Maître Warluzel, souhaitez-vous défendre un Pigeon ?

Avec beaucoup de retard, CartonRouge.ch est heureux de te présenter la sélection des Pigeons de… mars ! De Jean-Michel Aulas à Dominique Warluzel en passant par John Van Boxmeer, ils ont tous dit ou fait du grand n’importe quoi le mois dernier. Qui mérite de remporter le volatile doré ? Tu as jusqu’au dimanche 13 mai à minuit pour te décider.

Jean-Michel Aulas

Même à l’époque révolue où Lyon survolait la Ligue 1, Jean-Michel Aulas ne s’est jamais distingué par son fair-play. Au contraire, le président lyonnais s’est toujours complu dans les provocations gratuites, les polémiques stériles et les déclarations larmoyantes contre tout le reste du monde voué à la perte de son club. Forcément, maintenant que Lyon ne gagne plus et risque d’être privé de Ligue des Champions pour la première fois depuis plus de dix ans, les choses ne s’arrangent pas. Il ne se passe quasiment plus une semaine sans que Jean-Michel Aulas ne fasse l’actualité pour ses frasques extra-sportives. Après avoir écopé d’un mois de suspension pour ses critiques sur l’arbitrage du match Lyon – PSG, le président rhodanien ne s’est pas calmé, loin s’en faut.
Une nouvelle polémique après un match nul à Rennes, une quasi bagarre dans les vestiaires à la mi-temps d’un match de Coupe de France à Ajaccio et on en passe, le moins que l’on puisse dire c’est qu’à Lyon, le président ne montre pas l’exemple. A tel point qu’il s’est aliéné la plupart de ses homologues de Ligue 1, lassés de ses éternelles provocations et pleurnicheries. Pour ne rien arranger, l’image du gestionnaire rigoureux s’est bien écornée avec les difficultés financières de son club. Jusque-là, les résultats sportifs et financiers brillants de l’Olympique Lyonnais aidaient à passer l’éponge sur les innombrables écarts de son président. Si le résultat et les finances ne suivent plus, il ne va bientôt plus rester que les polémiques ; à force, il va même finir par lasser ses propres supporters.

Christian Gross

Les plus belles années de Christian Gross sont décidément derrière lui. Depuis son passage victorieux à la tête du FC Bâle, le sosie de Kojak passe de désillusions en désillusions. Il avait tout d’abord été licencié du VfB Stuttgart moins d’une année après son intronisation, alors que les Souabes pointaient à la dernière place du classement. Après cet échec retentissant, l’ex-joueur du Lausanne-Sport et de Neuchâtel Xamax acceptait un joli challenge en mai 2011, en reprenant les rênes des Young Boys, club privé de titre depuis 1987.
Avec cet entraîneur de renom aux commandes, le club de la capitale avait annoncé des ambitions très élevées en début de saison : le titre de champion sinon rien ! Quelques mois plus tard, la pilule est amère avec cette peu glorieuse troisième place au classement, à… 22 points du leader et champion en titre bâlois, que les hommes en jaune rêvaient de faire tomber. Eliminé en Europa League avant les phases de poules, sorti sans gloire par Winterthour en huitième de finale de la Coupe de Suisse, le bilan du club bernois frise la catastrophe. D’homme providentiel, Christian Gross est passé en peu de temps à un entraîneur décrié, sur la sellette, dont l’équipe se fait régulièrement siffler pour son manque de résultats et son jeu insipide.
Et si, en fait, Gross n’était qu’une imposture ? Certes, il a fait gagner des titres à GC et à Bâle, mais il disposait alors de contingents largement supérieurs à la concurrence. A la tête de Tottenham, Stuttgart et YB, le Zurichois a obtenu des résultats plus que médiocres et n’a jamais réussi à transcender ses joueurs. Une sorte d’Alain Geiger du riche.

Julien Sprunger

L’image a valeur de symbole : Gottéron est mené 0-2 dans le cinquième match décisif contre Berne, il sort son gardien pour un ultime baroud d’honneur, Julien Sprunger, maillot de top scorer au vent, tente de partir seul sauver la baraque, il perd le puck et permet à Bertschy d’aller classer l’affaire dans la cage vide. Evidemment, ce n’est pas sur cette action que Gottéron perd la série mais cela illustre la faillite des stars fribourgeoises lorsque les choses sérieuses ont commencé.
Pourtant, cette saison, à Fribourg, alors que le club caracolait en tête du classement emmené par sa ligne suisse magique, on était persuadé que c’était la bonne, qu’enfin ce titre qui fuit Saint-Léonard depuis toujours allait tomber. Mais les masques sont comme toujours tombés en play-off. Les statistiques du top scorer fribourgeois parlent d’elles-mêmes : 51 points en 49 matches de tour préliminaire pour un bilan de +24, 6 points en 11 matches de play-off (un seul en cinq matches contre le SCB) pour un bilan de –7. Manifestement, les largesses de ses sponsors parapublics n’ont pas encore suffi à faire de Gottéron une équipe de play-off. En soi, perdre en demi-finale n’a rien d’infamant ; par contre, encaisser trois défaites dans les dents à domicile contre l’éternel rival bernois, sur une série de play-off, ça doit piquer un peu.

John Van Boxmeer

JVB est un loser. Un gros loser même. Avec le CP Berne d’abord, puis avec le Lausanne Hockey Club, l’Ontarien a au moins le mérite d’avoir été régulier : il a toujours royalement merdé avec le plus gros budget de la ligue. Cette saison pourtant, le club de Malley avait attaqué l’exercice de la plus belle des manières, enchaînant les victoires, régalant son public et assurant facilement la première place du classement. Les supporters y croyaient dur comme fer, c’était enfin la bonne année.
Et puis, comme d’habitude avec le Titanic vaudois, tout s’est écroulé à la première difficulté venue, à savoir le terrible Langenthal. Face à un adversaire qui n’avait rien d’un foudre de guerre, la belle mécanique du LHC s’est enrayé et le résultat fut catastrophique : une humiliation 4-2 en finale avec de nouveau le sentiment d’un immense gâchis et d’un énorme foutage de gueule de la part de certains éléments du vestiaire lausannois.
Au cœur de ce naufrage, le capitaine du navire John Van Boxmeer fait évidemment partie des principaux accusés. Incapable d’inverser le cours des choses quand son paquebot était à la dérive, notamment à 2-2 dans la série, le Canadien a étalé toutes ses lacunes au niveau du coaching et de la gestion des hommes. En face, Heinz Ehlers est passé pour un fin tacticien et n’a eu besoin que de deux matches pour déstabiliser un LHC si fébrile. JVB n’a lui jamais semblé être en mesure de trouver les bons mots pour galvaniser ses troupes, ni les bonnes solutions pour gagner cette finale, comme l’an dernier face à Viège. Pourtant, le LHC lui avait offert un assistant de luxe en la personne de Gerd Zenhäusern. Mais rien n’y a fait, Boxy a une nouvelle fois lamentablement foiré et le LHC jouera encore contre GC et Thurgovie la saison prochaine. Le constat est donc terrible pour cet entraîneur qui, non content d’être nul, doit certainement toucher un salaire de ministre.  

Angel Maria Villar

«Vous, membres de la FIFA, êtes intelligents, contrairement à certains journalistes et hommes politiques qui ne savent rien.» C’est en ces termes tout empreints d’autocritique qu’Angel Maria Villar, haut dignitaire de la FIFA et l’UEFA, a balayé les critiques de ceux qui contestaient la réélection soviétique de Sepp Blatter et les attributions farfelues des Coupes du Monde 2018 et 2022. Parmi ses principales attributions, Angel Maria Villar est président des commissions de l’arbitrage de l’UEFA et de la FIFA. C’est donc lui qui fait et défait les carrières d’arbitres, décide de qui va à la Coupe du Monde et qui n’y va pas ou choisit quel arbitre va diriger une demi-finale de Ligue des Champions plutôt qu’un tour préliminaire d’Europa League en Azerbaïdjan. De telles fonctions semblent nécessiter une neutralité absolue mais ce n’est pas comme cela que ça se passe dans le monde merveilleux des hautes sphères du football.
En effet, Angel Maria Villar est également président de la fédération espagnole de football. On ne l’accusera pas de donner de quelconques consignes aux arbitres. Néanmoins, cette double casquette inadmissible induit une pression supplémentaire sur les arbitres, qui savent que certaines décisions peuvent souverainement déplaire à leur patron. Lequel n’hésite d’ailleurs pas à vanter, sur sa page internet à la fédération, aussi bien ses hautes fonctions dans l’arbitrage que sa contribution décisive aux succès du foot espagnol. Après, chacun est libre de penser que les innombrables erreurs d’arbitrage dont ont récemment bénéficié les équipes espagnoles, en particulier le FC Barcelone, dont Angel Maria Villar est réputé proche, ne sont qu’une coïncidence. En tous les cas,  Alfons Godall, ancien vice-président du Barça, a récemment admis que le Villarato n’était pas qu’un fantasme de la presse madrilène et que son club avait pu bénéficier par le passé de ses liens privilégiés avec El Presidente. S’il voulait rétablir la crédibilité écornée de l’arbitrage, Angel Maria Villar devrait abandonner l’une de ses deux casquettes, président de fédération et chef des arbitres, fondamentalement incompatibles l’une avec l’autre. Mais c’est rarement comme cela que ça se passe avec ces caciques du foot mondial, plus prompts à préserver leurs petites prérogatives qu’à défendre les intérêts du sport qu’ils sont censés aimer.

Dominique Warluzel

Quand on a été président, même éphémère, du Servette FC, on ne devrait pas venir au secours de l’éternel rival sédunois. C’est pourtant ce qu’a fait Dominique Warluzel début octobre dans les organes de presse officiels du FC Sion, Le Matin et la TSR, en commentant le litige entre le jouet de Christian Constantin et l’UEFA, après l’octroi de mesures provisionnelles par un tribunal vaudois. Me Warluzel nous expliquait que «c’est un triomphe total pour le FC Sion», «la cause est entendue» et «cela ne pourrait être une déroute plus noire pour l’UEFA». L’avocat genevois n’avait pas dû saisir tous les méandres du dossier et ses pronostics se sont avérés aussi pertinents que ceux d’Elisbateh Tessier prédisant une année 2011 géniale à Dominique Strauss-Kahn. Car, sauf improbable revirement au Tribunal fédéral, le litige FC Sion – UEFA s’est soldé par un triomphe total de l’organisation nyonnaise et une déroute qui n’aurait pu être plus noire pour le club valaisan.
Toujours prompt à occuper le devant de la scène en matière de football, Dominique Warluzel s’est également distingué lors de la faillite du Servette FC. Censé trouvé un repreneur, il a inondé les médias romands avec ses théories fumeuses sur la non-viabilité du foot professionnel en Suisse et l’inéluctabilité de la faillite pour tout club de foot pro dans notre pays. Dans le genre, j’essaie de vous vendre un produit mais je fais tout pour vous décourager de l’acheter, c’était pas mal. Si Hugh Quennec avait écouté les sombres prédictions de son lointain prédécesseur, la cause du Servette FC serait aujourd’hui aussi entendue que celle du FC Sion dans son litige avec l’UEFA. Sion, Servette : Me Warluzel est décidément l’avocat des causes perdues du foot romand, il a juste raté Bulat Chagaev.

A propos Marco Reymond 470 Articles
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19 Commentaires

  1. Warluzel à 100%! J’espérais tellement qu’il figure dans cette liste que je ne peux qu’inciter TOUT LE MONDE à l’élire, non seulement au mois mais aussi à l’année.

    Ces avocats véreux qui exploitent la scène sportive suisse pour se faire de la pub, il faut que ça cesse; et pour cela, il faut que ça se sache. On n’oubliera ainsi pas que Me Barillon, pourtant sans aucun lien avec le sport, a défendu Chagaev – sans succès – avec le cirque médiatique que l’on sait.

    On n’oubliera pas non plus le pire de tous, Christian Lüscher, responsable à lui seul de la première mort du Servette FC (Marc Roger n’a que payé les pots cassés, sans parvenir à les recoller). Et j’en passe…

    Warluzel n’est pas le pire de tous, mais en tout cas le plus ridicule. C’est sur ce critère qu’on attribue un Pigeon, non?

  2. pas aussi lourd que d’habitute…

    Pour Sprunger, j’aurai compris la saison passée mais là…

    Christian Gross ne peut pas non plus faire des miracles. 25 années qu’YB se plante régulièrement

    John van Boxmer ne peut pas non plus faire des miracles. Plus de 100 ans (environ quoi) que le LHC se plante régulièrement.

    On dira Maria Angel Vilar car je déteste ces arrogants dirigeants véreux du foot.

  3. Sarault, Marc Roger a dépensé plusieurs milions pour acheter des joueurs, et de plus les salaires de ceux-ci étaient simplement impayables!
    De plus, luscher étant l’avocat de Quennec, c’est lui qui a mené les tractations avec le clan pishyar, et qui a facilité la reprise du club.. Modère tes propos et renseigne toi!

  4. Effectivement, pas aussi lourd que d’habitude. Mais mon vote ira à Angel Maria Villar, c’est en effet incroyable qu’il puisse avoir ces deux rôles! Mais personne ne doit contredire le sacro-saint Sepp et ses sbires. Warluzel le mérite aussi, mais le pigeon d’or est censé élire des personnalités du sport…

  5. Je vote Warluzel ! L’avocat le plus opportuniste, à côté de la plaque et imbu de lui-même de Suisse romande. Et Dieu sait qu’il y en a des avocats à la rue en Romandie…….

    Il est à l’image du SFC : triste et détestable.

  6. Décidément, vous en avez après Gottéron. Sprunger tête de turc de CR, rien de surprenant, ce n’est pas la 1ère fois.

    Mais, pour parler hockey, quid de Davos ou de Zoug, 2 gros favoris au titre ? Ou de Bezina qui ne voyait pas comment GS pourrait perdre une série contre Rapperswil « qui a été mauvais toute la saison, aucune raison que ça change ! » ?

    Bon, sinon, on va rester suisse, donc je vais voter Warluzel même si Villar est un candidat costaud. Mais bon, il doit déjà être assez triste ce matin de n’avoir aucune équipe espagnole en finale de la LdC.

  7. Sprunger c’est dur…Mème s’il a été à son niveau durant les PO. J’aurai plutot misé sur le public fribourgeois qui se voyait déja en finale et gagner le titre depuis décembre. Le syndrome gueule élastique gagne du terrain chez les romands…
    Mais je miserai quand mème sur Sprunger parce qu’il est fribourgeois.

  8. Un peu dur avec Aulas , certes un allumeur de première , mais il a réussi a amener « son » club parti de rien au sommet sans tremper dans les magouilles –
    Warluzel ne fait pas partie du monde du sport , donc ..?
    – Gross ne fait que confirmer qu’il n’existe aucun grand entraineur sans grande équipe.
    -Sprunger finira par quitter son club pour retrouver un club « pro ».
    -JVB : idem que sprunger.
    Maria Villar : Pigeon D’or !

  9. Warlu!

    En plus de ce qui est rapporté en haut, il pontifiait expliquant à qui voulait l’entendre que la justice sportive n’avait aucune légitimité et serait forcément désavouée par la justice civile.

    Autant de compétence en droit de la part d’un ténor du barreau genevois ça mérite un Pigeon avec mention spéciale du Jury!

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