Wayne Rooney is the White Pig(eon)

On peut être Anglais, roux et chauve et réussir à peu près sa vie. On n’a même pas besoin d’être intelligent, c’est dire… Pour arriver à ce savoureux mélange, il n’y a que le football et l’Angleterre. Et Wayne Rooney, Pigeon d’Or du mois d’octobre, illustre à merveille cette incongruité du monde moderne. The White Pelé becomes the White Pig(eon).

Acte I (Wayne, le sans-le-sou, n’est pas content. Lieu : bureau feutré, un agent avide, un Wayne qui compte ses sous et un Alex Ferguson déjà tout rouge) : «J’ai eu une réunion avec lui. Il m’a fait savoir qu’il voulait partir», avait dit un Sir Alex choqué et déçu par ses propos. «Nous sommes perplexes, comme tout le monde, car nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi il veut quitter un club qui a remporté autant de victoires».Acte II (et un nouveau contrat évalué à environ 14 millions d’euros par année plus tard. Lieu : une conférence de presse ultra-médiatisée, un agent content, un Wayne qui prépare ses valises et un Alex Ferguson prêt à shooter dans une chaussure) : «Je suis ravi. Ces deux derniers jours, j’ai parlé au manager et aux propriétaires. Ils m’ont convaincu que ma place était ici. Je l’ai dit mercredi, le manager est un génie. Sa foi en moi et son soutien m’ont convaincu de rester. Je signe un nouveau contrat en étant absolument convaincu que l’encadrement, les entraîneurs, la direction et les propriétaires s’engagent à faire en sorte que le club poursuive son histoire victorieuse».
Acte III (alors qu’un abruti de Citizen s’était déjà fait tatouer la gueule à Wayne sur le corps. Lieu : un match de Ligue des Champions à la fin duquel the White Pig(eon) a marqué un péno après une prestation insipide) : «Tout le monde a dit que j’étais sur le point de signer à Manchester City, mais croyez-moi, si j’étais parti, cela n’aurait pas été en Angleterre. Je suis heureux que tout cela soit fini. Vous voyez tellement de joueurs quitter ce club et ne pas réussir ailleurs (ndlr : Tevez et Ronaldo en sont des exemples flagrants). Je me réjouis d’être resté. Je suis sûr que je peux retrouver mon meilleur niveau».
Voilà quoi… Tout ça pour ça… Quand on parle de foot business, on est en plein dedans. Bon, en même temps, c’est pas comme si le Wayne était fan de Manchester United… Ça reste un gars né à Liverpool et enfant d’Everton. Ça reste un businessman avant tout. Et c’est pas comme s’il n’allait pas partir en fin de saison, hein, Cristiano Ronaldo avait fait tout pareil avant de se tirer au Real. Grosse prolongation pour que les Red Devils s’y retrouvent, avant d’aller faire les poches à Florentino Perez comme tant d’autres. Qu’il se rappelle juste du passage de Michael Owen dans la Maison Blanche avant d’y aller !

Le problème dans l’affaire, c’est que le supporter qui se saigne pour se payer sa place à l’année est encore une fois pris pour un abruti. Les actionnaires s’y retrouvent, Ferguson garde la face, la dette colossale du club est partiellement remboursée, Rooney va aller empiler les euros du FMI en Espagne, mais le fan de base, lui, va devoir acheter un maillot de Nani ou de Fletcher l’année prochaine. Ou pire, d’Obertan.
L’autre solution, c’est évidemment qu’il reste fidèle à la formation du Théâtre des Rêves. C’est possible oui : comme tout joueur qui se respecte, «Shrek» n’en finit plus de témoigner l’amour qu’il porte à «son» club depuis cette triste affaire. Après avoir roulé une pelle au fanion du club à Ibrox Park, le rouquin a même accepté de se faire monter dessus par un supporter éméché. A croire qu’il serait prêt à laisser la vedette à Berbatov pour se faire pardonner. Quoi ? Il l’a également fait. Décidément, le putanier le plus célèbre du nord de l’Angleterre veut absolument redorer son blason. Mais le chemin de la rédemption est encore long…
Parlera-t-on ici de la nouvelle mode qui semble envahir les footeux (enfin nouvelle mode, disons que c’est désormais un peu plus médiatisé…) : les voyages réguliers chez les prostituées de luxe pendant que la «wag» de service pouponne à la maison ? Non, ce n’est vraiment pas notre genre… Et qui sommes-nous pour les juger, hein ? CartonRouge.ch a d’ailleurs longtemps voulu lancer sa propre agence de voyages (CartonRougeTravel.ch) qui aurait eu pour but d’offrir un match au Parc de Prince, un hôtel en banlieue et un voyage dans Zahia pour la modique somme de 3’000 euros TTC le week-end…
Reste qu’on ne manquera pas de regretter ce feuilleton marqué du sceau du pognon et du profit maximum. On est peut-être naïfs, on est certainement très cons, mais on aurait aimé un peu plus d’amour-propre de la part de Rooney. Le ca de Mamadou Niang ou celui des footeux partis pour le «challenge» au Qatar, ça commence à lasser. On pensait que le bon Wayne, tel le vrai Britchon à la tête dure, n’était pas de cette trempe. On s’est foutu le doigt dans l’œil jusqu’à l’intestin grêle et on lui remet donc avec un certain plaisir le

Pigeon d’Or d’octobre 2010

Wayne Rooney est le neuvième et dernier Pigeon d’Or mensuel de l’année. L’Anglais complète ainsi le plateau des finalistes composé de Larry Ellison, Brian Joubert, Florentino Perez, Edmond Isoz, Stéphane Henchoz, Raymond Domenech, Lance Armstrong et Alberto Contador. Cette finale débutera d’ailleurs dans quelques jours, ami lecteur !
Election du Pigeon d’Or d’octobre – classement final :
1. Wayne Rooney : 131  votes – 27.3 %
2. Sarah Marquis : 122  votes – 25.4 %
3. Francesco Totti : 82  votes – 17.1 %
4. LaShawn Merritt : 56  votes – 11.7 %
5. José Manuel Pinto : 52  votes  – 10.8 %
6. Philippe Bozon : 37  votes – 7.7 %
Nombre de votes : 480