Roman Josi Watch : en avant les play-offs

Comme pressenti dans notre article du 29 mars dernier, les Nashville Predators vont rencontrer cette nuit leur grand rival les Detroit Red Wings au premier tour des play-offs de NHL. Pour Roman Josi, seul joueur suisse participant aux play-offs, il s’agira d’un nouveau échelon à gravir particulièrement important : les matchs de play-offs sont en effet les moments de vérité, sur la base de laquelle un joueur de NHL est jugé, tant par les spécialistes du milieu que par les dirigeants de clubs, dont la volonté de délier le porte-monnaie pour payer un joueur est proportionnelle avec la qualité de son jeu durant les play-offs.

Nashville est une petite franchise relativement jeune (fondée en 1998) sans grande exposition médiatique pendant la saison régulière (tant aux Etats-Unis qu’au Canada). Cependant, lors de ce premier tour, Roman Josi sera propulsé sur la scène nationale, car la série entre Nashville et Detroit est annoncée comme la plus passionnante et le grand choc de la Conférence Ouest alors qu’à l’Est, c’est la bataille de Pennsylvanie (entre les Pittsburg Penguins et Philadelphia Flyers) qui retient l’attention.Ainsi, c’est à 2 heures du matin que la saison NHL commence pour de vrai, car le hockey produit pendant les play-offs est presque un autre sport que celui pratiqué dans la saison régulière. Il est d’une intensité et d’une vitesse extraordinaire, avec un engagement sans réserve. Avec en plus les Detroit Red Wings comme adversaire, quel baptême du feu pour Roman !

Detroit Red Wings : une franchise de légende

En effet, les Detroit Red Wings est une franchise légendaire (un des « Original Six ») qui a dominé les 15 dernières années de NHL comme aucune autre, remportant la Coupe Stanley à 4 reprises (1997, 1998, 2002 et 2008). S’étant qualifié pour les play-offs depuis 21 années consécutives, les Red Wings sont constamment restés dans l’élite de la NHL en basant en particulier la composition de leur équipe sur un grand nombre de piliers européens, des joueurs expérimentés et un style de jeu offensif.
Leur capitaine, le suédois Niklas Lidstroem, est peut-être le plus grand défenseur de tous les temps et même à 42 ans, il reste le pilier de l’équipe. A cela il faut ajouter l’attaquant Pavel « le Magicien » Datsyuk. Il n’est peut-être pas le plus rapide, ni le plus physique des joueurs ; son tir n’est pas le plus rapide. Mais il est considéré par les autres joueurs de la ligue comme le joueur le plus doué, avec des mains et une technique hallucinante qui lui permettent d’être un pickpocket au niveau défensif, mais surtout un créateur hors pair, un artiste sur la glace, possédant une imagination de jeu unique au monde. Le prodige russe donne ainsi le vertige aux défenses adverses, avec l’aide d’une armada impressionnante de joueurs offensifs ayant de l’expérience et toujours là aux moments décisifs (Zetterberg, Franzen, Filipulla, Bertuzzi).
Detroit est une équipe talentueuse certes, mais il est vrai vieillissante. Cependant, cela ne s’est ressenti l’année passée qu’au stade de la demi-finale de Conférence contre les Sharks (défaite en 7 matchs). Cette saison, Detroit a connu une nette baisse de régime en fin de saison, liée directement aux blessures de leurs joueurs clés (Lidstroem, Datsyuk et le gardien Howard). Mais il semblerait que tout ce beau monde soit prêt pour les play-offs.

Les atouts de Nashville

Historiquement, Detroit (le grand) a toujours dominé Nashville (le petit), son rival de la Division Centrale (victoires 4 à 2 en 2004 et en 2008). Cependant, cette année, ils ne sont pas forcément favoris.
Premièrement, Nashville a arraché la 4ème place de sa Conférence (2 points devant Detroit 5ème) lors du dernier week-end de la saison régulière, obtenant ainsi pour la première fois l’avantage de la glace, élément que l’on ne peut pas sous-estimer : en effet, Detroit a battu le record de la ligue en remportant 21 victoires d’affilée à la maison (31 victoires – 7 défaites – 3 défaites en prolongations) contre un bilan négatif (17-21-3) pour les matchs joués à l’extérieur. Dans une série qui s’annonce extrêmement serrée, le fait de jouer à la maison sera peut-être déterminant.
Deuxièmement, les Predators ont tout misé sur ces play-offs, voulant donner à leurs deux défenseurs stars qui arrivent en fin de contrat, Shea Weber et Ryan Suter, le signal clair qu’ils sont une franchise qui va briguer le titre pour les années à venir. Ils ont ainsi acquis lors de la trade deadline plusieurs joueurs en renfort, le défenseur expérimenté Hal Gill, le talentueux Andrei Kostitsyn qui vient rejoindre son frère Sergei et Paul Gaustad, le spécialiste des engagements. Puis, l’arrivée tonitruante d’Alexander Radulov de la KHL, considéré comme le meilleur joueur au monde en dehors de la NHL, leur a donné un power forward capable à lui seul de faire basculer un match de play-offs. 
Troisièmement, leur grand gardien finlandais, Pekka Rinne, a prouvé tout au long de la saison qu’il était un des meilleurs gardiens de la ligue et qu’il méritait la confiance que le management lui ont donnée en le signant pour 7 ans (49 millions de dollars). Une des clés de la série sera qu’il maintienne son niveau de jeu spectaculaire pendant les play-offs. Le seul bémol est le fait qu’il ait disputé 71 matchs cette saison (son vis-à-vis Howard par exemple en a disputé 57), donc la crainte d’une certaine fatigue au fur et mesure de l’avancement des play-offs.
Surtout, les Nashville Predators possèdent le meilleur power-play de la NHL (21.6 % de réussite). Un power play efficace leur permettrait sans doute de passer l’épaule contre Detroit, même si cette équipe est la moins pénalisée de la ligue.
En définitive, si l’expérience et le talent offensif des Red Wings les rendent particulièrement redoutables, les Predators ont bon espoir que cette année, au vu de ce qui précède, ils pourront pour la première fois vaincre leur Némésis et s’ouvrir une voie royale vers la Coupe du Lord Stanley.  Cependant, la pression va être immense, et ils pourraient également très bien se retrouver en vacances d’ici deux semaines.

Roman Josi – the Swiss Rookie

Roman Josi, quant à lui, a brillé pour sa première saison régulière en NHL. En 52 matchs, il a marqué 5 buts et 11 assists, avec un temps de glace moyen d’environ 20 minutes. Son bilan plus/minus s’est soldé avec un remarquable plus un, indice de sa progression au long de la saison, puisqu’après  une quinzaine de matchs il était à moins 8. Depuis ses débuts à Nashville le 26 novembre 2011, il n’a par ailleurs jamais fait l’objet d’un « healthy scratch » (ne pas jouer car surnuméraire), ce qui est remarquable au vu du contingent particulièrement étoffé des Predators.

Comme pendant la fin de la saison régulière, Roman Josi formera donc la deuxième paire de défense avec Hal Gill, dont les qualités défensives reconnues permettent au défenseur bernois de prendre plus de risques offensivement et laisser parler son patinage et sa vision de jeu exceptionnelle. Il devra cependant tenir le choc physiquement, les charges pendant les play-offs étant nettement plus appuyées. A noter qu’il forme également la deuxième paire de défense en power play avec l’attaquant Sergei Kostitsyn.
Voilà deux ans que Josi menait, à 19 ans, le SC Bern au titre, élevant son niveau de jeu pendant les play-offs en marquant 13 points en 14 matchs (6 buts et 7 assists), deuxième meilleur de son équipe derrière Ivo Ruethemann. On ne peut que lui souhaiter un pareil succès en play-offs NHL et on se réjouit de se lever au milieu de la nuit pour vivre l’aventure de notre Swiss Rookie.

Écrit par Andy Tschander

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4 Commentaires

  1. En complément, voici un link à un article posté sur nhl.com qui analyse les statistiques des matchs joués avec ou sans Josi et constate à quel point il a une influence positive sur les Predators:

    http://predators.nhl.com/club/news.htm?id=627196

    C’est le premier article détaillé de la presse nord américaine (hors Nashville) sur Roman Josi et son importance pour les Predators.

  2. Yep bel article.

    Juste…Detroit a été éliminé en WCS et non en WCF. Par les Sharks en 7 et non les Canucks qui eux ont éliminé les Sharks en 5 en WCF. Voilà, petite précision. Sinon articles très précis et justes.

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