Argentine : football et passion dans les veines

Buenos dias, amis lecteurs ! Le football en Amérique latine encore protagoniste de ce mois de mars : après l’excellent reportage de Séb sur la Copa Libertadores depuis Quito, CartonRouge.ch vous raconte une expérience inoubliable vécue au coeur du football argentin. Nous avons suivi le match Boca Juniors – Independiente de la 5ème journée du championnat de première division argentine, en direct du mythique stade du Boca, «la Bombonera». Un terrain de jeu qui a vu par le passé briller l’étoile de Diego Maradona et et qui maintenant vibre pour les magies de Juan Roman Riquelme, accompagnées par l’incroyable support de la «12», les supporters (à mon avis) les plus chauds de la planète !

Lausanne, le 21 mars 2008. Il pleut, il fait froid dans la capitale vaudoise. Il n’y a personne dans les rues, c’est normal on vient de commencer le week-end de Pâques. Je suis rentré d’Argentine il y a deux jours, mon bagage, égaré dans je ne sais quel aéroport, arrivera peut-être demain… En revanche j’ai mon PC, une bonne connexion et le désir brûlant de vous faire partager cette ambiance de vie et de sport extraordinaire que j’ai vécu. Alors je reprends les feuilles éparpillées de mon cahier de voyage et décrypte mon écriture illisible d’il y a 10 jours… L’émotion est toujours aussi forte…


Des pom-pom girls locales

Buenos Aires, Argentine, le 9 mars 2008

A l’image de son pays et de ses habitants, Buenos Aires est une ville culturellement très riche, qui vibre de jour et de nuit mais également très chaotique… Une fois habitué, ce chaos se transforme en passion qui te fait sentir vivant ! C’est la ville des 100’000 taxis,  des bars à tango, des musiciens de rue et des femmes magnifiques. Ce sujet mériterait un article à part entière : un mix explosif de traits latins et germaniques, un physique de rêve, une attitude ouverte et aimable et… il y en a partout ! Le rapport femmes/hommes est de 5/1 et, qui plus est, elles sont toutes fans de foot : je propose que la rédaction de CR se déplace en masse à BA!
En effet, si les portenos (comme on appelle les habitants de BA) sont, du maçon au chauffeur de taxi, très cultivés et aiment parler des intrigues politiques, de la corruption du gouvernement en passant par la période de la dictature de Videla, le sujet qui déchaîne les passions les plus extrêmes reste le football.

Football argentin. Pas seulement River ou Boca

Pour les novices, ce n’est pas facile de s’orienter dans «l’organisation» (si on ose utiliser ce mot pour tout ce qui concerne l’Argentine…) du championnat. Il y a en effet deux championnats par année, mais allez comprendre pourquoi le championnat de «clausura» (clôture) se déroule en début d’année tandis que «l’apertura» (ouverture)  se joue à sa fin…


La Bombonera, le stade de Boca Juniors

20 équipes (dont 14 dans la seule province de BA !) font partie de la première division. Il y aura donc deux champions par année (clausura et apertura) qui se qualifieront directement (avec les meilleurs deuxièmes) pour la Copa Libertadores. Deux équipes sont reléguées à la fin de chaque tournoi mais là on se base sur les points obtenus dans les trois dernières saisons, ce qui, évidemment, rend la relégation des grandes équipes presque impossible. Le hasard veut aussi que l’équipe plus représentative s’appelle avec le nom d’un orifice corporel (Boca, bouche) alors que le dernier champion en représente un autre (Lanus…).
Bien que toutes les équipes aient un grand nombre de supporters, totalement dévoués, la rivalité entre River Plate et Boca Juniors reste sans doute la plus forte. Presque tous les Argentins choisissent un camp et la question la plus fréquente posée au touriste sera : «hincha de River o Boca ?» Peu importe si tu préfères San Lorenzo, Newell’s ou Independiente… Cette rivalité reflète aussi deux origines différentes. Le River Plate a toujours été synonyme du football noble et de qualité en Argentine et a vu se développer les meilleurs footballeurs argentins du passé, tels que Di Stefano, Sivori ou encore le héros de la victoire du Mondial 1978, Mario Kempès. Plus récemment, des joueurs comme Ramon Diaz (ex Inter de Milan, j’ai appris qu’il n’a jamais été sélectionné en équipe nationale pour avoir donné trop d’attention à une ex compagne de Maradona…), Crespo, Aimar, Saviola.
Moins de noms célèbres mais un surtout, Diego Maradona (bien qu’il soit né footballistiquement aux Argentinos Juniors), ont écrit l’histoire de Boca Juniors, club fondé par des immigrants portuaires italiens dans le quartier de la Boca. Mais River- Boca c’est surtout une rivalité de tifosi. Les tifosi de River occupent géographiquement les quartiers nobles de la capitale et sont surnommés «les Milionarios». Rien à voir avec les chauds et «populaires» supporters de Boca Juniors, qui par leur enthousiasme et énergie poussent littéralement leur équipe à se surpasser, d’où leur surnom de «la Doce» pour 12ème homme !


«La Doce» (12)

Le jour du match

Nous y sommes. Dans le bus qui m’amène à la Bombonera, un petit aperçu de ce qui m’attendra : les supporters jaunes et bleus chantent et sautillent tandis que le chauffeur s’arrête, ne veut plus continuer par crainte de casser ses suspensions… Le magnifique stade apparaît, nous sommes à 2 heures du début du match et le son des chants est déjà haut en cette splendide journée ensoleillée. J’ai le temps de m’acheter le maillot de Maradona de Boca 1981 que j’enfile : j’ai choisi mon camp, tant pis pour le River… Bien que tenté par la «popular» pour vivre et vibrer avec la «12» je choisis finalement la tribune (plus tranquille et nettement plus sécurisée) pour suivre le match… et prendre des photos.
Je rentre dans le stade à une demi-heure du match et le spectacle est époustouflant : une marée jaune et bleue chante à l’unisson ! Mais le millier de tifosi du «Rojo» (le surnom de l’Independiente) n’en fait pas moins. En fait je me trouve à quelques mètres des rouges et j’ai donc l’impression qu’ils sont encore plus bruyants… oui mais cela juste avant l’entrée des équipes. J’ai des frissons à entendre les sifflements assourdissants qui accompagnent l’entrée de l’Independiente et une émotion encore plus intense à voir les millions de papiers blancs, bleus, jaunes qui signifient que Boca va bientôt rentrer sur le terrain de jeu… Et puis, présentation des équipes. Je reste étonné du peu de bruit à la présentation des joueurs jusqu’à l’arrivée, entouré par des photographes de la star et de la grande ovation pour Juaaaaan Romaaaaaan Riiiiiiiqueeeeeelmeeeeee ! Il fallait ce contraste pour que l’on sache qui est le patron ici.


Le virage des supporters de l’Independiente

Sur le terrain, j’assiste à un début de match inattendu : Independiente domine grâce surtout aux tours de prestige de Daniel Montenegro et aux récupérations du Colombien Grisales. A la 10ème minute, but contre son camp d’un défenseur de Boca : c’est 0-1 ! Je rejoins Séb pour dire que les défenses sud-américaines (pour ne pas parler des gardiens de but : Zubi serait une star ici !) sont très approximatives, mais quel spectacle avec des une-deux, des talonnades, des bicyclettes…
C’est là que la «12» commence vraiment à se faire sentir : je suis presque de l’autre côté du stade et tout soudain je sens les gradins sous mon cul qui vibrent… Tremblement de terre ? Non, une horde de 10’000 personnes qui sautillent rythmiquement, tout en haussant le volume des chants : je n’ai plus d’adjectifs. J’avais jamais vu ni vécu cela. Maradona est aussi de la partie (des supporters). Du coup c’est aussi Roman qui se réveille et marque le magnifique but de l’égalisation en seconde période. Boca essaie alors de gagner (et ils jouent à 10 contre 11, si on exclue la «12»)  mais l’absence de « El Loco» (Martin Palermo, ex Villareal, tout comme Riquelme) se fait sentir en attaque. Un bon match qui se termine 1-1.

Les Ultras, enfin !

Je dois avouer que pour la première fois j’ai passé plus de temps à chanter et à admirer les supporters qu’à voir les actions sur le terrain. Boca n’aura pas remporté le match, mais la «12», elle, a encore remporté la compétition des supporters. Maintenant je comprends mieux l’énorme message qu’ils affichaient au début du match : ils pourront nous imiter mais jamais nous égaler. Et je rejoins aussi un commentaire à l’article écrit en novembre qui accusait certains Ultras en Italie : c’est bien vrai que le foot serait bien terne sans ce type de supporters, en espérant que tous les Ultras puissent assurer le spectacle de la «12». Grandiose. Hasta la proxima, Bombonera !


Le tifo de la «12». Enorme

Écrit par Riccardo Accolla

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8 Commentaires

  1. Fais gaffe ces stades Sud Americains cest highly addictive… Putin comme je t envie, moi ma prochaine destination cest clairement lArgentine pour la Bombonera ou le Brésil pour le Maracana… En tout cas je frissonne rien quen lisant…

    Saludos de Quito…

  2. Je vais voir Boca « Juniors – Banfield » le 6 mars à la Bombonera. Jai avancé dun jours mon voyage en Patagonie pour voir ça et apparemment jai bien fait 😉

    Très bon article, je me réjouis déjà…

  3. A faire dans sa vie… vaut le détour malgrès mon point de vue sur « Los Bosteros ». Bel article, manque la sensation du stade vibrant sous son siège.

    Dale River…

  4. Cest pour vivre ce genre démotions, ou pour lire ce genre de papier, quon aime le foot. Un grand moment !

    Pour les fans du sujet lexcellent « So foot » consacrait un article aux fans les plus fous du monde, ceux de « Nuevo Chicago ». Un papier à lire sans tarder.

  5. Jen reviens, cétait le 5avril en fait Boca-Banfield et résultat 1 à 1 mais une ambiance de folie avec tout le stade qui ne sest pas arrêté de chanter quand ils se sont repris le premier et qui a tremblé lors de légalisation. Avec leurs geste du bras propre a tout le continent latino et des chants très entrainants… Viva Boca. allez allez allez allez hoooo, allezzzzzzzz, allez hooooooo…. Sinon la Patagonie sympas aussi 😉

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