La fin d’un rêve

Alors que le Lausanne-Sport s’accrochait de bonne guerre à une place qu’il n’a jamais méritée, les Valaisans continuaient à cravacher à la reconquête d’un honneur volé. Et les joueurs s’étaient offert l’opportunité de passer de la pénombre du labeur des sous-sols au strass des projecteurs des podiums.

Mais le cul entre deux chaises, une victoire les contraignait néanmoins à ne pas entacher plus de 50 ans d’un palmarès légendaire et ne leur laissait donc aucun droit à l’erreur contre une équipe capable de battre les meilleurs d’Europe. Et plus problématique encore, les Sédunois devaient d’abord passer l’obstacle d’une formation contre laquelle ils s’étaient  montrés en totale panne d’inspiration, puisque seule la méthode Vanczak leur avait permis d’inscrire un goal en 3 confrontations.

Le remaniement d’une défense qui avait fait ses preuves

C’est donc dans cet esprit-là que Roussey avait tenté un truc afin de déjouer ce bloc lucernois qui lui avait tant posé de problèmes par le passé. Et avec un peu de réussite, tout le monde aurait crié au génie si d’aventure la déviation d’Obradovic avait été légèrement moins croisée. Mais ce soupçon de chance n’y était pas et avec une défense remaniée qui allait prendre l’eau, le pari allait virer au fiasco. Dans un style identique à celui pratiqué par les visiteurs, les défenseurs perdaient leurs repères. Adailton et Sauthier se voyaient sanctionnés d’un carton jaune d’entrée, tandis que Vanczak aurait logiquement dû subir le même sort que ses coéquipiers. Puis, abusé comme jamais par une passe en profondeur expédiée depuis la ligne médiane, Dingsdag laissait filer Winter qui pouvait crucifier Vanins à bout portant (0-1).
Quelques minutes plus tard, cette défense à 3 (mais repliée à 5) expédiait 3 mauvaises relances consécutives à l’orée des 16 mètres, avant que Lustenberger ne manque de porter un coup fatal au FC Sion sur un duel aérien gagné face à Vanczak.

Un problème offensif récurrent

C’en était définitivement trop et l’entraîneur avait l’humilité de reconnaître son erreur en revenant après une vingtaine de minutes à un style de jeu que son équipe maîtrise. Mais l’idée permettait seulement de sauver les meubles car les Sédunois allaient sans surprise retrouver une certaine sérénité défensive, puis se cogner au bloc lucernois dans un match aussi infructueux et pourri que les 3 précédents.
Meilleur que jamais de l’avis de tout le monde, et notamment à l’origine d’un débordement génial qui donna lieu à la plus grosse occasion valaisanne du match, Danilo était inexplicablement replacé dans l’axe et allait rapidement perdre de sa superbe malgré un jeu en pivot en large progression. Bref, pratiquement plus rien ne passa sur les côtés tandis que le FC Sion se privait volontairement de l’apport de Danilo dans ce secteur de jeu, alors qu’il fut l’élément le plus à même de palier à ce problème offensif récurrent. Laissé sur le banc à cause de sa blessure pour mettre le feu en fin de partie, Yoda fit son apparition, perdit des ballons par ses contrôles manqués et ne parvint pas à rentrer dans son match malgré un superbe centre qui aurait pu faire la décision. Auteur d’une bonne entrée en jeu, Crettenand ne parvenait pas à faire oublier le début de match de Danilo et Ianu fut tellement inexistant que Roussey eut le courage de le sortir juste avant la mi-temps. Loin d’insuffler des regrets dans les rangs de ses anciens coéquipiers, l’ex-Lucernois vécut un véritable calvaire et aura certainement beaucoup de travail pour remonter du gouffre dans lequel sa blessure l’a plongé. A Sion, l’animation des ailes reste un problème non résolu depuis trop longtemps.

L’esprit de la Coupe n’y était pas

Face aux problèmes rencontrés par les attaquants adverses, les Lucernois purent assez facilement contenir leur avantage, grâce à une organisation tactique inébranlable. Dominateurs durant toute la partie, ils subirent la fin de match sans trop trembler. Obradovic suppléait ses ailiers et Danilo manquait sa frappe à la reprise du centre. Et dans ce genre de circonstances, la recette «Dingsdag-Vanczak» est toujours bonne à prendre, mais ne fut pas suffisante.  Alors Bühler et Vanczak combinaient à la passe et à la reprise de volée dans une action aussi révélatrice que le match à GC, un match durant lequel les deux protagonistes avaient marqué pour compenser les problèmes offensifs de leurs coéquipiers.

Sauvant une erreur de Dingsdag de l’un de ces tacles glissés ayant pratiquement le poids d’un but, à l’origine des deux meilleures actions sédunoises du match par ses relances en profondeur, intraitable au duel aérien et dans les pieds, Adailton fut l’un des seuls éléments à véritablement avoir su se placer au-dessus de cet échec collectif. Mais il ne pouvait qu’assister impuissant à la faillite des siens qui ne parvinrent pas à passer l’épaule et qui ne forcèrent pas vraiment le destin pour le faire. Aucun coup de boutoir ne vint pour tenter de pallier à l’incapacité de mettre en difficulté l’organisation adverse. Sion tenta, Sion sécha et Sion ne se révolta pas. Et n’ayant guère eu l’occasion de s’enflammer, le public se montra aussi passif que lors de l’humiliation subie face à Servette. Plus prompt à tout remettre en cause pour une seule défaite en huit matches qu’à soutenir son équipe, il ne joua pas vraiment son rôle de 12ème homme.

Beaucoup de supporters tenteront désormais de se dire que l’élimination est une bonne chose, car cette équipe a souvent mal géré les matches durant lesquels la victoire fut un impératif (deux défaites à domicile face à Servette). Mais il n’est pas certain que l’argument leur permettra de masquer cette immense déception. Les Valaisans auraient pu connaître une saison en tous points historique et en dépit de résultats probants, la fin de championnat se résumera à labeur et patience. Même une relégation n’aurait su entacher la symbolique d’une victoire en Coupe de Suisse sur cette saison. Mais aujourd’hui, Sion se retrouve plus que jamais au pied du mur.

Sion – Lucerne 0-1 (0-1)

Stade de Tourbillon, 12’000 spectateurs.
Arbitre : M. Studer.
But : 8e Winter 0-1.
Sion : Vanins ; Vanczak, Adailton, Dingsdag ; Sauthier (55e Yoda), Serey Die, Rodrigo (80e Tréand), Bühler ; Obradovic ; Ianu (39e Crettenand), Danilo
Lucerne : Zibung; Wiss, Puljic, Renggli ; Sarr, Hochstrasser, Kukeli, Ohayon (46e Ferreira), Lustenberger ; Lezcano (74e Thiesson) ; Winter (90e Bühler)
Cartons jaunes : 9e Adailton, 12e Ohayon, 19e Sauthier, 57e Bühler
Notes : Sion sans Basha et Mrdja (blessés) ; Lucerne sans Stahel, Sorgic, Bento et Shalaj (blessé).

Écrit par Eric M.

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11 Commentaires

  1. Que vient faire Lausanne dans cet article? Je ne pense pas qu’il soit résponsable de la prestation lamentable de nos très chers amis valaisant.

  2. Comme carton rouge est descendu à la hauteur du torchon orange, c’est normal … un jour sans dégueuler sur le LS c’est un jour de perdu pour eux !

  3. lachevre
    -> Qui a dit que Lausanne était responsable de cette défaite?

    dudu
    -> En sachant qu’un club s’est fait retirer et qu’un autre s’est fait retrancher 36 points, il me semble pas que ce soit totalement injuste de constater que cette 8ème place n’a pas été gagnée sur le terrain…

  4. @Eric
    C’est un article sur une demi finale de coupe. Mon interrogation est de savoir pourquoi on en reviens toujours au Lausanne-Sport et surtout qu’est-ce qu’il en peu si Sion c’est fait retrancher des points.
    Ce n’est quand même pas de ça faute si Xamax à fait faillite et que Sion ce retrouve pour le moment en position de barragiste.
    C’est vrai que sportivement Lausanne n’est pas à ça place, mais je me répète, ce n’est pas de ça faute.

  5. lachevre
    -> Malheureusement, Lausanne fait partie plus que jamais du contexte actuel et c’est ce contexte qui rendait cette demi-finale si particulière pour Sion. D’où la mention taboue dans le compte-rendu.

    Qui a dit que Lausanne était fautif?
    On est donc d’accord…

  6. Un club qui accumule 35 millions de dettes en quelques mois (par l’unique faute de son président barjo on est d’accord) mérite plus sa place que d’autres qui se font chier à payer leurs factures?

    On ne peut parler de « vérité du terrain » lorsque tout le monde joue avec les mêmes règles. Ce que l’auteur n’a apparemment pas encore compris mais on met ça sur le soulagement d’être éliminé en demi et d’éviter de perdre la finale contre Bâle.

  7. Qui a dit que Neuchâtel méritait sa place en Super League? Une fois de plus, le sens du texte est modifié…
    Et ça ne change rien au fait que Lausanne ne doit son actuel maintien qu’aux déboires administratifs des autres clubs… Une réussite sportive à relativiser…

  8. C’est donc un principe à sion: toujours la faute des autres.
    – 6 joueurs engagés contre le règlement et les sanctions? la faute à des règles que n’a pas rédigées CC..
    – 36 points en moins? la faute au complot fifa-mondial-avec-l’appui-de-franz-weber qui veut faire crever les héroïques valaisans..
    – une élimination en coupe? la faute à lausanne
    – mettan qui en bave de regret? la faute à lausanne
    – 2 à 2 à servette? la faute à servette…

  9. Au lieu de ne parler que de la 1ere phrase de l’article. Je voudrais dire que cette article est une excellente et objective analyse du match. Bien argumenté en plus. Donc bravo

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