Clubbing : Le guide du championnat d’Angleterre

Ce qu’il y a de génial avec la rubrique clubbing, c’est qu’on peut passer d’un extrême à une autre. Après avoir gratifié le site du premier article satirique francophone du championnat d’Andorre, on va tenter cette fois-ci de rire sur le championnat qui intéresse plus de monde que tous les championnats réunis : la Premier League. Non, pour une fois, il n’y a pas de subterfuge, on ne va pas parler de la Premier League nord-irlandaise.

Un championnat très suivi et donc je m’attends à avoir un peu plus de lectorat qu’en parlant de la Prvaliga de Slovénie ou de la Premier Liga de Poméranie du Sud. Il faut dire que le championnat anglais est passé du statut de ligue pestiférée dans les années 80 à celui de modèle à suivre. Des États-Unis à la Chine, en passant par l’Afrique et une bonne partie de l’Europe, tout amateur de football jette au moins de temps en temps un œil à la Premier League. Un véritable exemple en matière d’expansion planétaire.

Probablement avant tout le monde, les Anglais avaient compris que pour développer leur football dans le contexte actuel, il fallait conquérir l’étranger (et surtout l’Asie). De même, les gros clubs comme les deux Manchester, Liverpool, Chelsea ou Arsenal sont devenus des véritables pionniers en matière de marketing et, bien qu’ils appartiennent à des fortunes étrangères, ces clubs sont des vecteurs et des ambassadeurs de la culture anglaise dans le monde. Un peu comme ce qu’avaient fait la NBA et les Chicago Bulls dans les années 90 pour les États-Unis. A l’époque, je portais une casquette Miami Heat alors que je n’ai jamais aimé et regardé le basket.

J’allais faire une blague mais c’est très mal vu de rigoler de la passion à Liverpool.

Le format

On va la faire relativement courte. L’Angleterre est un des quatre « grands » championnats d’Europe avec l’Italie, l’Espagne et la France. Oui, ce sont les seuls championnats qui comptent vingt équipes, désolé pour les fans du Borussia. Cette année, exceptionnellement, il y a d’ailleurs vingt-et-un représentants en Süperlig turque au lieu des dix-huit habituels, mais c’est à cause de la pandémie en cours. N’empêche que le championnat turc est le plus grand championnat européen cette saison.

Il est d’ailleurs usurpé de dire championnat anglais, puisque plusieurs clubs gallois font partie de la Fédération anglaise de football, dont les plus fameux sont Swansea et Cardiff (mais il y en a d’autres). Le contraire est également vrai, puisque certains clubs anglais jouent sous l’égide de la Fédération galloise. Ce qui est complètement con en fait. Après, on a bien des clubs liechtensteinois dans nos ligues suisses ainsi qu’un club allemand et un italien.

La compétition

Le meilleur championnat du monde selon beaucoup. Les fans du Real et du Barça te diront le contraire, il n’y a qu’à voir les résultats en coupes d’Europe. Allemands et Italiens plaideront bien évidemment aussi pour leur cause. Les Français n’oseront quand même pas. Aucun intérêt donc de savoir lequel de ces championnats est le firmament du football. Chacune de ces ligues est de haut niveau et a ses propres spécificités. Voilà, point barre, et c’est justement ce qui est bien.

La Premier League se caractérise par le fait qu’il y ait plus de deux ou trois vainqueurs potentiels, ce qui en fait généralement le grand championnat le plus ouvert, en début de saison en tout cas. On peut généralement citer six équipes parmi les prétendants au titre… et puis finalement c’est Leicester qui est champion.

L’ambiance

Elle est assez hétéroclite en fonction du stade. Le public est assez discipliné mais vit le match et chante parfois pendant les temps morts. Ce n’est pas en Angleterre qu’il faut te rendre si tu aimes sauter, chanter et t’agiter dans un stade. L’effet Disneyland est perceptible dans certaines enceintes où les touristes sont plus nombreux que les vrais fans. Les prix exorbitants pratiqués à certains endroits expliquent cette tendance. Il faut bientôt montrer une fiche de salaire à cinq chiffres pour pouvoir espérer obtenir un billet pour Old Trafford.

On vous propose un circuit en Europe : Venise, Zermatt, Lucerne, Paris et Old Trafford. 

Les équipes 

Arsenal : Ancienne fourrière à Français sous l’ère Wenger. Les meilleurs y sont passés : Samir Nasri, Nicolas Anelka ou encore Gilles Grimandi. Le club promeut tout de même le canon comme symbole. Pas très sympa pour tous ces soldats morts sur le champ de bataille lors de la Guerre de Sécession. L’ancienne antre des Gunners, Highbury, a d’ailleurs été détruite à coups de canon.

Aston Villa : Club historique de Birmingham qui a remporté pas moins de 7 titres de champion d’Angleterre ainsi qu’une coupe des clubs champions. Nous cherchons actuellement un rédacteur pour chroniquer Fribourg-Gottéron, bonnes connaissances en Aston Villa serait un grand plus afin de nous filer un coup de main.

Brighton & Hove Albion : Le goéland est un animal omniprésent en Angleterre. D’ailleurs, c’est un peu l’équivalent du pigeon de bord de mer. Il est capable de te voler ton sandwich, d’entrer dans des pubs et même de venir te réveiller en toquant à ta fenêtre tous les matins à 5h (véridique). C’est pourtant ce volatile que la nouvelle équipe de Zeqiri a choisi comme symbole.

Burnley : Les OVNI de Premier League, les Clarets n’ont rien à faire à ce niveau. Avec leur style de jeu, au moins ils n’auront jamais de Brésiliens. C’est toujours ça de bon à prendre.

Chelsea : Premier club à être passé dans l’ère du football business. Avec l’achat de tout ce qui savait jouer au foot sur le marché en 2003, les Blues s’étaient fait détester bien avant Manchester City. De nos jours on l’a presque oublié et l’équipe de Roman Abramovitch est un peu retombée dans l’anonymat. Il ne faut pas oublier que Chelsea c’est avant tout un prénom ringard de série américaine. « Chelsea a trompé Grant avec Brad, quelle traînée ! ».

Crystal Palace : Seule équipe de Premier League possédant de vrais ultras. A Carton-Rouge, on compte un grand fan dans nos rangs (et ça n’est pas à cause de Papy Hodgson). Club populaire créé par les ouvriers du Palais de Cristal au début du XXe siècle. Un peu comme si Genève comptait un FC Jet d’eau et Lausanne un FC Palais de Rumine.

Everton : C’est le mec un peu paumé qui aimerait bien faire partie de la bande qui n’y arrive pas. Pourtant, il fait des grands efforts, dépense de l’argent pour s’acheter le dernier iPhone avec reconnaissance spatio-digitale. Il a même acquis en occasion une Jaguar pour se la péter grave. Oui mais voilà tu es habillé en Hummel…

Fulham : T’as déjà essayé de jouer au football au chalet ?  Probablement jamais, si ce n’est au Chalet-à-Gobet. Et bien Fulham joue toutes ses rencontres à domicile au cottage, à Craven Cottage. Une des façades du stade est d’ailleurs toujours celle de la construction d’origine datant du XVIIIe siècle. L’enceinte la plus bucolique de la Premier League située pourtant en plein Londres.

Leeds United : Très tendance en ce moment. Vous voulez faire bonne impression en soirée tout en cultivant votre côté rebelle ? Commandez-vous un maillot de Leeds United sur footballfashion.com et faites-le floquer numéro 69, El Loco. Cela forcera l’admiration et le respect des amateurs de football. Sur un malentendu vous arriverez même à emballer une gonzesse qui adore la musique latino.

Leicester City : Ah les Foxes ! Club qui restera dans l’histoire comme celui qui a réussi à déjouer tous les pronostics. Avec sa victoire assez jouissive – il est vrai – en 2016, Leicester a permis aux pauvres petits enfants luxembourgeois de croire en leur rêve de gagner un jour la Coupe du monde avec leur pays.

Liverpool : Des vrais, au contraire de tous ces clubs qui ne pensent qu’au fric. Il n’y a qu’à voir la monstre ambiance à Anfield quoi, ça c’est de la passion bordel ! Ceux qui n’aiment pas n’ont rien compris à la vie, au football et à l’art tant qu’on y est. A coupler de préférence avec un amour aveugle et inconditionnel pour le Borussia Dortmund.

Manchester City : City est devenu le Monsanto du foot en l’espace de quelques années. Avec ses milliards venus d’Abu Dhabi, le vrai fan de foot anglais aime exécrer les Citizens au plus haut point (alors qu’Arsenal, Liverpool ou United ça passe sans problème). Un jour, en grattant un peu, on trouvera que les revenus des droits TV de City sont investis dans une mine de cobalt qui fait travailler des enfants au Zimbabwe. On trouvera aussi sûrement que l’attaquant Gabriel Jesus est obligé de marquer 15 buts minimum par saison, sous peine de voir son village d’origine (où vivent ses grands-parents et son chat) rasé par des bulldozers.

Manchester United : Depuis bientôt une dizaine d’années, les Red Devils sont à la peine. L’ancien mastodonte du football anglais ne fait plus peur. Au lieu de gagner des titres, United conquiert des marchés en Asie. Le but est surtout d’avoir un maximum de followers sur Twitter. Une équipe de foot ? Peut-être mais c’est avant tout devenu un produit, une marque. Le Coca-Cola du football. Tiens chouette, United est en passe de devenir le club le plus supporté au Sri Lanka aussi.

Newcastle United : Neuchâtel en Angleterre est un des rares clubs qui appartient encore à une fortune anglaise. Mike Ashley essaie pourtant de refourguer son club depuis plus de 10 ans à un repreneur étranger blindé aux as. C’est sans doute pour cette raison que le club de Fabian Schär fait des saisons toutes pourries. Pourtant, comme presque la moitié des équipes de Premier League, les Magpies arborent fièrement un site de pari en ligne sur leur maillot, traduit en chinois bien évidemment.

Sheffield United : On avoue avoir peu à dire sur les Blades si ce n’est que ce club appartient à la famille princière saoudienne. Sans doute l’attrait du sabre. Il y a également Sheffield Wednesday qui évolue en Championship et on les préfère car avoir un nom de jour de semaine, c’est rigolo.

Southampton : Ces mecs sont des saints ! Déjà à son époque Matt Le Tissier transformait le Gatorade en bière. Aujourd’hui, c’est l’ensemble de l’effectif de Southampton qui offre la moitié de son salaire aux plus démunis du Sud de l’Angleterre. Bravo.

Tottenham Hotspur : Jambon mort flèche chaude est un des nombreux clubs de Londres qui s’est taillé une place parmi les favoris depuis quelques saisons. Il faut dire qu’il y a 20 ans, le club était habitué à terminer dans la deuxième moitié du classement et était entraîné par Christian Gross. Si le fric coule désormais à flots, les Spurs restent un club de losers, habitués aux places d’honneur mais rarement vainqueurs.

West Ham United : Encore un club londonien (imagine si on avait 6 clubs de Ligue 1 à Paris) qui s’est permis d’associer des marteaux et des bulles. Les Hammers ont déménagé au Stade Olympique de Londres et ont une image de méchants qui leur colle à la peau. Ce qui est tout à fait justifié puisque Behrami y a joué et la reine d’Angleterre ainsi que son petit-fils Harry en sont fan.

West Bromwich Albion : De nouveau des mecs à l’ouest, ils ont même engagé Bernt Haas à une époque. Formation de la banlieue de Birmingham spécialisée dans les ascenseurs. Tu cherches désespérément à faire descendre ton équipe dans une division inférieure (les salauds ne méritent que ça, ils critiquent ton coaching chaque week-end) ? Prends exemple sur West Brom qui fait si bien l’ascenseur chaque saison.

Wolverhampton Wanderers : Club de Liga NOS appartenant à des Chinois mais exilé en Angleterre. Les Wolves ont même un troisième maillot aux couleurs du Portugal. Avec ses neuf joueurs et son entraîneur portugais, il est évident qu’ils ambitionnent d’engager CR7 et la mascotte Lupo, qui comme son nom l’indique est à moitié portugais. Une question demeure cependant en suspens : est-ce qu’un seul Portugais peut prononcer Wolverhampton Wanderers ?

 

Crédits photographiques :

J’allais faire une blague mais c’est très mal vu de rigoler de la passion Liverpool : Jon Candy/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Liverpool_fans.jpg

On vous propose un circuit en Europe : Venise, Zermatt, Lucerne, Paris et Old Trafford  : Imcall/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Old_Trafford_7.jpg

 

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1 Commentaire

  1. ça me fait rire quand on dit par exemple « united, club le plus supporté au Sri Lanka ». Les grands clubs anglais ont soit-disant des supporters dans le monde entier… ça n’a aucun sens, le mot supporter, donc celui de la sainte trinité « joueurs-entraineur-supporterts » selon dalgish, ne peut s’appliquer que pour les locaux. On n’est supporter que d’un club local, l’aspect identitaire est indispensable. Aimer un club qui est à 2000 km, c’est être admirateur, pas supporter.

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