3 décembre : Tynecastle

Après Old Trafford et Furiani, on a peut-être trouvé le juste milieu avec Tynecastle. En effet, aussi décrépi que le vieux stade corse, l’antre des Jambos résonne peut-être aussi fort que le Théâtre des Rêves…

Nom : Tynecastle.
Ville : Edimbourg.
Club résident : Heart of Midlothian.
Capacité : 17’420.

Le stade

Inauguré en 1886 par un match amical entre le Heart of Midlothian et les vagabonds de Bolton, Tynecastle tient bizarrement toujours debout. Il faut dire qu’il a été rénové au milieu des années 90, mais pas trop non plus… Coincé entre une distillerie, une école primaire et situé en plein milieu d’un quartier d’habitation, Tynecastle représente à merveille le stade écossais old school (pléonasme…). La Main Stand en est le meilleur exemple. Mais la plus bruyante partie du stade est sans conteste la Wheatfield Stand. Avec une pente à 34 degrés, cette tribune joue avec la limite légale et peut contenir jusqu’à 6’000 personnes. On notera aussi que pour se conformer aux directives UEFA, le terrain a été élargi de 6 mètres et les premiers rangs de la Main Stand ont dû être démolis pour laisser place au gazon. Ce qui avait pour effet de voir le maillot de José Gonçalvès ou Takis Fyssas traîner dans mon bouillon lorsqu’ils faisaient une touche… Oui, le bouillon est la boisson de Tynecastle…

L’ambiance

Les derniers grands joueurs à pouvoir témoigner de l’ambiance de ce stade sont les hommes d’Harry Redknapp lorsqu’ils ont éliminé les Hearts de l’Europa League en début de saison. En effet, Jermaine Defoe soulignait à la fin du match l’ambiance extraordinaire qui envahit le terrain lorsque les chants des Jambos résonnent dans le stade. Chose d’autant plus remarquable que les Jambos perdaient alors 5 à 0… Comme dit plus haut, la Wheatfield Stand est la tribune la plus chaude. C’est normalement de là que part LE chant de Tynecastle :

H-E-A ……. R-T-S

If you cannae spell it then here’s
what it says; Hearts, Hearts, Glorious
Hearts It’s down at Tynecastle they
bide
The talk of the toon are the boys in
maroon and auld reekie supports them
with pride
This is my story…..
This is my song
Follow the Hearts and You can’t go
wrong
Oh some say that Celtic and Rangers
are grand
but the boys in maroon are the best in
the land….
Etc… etc… etc…

Presque aussi bien que le BWFK !

Je vous passerai de nombreux chants où blood, scum et hate sont des concepts assez souvent connectés au terme Hibee…
Ce que l’on aime par-dessus tout à Tynecastle, c’est le lancement des chants. Là-bas, pas de porte voix, pas d’imbécile à torse-nu avec une écharpe accrochée au coup comme un ultra de patinoire de 17 ans se comptant les poils du torse. Non, en Ecosse, les chants se lancent dans les moments de grand calme où au détour d’un cri de mouette l’agent d’assurance, le banquier, le docker ou le chauffeur de taxi crie à tue-tête la première ligne d’une chanson bien connue et là, le stade peut vite s’embraser. Mais les meilleurs moments se vivent quand le chant ne part pas tout de suite et là, devant l’insistance de ces beuglards, c’est tout la Wheatfield Stand qui reprend une chanson qui fait frémir toute personne, même complètement imperméable au foot. Bon d’accord, lorsqu’à la 80e les Jambos perdent face à St-Johnstone, personne ne frémit, pas même la mouette qui crie…
Mais Tynecastle ce n’est pas que du chant. Ce sont des tribunes placées à 1m50 de la ligne de touche, des ailiers et des latéraux qui vous transpirent dessus, le bruit sourd du claquement des protège-tibias des attaquants adverses au contact de la semelle de Mariusz Zaliukas et aussi la légère bruine qui glace n’importe quelle personne ne possédant pas de sang écossais.
Tynecastle c’est aussi une gastronomie ! A choix, vous avez la mince pie à la croute dure comme la coque de votre siège en plastique et l’intérieur aussi visqueux qu’un tartare d’escargots. Mais avec 100g de brown sauce, tout cela passe comme un attaquant sachant courir devant un défenseur central de St-Mirren. On évitera tout de même le burger à la salmonelle et les hot-dogs à l’Escherichia-coli. Mais on fera tout de même un stop avant le match au Gorgie Fish & Chips où les serveuses ultra glamour vous préparent des fish & chips à vous caller un Werner Gunthör en pleine fringale. Et comme friandise, n’hésitez pas à essayer le «deep fried Mars bar» ou pour les plus frileux la «deep fried pizza».

Les chocs

Le choc de Tynecastle, c’est la venue des ennemis d’Hibernian, club de Leith (quartier des docks d’Edinburgh). Lors des ces derbys le quartier est fermé, les commerces placardent des panneaux de bois devant leur fenêtre et c’est à cheval que les flics surveillent les moindres faits et gestes des passants et clients du Robbie’s (pub bien connu des gens à crâne rasé et tatouages jouxtant le stade). Mais un derby, ça doit se vivre pour s’expliquer et malheureusement je n’ai encore jamais trouvé de billet. Ne vous inquiétez pas chers lecteurs de CartonRouge.ch, votre patience sera bientôt récompensée, je l’espère… Pour la petite histoire, les autres chocs sont évidemment ceux contre le Old Firm et là l’ambiance est chaude, car les Jambos aiment montrer à leur cousin Glaswegians qu’ils chantent aussi fort qu’eux, si ce n’est plus.

Les billets

Il y a trois genres de match à Tynecastle : les derbys, les chocs contre le Old Firm et tous les autres. Pour ceux-ci, l’obtention du ticket est facile et peu onéreuse. 5£ environ pour un étudiant à une mauvaise place mais 25£ pour un adulte bien placé. Les prix sont légèrement plus élevés pour le Old Firm et les Hibs. A la différence que les billets des derbys sont très très durs à dénicher. Sinon, pour obtenir des billets il faut passer par le site du club, tout simplement. Cette section est d’un intérêt tout relatif vous en conviendrez…

La troisième mi-temps

Ahhhhhhhhhhhhhh… Tynecastle étant placé dans le quartier très populaire de «Gorgie», les pubs sont légions mais vraiment pas top. Premièrement, la personne ne parlant pas avec un accent écossais est vue avec méfiance et l’ambiance bien que très chaude n’y est pas extrêmement plaisante. Les courageux essaieront de renter au Robbie, mais seuls les plus costauds en ressortiront. Je déconne presque pas mais c’est tout de même sympa d’y aller lors des matchs à l’extérieur, on apprend plein de jolies expressions… Pour un bar sympa, il faut grimper un peu dans les rues direction la Powarth Tavern mais surtout aller au centre ville (10 minutes en bus, 5 en taxi). Et là, c’est la Grande-Bretagne dans toute sa splendeur mais attention Edinburgh n’est pas Cardiff, Glasgow ou Newcastle, les gens savent s’y tenir. En effet, peu de filles dégueulent sur leur copine couchée à même le sol, peu de bagarres se déclenchent pour une broutille et peu de filles grosses et moches dansent avec leur string entre les dents… Certains seront déçus et les autres se diront que c’est quand même chouette de faire la fête avec des êtres humains.

L’anecdote

Une bonne anecdote c’est que j’habitais tellement proche du stade qu’il m’était presque plus facile de rentrer chez moi pour pisser que de faire la queue aux toilettes du stade à la mi-temps… Une anecdote moins marrante : pas de bière dans les stades écossais. La dernière jolie anecdote que j’ai dans ce stade date de ma dernière visite en octobre 2010 lors d’un épouvantable Hearts – St.Mirren. En arrivant dans le stade, je me rends compte que la vendeuse de programme d’une beauté tout droit venue des Highlands distribue ces journaux avec un pull à capuche accompagné uniquement d’un collant transparent «grâce» auquel on pouvait observer son string à fleur et ses excès graisseux sous-rénaux, c’était tout simplement CLASSY. Vive les Jambos, vive Tynecastle et vive l’Ecosse !

A propos Julien Echenard 62 Articles
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6 Commentaires

  1. Merci pour cet article !

    J’ai en effet remarqué que de manière générale, les stades anglais ne connaissent pas la culture ultra qu’on peut voir ailleurs. Peu de drapeaux, bannière et tifos, pas de chants tout le match, mais quand ça chante, c’est la majorité du stade et ça prend aux tripes.

  2. C’est pour ça qu’on appelle ça une ambiance « à l’anglaise » a contrario de ce qu’on connait sur le continent!

    Mais les Heats sont pas réputé pour flirté avec l’idéologie de tonton Adolf?

  3. Un régal ce papier! Presqu’aussi bon qu’un deep fried Mars bar. Perso, un burger avalé à Celtic Park – aussi surnommé, à juste titre, the piggery – en 2006 me reste toujours sur l’estomac. C’mon the Jambos!

  4. Salut.
    J ai une question au sujet des hearts (julien pourra me repondre je pense). Est-ce qu on peut dire que les supporters des hearts sont fidele a la monarchie britannique, comme les rangers (dans une moindre mesure que ces derniers) ?

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