Sion défait sur tous les fronts

Dans un précédent article, on écrivait qu’«en ne passant pas par le TAS, le club s’était peut-être barré tout seul ses chances d’annuler la sanction». Sans surprise et à ce motif, la justice civile refusa d’entrer sur le fond. Et si ce n’est pas une erreur de la part du club, l’orgueil de ne pas vouloir reconnaître le TAS aura quand même coûté une place européenne, un maintien assuré et une fin de championnat dont les joueurs se seraient bien passés. Au final, l’administration du club aura fait preuve d’anti-sportivité, avant d’écoper d’une sanction insoutenable qu’elle aura validée de sa propre faute.

Dimanche, le FC Sion allait retrouver un terrain qui lui convenait mieux. Celui-là même qu’il n’aurait jamais dû quitter… Et après cet énième coup de massue, le plus dur peut-être depuis le début d’un championnat que son club avait voulu juridique, l’équipe sédunoise se trouvait maintenant dans l’obligation de se refaire d’un déficit de 10 points en 6 matches. La mission impossible passait par une victoire impérative face au bulldozer bâlois.Déjà défaite en Coupe de Suisse au terme d’une série incroyable et fragilisée par le sentiment de ne plus être intouchable, la défense de fer des Valaisans avait craqué mentalement en encaissant encore 2 buts supplémentaires lors de son dernier match.

Sion manque le coche en début de partie

Et il n’était pas nécessaire de connaître le contexte pour se rendre compte que le club local ne transpirait pas la confiance au cours d’un début de partie on ne peut plus attentiste. Prévenu par ses dernières confrontations directes, le FC Bâle ne se jeta non plus pas à l’abordage. Au terme d’une dizaine de minutes d’observation, et décomplexé par un Didier Crettenand en toute grande forme, le FC Sion allait passer à plusieurs reprises à côté de sa chance.

Comme lors de pratiquement toutes les dernières parties, la solution ne semblait pouvoir passer que par une intervention du sauveur hongrois sur une balle arrêtée (12e). Car loin d’être un finisseur, Danilo ne parvenait sans surprise à tirer son épingle du jeu que par sa tendance naturelle à s’excentrer sur les couloirs. Obradovic écrasait sa frappe sur l’un de ses centres (17e) et le Brésilien tentait lui-même sa chance au terme d’un débordement un peu chanceux (34e). Dans son rôle d’avant-centre, il manquait de reprendre une balle aérienne par un mauvais timing dans ce jeu de tête qu’on commence à trop connaître (13e). Et ce fut à peu près la seule solution offerte devant les buts de Yann Sommer.
Une fois de plus, Danilo aurait peut-être pu présenter un plus gros danger que Wüthrich sur le couloir droit et une autre solution aurait pu être tentée à la pointe de l’attaque. Sous-utilisé et jugé très sévèrement par le public valaisan, Margairaz aurait mérité sa chance. Confiné au banc depuis son but face à Lausanne, Yerly assista également à la 10ème titularisation sans but marqué par son coéquipier. Les jeunes Neurhor, Liand et Zambaz avaient disparu du circuit peu de temps après avoir pourtant inscrit un but pour la première équipe et on ne comprend pas quelle circonstance devrait amener Yerly à venir compléter l’immense gâchis.

Une suprématie incontestable

Bâle réagissait et le jeu offensif sédunois se résuma au néant pour le restant de la partie. Même si les leaders du championnat avaient subi le match durant la première demi-heure, il leur aura suffi de 3 minutes chrono pour faire étalage de tout le fossé qui les séparait des locaux. Pendant que le jeu offensif de ces derniers misait surtout les balles arrêtées, les Bâlois ne passaient pas loin d’ouvrir le score au terme d’une action bien amenée (42e). C’est ensuite sur un exploit personnel d’un type de joueur manquant cruellement à Sion que les Bâlois mettaient une fois de plus le feu (43e). Et sur la lancée, un pénalty aurait dû être sifflé en faveur des Bâlois en fin de 1ère mi-temps (44e). Les plaintes du club et l’envie de la Ligue de repousser un peu le suspense du championnat auront peut-être fait la différence sur cette action…
Complètement secoués par l’accélération bâloise, les Valaisans ne parvinrent jamais à se relever malgré toute la réussite qui leur avait permis de tenir un score vierge à la mi-temps. Trois minutes après le retour des vestiaires, Frei et Streller profitaient du doute de l’adversaire pour définitivement enfoncer le clou (0-1). Après avoir été lynchés par des personnes dont les connaissances footballistiques valent autant que celles du respect, le duo avait remis les choses au clair par une saison à la hauteur de leur talent (31 buts et 20 assists à eux deux). Trompé par Shaqiri comme sur le 1er but, Bühler voyait une deuxième fois le ballon finir au fond. Et à 0-2, la messe était dite. Frei terminait le travail en beauté d’une louche sensationnelle sur l’un des meilleurs gardiens de ce championnat (0-3).

Une jouerie problématique et un groupe miné par une gestion déplorable

Incapables de faire le jeu et écrasés moralement, les Valaisans furent impuissants durant toute la seconde mi-temps. Evidemment, les problèmes offensifs des Sédunois ne sauraient être mis sur le compte du seul attaquant de pointe. Malgré un abattage intact, Serey Die n’est clairement plus aussi propre à la relance que la saison passée. Titularisé sous la pression du public, Basha n’est pas toujours le régulateur espéré. Malgré quelques bonnes inspirations, Obradovic ne peut plus faire preuve de la même constance. Et malgré un bon match de temps en temps, les ailiers peinent toujours autant à apporter le danger, alors que les latéraux se focalisent essentiellement sur leur travail défensif.
Quoi qu’il en soit et plus que tout, l’équipe reste 2ème du classement. A l’origine d’une gestion humaine et sportive remarquable malgré certains choix contestables, Roussey aura conduit son groupe à la 2ème place, tout en devant composer en fonction des impératifs «sportifs  du club et des forces en présence. Plus sereine mentalement, son équipe avait su gérer le match d’une toute autre manière le 5 février dernier.
Un peu comme l’avait fait Bernasconi suite aux départs de Brown et Gavranovic, la tentation de faire passer l’entraîneur comme le bouc émissaire aurait été grande pour l’administration d’un club qui ne peut définitivement s’en prendre qu’à elle-même. Mais Roussey a décidé de quitter le navire par lui-même. Egalement accablés pour des raisons qui ne les concernent pas, il n’est pas exclu que certains éléments chercheront à fuir l’instabilité…
On écrivait au terme du 1er tour qu’«il n’y avait parfois qu’un pas entre légendaire et descente aux enfers». En l’espace de quelques jours, éliminé de la Coupe, défait sur le plan juridique, contesté dans l’attribution des licences, en perte d’un excellent entraîneur logiquement dégoûté par les évènements, et à 10 points de Lausanne avant les 5 derniers matches, Sion est en train de prendre la pire des directions. Et il devra continuer d’assumer les conséquences de cette voie sur laquelle il s’est tristement engagé… Avant de pouvoir un jour peut-être retrouver la sérénité…

FC Sion – FC Bâle 0-3 (0-0)

Tourbillon, 12’500 spectateurs.
Arbitre : M. Studer
Buts : 49e Frei 0-1, 74e Steinhöfer 0-2, 83e Frei 0-3
Sion : Vanins; Vanczak, Adailton, Dingsdag, Bühler; Serey Die, Basha (56e Rodrigo); Wüthrich (66e Margairaz), Obradovic (56e Yoda), Crettenand; Danilo
Bâle : Sommer; Steinhöfer, Kovac, Dragovic, Park; Yapi (78e Cabral), Xhaka; Shaqiri, Stocker (71e Zoua); Streller, Frei (85e Andrist)
Cartons jaunes : 24e Xhaka, 41e Basha , 53e Streller, 64e Serey Die,  71e Danilo.
Notes : Sion sans Mrdja (blessé) ; Bâle sans Abraham, Jevtic, Chipperfield, Degen, Pak et Voser (tous blessés).

Écrit par Eric M.

Commentaires Facebook

2 Commentaires

  1. Et que je me rappelle les longues théories fumeuses sous les articles de Julien Mouqin pour nous prouver que CC avait raison, qu’il allait gagner!

    Mouqin avait raison! Enfin, c’était pas difficile non plus

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.