Entropie, l’exemple du LHC

Absence de système de jeu pour les uns, niveau de jeu catastrophique de la part de ceux qui devraient tirer l’équipe vers le haut pour d’autres, gardien passoire, maillots noirs, Section Ouest… Chacun y va de sa petite théorie pour expliquer ce début de saison pour le moins mitigé. Tentons alors une approche plus scientifique. Et si le LHC était simplement soumis – comme tout système physique – à la loi de l’entropie ?

Commençons tout d’abord par cette info : le LHC persiste et signe dans le recyclage d’anciens éléments ayant joués pour le club vaudois. Eric Himelfarb rejoindra Lausanne pour une période de 2 mois si les modalités administratives liées à son engagement sont résolues. Mais revenons à nos moutons.Pour les nuls, voici un bref rappel de ce concept. L’entropie est une grandeur physique abstraite qui donne une indication sur le degré de désordre d’un système donné. Son avantage est d’être applicable à une multitude de domaines, de la description de l’extension de l’univers au niveau de bordel que l’on a sur son bureau si on n’a rien rangé depuis un certain laps de temps. La difficulté à donner une définition intuitive de l’entropie d’un système vient du fait qu’elle ne se conserve pas. Elle peut augmenter spontanément lors d’une transformation irréversible. En effet, selon le second principe de la thermodynamique, l’entropie d’un système isolé ne peut pas diminuer, elle augmente ou reste constante si la transformation est réversible. En résumé et vulgairement parlant, tout tend vers le bazar ! En considérant le LHC comme paramètre d’étude, ça se tient.

Application au LHC

Plus l’entropie du système est élevée, moins ses éléments sont ordonnés, liés entre eux, capables de produire des effets mécaniques, et plus grande est la part de l’énergie inutilisée pour l’obtention d’un travail ; c’est-à-dire gaspillée de façon incohérente. C’est sûr, le travail effectuée par certains joueurs est loin d’être suffisant et cette énergie dite inutile se manifeste souvent sous forme de mauvais gestes, de complaintes, voire de bagarres.
Concentrons-nous maintenant sur le caractère idéal ou réel du LHC. A priori, la première hypothèse ne peut prévaloir, compte tenu des événements passés du côté de Malley. Si tout était idéal, nous n’aurions pas non plus cette discussion et le club vaudois nagerait dans un monde parfait. Considérons donc la deuxième hypothèse (cas réel) comme point de départ : une transformation affectant un système thermodynamique est dite réversible si elle est quasistatique et s’effectue sans frottements entraînant un phénomène dissipatif de chaleur. Sur ce point, ça joue : la vitesse des éléments composant le Lausanne Hockey Club peut effectivement être qualifiée de «quasistatique» alors que les frottements sont réduits à leur strict minimum au vu de l’absence de tout jeu physique de la part des Lausannois.

Du hockey au chaos

Paradoxalement, la transformation réversible peut être définie comme un modèle idéal dans le cas du LHC (à rapprocher du modèle idéal du gaz parfait par exemple) : en effet, la transformation doit se faire de manière très lente (le niveau de Leeger, Keller, Staudenmann n’a que très peu évolué lors de leurs dernières sorties), le déséquilibre des variables d’état doit être très faible (heureusement pour l’équipe, les joueurs savent néanmoins toujours patiner et rester debout) et en minimisant les frottements (réussite totale à ce niveau comme cité plus haut).
Les transformations réelles sont irréversibles à cause de phénomènes dissipatifs. Ces derniers se manifestent sous forme verbale (Bonnet) voire physique (Kamerzin). Le système ne peut jamais spontanément revenir en arrière (en cas d’attaque kamikaze lausannoise, un surnombre ajoulot est automatiquement créé en contre). Aussi, sitôt que Lausanne est mené au score, il lui est impossible de renverser la situation. L’énergie perdue par le système sous forme de chaleur contribue à l’augmentation du désordre global. En situation défavorable, les pensionnaires de Malley accumulent les pénalités et par conséquent, doivent utiliser davantage d’énergie pour rester au contact occasionnant du coup plus de pertes par chaleur. Ce désordre est donc mesuré par une fonction d’état appelée entropie : S, introduite par le second principe de la thermodynamique.
Alors que le premier principe est un principe de conservation de l’énergie, le second principe est un principe d’évolution. Il stipule que toute transformation réelle s’effectue avec augmentation du désordre global (système + milieu extérieur) ; le désordre étant mesuré par l’entropie. On dit encore qu’il y a création d’entropie.

Le Lemme de Fadri

Comme dans toute théorie absolue, il y a des limites. En l’occurrence, le théorème absurde limite, ou Lemme de Fadri, du nom de l’esprit éclairé qui a refusé de pousser l’absurde dans ces derniers retranchements en rejoignant le HCA depuis Kloten. Ce physicien de génie a donc prouvé qu’il existe bien une limite à l’entropie que l’on s’auto-inflige.
L’expression «degré de désordre du système» introduite par Boltzmann – ancien blueliner de l’empire germanique – peut se révéler ambiguë. En effet, on peut aussi définir l’entropie comme une mesure de l’homogénéité du système considéré. Là aussi, c’est loin d’être le cas dans le système LHC, une équipe faite d’individualités ne possédant pas de lien solide entre elles. Pourtant, il aurait été possible de travailler selon une logique qui a fait ses preuves ailleurs : la continuité. En remodelant l’équipe de manière significative, en laissant partir des éléments qui jouaient ce rôle de ciment, le club a une fois de plus dû repartir du début. Il y avait bien l’occasion de rapatrier l’un de ses fameux éléments, un pion essentiel (le matricule numéro 17) qui avait joué un grand rôle durant les précédents saisons, mais les dirigeants lausannois n’ont pas jugé utile de le réintégrer dans un système manquant cruellement de stabilité. Une erreur de plus…
Faisons alors l’analogie suivante : l’entropie d’un tableau parfaitement lisse et blanc est maximale et ne contient aucune information visible (l’actuel LHC, avec des éléments au registre semblable). Si on y ajoute un point coloré (Sigrist, Della Rossa, Alston (là on va encore me taxer de raciste), Crosby…), l’entropie est moins élevée, et une information a été ajoutée. Ceci illustre pourquoi, à la naissance de la théorie de l’information, la quantité d’information contenue dans un système était appelée «néguentropie». Tout système isolé, siège d’une agitation aléatoire, tend spontanément à s’homogénéiser de manière irréversible, et donc d’être moins efficace dans le cas du club lausannois. C’est pourquoi la notion d’entropie, telle qu’elle est définie par la physique statistique, a été utilisée en théorie de l’information par Claude Shannon (le fameux directeur sportif des Swimmers de Fond-Du-Lac, Wisconsin) au début des années 1950 pour mesurer la perte d’information. Cette théorie peut donc parfaitement être appliquée au Lausanne Hockey Club, comme nous venons de le démontrer. Cqfd.
PS : Notons également l’excellent match – une fois n’est pas coutume – de Didier Massy ! Le dernier Lausanne – GCK Lions lui avait notamment valu une promotion pour arbitrer en LNA.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Ajoie 1-4 (0-0 1-0 0-4)

Malley, 3368 spectateurs.
Arbitres : MM. Massy ; Huggenberger et Wermeille.
Buts : 35e Villa (J.Roy, Kamerzin) 1-0, 49e Bartlomé (Runhke) 1-1, 49e Desmarais (Barras, S.Roy) 1-2, 55e S.Roy (Barras) 1-3, 59e Desmarais (Barras/5c6) 1-4.
Pénalités : 2 x 2′ contre Lausanne ; 4 x 2′ contre Ajoie.
Tirs cadrés : 44-26 (18-7 19-5 7-14)
Lausanne : Tobler; Stalder, Schilt; O.Keller, Kamerzin; Leeger, Villa; Chavaillaz, Weisskopf; Schnyder, J.Roy, Maneluk; Fedulov, Bonnet, Frunz; Augsburger, Miéville, Gailland; Lussier, Staudenmann, Zeller.
Ajoie : Rytz; Hauert, Rauch; D’Urso, Hostettler; Orlando, Studer; Zanatta; Barras, S.Roy, Pedretti; Tuffet, Portmann, Desmarais; Lüthi, Runhke, Bartlomé; Steiner, Schüchter, Zangger.
Notes : Lausanne sans Tremblay (blessé, indisp. 4 à 6 semaines), Abplanalp (blessé, indisp. 4 semaines), ni Grieder (surnuméraire) ; Ajoie sans Chétélat et Posse (blessés). 9e latte de Bonnet.

Écrit par Mathieu Nicolet

Commentaires Facebook

14 Commentaires

  1. Je voulais juste remercier tous les gars de CartonRouge pour la soirée d’hier.

    J’en ai encore les abdos autant tendus que la peau sur le visage de Jocelyne Wildenstein. Heureusement que j’avais la voiture et qu’on devait rentrer au Jura, sinon je pense que mon débit de bières auraient été autant important que celui des conneries dites, juste mythique.

    Merci aussi a Romain Glassey pour nous avoir éclairé sur le fait qu’à la TSR, c’est comme les manettes de jeu vidéos, c’est mieux avec un PAD…

  2. Si on résume un peu, l’entropie est donc une grandeur extensive, résultant de la somme des entropies des éléments constituants le système. Par une suite de calculs, on obtient l’inégalité dite « de Clausius » (power forward latin) pour les transformations irréversibles (le cas qui semble se profiler du côté de Malley).

    La conséquence de l’inégalité de Clausius (l’entropie du sytème est supèrieur à la chaleur fournie par le système au cours du temps) est (je passe les détails, je suis biologiste pas physicien) :
    La quantité de travail UTILE fourni par le système est plus importante lorsque la transformation est REVERSIBLE.
    Et à la décharge de mon système préféré (LHC hein…), les frottements sont la principale cause d’irréversibilité, donc c’est pourquoi on essair de les minimiser (ok, là, c’est plus de l’évitement que de la minimisation).

  3. J’ai pas tout compris pour être honnête…et pour simplifier: au bout du compte c’est toujours le LHC qui perd et Desmarais qui marque….!

  4. Pour un licencié EPFL (Ecole Primaire des Fainéants de Lausanne) boucher-chauffeur-livreur-magasinier comme moi, l’entropie c’est :

    Une maladie de type vulvo-vaginite-pustuleuse-infectieuse des bovidés…

    Ou alors une file d’attente interminable quand je suis en livraison et qui m’empêche d’être à l’heure à l’apéro…

    Ou encore la mauvaise ambiance ambiante qui règne à la maison avec mon épouse quand je me suis fait 3-4 matchs de football des talus par week-end, ou que je reviens d’un match du LHC…

    Mais tout ceci peut-être réversible…

  5. Cet article, ainsi que tous les commentaires qui s’en suivent, juste là en dessus, c’est un pur délice à lire. Du tout grand CartonRouge, les gars !!
    Peut-être d’ailleurs que le LHC est comme le Monsieur Jourdain de Molière, il fait de l’entropie sans s’en rendre compte ? Irréversible ?

  6. 38 buts encaissés en 9 matchs (4,22 buts/match), c’est là qu’elle est l’entropie. Mais le LHC peut toujours faire (entro)pire.

  7. Excellent!! Vraiment bon et bien décallé. Ca faisait un bail!

    Je ne peux m’empêcher d’imaginer ça « Paradoxalement, la transformation réversible peut être définie comme un modèle idéal dans le cas du LHC (à rapprocher du modèle idéal du gaz parfait par exemple) »

    Des chocs élastiques? Ca deviendrait vite le bordel au niveau des charges 😉

  8. C’est facile à dire dans ces moments là… mais je pense que le yack manque un peu de bouteille…. bien qu’il ait fait ses premières armes en valais….. Au fait à quand le retour de Pecker, le LHC étant le spécialiste pour engager de futurs blessés qui étincelaient dans leur précédent club.

  9. J adore lire ces articles sur le LHC … Ce club qui n arrivera pas a monter dans l élite avant un bon petit moment !!! Arrêter de parler de système de jeu laissez ça aux gens compétant !! Continuez a jouer a NHL 10 … Lausanne en LNA ha ha ha

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.