Suisse – Lettonie : on ne va pas en rester là !

C’est parti dans le tournoi olympique : nos héros de Stockholm renforcés ont poursuivi sur leur lancée des CM 2013, en provoquant la chance et assurant déjà la troisième place du groupe par une victoire 1-0 contre les rugueux Lettons, à 7.9 secondes de la fin.

On va en rester là !

«On va en rester là !» C’est ce que Laurent Bastardoz nous annonce, à 15 secondes de la fin d’un match bloqué à 0-0, sans prendre gare à la belle montée de Simon Moser le long de l’aile gauche. Heureusement que je n’ai pas éteint ma télévision.
C’est une longue et glorieuse tradition des commentateurs de la RTS-TSR que d’annoncer à l’avance ce qui va se passer (afin de montrer qu’ils sont mieux informés que le  téléspectateur beat couché sur son sofa ?) pour être quelques secondes plus tard désavoué par les faits. Pierre Tripod annonçait «et goal» – et lorsque le joueur mettait la tête à côté, il lui reprochait étonné «comment est-ce qu’il a raté ça ?». Pierre-Alain Dupuis  passait une brossée à Martina Hingis qui venait de rater une volée alors qu’il avait déjà annoncé le point victorieux. Sans oublier l’épisode le plus douloureux, soit Jacques Deschenaux qui annonce «Oui c’est bon Joël» juste avant que Joël Gaspoz ne chute à trois portes de la médaille d’or des CM de 1987.
Lolo, beaucoup plus sympathique que les précédents mais souvent tout aussi énervant, n’a pas eu l’orgueil d’en vouloir à Moser d’avoir marqué le but victorieux, mais n’a cependant trouvé rien d’autre à enchaîner que «On a bien fait d’y croire jusqu’au bout». On ne saurait reprocher à CartonRouge.ch de s’acharner sur la RTS lorsque cette dernière nous produit de si magnifiques perles du journalisme.
Ben non. On n’en est pas resté là. Le no 21 des Nashville Predators, lui, y a cru jusqu’au bout, et a conclu son action par un centre destiné à son compère Niederreiter mais dévié dans le but par la canne du remarquable gardien Masalskis via son défenseur.
Trois points mérités pour notre équipe nationale, même si visiblement elle n’a pas encore trouvé son rythme de croisière. Cela semblait inquiéter beaucoup nos commentateurs,  qui, la peur au ventre, ont passé le troisième tiers à essayer d’expliquer déjà la future contre-performance de la bande à Simpson. 

Tout pour bien faire

Au contraire, ce départ est parfait :
1. L’histoire nous apprend que pour réussir un tournoi (ou aussi une Coupe du Monde de foot – voir Espagne 2010 ou Italie 1982), il ne faut surtout pas partir trop vite. D’autant plus que le premier tour olympique est un vrai tour de chauffe qui n’est de toute façon pas éliminatoire. Pour rappel, depuis l’ère NHL aux JO (1998), le champion olympique n’a jamais terminé premier de son groupe. En 2010, le Canada a gagné difficilement contre nos Helvètes en prolongations et perdu contre les USA ; à Turin en 2006, la Suède a été vaincue 0-5 contre la Russie et 0-2 contre… la Slovaquie. Bon là ils avaient fait exprès, pour éviter le Canada en quarts, comme Mats Sundin et d’autres l’ont admis il y quelques années dans une interview. En 2002 à Salt Lake City, le Canada a même terminé à la troisième place de son groupe. Bref, le but est de progresser tout en gardant des réserves pour la deuxième semaine.
2. Un brin de chance pour notre Nati sur ce but décisif : elle va donner confiance et libérer l’équipe pour les matchs contre la Suède et la Tchéquie (qui est un ton en-dessous cette année) où il n’y aura absolument rien à perdre.
3. Jonas Hiller, par son calme, a fait une très grosse impression. Son blanchissage le jour de son anniversaire ne va qu’enfler encore sa confiance qui est à un niveau record après un début d’année exceptionnel à Anaheim. Et en plus il a la baraka, avec un poteau et une latte via deux tirs lettons. Un gardien en état de grâce est la clé d’une éventuelle victoire rêvée contre un des grands du tournoi.
4. La fondue moitié-moitié entre joueurs de NHL et ceux du championnat suisse est sur le caquelon, et c’est bien la meilleure équipe de Suisse de l’histoire. Même si les lignes n’ont pas encore trouvé leur alchimie, Moser, Niederreiter ou Brunner ont fait des gestes de grande classe. Par moments, Roman Josi, en transperçant la défense comme seul lui sait le faire, a montré qu’il avait une classe de plus que ses coéquipiers. Il est le joueur qui peut créer le surnombre et provoquer les chances de but, même contre les adversaires les plus forts, comme on l’a vu aux CM 2013. Certes, un point important encore à peaufiner, c’est le power-play, autre clé de réussite d’un tournoi olympique. S’il a été bon au premier tiers-temps, le jeu de puissance a été très décevant en fin de match. Mais en définitive, tous les ingrédients sont présents pour une montée en puissance progressive si importante dans le tournoi olympique.

5. Enfin, il ne faut pas oublier que vu le mode de championnat, l’essentiel pour la Suisse est de terminer au moins troisième de ce premier tour, ce qui est déjà assuré sauf tremblement de terre. En effet, après le premier tour, on classe les équipes de 1 à 12 (3 premiers, 3 deuxièmes etc), les huitièmes de finale étant constitués des matchs 5e –12e et 6e – 11e, etc. Pour éviter les grandes équipes (Russie, Canada, Suède, Finlande, USA et Tchéquie), la troisième place du groupe permettra à la Suisse de faire le match 7e – 10e ou 8e – 9e. Donc à moins d’une contre-performance d’une des «Big Six», la Suisse ne rencontrera ainsi un géant qu’en quarts de finale, ce qui est l’objectif du tournoi. Et c’est à se moment qu’il faudra se sublimer, pas avant.

L’exploit est possible

Traditionnellement, la Suisse bat parfois les grandes puissances au premier tour (comme le Canada à Turin), mais perd contre elles dès que c’est un match éliminatoire. Eh bien cette année, on ne veut pas en rester là ! On préférait le contraire : une défaite contre la Suède et la Tchéquie qui serait vite oubliée si nos gars produisent leur grande performance lors de la deuxième semaine du tournoi. Et si par chance, l’adversaire des quarts devait s’appeler la Tchéquie ou la Finlande, qui ne sont pas au niveau des quatre super puissances (Canada, Russie, USA et Suède), une qualification pour les demi-finales est possible et représenterait, vu la qualité des équipes en face, le plus grand exploit de l’histoire du hockey suisse.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Lettonie – Suisse 0-1 (0-0 0-0 0-1)

Schaiba Arena Sotchi, 5116 spectateurs.
Arbitres : MM. Brüggemann (GER) et Meier (USA).
But : 60e (59’57") Moser 0-1 (Streit).
Pénalités : 5 x 2′ contre la Lettonie ; 3 x 2′ contre la Suisse
Lettonie: Masalskis; Ozolins, Rekis; Bartulis, Kulda; Pujacs, Sotnieks; Freibergs; K.Redlihs, Darzins, M.Redlihs; Sprukts, Daugavins, Karsums; Vasiljevs, Girgensons, Indrasis; Kenins, Cipulis, Pavlovs; Stals.
Suisse: Hiller; Diaz, Streit; Josi, Weber; Seger, Vauclair; Blindenbacher; Cunti, Moser, Niederreiter; M.Plüss, Ambühl, Bieber; Suri, Brunner, Romy; Wick, Bodenmann, Gardner; Hollenstein.
Notes : la Suisse sans Trachsler, Stephan et von Gunten (surnuméraires). Berra est gadien remplaçant. 59’52 » temps mort de la Lettonie.

Écrit par Andy Tschander

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15 Commentaires

  1. Etant donné que le match était un peu à l’heure où on s’occupe des enfants, je n’ai regardé que d’un oeil et je serais très reconnaissant si quelque pouvait m’indiquer les lignes qui ont été utilisées.
    Par exemple, il m’a semblé que Hollenstein ne jouait pas avec Romy, ce qui m’a surpris je dois dire (peut être que Simpson les trouve trop mauvais ensemble avec le GSHC ceci dit..)

    Merci d’avance

  2. Dans le désordre, il me semble que ça donnait ça (sûr pour la défense et pour les 2 première ligne d’attaque…)

    Brunner – Romy – Wick
    Niederreiter – Plüss – Moser
    Bieber – Ambühl – Suri
    Hollenstein – Cunti – Bodenmann
    Gardner

    Streit – Diaz
    Josi-Weber
    Seger – Vauclair
    Von Gunten

  3. @Sly
    C’est surtout pour pas casser la ligne magique Hollenstein-Cunti-Bodenmann.
    C’était la ligne la plus efficace de la dernière CM si je me trompe pas.

    Au plaisir.

  4. « On va sans aucun doute en rester là… à moins que Moser… »

    Voila les propos exacts de Bastardoz. Se pourrait-il que les rédacteurs de CR travestissent légèrement la réalité afin de pouvoir mieux s’acharner sur la RTS ?

    Nooooooon… pas possible…

  5. Si CR voulait s’acharner sur la RTS ils auraient pu mentionner que même après 5 ralentis Bastardoz croyait a tort que Niederreiter avait marqué.

    Et Bastardoz dit d’abord « on va en rester la » …. Pause … et c’est seulement quand il voit enfin l’action qu’il rajoute … »a moins que

  6. Et il dit même son fameux « sans aucun doute »:

    « on va en rester là sans aucun doute… »

    Et pour donner raison à CR, ca faisait un tiers qu’il nous disait que la Suisse allait pas se tirer d’affaire, qu’une défaite serait catastrophique et j’en passe.

    Et effectivement, après 5 ralentis il croit toujours que Niederreiter a touché le puck. Bref, il est extrêmement mauvais, et le choix de Sheehan en consultant est une honte.

    Bastardoz pour le hockey est comme Droz pour le tennis: ils n’y connaissent rien et se contentent de banalités et de beugler sur les buts/points gagnant des Suisses.
    Ca ne sont pas des commentateurs ou des journalistes, mais des fans de base qui font leur boulot comme un travail normal alors qu’il devrait être une passion.

    Laissez percer les jeunes à ces postes clés des sports!

  7. @juju

    Peux-tu sérieusement défendre Bastardoz qui est tellement médiocre ?

    Il ne voit rien meme sur les ralentis, match après match.

    Hier soir il a mis 1 minute pour comprendre qu’il y avait 2 minutes pour surnombre, alors que je l’avais vu depuis mon sofa, c’est meme Shehan qui a du lui dire depuis Le studio

  8. @Taupe et mon cher Vivi: merci bien, ça répond à mes 2 interrogations, les lignes et pourquoi casser les paires qui fonctionnent en championnat.

    Bonne soirée

  9. Très bon article! Ceci dit, si l’on continue sur la voie du TSR-RTS bashing, on ne va faire que ça non seulement pendant les JO, mais pour tout le reste de l’année, quel que soit le sport!
    1. Oui, Bastardoz n’y connait rien et ça fait mal de payer deux semaines de vacances à cet incapable pour nous ruiner des matches avec les plus grands joueurs du monde! Imaginer ne serait-ce qu’une seconde voir un Canada-Russie avec ses commentaires me mine déjà le moral! Vous pouvez déjà miser toutes vos économies sur le commentaire ennamouré qu’il nous délivrera sur la première passe de deux mètres du génie Radulov! Consolation: après Éric Willemin, Bastardoz c’est le Michelange du commentaire hockeyistique!
    2. Oui, Sheehan c’est le consultant le moins percutant sur le marché, comme il est d’ailleurs l’assistant le plus surréaliste de l’histoire pourtant glorieuse du SCB! Il est probable qu’engager un consultant aux remarques plus éclairantes ferait passer Bastardoz pour ce qu’il est! Consolation: à côté de John Gobbi ou de Freddy Bobilier, il est capable de faire une phrase qui ne dénature pas la langue française!
    3. Oui, Bastardoz et Sheehan ne sont pas aidés par le Monsieur Sourire du plateau, Jean-François Rossé! Là on touche au néant absolu! Consolation: si l’on avait pas Rossé, on aurait Pascale Blattner…
    4. Oui, tous ces braves gens sont au service du chef des sports le plus arrogant et le plus incompétent de toute l’histoire de la télévision, l’imbuvable Massimo Lorenzi, capable d’auto-critique autant que Bachar El Assad de compassion! Consolation: il n’y en a pas… Ou alors oui, juste une: passez sur la TSI!

  10. Les joueurs Suisses doivent être mélangés car la on se retrouve avec deux clans. Les NHLers CH viennent jouez sur une patinoire au norme européenne alors c’est à eux de s’adapter et de s’intégrer avec n’importe qui. Pourquoi les mettre ensemble ? Ils jouent en NHL mais pas dans la même équipe.

  11. @PKS : Je ne défends certainement pas Bastardoz, j’ai juste remis ses propos exacts de cet instant du match puisque l’article le critique uniquement pour ça. Sur ce point, il est quand même clair qu’il faut être légèrement de mauvaise foi pour cette phrase sortie de son contexte et mal retranscrite, en sachant bien que dans 99,5% des cas où une équipe dégage le puck à 15 secondes de la fin, elle ne réussit pas à marquer juste derrière.

    En même temps, prétendre que les rédacteurs de CR ne sont pas objectifs et cherchent toujours la petite bête dans leurs critiques contre la RTS équivaut à enfoncer des portes ouvertes. C’est normal d’être de mauvaise foi quand on écrit un commentaire satirique.

  12. @juju

    Mais sortir juste après « on a bien fait d’y croire jusqu’au bout » tu admettras que c’était quand même assez incroyable, surtout que ça faisait un moment que Bestardoz avait une attitude alarmiste et défaitiste !

    Si la critique de la RTS dans l’article CR du même jour sur le ski me paraissait un peu exagérée, ici au contraire il me semble que CR a fait preuve de retenue 🙂

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