TC valaisan : une certaine habileté dans le lancer du dé

La roue tourne dans le paysage du football suisse. Cible de toutes les moqueries en raison d’une débâcle sportive similaire à celle connue par l’ex-dream team de Marc Roger, Neuchâtel Xamax est désormais craint de toutes les équipes du championnat suisse. De son côté, Sion ne séduit plus depuis de nombreux matches. Si les résultats s’enchaînaient encore jusqu’à ce jour, ceux-ci ne semblaient plus que tenir à un fil. Vanczak et ses potes avaient la lourde mission de mettre un terme à la suite logique du cycle.

Sur la feuille de match, le onze de base du Tribunal Cantonal valaisan n’aura surpris personne tant il était couru d’avance que les nouvelles recrues allaient finir par se voir condamnées par le lancer du dé hebdomadaire des différentes justices. Nouvellement instauré dans cette affaire, le principe juridique du tirage au sort de l’équipe du week-end semble avoir de beaux jours devant lui. Une tragédie pour la plupart ; un coup du sort étrangement salutaire pour d’autres… Et l’on ne saurait donner tort à ces derniers tant l’équipe du FC Sion allait à nouveau mériter ce qualificatif d’équipe…

Un collectif retrouvé

Dotée d’une combativité et d’une solidarité retrouvée à l’image d’un Rodrigo autrefois délaissé et pourtant au sommet de son art en cette soirée, l’équipe affaiblie allait prendre les choses en main d’entrée de partie. En misant sur deux joueurs aussi vifs qu’imprévisibles sur ses couloirs, Roussey allait également créer un potentiel offensif  en mesure de faire bouger les défenses adverses. Pas toujours très réguliers, mais très inspirés lors de ce match, Sio et Yoda combinaient dès la 7ème minute pour un premier avertissement sans frais. La défense neuchâteloise peinait à rectifier le tir lorsque 4 minutes plus tard, Rodrigo adressait une passe géniale pour Karim Yoda qui parvenait une fois encore à se déjouer du marquage. Contraint au tout pour le tout, Bédénik repoussait sur Afonso qui voyait sa reprise manquée chanceusement franchir la ligne de but.

Symbole d’un collectif retrouvé, Sion enchaînait par une action de manuel. Décisif à Servette malgré une prestation peu académique, Sauthier gardait la confiance de Roussey. A l’origine d’excellentes relances durant toute la partie et d’un une-deux de toute beauté sur cette action, le jeune Valaisan lançait une offensive éclair conclue par ses deux ailiers pour le 2 à 0. A la surprise générale, le nouveau Xamax se faisait assommer en 20 minutes par des Sédunois qu’on croyait pourtant au creux de la vague après quelques victoires peu convaincantes et par-dessus tout, une bien triste défaite à GC.

Une trop brève réaction xamaxienne

Victor Munoz gardait sa lucidité en réagissant par un premier changement dès la 27ème minute. Invisibles jusque-là, les Neuchâtelois retrouvaient des couleurs. Treand, notamment, semait la panique par ses accélérations au sein de la défense  valaisanne. Mais bien regroupée et travailleuse, cette dernière se sortait gagnante de tous les cafouillages. La révolte fut rapidement matée et les locaux purent allégrement se contenter de gérer la seconde période face à des adversaires qui ne semblaient plus y croire.
Au final, en dehors d’une sortie décisive et parfaitement maîtrisée, Vanins aura passé une soirée bien tranquille. Le Letton le doit notamment à un Vanczak impressionnant de rigueur et un Rodrigo venu tout droit d’une autre planète. La place de Gabri, auteur de performances encourageantes mais encore trop superficielles, semble loin d’être assurée. Un signe peut-être qu’avec du cœur, le football peut encore se jouer sur le terrain. En exerçant un pressing de tous les instants au côté de son collègue ivoirien, Rodrigo aura restreint au maximum la liberté d’action des Neuchâtelois. Si Obradovic fut ce dimanche moins inspiré, le défaut passa quasi inaperçu tant le Brésilien aura également multiplié les ouvertures géniales. Déjà à l’origine du 1-0, une autre d’entre elles aurait encore pu tuer le match si Afonso n’avait pas gâché son énorme chance de but seul face à Bédénik. Meilleur que Mrdja dans ses remises de la tête, Afonso aura été décisif sans toutefois lever les doutes relatifs à son sang-froid dans le dernier geste. Rodrigo, encore lui, adressait une passe latérale en or, mais le nouvel attaquant numéro 1 du club manquait d’inspiration en frappant instinctivement sur le premier défenseur.

Elmer : l’inexplicable boycott

Pour l’anecdote qui n’en est pas vraiment une, tant l’histoire est surprenante, Elmer fut enfin ressorti du tiroir. Révélation lancée par Laurent Roussey, il avait été porté aux nues par les différents médias pour son envie et ses passes décisives avant d’être replongé par le même entraîneur instantanément et sans raison apparente dans l’anonymat le plus profond. Victime d’un quasi boycott depuis la finale de Coupe, il n’avait pratiquement pas eu droit à la moindre minute de jeu malgré les débuts difficiles de Crettenand et Zambrella sur les côtés. Pire encore puisqu’on ne lui avait même pas donné droit au chapitre en 1ère ligue. Quoiqu’il en soit, il montra de bonnes dispositions lors de ce bref retour et le mystère reste entier.

Menacé de toute part, le football n’est pas mort

Malgré le succès inespéré de cette saison, la situation ne saurait durer. En lutte toujours, contre tout et contre tous, Constantin n’aurait même pas peur de lui. L’équipe de Serbie devrait désormais le dédommager pour avoir incité son joueur à se blesser. Si la colère est compréhensible, l’action l’est un peu moins. Par bon réflexe, il omet de tenir compte de la plus-value que des sélections en équipe nationale peuvent apporter sur le marché des transferts. L’évaluation du dommage réel donnerait lieu à des calculs impossibles. Le traitement constantinien du football ne fait que suivre son cours normal… Au bilan, le combat aura eu le mérite de secouer un peu l’aristocratie du football mondial et certains pourront arguer que la situation aura eu le mérite de sans cesse relancer la détermination des troupes. L’argument se tient. Mais l’apport de ce scandale se limitera là et il serait justement bon qu’il n’en vaille pas la peine. Car malgré les résultats, les supporters se lassent fort heureusement que le football puisse pareillement se jouer en dehors des terrains. Par ailleurs, Sion aura gagné en qualité individuelle, un élément qui n’aura rien pesé contre la perte de l’âme d’un groupe. En s’obstinant à vouloir titulariser l’équipe solidaire et vivante du début de saison, Platini, Blatter et compagnie avaient peut-être vu juste. La situation est cocasse et ne manque pas d’apporter un sacré plus au pathétisme ambiant. On les en remercie. Car si l’on s’en tient aux différentes performances du club depuis le début de la saison, le coup de pouce du TC résultant des instances sportives fut salutaire.
Inconsciemment ou non, le public valaisan retrouve systématiquement du plaisir à voir ses gars mouiller le maillot, que ce soit à Bâle au terme d’un match épique ou lors d’une défaite arme à la main face à YB. Il en a moins lorsque son club se fait écraser à domicile ou gagne à Lausanne sans état d’âme. Les exemples se multiplient et la différence d’état d’esprit ne saurait encore être mise sur le compte du hasard. La réalité du terrain devrait permettre de tirer les nouveaux de leur piédestal… ou à défaut, de donner le courage d’en tirer les conséquences…

FC Sion – Neuchâtel Xamax 2-0 (2-0)

Tourbillon, 9’800 spectateurs.
Arbitre : M. Graf.
Buts : 11e Afonso 1-0, 18e Yoda 2-0.
Sion : Vanins; Sauthier, Vanczak, Dingsdag (87e Elmer), Buehler; Rodrigo, Serey Die; Sio, Obradovic, Yoda (68e Crettenand); Afonso.
Neuchâtel Xamax : Bedenik; Gomes, Navarro, Besle, Facchinetti; Wuethrich (27e Veloso, 78e Dampha); Basha, Victor Sanchez, Tréand (78e Seferovic); Uche, Arizmendi.

Écrit par Eric M.

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4 Commentaires

  1. je pense que le changement de la 27ème minute (veloso pour wütrich) n’a pas de cause tactique, mais a été effectué pour cause de blessure de wütrich, taclé « à la bûcheron » et blessé quelques minutes auparavant par Buhler.

    ça fait un peu « tir sur l’ambulance » que de le répéter, mais la pelouse de tourbillon est indigne d’une première division.

    Sur les 9’800 spectateurs, 5000 devaient êtres cachés dans le stade, ou sous une table, c’est selon. Ou la personne chargée du décompte devait être sérieusement bourrée et voire double (ceci expliquerait cela)

    sinon rien à redire sur la victoire sédunoise, méritée et logique.

  2.  » don fouinardo »

    c’est pas parce que vous avez un stade playmobile dans lequel on ne peut rien metter que c’est le cas de tout le monde.
    les 9800 étaient peut-être exagéré, mais il y avait à coup sûr entre 8 et 9000 personnes au stade.

    N’oublie pas que derrière le but notre gradin nord est plus grand que vos tribunes, et qu’il s’agit de places debout (= 4000 personnes). En plus la tribune latéral côté Sierre était a moitié pleine… celle côté Martigny un quart on dira, plus le gradin Sud.. Le compte y est

  3. don fouinardo

    -> On l’annonce blessé? Quoiqu’il en soit, t’as bien fait de le souligner…
    Pour ce qui est du terrain, il ne mérite plus vraiment la sale réputation qu’on aimait lui coller. A l’époque, tout le côté ouest était impraticable. On est maintenant bien loin du bourbier de ces années…

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