4 décembre : Camp Nou

Place aujourd’hui au plus grand stade d’Europe, antre du plus grand club d’Europe : le Camp Nou de Barcelone. Le seul théâtre du monde où se côtoient magie, pañoladas et pipas. C’est comme un 2 juin 1999 : un truc à vivre au moins une fois !

Nom : Camp Nou.
Ville : Barcelone.
Club résident : FC Barcelone.
Capacité : 100’000 (99’354 en fait, mais on va pas chipoter).

Le stade

Quand tu entres à l’intérieur du Camp Nou, que ce soit ton baptême du feu ou ton énième fois, qu’il soit vide ou plein, le constat est immuable : c’est impressionnant. Il faut généralement quelques secondes à ton esprit pour prendre conscience de la chose, pour accepter l’idée que cette énormité est bel et bien réelle, juste devant tes yeux. C’est seulement après ce court laps de temps que ta bouche va enfin se refermer, et que tu pourras te retourner sereinement vers ta copine pour lui lancer un viril «pas mal, hein ?», sur le même ton peu rassuré que lorsqu’elle t’a enlevé ton slip pour la première fois.
Outre sa grandeur monumentale, son architecture est très réussie (comme quoi il n’y a pas que Gaudí qui sait construire des trucs en Espagne) ; ainsi, la vue sur le terrain y est très agréable, et ce, même si tu es perché tout en haut de l’enceinte parce que les billets que t’a refilés ton cousin Jorge sont moins bien placés que ce qu’il prétendait. Bref, tu en as pour ton argent, d’autant plus que le spectacle qui se déroule quelques dizaines de mètres plus bas s’avère rarement décevant !
Contrairement aux antiquités anglo-saxonnes, le Camp Nou vient à peine de fêter son demi-siècle. Toutefois, un magnifique projet de rénovation du stade a cru voir le jour il y a peu, mais celui-ci a été freiné (notamment par le président Rosell) et ne devrait pas aboutir à court terme. Bref, rien de nouveau sous le soleil ibérique.

L’ambiance

Qu’on soit bien clair : au Camp Nou tu es dans le plus beau stade du monde, et tu viens admirer la meilleure équipe du monde. En d’autres termes, tu es au théâtre. Ne t’attends donc pas à voir un scooter passer d’un virage à l’autre comme en Italie, ou à entendre des beuglements plaintifs comme en Allemagne. L’ambiance est connaissance, voire feutrée, l’atmosphère raffinée ! Troque donc ta vieille corne de supporter contre une dizaine de sachets de pipas avant le match, et fais comme tout le monde ; Messi se chargera du reste.
Les gradins de l’arène n’en demeurent pas moins colorés. On est en Espagne, en Catalogne de surcroît, les autochtones sont donc fiers et tiennent à le montrer en arborant les couleurs blaugrana de leur multinationale préférée. Par ailleurs, les soirs de matches importants, il n’est pas rare de voir de majestueux tifos orner les travées du Camp Nou, ce qui garantit un rendu assez extraordinaire.
Enfin, lorsqu’une fois par génération le FC Barcelone n’est pas dans les deux premiers du championnat, les très exigeants «socios» locaux évacuent leur frustration en provoquant des pañoladas (tout le monde se lève et agite un vieux mouchoir blanc) : c’est ça, la finesse espagnole. Ce phénomène a l’avantage d’être également utilisable positivement, par exemple après une action géniale de Messi (au hasard) ; il suffit alors d’agiter son mouchoir de l’autre côté, face sale côté visage.

Les chocs

LE choc qu’il ne faut pas rater au Camp Nou, celui au cours duquel l’ambiance se rehausse enfin, c’est bien évidemment Barça – Osasuna. Ce choc, bien connu pour la passion disproportionnée qu’il suscite, ne divise pas seulement le pays en deux mais également tout le continent. A ne rater sous aucun prétexte !
Pas loin derrière, la venue du Racing Santander est toujours très attendue au Camp Nou. Malgré les habituelles violences verbales et physiques qui émanent de cette immense et historique rivalité, cette incontournable affiche ravira petits et grands.
Les autres matches sont plus… classiques.

Les billets

Le FC Barcelone est une association à but non lucratif qui appartient à ses «socios» (qui sont environ 170’000, soit deux fois plus que ceux du Real Madrid), sans actionnaire ni dividende. Si tu as la chance d’en faire partie, tu peux alors faire la demande au club de devenir «abonado», afin d’avoir accès au Camp Nou en tout temps ; il te faudra toutefois attendre deux ans pour décrocher le précieux sésame, et encore, tu seras placé sur une liste d’attente. Bref, oublie.
Fort heureusement, une autre solution existe ! En effet, les «abonados» qui ne souhaiteraient pas se rendre à un match pour des raisons quelconques sont sommés d’en avertir le club, afin que celui-ci libère leurs entrées. Celles-ci sont alors remises en vente libre et sont disponibles directement aux distributeurs automatiques de l’entreprise «La Caixa», que tu trouveras un peu partout en ville. Attention toutefois : tu es en Espagne, ne l’oublie pas ! Ainsi, il m’est déjà arrivé d’acheter un billet de cette manière, sauf que le distributeur en question n’avait plus de papier… Arrivé devant le stade trente minutes avant la rencontre, j’ai alors été ballotté de guichet en guichet pendant  plus d’une heure, découvrant à mes dépens ce qu’on appelle communément la désorganisation espagnole (pléonasme). Ceux qui connaissent la maison qui rend fou, dans «Les douze travaux d’Astérix», comprendront ! Pour les autres : une petite vidéo.
La troisième et dernière alternative de te procurer des billets consiste à acheter des packages de 3, 6, 9 ou 12 matches de Liga directement au club, à des prix toutefois moins avantageux que si tu étais «socio», et dans la limite des stocks disponibles.

La troisième mi-temps

Cette rubrique prend tout son sens lorsqu’elle est associée à des villes mortes, genre Londres ou Paris, où le lecteur assidu sera tout heureux de connaître un bon plan pour ponctuer son match dignement. Mais en ce qui concerne la Ciudad Condal, les lieux potentiellement festifs sont si nombreux qu’il me serait impossible d’en énumérer ne serait-ce que les plus exquis ici. A peine sorti du Camp Nou, le Pacha te tend déjà les bras dans la rue adjacente ! Même si, quitte à en choisir un qui sort vraiment du lot, je te conseille une soirée dont tu te souviendras (ou pas) au «Razzmatazz».

L’anecdote

Attention ! Il semblerait que selon votre emplacement dans le stade, l’altitude mêlée à la passion vous fassent quelque peu perdre votre bon discernement. Ainsi, un commentateur sportif – tristement célèbre sous nos latitudes – aurait récemment confondu les deux équipes se produisant devant lui, à savoir le FC Barcelone avec le grand FC Bâle. Selon nos informations, l’effet psychotrope de ce genre de phénomène pourrait durer jusqu’à une dizaine de minutes. Prudence donc !

Écrit par Raphi Stollé

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13 Commentaires

  1. Comme au théâtre…pas faux…tu peux y voir des trucs comme la comedia del arte souvent avec les acteurs émérites Pedro, Dani Alves, Iniesta, Messi…et…ben tous en fait…

  2. Les fameux mouchoirs blancs s’agitent également quand l’arbitre est particulièrement mauvais, ces dernières années.

    Sinon concernant l’ambiance, c’est également très passionné, y’a pas d’ultras (y’avait les Boixos Nois avant mais ils sont interdits de stade en Espagne, il me semble) mais une ambiance très « réactive » à ce qui se passe sur le terrain.

    Lors d’un Clasico ça doit vraiment valoir le détour.

  3. Le Razzmatazz, je confirme. L’intérieur ressemble aussi à « la maison qui rend fou ».

    Autre moyen pour les billets, c’est la location. Etant donné que les socios paient la cotisation de socios ET la place, ils louent leurs places pour « rentabiliser » leur abonnement.

    Anecdote : lors du dernier Barcelone-Arsenal, j’ai osé m’asseoir sur une place « libre » (vide) à côté de ma place officielle. Le vieux monsieur qui était trois rangs plus loin est venu me boueller dessus parce que c’était SA place. La place est restée vide tout le match…

  4. le stade est effectivement splendide!
    Pour l’ambiance, je n’ai pas eu la chance d’assister à un classico ou derby. Du coup je n’ai pas le moins de monde été impressionné… cela ressemblait vraiment à une comédie musicale sur Broadway (les chants en moins…); une horde de touristes venus des quatres coins du globe (dont moi…)!

  5. C’est le plus beau stade du monde assurément, avec la plus belle équipe du monde à voir jouer!
    D.S. Tu es un madrilène frustré et jaloux des succès blaugrana!

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