Rugby sur l’ongle

Aujourd’hui démarre le championnat du monde de rugby en Nouvelle-Zélande. Voilà pour la mauvaise nouvelle. La bonne ? Les matches auront lieu en plein milieu de la nuit et en matinée. Une subtile adaptation de votre horloge biologique devrait vous permettre de faire comme si de rien n’était.

Le fan de sports moyen suit bien volontiers les modes. Que ce soit Usain Bolt, Roger Federer, Alinghi ou encore le FC Barcelone, le «sportix» ne rate pas une occasion de supporter les vainqueurs. Parmi les lubies de cette masse visible figure l’amour immodéré du rugby. Faites le test vous-même. Autour d’une table, lancez un «de toute façon, le rugby c’est qu’un sport de connards.» Sans avoir le temps de reprendre votre souffle, il y aura immédiatement une personne pour vous contrer avec un «T’as pas le droit de dire ça.» Impossible de critiquer cette activité. Faites le même test avec le kayak en eaux-vives ou le tir au pistolet et les réactions seront beaucoup plus modérées. Définitivement, on n’a pas le droit de ne pas aimer le rugby. Et dire qu’on va en prendre pour un mois avec ce tournoi.J’ai beau chercher, je ne comprends pas la fascination qu’ont les gens pour le rugby. En Suisse, environ 1% de la population comprend les règles, mais ça n’empêche pas tout le monde de pondre des thèses sur le haka, la force de percussion des All-Blacks ou sur la coupe de cheveux de Sébastien Chabal. Ha ben tiens, en voilà une autre bonne nouvelle. L’homme des cavernes ne sera pas de la partie. Ca va déjà diviser par deux la masse d’articles dans les journaux concernant ce tournoi. Mais malgré tout, la «rugbymania» devrait à nouveau prendre. Quelle galère ! Et vas-y que je te fais l’accent du Sud de la France, putaing. Et vas-y que je me mets des gros coups d’épaules dans les bars pour faire genre. Déménager en Islande pourrait être une solution idéale pour éviter ce tournoi.
Sans être exhaustif, voici dix raisons de détester cette activité. N’hésitez pas à rajouter les vôtres.
1) Le public. Quelqu’un pourrait-il m’expliquer concrètement l’attrait du rugby ? J’ai posé la question autour de moi et, rapidement, l’argument «ambiance» – «public» – «youpi les fleurs» a fait son apparition. C’est simple, dès que l’on parle de rugby, le football devient immédiatement un sport de gros beaufs qui se mettent sur la gueule en picolant durant 90 minutes. Les fans du ballon ovale, eux, sont fair-play, rigolos, gentils et j’en passe. Alors qu’un bon «Ho Hisse Enculé» dès qu’un gardien dégage est du plus bel effet durant un match de foot.
2) L’inintérêt télévisuel. J’avoue n’avoir jamais tenu 80 minutes d’un match de rugby. En regardant les reflets filmés, pourtant, je n’arrive pas à y voir de «highlight». Un type court seul face à un terrain vide. Voilà grosso-modo les meilleurs moments d’un match de rugby. Le reste du temps, il ne se passe pas grand-chose d’un côté du terrain avant qu’il ne se passe à nouveau pas grand-chose de l’autre côté. C’est un peu léger pour nous vendre ça comme un sport passionnant.
3) Les Iles Tonga. Lorsqu’une telle nation fait partie du gotha mondial d’une discipline, j’estime être en droit d’en questionner la crédibilité.

4) L’homosexualité latente. Sans entrer dans une guerre des déviances, je dois dire que les joueurs de rugby sont suspects. Culs nus sous la douche deux par deux à se faire prendre en photo dans des postures étranges, moi je ne trouve pas ça d’une virilité extrême. C’est pourtant sur l’autel de «Le rugbyman est un homme. Un vrai.» que cette activité est vendu aux femmes. Les maillots moulants roses, ça fait gonzesse.
5) L’absence crasse de contestation. Un sport où l’arbitre a toujours raison et n’est jamais remis en cause est malsain. On frise d’ailleurs la dictature. Je veux bien que voir 10 Barcelonais s’agglutiner autour d’un arbitre après chaque coup de sifflet est totalement insupportable, mais ne pas avoir le droit de discuter avec le directeur de jeu m’est totalement insupportable.
6) Les oreilles décollées.
7) Appeler un «but» un «essai». J’ai toujours pas compris pourquoi cette dénomination. Ils essayent quoi?
8)  Où est passée la glorieuse incertitude du sport ? On peut déjà lancer les paris. Les demi-finales de cette compétition mettront aux prises la Nouvelle-Zélande, la France, l’Angleterre et l’Afrique du Sud. A la limite l’Australie viendra jouer les trouble-fêtes, mais finalement la Coupe du monde de rugby c’est un tournoi de cinq nations au format mondial. Pourquoi nous emmerder durant des plombes pour ça ?
9) Quelles qualités ? Vous souvenez-vous du petit gros toujours pris dernier dans la cour de récréation lors des matches de foot ? Mais oui, vous savez, celui qui n’arrivait pas à courir sans être essoufflé. Il est depuis devenu international suisse de rugby.
10) Le ballon rebondit n’importe comment.

Écrit par Gary de Bourge