Indescriptible !

La langue de Molière n’est tout simplement pas dotée d’adjectifs en mesure de faire justice à ce qui s’est produit mardi soir à la Praille. Servette disputera enfin son premier match de Super League depuis le 12 décembre 2004, le 16 juillet 2011. 6 ans et demi après : une éternité, qui avait relégué le SFC dans les abysses du néant. Resurgir a été difficile, mais nous y sommes enfin parvenus !

Mardi soir, sur le coup de 22h10, les 23’338 présents croyaient être immergés dans un rêve impossible : le match se scellait sur le score de 3-1 et expédiait les Grenat dans l’élite du football suisse. Pour les plus fidèles, ceux qui ont suivi le club en 1ère ligue et lors des heures noires du club en Challenge League, il était vraiment difficile d’y croire. Eux qui pouvaient mesurer l’ampleur du chemin parcouru, se remémorant les moments les plus tristes de leur club de cœur.

Des souvenirs pleins la tête !

Le souvenir des matchs à domicile joués dans l’indifférence totale du grand public, à l’image de la promotion en LNB obtenue face à UGS, faisait surface. Ce soir de printemps 2006, comme pour toutes les rencontres disputées en 1e ligue, où seule la tribune principale était ouverte. En fin de match, une cohorte de Portugais déferlaient en tribune nord afin de suivre sur écran géant aménagé pour l’occasion le match de poule du Mondial – tenez-vous bien – Portugal-Angola. Certains d’entre-eux se permettant même de siffler les Grenat qui fêtaient leur promotion !

On se souvient aussi des petits déplacements sur le territoire genevois, avec notamment l’épique match de Chênois, disputé dans un froid de canard et sous la neige. Sans compter le déplacement à Herisau, ou encore la dramatique rencontre à domicile face au FC Bienne, disputée devant 1120 personnes, qui se terminait sur le score de 1-5. C’était le dernier match de l’ère Francisco Viñas, qui, gravement menacé par des supporters ingrats, cédait le club à Majid Pishyar. Les images du bafouillage de l’honneur du club par des joueurs sans aucune éthique ni aucune once d’amour du maillot, infligé aux fidèles supporters lors de la saison 2008-2009, sont toujours présentes.

Et il fallait endurer tout cela en silence, en se faisant tout petits. Car à peine invoquait-on le Servette, tout le monde nous raillait et nous rejetait de leur groupe. Dans ce bas monde, on critique le passé, mais rien n’a changé depuis. On ne veut pas de faibles, on ne tolère pas ce qui est différent. Ce qui attire, ce sont les vainqueurs et l’uniformité, le Real et le Barça. L’intérêt réel est celui de se sentir protagonistes, de se sentir forts et de monter sur le char des triomphateurs. Or, la passion, c’est quelque chose de complètement différent. Et la passion – comme le rappellent si bien les écrans de la Praille – déteste tout ce qui n’est pas la passion. La passion, ça veut dire ne jamais perdre cette flamme qui habite nos âmes. Cela signifie s’efforcer de l’entretenir, même quand tout va mal et que l’on peine à voir le bout du tunnel. Et c’est cette flamme qui nous réchauffe lorsqu’il fait -10 degrés au stade et que l’on sait que l’on va perdre. C’est pourquoi, cette victoire est dédiée à tous ceux qui y ont cru, à tous ceux qui ont encouragé les Grenat pendant plus de 6 ans pour vivre les émotions du 31 mai 2011. C’est à ça que l’on pensait mardi en fin de soirée, les yeux incrédules et imbibés de larmes.

Merci à tous !

Il faut remercier tout le monde. Mais en particulier, comme dit ci-dessus, tous ceux qui y ont toujours cru. A l’image des fidélissimes supporters ainsi que le plus Grenat de tous les Genevois, Tibert Pont, île au milieu du désert dans un football dont la boussole pointe uniquement le Klondike. Mais aussi ceux qui ont adhéré à ce projet, comme Vitkieviez, Pizzinat, Gonzalez, les Alémaniques et tous les autres joueurs, dont l’esprit d’équipe irréprochable et l’humilité auront été fondamentaux. Il convient aussi de remercier le staff technique, en particulier le tandem Joao Alves- Oscar Londono, qui a su former une véritable famille et la souder. Merci aussi à David Pivoda, ancien vice-président, qui a tant œuvré pour le SFC et aussi à Majid Pisyhar.

Mais n’oublions pas Didier Rieder, un passionné qui a mis tout son talent et ses aptitudes au service de son club de cœur : c’est merveilleux d’avoir de véritables clubistes au Servette. Ainsi que Viñas, qui a été lamentablement pointé de l’index comme le bouc émissaire des Grenat, mais sans lequel il n’y aurait qu’une certitude : on n’en serait pas là aujourd’hui, car sans fondements, une maison ne tient pas debout. Merci aussi aux blogueurs, à l’image du ferventissime Sacha Roulin et à la S-Radio, qui ont aidé à entretenir la flamme servettienne et à la propager. Bref, si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à tous ceux-ci. Même s’il faut le convenir, la rédemption était inéluctable : le fameux dicton ne cessait de le marteler ! Legend never dies.

Servette FC – AC Bellinzona 3-1 (2-0)  

Stade de Genève, 23’338 spectateurs. 
Arbitre : M. Hänni. 
Buts : 11e De Azevedo 1-0, 45e Baumann 2-0, 56e Baumann 3-0, 69e Lustrinelli 3-1. 
Servette FC : Gonzalez; Schneider, Baumann (60e Pont), Routis, Moubandje; Kouassi, Nater; Ruefli, De Azevedo (87e Pizzinat), Vitkieviez; Eudis (77e M’Futi). 
AC Bellinzone : Zotti; Diana, Pergl, La Rocca, Thiesson; Sermeter, Mattila (68e Ciarrocchi), Mangiarratti (57e Edusei), Feltscher; Conti (50e Konan); Lustrinelli.
Cartons jaunes : 29e Mangiarratti, 31e Vitkieviez, 35e Schneider, 54e Diana, 66e Pergl, 73e Thiesson. 
Cartons rouges : 92e Edusei, 92e Sermeter.

Écrit par Grégory Soldati

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31 Commentaires

  1. Autre style et merci à son auteur et à CR de l’avoir publié. En effet il n’y a pas besoin qu’un article soit sarcastique sur CR pour être apprécié dans sa juste valeur.Je sais mon avis est complètement subjectif puisque entièrement acquis à la cause des grenats – ceux qui ont gagné mercredi 31 mai le droit de rejoindre cette catégorie trop fermé qu’est la LNA version Rumo et Isoz – Merci à son auteur et longue vie au SFC dans l’élite avec j’espère la possibilité de vivre d’autres moments tout aussi émouvant dans cette vie rempli de souffrances et d’injustices…

    Pourquoi ne pas y inclure ce merveilleux montage vu sur http://www.tdg.ch/actu/divers/geneve-servette-fc-match-football-promotion-video-coeur-supporters-grenat-stade-fans-ambiance-fumigenes-2011-06-01 (8 min 36 de bonheur à partager et/ou à revivre)

  2. @ Max
    Je ne critique pas CR et ses articles, il suffit devoir mes prises de position dans mes précédents messages… Ce n’est pas nécessaire de me faire de tels procès d’intentions par des interprétations totalement déplacé. Les chroniqueurs de CR eux auront au moins compris. Merci à eux.

  3. De dieu c’était enooorme, deux jours après j en pleure encore en regardant les vidéos c’est fou. les « aux armes » avec tout le stade qui répond, l invasion du terrain en 2 secondes et demi, l après match fini à 4h du mat’, le lendemain le torse gonflé,,,, quel bonheur!!! merci Servette merciiii !

  4. Voila c’est fait, dans la douleurs… les 10 dernière minutes… plus jamais les revivre, c’est pas humain hahah

    Bravo au LS! on ce retrouvera tous la saison prochaine, pour quelque petite rencontre fort sympathique…

  5. « Yes We Did » haha, il est marrant votre Iranien!
    C’est vrai que la montee le SFC la eue grace au collectif et tous le travail fourni par les amoureux du club. donc le « WE » est justifie… mais apres foutre sa propre photo avec le theme de sauveur a la Obama fallait oser! hahaha il est trop drole! Oui, il a beaucoup investit pour ce club en argent, mais c’est quand meme pas lui qui a marque les buts 🙂

    Alors bravo Servette et au plaisir de vivre des derby lemaniques en LNA!

  6. Ouf ouf, ça sera sympa, en espérant, voeux pieux s’il en est, qu’il n’y aura pas de débordements de la part des supporters.

    Bravo encore pour cette promotion méritée et indiscutable.

  7. @ Tartempion: pourquoi toujours vouloir comparer ? L’article de Cerutti est certes excellent, mais celui-ci m’a aussi profondément ému ! Merci, Grégory !

  8. Pour 2008-2009, pas mal de joueurs qui ont participé à cette saison noire sont encore là… de tête Vitkiviez, Pizzinat, Schneider, Rüfli (sur le banc à l’époque), Pont, Gonzalez une partie de la saison.

    Tout ça pour dire qu’il faudrait pas oublier le rôle essentiel de Castella sur cette saison là et charger les joueurs, totalement déstabilisés après la non-reprise par Pishyar en juillet, et d’autres choses.

    Quelques mois plus tard, après l’intermède Niederhauser qui avait au moins sorti l’équipe du coma castellien, Joao et Kouassi sont arrivés…

  9. Et tout le monde il a été méchant avec nous! Et Servette il a tout le pays contre lui! Et on (les g’neuvois) est toujours brimé par la terre entière! Et gnin gnin gnin…
    Ca me parait assez normal que personne s’intéresse à un club qui joue en 1ère ligue non? C’est pareil partout, y’a qu’à voir à Lausanne. Dans tout l’article on a l’impression de lire qqun qu’a été opprimé toute sa vie et qu’est enfin libéré de ses bourreaux. Pour Tibert Pont j’suis d’acc, pas de discussion. Mais sérieux, est-ce qu’on a besoin d’un article qui fait passer la terre entière pour des salauds et que y’a que le g’neuvois qu’il est le meilleur…?

    Sinon bravo à Servette, et on s’réjoui de tout les beaux derbys auxquels on aura droit la saison prochaine, J’me réjouis!

    ALLEZ LAUSAAAAAAAANNE!!!!!

  10. Billy Boy

    L’auteur n’écrit nulle part que tout le pays est contre Servette… le calimérisme, c’est pas genevois – on laisse cela aux autres…

    Gros déficit de compréhension apparemment – il ne fait que remarquer que ce n’était pas toujours évident de se dire supporter de Servette pendant ces années, vu la propension des gens à préférer soutenir le Barça ou le Real (ou Dortmund) que leur équipe locale, surtout si les temps sont difficiles.

  11. 3 choses que je retiens de ce match:

    – Est-ce que la tribune derrière le but était vide pour des raisons de sécurité ? Si ce n’est pas le cas je trouve un peu misérable de ne même pas réussir à remplir le stade pour ce match..

    – Les prix nobels qui ont courrus provoquer les supporters tessinois à la fin du match au lieu de fêter avec leur joueurs… belle mentalité

    – L’excellent match livré par Servette, une vraie finale de coupe

  12. @keca12

    Je cite
    « – Est-ce que la tribune derrière le but était vide pour des raisons de sécurité ? Si ce n’est pas le cas je trouve un peu misérable de ne même pas réussir à remplir le stade pour ce match.. »

    C’est juste : tous les jours, il y a des matches en Romandie devant 23’000 personnes. On est nuls.

  13. @NF

    Alors je persiste, l’équipe d’une ville de 200’000 habitants (sans compter la périphérie) dont le club passe plus de 6 ans dans les ligues inférieures à l’occasion de remonter en première division à l’occasion d’un dernier match à domicile, et le stade n’est pas plein, ben je trouve ça misérable

    Y aura combien de personnes pour jouer contre Thoune en Octobre ? 2450 ?

  14. @keca12,

    Misérable les 23000 spectateurs??? C est du jamais vu pour un match de barrage! Qu est ce que tu dois penser des affluences de lausanne, de xamax, lugano, thoune et autres villes jouant en super league ou challenge league.

  15. @keca12

    OOn a eu les meilleurs affluence en LNB, au minimum 4000 spectateurs en jouant contre des équipe du bas de tableau et surtout des matchs pas trop attrayant. Tu devrai savoir que à Genève tout comme Lausanne, villes multiculturels, beaucoup de gens s’en tape du SFC, idem à Lausanne pour le LS (encore bravo pour leurs promotion) et supporte le club de leurs bled et les club de la ligue du pognons alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans les stades de ces club la. Tout le monde a étai impressionner par cette influence (moi j’aurai penser à un gros 15 000), une nouvelle génération de supporter plus jeunes et venu au stade supporter le club de leur ville, et je penses quelle sera présente pour la saison qui vient en Super League!

  16. @keca12

    On sait très bien que sur les 200’000 habitants, nombre d’entre-eux sont des confédérés, avec beaucoup de romands qui chient sur Genève, ville qui pourtant les nourrit. Sans parler des communautés étrangères très importantes.

    On peut faire le parallèle avec Sion ou Xamax. Pour Sion, on dit que c’est le club de tout un canton. Quelle est l’afflluence moyenne à Tourbillon ? Quelle était l’affluence à Tourbillon pour les barrages face à Neuch ? C’est aussi misérable ?
    Que dire de Neuch ?
    Zurich, GC ?

    Bref, tant mieux si pour toi, voir 23’000 personnes pour un match de barrage, c’est misérable. Nous, on s’est pris un pied d’enfer. Et pour moi, c’est tout ce qui compte.

  17. Faut pas oublier que ce match la a étai retransmis en direct sur la TSR, beaucoup sont rester à la maison voire le match tranquillement..

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