Une parodie de hockey

Oui d’accord, c’est toujours sympa d’assister à une avalanche de buts, avec en prime une rouste à la clé. C’est aussi chouette lorsque des joueurs tombent les gants et se foutent sur la gueule (non Monsieur Bastardoz, ce sont des choses que l’on veut voir). Mais cette revanche entre le LHC et Sierre n’a pas fait honneur au hockey sur glace sur le plan purement sportif, et ce tant au niveau du jeu présenté que de l’approche tactique – côté valaisan évidemment.

Assister à autant d’approximations et d’hésitations dans le jeu de transition n’est certes pas trop étonnant en LNB. Mais dans ce cas, le mal oculaire était franchement douloureux. La physionomie du match n’a pas aidé, bien sûr, mais le sentiment reste mitigé en regard du dénouement de cette rencontre. Des jolis buts, il y en a eu comme le bijou signé Setzinger au début de la période médiane, lequel a fait basculer la rencontre. La bombe de Chavaillaz (non, pas sa copine) au troisième tiers fut aussi belle à voir, mais pour le reste, on repassera. Couplé à un arbitrage pas toujours cohérent, nous n’avons d’autres solutions que de décliner ce match entre le LHC et Sierre – il se murmure que le brillant inventeur du concept de «derby rhodanien» est maintenant sous surveillance policière – en huit points, dont six qu’il va être très difficile de revoir un jour sur une patinoire.1. Première Caminaderie
John van Boxmeer a beaucoup insisté sur l’aspect de la concentration, notamment d’être concerné durant les 60 minutes que dure une rencontre et de bien réussir les entames de match. Ses joueurs l’ont suivi au pied de la lettre : suivant une pénalité du Sierrois Bagnoud après quelques secondes de jeu seulement, Caminada a parfaitement profité de cette première supériorité numérique lausannoise en expédiant la rondelle dans les filets d’un maître tir en pivot. Du grand art ! Bon, ce n’était pas dans le bon but mais qu’importe, l’intention y était. Couler les Valaisans dès le début n’aurait de plus pas été très cavalier. Autre avantage : le LHC obtiendra sans doute une visibilité mondiale au travers des sites tels que Youtube, Dailymotion et autres bêtisiers. Tous les spécialistes en matière de marketing vous le diront : on s’en fout de la manière, tant qu’on fait parler de nous. Statistiquement par contre, c’est un peu plus compliqué. Nombre de tirs reçus : zéro, nombre de buts encaissés : un. Pourcentage d’arrêts : impossible. Pire que le noircissage, le trou noir.

2. Maître Jean Lob
Les adversaires des Vaudois l’ont bien deviné, le principal handicap du portier lausannois est sa taille version Chef d’État français, sauf qu’il n’y a pas de Chirac pour se foutre de sa gueule, enfin pour autant qu’il s’en souvienne. Bref, après une égalisation somme toute logique inscrite par Sigrist, Wes Snell s’est essayé à un geste technique de haut vol : le lob lifté dévié. Caminada, croyant à tort que le défenseur sierrois allait envoyer une cacahuète de la bleue, s’est mis directement à genoux. Grave erreur. Le pétard mouillé de Snell a pris une curieuse trajectoire et s’est logé dans la lucarne d’un gardien lausannois lobé en beauté. Esthétiquement, la note technique ne peut dépasser la moyenne, mais ça fait le même effet au tableau d’affichage. Les Sierrois ont donc pu maintenir l’illusion.
3. Hors-jeu !
Il reste deux secondes et trois dixièmes à jouer dans cette période et l’engagement est donné dans la zone de défense valaisanne, sur la gauche des buts de Zerzuben. Dans ce cas de figure, l’option tactique est de remporter l’engagement afin qu’un joueur situé en retrait puisse armer un tir qu’il espère victorieux. Sentant le coup, les cinq joueurs sierrois sont montés comme des dératés sitôt le puck lâché. Problème : Colby Genoway a bénéficié d’un contre favorable, Staudenmann et Conz se sont alors retrouvés tout seuls face au gardien valaisan. Trop facile. Conclusion numéro un : ne jamais tenter systématiquement l’option footballistique du hors-jeu. Conclusion numéro deux : ne jamais céder à l’appel des toilettes ou de la saucisse grillée avant la sirène. Pour ceux qui ont manqué ce chef d’œuvre, ça vous apprendra.
4. Morgan, fais-nous rêver
A la suite d’une deuxième période bien maîtrisée par le LHC et grâce à un HC Sierre bien émoussé physiquement, Morgan Samuelsson en a refait une belle. Il y a quelques années, le «tacticien» suédois avait expérimenté à Malley même la fameuse carotte en laissant continuellement Lee Jinman à la ligne bleue. Génial au point que le Canadien avait dû se coltiner durant toute la partie un sac à dos lausannois et que le jeu s’était du coup disputé intégralement à 4 contre 4. Cette fois ci, Samuelsson a fait une McSorley poussé à l’absurde : il reste 11 minutes de jeu et son équipe a 4 buts de retard. Le coach sort alors son gardien pour évoluer à 6 contre 5. Vu que Sierre a tellement bien assuré son jeu de transition en zone neutre durant toute cette rencontre, Kamerzin a logiquement ajusté le but vide. Bravo.

5. Morgan, fais-nous rêver (bis)
Soucieux de soigner son goal-average, Morgan Samuelsson a refait le coup une minute plus tard. Circonstance atténuante, le HC Sierre joue avec deux hommes de plus sur la glace. Hélas, ce n’est pas suffisant : Helfenstein hérite du puck et peut tranquillement marquer dans le but à nouveau délaissé par Zerzuben. Il faut dire que l’engagement avait été donné en zone neutre ! A l’heure actuelle, on cherche toujours ce qui est passé par la tête à l’entraîneur sierrois à ce moment… Oui, il est évident que si Sierre avait réduit la marque, la situation aurait totalement été renversée et le LHC aurait complètement sombré face à ces Valaisans métamorphosés.
6. Morgan, fais-nous rêver (ter)
Peu de temps après, les Lausannois se sont demandés si Zerzuben allait à nouveau sortir si ces derniers n’étaient plus que trois. Farceur, John van Boxmeer a envoyé simultanément 18 joueurs sur la glace afin de récolter un imparable surnombre. Malheureusement, Samuelsson n’a pas été aussi joueur : en dépit d’un engagement en zone défensive lausannoise, le grandiose Morgan n’a pas bronché et le gardien valaisan est resté dans ses buts. Pourtant, c’était justement à ce moment qu’il fallait faire le McSorley du pauvre.
7. Morgan, fais-nous rêver (quater)
Euh, non finalement on s’arrêtera là pour aujourd’hui.
8. A ma gauche et à ma droite
Xavier Reber n’est pas du genre futé : vouloir se battre avec Alain Reist n’est généralement pas une bonne idée, surtout que ce dernier affectionne cet exercice. Une fois les gants tombés, deux poings ont suffi au solide défenseur pour cette mise au point. A genoux, Reber en a même redemandé ! Quand on aime, on ne compte pas. Plus surprenant est le craquage du très timide et réservé Sigrist. Cette baston face à Bagnoud s’est soldée sur un nul. Les deux Lausannois ont ensuite quitté la glace sur une standing ovation. Un show du genre, on en redemande !

Finalement, l’addition aurait pu être plus sévère si Augsburger n’avait pas manqué son duel face à Zerzuben en rupture et si Chavaillaz n’avait pas manqué le but vide durant le deuxième tiers. C’est vrai, un hat-trick du jeune Lausannois aurait fait un peu tache sur la feuille de match, mais le LHC aurait pu surmonter cette épreuve.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Sierre 11-3 (2-2 3-1 6-0)

Malley, 4917 spectateurs.
Arbitre : M. Wirth.
Buts : 1re Jé.Bonnet (4c5!) 0-1, 10e Sigrist (Dostoinov, F.Conz) 1-1, 16e Snell (Zanetti, Scherwey) 1-2, 20e (20’00’’) F.Conz (Staudenmann) 2-2, 22e Setzinger 3-2, 27e Wirz (Dällenbach, Cormier) 3-3, 31e Stalder (Setzinger/5c4) 4-3, 38e Genoway (Stalder, Setzinger) 5-3, 44e Conz (Genoway/5c3) 6-3, 44e Chavaillaz (Dostoinov, F.Conz/5c4) 7-3, 50e Kamerzin (Reist/5c6!) 8-3, 52e Helfenstein (4c6!) 9-3, 56e Ulmer (Genoway/4c4) 10-3, 56e Chavaillaz (Stalder/4c3) 11-3.
Pénalités : 10×2’ + 2×10’ (Reist, Sigrist) contre Lausanne ; 15×2’ + 2×10’ (X.Reber, Bagnoud) contre Sierre.
Lausanne: Caminada; Stalder, Chavaillaz; Leeger, J.Fischer; Kamerzin, Reist; Ulmer, Genoway, Setzinger; Antonietti, Augsburger, Mottet; Helfenstein, F.Conz, Staudenmann; Sigrist, Dostoinov, S.Fischer; Primeau.
Sierre: Zerzuben; Dällenbach, Bagnoud; Mattioli, Marghitola; Snell, Gartmann; Svensson, Cormier, Wirz; X.Reber, Jé.Bonnet, Nendaz; Gay, Zanetti, Scherwey; Dayer.
Notes : Lausanne sans Barbero (blessé) ; Sierre sans Jinman, Summermatter, Paterlini, Di Pietro ni Guyenet (blessés).

Écrit par Alexandre Krimine

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