nouvelle photo choisie par le site ?

  9. TOUT ce qui émane du service des sports de » la grande tour » est soit comique, soit pathétique, ça dépend de l’humeur du moment.

  10. – Ca a fait friser la moustache du mari René :

    Se dit d’une action qui a presque abouti un a goal. Exemple : « Le tir de Sprunger a fait friser la moustache du mari René. (Bon, mauvais exemple).

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