Reculer pour mieux avancer

Fribourg-Gottéron aurait-il avantage à ne pas remporter son match de ce soir contre le LHC et ainsi réussir ce qu’ils ont vainement essayé de faire l’année passée, soit éliminer l’Ours bernois ? Sans entrer dans un débat éthique intéressant, nous pouvons remonter jusqu’à la nuit des temps pour citer des exemples admirables où afin de vaincre à tout prix, l’être humain, et même les Maîtres Jedi, ne prennent pas toujours le chemin le plus court.

31 juillet 2012 : badminton, double féminin, Londres, JO

On savait que le badminton était un sport physique, rapide et difficile, le volant pouvant parfois atteindre la vitesse de 332 km/heure. Mais ce match légendaire du tour qualificatif entre les Chinoises Yu Yang/Wang Xiaoli, favorites pour l’or olympique, contre les Coréennes du Sud Jung Kyung-eun/Kim Ha-na a mis en évidence la difficulté du service dans cette discipline qui est loin d’être un sport de plage. Service sur service raté, par les deux équipes, jusqu’à tel point que l’arbitre est même descendu de sa chaise à mi-match pour rappeler que le but du jeu était de mettre le volant dans le petit carré de l’autre côté, et non dans le filet. Comme prévu, les Chinoises étaient supérieures à ce petit jeu et perdirent brillamment 14-21 et 11-21.
Résultat des courses : Partiellement réussi. Grâce à leur défaite, les Yu/Wang ont bel et bien évité comme voulu la même moitié de tableau que leurs plus grandes rivales, également des Chinoises. Cependant, elles ont également échappé à l’autre moitié du tableau, suite à leur disqualification du tournoi olympique (avec les Sud-Coréennes) le lendemain.

15 février 2006 : Suède – Slovaquie 0-3, Turin, hockey sur glace, JO

Dernier match du tour qualificatif. La Suède forte comme jamais venait de fesser la Russie 5-0. Cependant, ce n’était rien par rapport à la démonstration que la «Tre Kronor» allait faire contre la Slovaquie. Défaite 0-3 sans appel, la preuve qu’en effet les trois couronnes symbolisent l’efficacité, le calcul et le réalisme. Qui oubliera en particulier le power-play de près de 2 minutes à 5 contre 3, pendant lequel 4 des 5 meilleurs joueurs suédois de tous les temps, soit Mats Sundin, Peter Forsberg, Daniel Alfredsson et Nicklas Lidström réussirent l’exploit de… ne pas tirer une seule fois sur la cage adverse.
Résultat des courses : Passablement réussi. Grâce à leur défaite, les Jaunes et Bleus ne rencontrent ni la Russie ni le Canada en quart, mais la Suisse étrillée 6-2, sur le chemin vers l’or olympique. Malheureusement, les mauvaises habitudes sont vite prises, et 4 ans plus tard, à Vancouver, c’est sans faire exprès que les Suédois se font sortir par la bande à Chara en quart de finale.

18 décembre 1988 : San Francisco 49ers – Los Angeles Rams 10-38, San Francisco, NFL

Les 49ers de Joe Montana, le plus grand quarterback de tous les temps, perdent devant leur propre public de manière surprenante le dernier match de la saison régulière. Leur défaite est synonyme d’élimination… des New York Giants qui, tiens tiens, les avaient sortis deux ans auparavant, tout en blessant leur légendaire quarterback. La vengeance est un plat qui se mange froid. 
Résultat des courses : Réussite totale. Les 49ers écrasent les Rams 30-3 lorsqu’ils les retrouvent à nouveau en finale de conférence trois semaines plus tard avant de remporter le Super Bowl XXIII contre les Cincinatti Bengals, le troisième de leurs quatre titres.

25 juin 1982 : RFA – Autriche 1-0, Gijon, Coupe du Monde de football

Jamais vu autant de passes, un jeu collectif aussi évolué, une telle patience des deux côtés dans ce match on ne peut plus équilibré. Après l’ouverture du score à la 10ème minute par le délicat Horst Hrubesch, le match s’est tellement emballé par la suite qu’à la 60ème, le commentateur autrichien Robert Seeger (ORF) a demandé aux téléspectateurs d’éteindre leur poste et s’est tu pour les dernières 30 minutes, exploit unique dans les annales du sport, pour ce match qui est rappelé affectueusement comme le match de la honte, ou «Schande von Gijon». La définition même d’un «Win-Win Situation»
Résultat des courses : Objectif pleinement réussi. La RFA et l’Autriche se qualifiant les deux pour la suite de la compétition aux dépens de l’Algérie qui s’en souvient encore (seul un 1-0 ou un 2-0 le permettait). L’Allemagne de l’Ouest et le déterminé gardien Schumacher s’illustrent à Séville quelques jours plus tard en mettant la France et Battiston KO dans un des matchs les plus mémorables de l’histoire de la Coupe du Monde.

XIIeme siècle avant Jésus-Christ, Grecs vs Troyens, Troie, Helena Cup

Cinq siècles avant les premiers JO et le début du calendrier grec, le roi Ménélas et son équipe de All-Stars assiégeaient Pâris, le tenant du trophée, soit son épouse la belle Hélène, et les siens, dans un match épuisant et interminable de près de 10 ans devant les murs de Troie. Comme les tirs au but n’avaient pas encore été inventés, les Grecs construisirent un cheval en bois (et y dissimulèrent le Top Scorer Ulysse aux mille-tours et tout le premier bloc), puis  brûlèrent leur camp, abandonnèrent le champ de bataille pour réembarquer sur les navires et disparaître de l’horizon.
Résultat des courses : Réussite. Le subterfuge permet de mettre fin à une guerre de Troie qui a bien eu lieu et de ramener le trophée à la maison. Cependant, en raison du trafic international congestionné, Ulysse va mettre plus de 10 ans pour rentrer dans son Ithaque natal. Sacrée odyssée.

Il y a des millions d’années, dans une lointaine galaxie, Obi-Wan Kenobi vs Dark Vador, Escrime, Sabre, Hangar de l’Etoile noire.

Duel au «Light-Saber» entre le maître Obi-Wan et son ancien élève, Dark Vador. Natalie Portmann est oubliée depuis longtemps, et Lord Vador, qui évolue à domicile, est au sommet de son art, devant un public médusé composé par ailleurs de ses deux enfants, mais ça personne ne le sait encore, même pas Georges Lucas. Soudain, en plein deuxième set, Obi-Wan baisse sa garde volontairement et se laisse désintégrer de manière inexplicable par Darth «Luke-I-am-your-father-this-is-CNN» à la stupéfaction générale.
Résultat des courses : Réussite. Obi évite Jabba Le Hutt et les Chinoises en quart de finale, les agaçants  Ewoks sont éliminés au goal-average, et on retrouvera ainsi Kenobi sur le podium final de l’Episode VI, heureux et souriant aux côtés d’Anakin Skywalker et Yoda, l’eternel médaillé de bonze. Donc aucun Autrichien sur le podium, ce qui provoque une liesse intergalactique bien compréhensible.

Écrit par Andy Tschander

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6 Commentaires

  1. Je vois pas le rapport avec Fribourg qui s’il perd, risque de devoir se coltiner Davos, Lugano ou Genève (voir Ambri)…et surtout perdre potentiellement l’avantage de la glace dès les 1/2….et franchement Bern-Zurich c’est toujours un gros en moins. La seule chose positivie pour Fribourg serait de tomber contre Ambri et ça c’est pas calculable…
    Donc Fribourg met des joueurs au repos mais ne vont pas laisser le match. La concurrence est telle que ceux qui jouent ce soir doivent montrer qu’ils sont en forme pour les PO.
    Circulez ya rien a voir! Que le meilleur gagne en espérant que Berne perde à Zurich et comme ça tout le monde est content.

  2. Cette défaite au 2e set de Obi-Wan est d’autant plus surprenante, car il avait infligé lors du 1er set une telle raclée à papa Vador (qui se faisait encore appeler Anakin) que ce dernier en avait eu les bras et les jambes qui tombent…

  3. Très bon article, encore une fois ! Par contre, comment ne pas citer Paris-Roubaix 2011 avec la coalition anti-Cancellara. Tous les coureurs, Hushovd en tête se fichaient de gagner la course tant que notre Fabian national ne levait pas les bras à l’arrivée. Et Van Summeren en avait profité

  4. Avec tout se ramdam vous prouvez bien que le Romand moyen est une pleureuse qui croit être victime d’un complot Suisse-Allemand Illuminati…

  5. C’est marrant aujourd’hui dans la presse romande on pense que Zurich va laisser gagner Berne comme à chaque fois qu’une telle occasion se présente entre suisse-allemands, et dans la presse alémanique on pense que Fribourg va laisser gagner Lausanne comme à chaque fois qu’une telle occasion se présente entre suisse-romands.

    J’espère que les deux « bien classés » l’emportent histoire de faire taire les mauvaises langues de part et d’autre.

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