Cinq pour deux places et demie

Fortuna Düsseldorf, Greuther Fürth, Eintracht Francfort, St. Pauli et l’inattendu Paderborn: ils sont cinq séparés par trois petits points à pouvoir briguer les deux places de promus directs en Bundesliga et la place de barragiste en fin de saison. Cela s’annonce donc plus que chaud.

FC Eintracht Braunschweig (8e, 29 points)

La stratégie de faire confiance à l’équipe promue au printemps dernier malgré un certain manque d’expérience s’est avérée payante à Braunschweig. La dynamique du succès et l’efficacité du duo Dominick Kumbela / Dennis Kruppke ont permis d’avoir quasiment déjà atteint l’objectif de la saison à Noël : le maintien. Du coup, les Löwen (du nord) vont pouvoir s’offrir un deuxième tour assez sympa en jouant les trouble-fêtes. Et gageons que le déplacement du bouillant Stadion an der Hamburger Strasse ne sera une partie de plaisir pour personne.

FC Union Berlin (7e, 31 points)

Union Berlin a lui aussi fait son petit bonhomme de chemin pour avoir quasiment son maintien en poche, ce qui n’avait rien d’évident en début de saison. Si l’ancien Lausannois Silvio n’a pas complètement convaincu, il règne un état d’esprit dans le club des cheminots de Berlin-Est qui permet d’obtenir des résultats excellents alors même que sur le papier le contingent ne paie pas de mine. Eisern Union, c’est probablement le seul club au monde qui peut remplir son stade (18’500 places) en plein mois de décembre pour une soirée chansons du club et chants de Noël ! Et dire qu’il y en a qui se pavanent en attirant 4’000 personne pour une choucroute dans une salle chauffée…

Munich 1860 (6e, 32 points)

L’autoproclamé futur Bayern et futur Barça devra patienter pour concrétiser ses rêves de grandeur. L’investisseur jordanien Hasan Ismaik a d’ailleurs admis que le retour en Buli ce ne serait pas avant 2013-2014. Auparavant, il lui faudra régler la crise larvée qui l’oppose au président Dieter Schneider, représentant l’actionnariat historique des Löwen (du sud). Manifestement, le modèle du mécène étranger qui débarque avec des ambitions mégalomaniaques et veut tout révolutionner n’est pas près de s’imposer en Allemagne et c’est tant mieux. Au-delà des coulisses, 1860 a réussi une très bonne première partie de saison, avec un jeu spectaculaire dans le sillage du prodige Kevin Volland, du vétéran Benny Lauth et du meneur de jeu Stefan Aigner. Il n’a manqué qu’un peu de constance et de solidité défensive aux Löwen pour accrocher le bon wagon.

SC Paderborn 07 (5e, 39 points)

Promis à la lutte contre la relégation, Paderborn crée la sensation en venant se mêler à la course à l’ascension. La recette est simple : un bloc extrêmement compact, une défense très solide et un buteur implacable devant, l’ancien Thounois et Lucernois Nick Proschwitz (meilleur buteur de la ligue avec 12 réussites). Jusque-là, on avait plutôt tendance à considérer Paderborn comme une surprise de début de saison qui ne tiendrait pas la distance. Mais en allant gagner 3-2 en décembre à Düsseldorf, qui restait sur 23 matchs (dont 22 victoires !) d’invincibilité à domicile, les Est-Westphaliens ont clairement frappé les esprits. Une accession en Bundesliga reste improbable et constituerait une monumentale surprise mais le SCP lui en tous les cas n’aura rien à perdre.

FC St. Pauli (4e, 39 points)

On ne pensait pas St. Pauli capable de digérer aussi facilement sa relégation et sa fin de saison dernière calamiteuse. La capacité des cadres de l’équipe à tourner instantanément la page et à se remotiver immédiatement pour un nouveau challenge témoignent de l’état d’esprit particulier qui règne dans le club du quartier chaud de Hambourg. Quelques couacs ici ou là et une défense parfois dissipée ont empêché les Kiezkicker de finir dans le duo de tête à Noël mais le Wiederaufstieg est toujours d’actualité. Surtout si les attaquants Ebbers, Saglik ou Naki, assez irréguliers à l’automne, devaient retrouver une certaine efficacité. Enfin, si les supporters le permettent.

Toujours prompts à traquer le fascisme ou à dénoncer les dérives du foot business, les fans hambourgeois devraient commencer par traquer la violence dans leurs propres rangs. St. Pauli avait débuté la saison en exil à Lübeck à cause d’incidents en fin du dernier championnat. Cela n’a pas calmé les fans qui se sont distingués avec les traditionnelles bastons contre Rostock, un jet d’objet sur le Suisse Schwegler contre Francfort et, tout récemment, un tournoi amical en salle à Lübeck qui a dégénéré (90 blessés, 74 interpellations). Si la bêtise de leurs fans devait conduire à de nouvelles sanctions, cela pourrait constituer un handicap certain dans la course des Kiezkicker à l’ascension.

Eintracht Francfort (3e, 39 points)

L’Eintracht Francfort n’est clairement pas là où il voulait être, soit à l’une des deux premières places. En l’état actuel des choses, SGE devrait jouer un barrage contre Kaiserslautern, une perspective qui cause déjà des nuits blanches à tous les policiers de Hesse et de Rhénanie-Palatinat, tant la haine entre les deux clubs est forte. Francfort, pour qui la promotion est un impératif, veut donc s’éviter la pression des barrages. Le club a renforcé sa défense avec les arrivées de Butscher (promu en 2009 avec Freiburg) et Amedick (promu en 2010 avec Kaiserslautern). En attaque, ea décevant Gekas est parti et l’arrivée, longtemps évoquée, de l’ancien international Helmes, ne s’est pas concrétisée. Néanmoins, l’effectif à disposition de l’entraîneur Armin Veh devrait largement suffire pour assurer la première place. A condition de trouver la bonne formule, ce qui n’a pas été le cas au 1er tour où SGE a surtout valu par ses individualités, sa puissance physique et ses buts en fin de match. Par contre, le volume de jeu était inférieur à Fürth et Düsseldorf et la défaite en amical contre le Lausanne-Sport montre que tout n’a pas été résolu. Eintracht Francfort, c’est donc un favori sous pression.

SpVgg Greuther Fürth (2e, 40 points)

Fürth, c’est peut-être la meilleure équipe du premier tour, en tous les cas la plus spectaculaire mais aussi la plus solide défensivement. C’est peut-être juste au niveau des individualités, malgré l’efficacité du duo d’attaque Occean-Nöthe, qu’il y a un léger déficit par rapport à Francfort et Düsseldorf. Kleeblatt est habitué des premiers tours de feu puis des effondrements printaniers. Il pourrait en aller différemment cette saison puisque cette fois, contrairement aux années précédentes, les dirigeants semblent décider à jouer leurs chances à fond : ils n’ont pas vendu leurs meilleurs joueurs, ont retenu leur entraîneur miracle Mike Büskens, convoité par Schalke, et même renforcé l’équipe avec l’arrivée de l’ancien international Aasamoah. Deux ans après la relégation des Unabsteigbaren d’Aarau, une promotion des Unaufsteigbaren de Fürth ne peut donc être exclue. Tout fout le camp.

Fortuna Düsseldorf (1er, 42 points)

Après 17 ans de purgatoire en Oberliga, Regionalliga, Dritte Liga et Zweite Liga, Düsseldorf n’a jamais été aussi proche de retrouver l’élite. Au terme du 1er tour, le trou était même déjà creusé avec la concurrence mais les deux matchs du 2e tour disputés avant Noël (1 seul point) ont été de trop. Néanmoins, le Fortuna conserve toutes les cartes en main pour briguer l’ascension : un engouement populaire incroyable, une équipe compacte, une étonnante charnière centrale Lukimya-Langenecke, l’arrivée durant la trêve de l’excellent Polonais Matuschyk et un duo offensif de choc : Maximilian Beister, prodige de 21 ans, peut-être le meilleur joueur de la ligue à l’automne, et le vétéran Sascha Rösler, sorte de Todd Elik de la Zweite Liga, qui n’est jamais aussi fort que lorsqu’il s’allume avec joueurs et supporters adverses. Et il s’est beaucoup allumé cette saison… Les seuls petits bémols, c’est l’irrégularité du gardien Ratajczak et la difficulté qu’a l’entraîneur Meier à trouver un deuxième attaquant pour épauler efficacement Rösler à la pointe de l’attaque. Mais sinon, tous les voyants sont au vert pour les Flingeraner qui auront de surcroit l’avantage de recevoir leurs deux plus dangereux adversaires, Francfort et St. Pauli, devant sans doute plus de 50’000 spectateurs et une ambiance surchauffée après une si longue attente.

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Avec l’Eintracht et le Fortuna en Buli et la descente quasi assurée de Freiburg et Augsburg, c’est la barre des 50’000 specateurs de moyenne par match qui va etre depassée l’année prochaine en Buli….simplement phenomenal !!

    Merci pour cette presentation

  2. Histoire de chipoter un peu, Fortuna a été relégué de Bundesliga en 1997, ça ne ferait donc « que » 15 saisons d’errement dans les divisions inférieures.

  3. Pour assister plusieurs fois par saison aux matchs à Düsseldorf, l’incroyable engouement local mériterait vraiment une promotion cette année. Et pour tous ceux qui était au 1/4 de final de coupe des coupes contre Servette en 1979 je crois, des souvenirs…

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