Et si l’impensable se produisait ?

Jusqu’ici, j’avais de la peine à considérer le Hertha Berlin comme un candidat sérieux au titre de champion d’Allemagne. Mais après la victoire obtenue samedi contre le Bayern Munich (2-1) et la prise de pouvoir au classement, force est de constater que l’impensable exploit n’est peut-être pas complètement hors de portée pour Lucien Favre et les siens.

Certes, la route du titre ou même de la Ligue des Champions est encore longue et parsemée d’embûches pour l’Alte Dame mais il y a un beau coup à jouer dans cette Bundesliga 2008-2009 dans laquelle personne ne se détache vraiment : Hoffenheim donne des signes d’essoufflement ; le Bayern Munich reste favori mais sa défense est folklorique, son fond de jeu inexistant et son attaque amoindrie par la méforme de Toni et la disgrâce de Podolski ; Leverkusen est jeune et pourrait, comme l’an dernier, craquer sur la fin ; Hambourg est inconstant, surtout en déplacement ; les grosses cylindrées Brême et Schalke sont à la rue ; Dortmund perd rarement mais ne gagne pas souvent non plus ; comme au printemps passé, Wolfsburg pourrait être l’équipe de ce 2e tour mais part avec un retard important. Bref, dans ce contexte, pourquoi pas le Hertha Berlin ?

Voronin le héros

En tous les cas, les Berlinois ont convaincu dans le Tabellespitze contre le Bayern qu’ils abordaient pourtant sans trois joueurs clés : le régulateur Kacar, le créateur Cicero et le buteur Pantelic. Cela n’a pas empêché l’Alte Dame d’ouvrir rapidement le score sur un coup tête de Voronin, profitant d’un marquage défectueux de Lell. Si le Hertha a ensuite subi, il a relativement bien contenu les assauts bavarois, le gardien Drobny faisant le reste, ne s’inclinant que sur un but de raccroc de Klose, spécialité munichoise s’il en est. A 13 minutes de la fin, Andrei Voronin a fait exploser l’Olympiastadion, qui affichait enfin complet, en concrétisant un service raffiné de l’ex-Zurichois Raffael, pour donner la victoire et la tête du classement au Hertha.
Les Berlinois n’auront guère le temps de savourer cette première place qu’ils étrenneront samedi prochain à Wolfsburg, intraitable cette saison à domicile (2 points perdus seulement). Ce week-end, les Wölfe ont remporté un succès probant à Francfort (2-0) grâce à leur Bosnian Connection, Edin Dzeko et Zvjezdan Misimovic. Ce n’est sans doute pas l’affiche la plus glamour de l’histoire du foot mais ce VfL Wolfsburg – Hertha BSC Berlin peut être un tournant dans cette saison 2008-2009 de Bundesliga.

Hoffenheim cale

Si le Hertha a pris la tête, c’est aussi parce que le leader Hoffenheim s’est incliné 4-1 à domicile contre Leverkusen, dans un duel entre deux clubs qui se ressemblent beaucoup : peu d’engouement populaire mais un riche mécène, une équipe jeune et spectaculaire et un exil forcé en cours de saison pour cause de stade en travaux. Avec un doublé de Patrick Helmes et un Tranquillo Barnetta impliqué dans trois des quatre buts, le Bayer s’est rapidement détaché et a n’a guère été inquiété, confirmant ainsi le net succès du match aller (5-2). S’agit-il d’un simple incident de parcours pour le néo-promu Hoffenheim ou la fin de l’état de grâce ? Vu les deux premiers matchs difficiles du TSG 1899 dans ce 2e tour et les choix curieux de l’entraîneur Rangnick, j’opte pour la deuxième hypothèse. Allez, je prends le pari : d’ici trois journées (Stuttgart, Dortmund et Brême), l’hypothèse de voir les millionnaires d’Hoffenheim devenir champions d’Allemagne ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Le néo-promu est déjà rejoint à la 2e place par le SV Hambourg qui a assuré l’essentiel contre Bielefeld (2-0) sous la neige de la HSH Nordbank Arena.

Dortmund et Schalke s’enfoncent

Le Borussia Dortmund attend toujours son premier succès de l’année du centenaire après un désolant match nul à domicile contre le modeste Cottbus (1-1), devant un public clairsemé (66’300 spectateurs). Les matchs du dimanche au Westfalenstadion attirent toujours moins de monde que le vendredi ou le samedi, va savoir pourquoi… Ce point permet toutefois au BVB de repasser devant son éternel rival Schalke, battu à Bochum dans le klein Revierderby (2-1). Les Knappen avaient pourtant ouvert le score mais le VfL est parvenu à renverser la vapeur de façon entièrement méritée, grâce notamment à une frappe splendide d’Azaouagh, qui n’avait pas été jugé assez bon pour jouer à Schalke.
Très contesté, notamment pour avoir écarté son capitaine polonais Thomas Zdebel (parti à Leverkusen), Marcel Koller peut souffler un peu. En revanche, son homologue de Schalke Fred Rutten est plus que jamais sur la sellette et une défaite à domicile vendredi contre Dortmund dans le Revierderby lui serait sans doute fatale (son directeur technique vient de lui réitérer son soutien…). A l’aller, le plus grand derby d’Allemagne avait la première place pour enjeu, cette fois uniquement une position dans le ventre mou du classement. Et la suprématie régionale. Cela suffira à mettre le feu à la Veltins-Arena.

Le Wahnsinnspiel du week-end

Chaque week-end ou presque, la Bundesliga nous réserve un match complètement fou : cette semaine, c’est dans la boue de l’AWD-Arena que ça s’est passé, entre Hanovre et Stuttgart. Le VfB a rapidement pris deux longueurs d’avance en transperçant la charnière centrale de 96 avec un peu inspiré Mario Eggimann, lequel sortira peu après ; pas sûr qu’on le revoie de sitôt. Hanovre est revenu en l’espace de deux minutes avant la pause grâce au Tchèque Stajner et au Polonais Krzynovek, arrivé cet hiver de Wolfsburg. Hanovre a cru arracher la victoire grâce à un but de l’international finlandais Mikael Forsell à la 86e mais quelques instants plus tard Thomas Hitzlsperger remettait les deux équipes à égalité (3-3). Finalement, ce nul n’arrange personne puisqu’il empêche 96 de s’éloigner de la zone rouge et ne permet pas au VfB de revenir sur la tête du classement mais quel spectacle ! Au passage, Stuttgart vient d’inscrire sept buts en deux déplacements aux gardiens de l’équipe d’Allemagne, Adler et Enke.

Le Werder n’y arrive plus

Toujours orphelin de son magicien Diego (suspendu), Brême fait du surplace : un point en trois matchs depuis la reprise. Samedi, malgré une domination outrageuse, les Brêmois ont été incapables de battre la lanterne rouge Mönchengladbach (1-1) devant un Weserstadion comble. Le Werder a cru avoir fait le plus dur après 77 minutes lorsque Claudio Pizarro est enfin parvenu à transpercer la muraille belge Logan Bailly mais moins de 120 secondes plus tard Gladbach égalisait sur sa seule occasion, une reprise de…  la poitrine de l’Américain Bradley. L’entraîneur brêmois Thomas Schaaf est là depuis tellement longtemps (1999 !) qu’il paraît indéboulonnable mais il devrait se méfier : là aussi, ses dirigeants viennent d’assurer qu’il est encore là pour longtemps… Comme le Werder réussit mieux face aux grandes équipes cette saison, peut-être que la venue du Milan AC mercredi en Coupe UEFA lui permettra de redresser la tête.

Tiens, un 0-0…

Le 1. FC Köln a sans doute livré son plus mauvais match de la saison en partageant l’enjeu à domicile contre Karlsruhe (0-0), ratant une belle occasion de se mettre définitivement à l’abri. Et encore, les Geissböcke peuvent s’estimer heureux d’avoir sauvé un point, leur gardien Mondragon s’étant fait l’auteur de quelques arrêts décisifs. Il ne s’agit que du 8e Nullnummer en 180 matchs de Bundesliga cette saison. Soit un score nul et vierge tous les 22,5 matchs !
En 2. Liga, signalons le retour à la compétition après une longue blessure de Daniel Gygax. Un retour pas vraiment fracassant puisque l’empereur des nuits zurichoises est entré en jeu alors que son équipe de Nuremberg était menée 5-1 à Aachen. Au final, der Club s’incline 6-2, voyant sa folle remontée au classement stoppée nette et ses chances d’ascension s’amenuiser. Freiburg, Mainz, Fürth et Kaiserslautern sont toujours au coude à coude en tête du classement.

Écrit par Julien Mouquin

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6 Commentaires

  1. Lulu Favre est magique, vraiment ! Le Hertha en tête du classement avec le contingent mis à disposition, c’est un peu comme si le HC Sierre était champion de LNB cette année !

  2. Ouais Favre est vraiment un bon entraineur. Je me demande néanmoins si on lui ferait confiance et s’il serait efficace dans un tout grand club dans lequel on n’a pas de patience et où les résultats immédiats comptes…

  3. Génial… Bon avant tout félicitations a Lucien Favre , espérons qu’il arrivera a motiver ses troupes jusqu’au bout. La mission est ardue. Mais encore une fois voici comme souvent ou est la vérité. Les Clubs ont beau investir dès millions , si le message donné par le coach n’est pas perçut par les joueurs cela ne sert pas a grand chose… Lucien Favre as tjrs été un pionnier ds sa conception du foot et cela as tjrs assez bien fonctionné pour lui. C’est quelqu’un qui croit en ses méthodes et qui vas souvent ds dès Clubs ou on lui laisse les appliquer. Il fait preuve d’intelligence ds ces choix et être intelligent ça paye. Même chose ds le choix dès joueurs qui le suivent et ds ceux qu’il repère… La Bundesliga restera qu’une étape pour lui a condition qu’il garde les pieds sûr terre. Chose pas facile ds ce monde du foot moderne!

  4. « …match nul à domicile contre le modeste Cottbus (1-1), devant un public clairsemé (66’300 spectateurs)… »

    T’es vraiment trop fort, Julien !! Je connais des milliers de clubs qui aimeraient jouer chaque week-end devant un public clairsemé de 66’300 spectateurs !!

    Dis, je viens d’avoir une grande idée : Lucien Favre entraîneur du BVB la saison prochaine. Qu’en dis-tu ? Deux titres de champion, disons en 2011 et 2012 (il lui faut toujours une première saison pour construire son équipe) et ensuite, fort de cinq titres en club (2x FCZ, 1x Hertha, 2x Borussia Dortmund, il se lance un nouveau challenge et reprend l’Equipe Suisse dès 2012 !! Lulu, t’es le plus grand !!

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