Un «derby» du Rhône sans saveur

Les 8’212 âmes présentes à la Praille n’auront décidément pas vibré dimanche après-midi devant le terne spectacle. C’est vrai, Servette entamait le match le pied au plancher et aurait pu passer l’épaule d’emblée, avant, hélas, de sombrer dans un état d’apoplexie général. Ainsi, à partir de la 10e minute de jeu, l’enceinte aux allures soviétique implantée à Genève a roupillé. Avant que les locaux marquent deux buts presque sans faire exprès…

Une fois de plus, les supporters grenat ont assisté à une rencontre léthargique au stade de la Praille. Pourtant, dès les premières minutes, le SFC apparaissait transformé. Energiques et audacieux, les hommes de Pereira semblaient vouloir prendre les Valaisans au cou d’emblée. C’est vrai, avec un brin de chance en plus, les Genevois auraient réussi à ouvrir le score lors des dix premières minutes de jeu ; cela eût été mérité. Les hôtes semblaient retrouver de la qualité dans leur jeu ainsi qu’une belle grinta qui lui avait fait défaut récemment. Or, telle un feu de p(r)aille, toutes ses bonnes intensions se sont vite envolées et seuls les débris demeuraient. Dès lors, Sion pouvait tranquillement prendre les rênes du match en mains et soigner son goal-average.

Vous avez dit «derby» ?

Autrefois, le derby du Rhône représentait un événement à part et suscitait les passions dans les deux cantons. On pouvait légitimement penser que le fait de ne pas avoir disputé de derbys officiels pendant tant d’années allait bonifier davantage cette affiche. Mais, souvenons-nous qu’on parle ici de football et non pas de vin ! Ainsi, force est de constater que dans le nouveau millénaire, cette rencontre a perdu de son lustre. De nos jours, du côté genevois, on préfère se mobiliser pour la venue du FC Pêche-Sportive ou de l’ogre bâlois ; statistiques à l’appui.

Côté sédunois, autant les Valaisans sont capables de donner du rêve en se déplaçant en masse (plus de 9’000) pour un match d’Europa League en semaine à Genève, autant ils frisent le ridicule en laissant le parcage visiteur pitoyablement dégarni pour ce derby. Et si d’aucuns pensent que pour émuler la ferveur qui habite les Stambouliotes lors de leurs derbys, il suffit de tendre des guet-apens aux supporters adverses aux abords du stade, on fait décidément fausse route. Cela permet aussi de comprendre pourquoi il est difficile de drainer plus de monde au stade. On voit déjà bien assez de violence dans la vie quotidienne et c’est compréhensible que certains préfèrent passer le week-end paisiblement, plutôt que de suer comme un sanglier effaré en essayant d’esquiver des bouteilles.

Merci Sion !

Après cette parenthèse, revenons à nos moutons. Le FC Sion aurait dû aisément remporter la rencontre d’hier. D’ailleurs, Laurent Roussey le soulignait après le match : Bâle aurait gagné ce match 5-0. C’est un grand classique du football : si tu ne parviens pas à inscrire le but de la sûreté, il y a de fortes chances pour que l’adversaire revienne à la marque. C’est ce qui s’est produit dimanche après-midi à la Praille.

L’arbre qui cache la forêt

Le Servette FC a disputé hier après-midi un bien pauvre match. Les dernières minutes qui ont vu le club du bout du lac revenir à la marque, puis passer l’épaule, ne sont que des arbres isolés qui cachent la forêt amazonienne. C’est vrai, on aurait envie de tout mettre sur les épaules de M. Wermelinger : s’il n’avait pas changé d’avis et avait laissé sortir Karanovic, ce dernier n’aurait pas permis à Sion d’égaliser. Certes, il s’agit d’un épisode important et l’arbitre a commis une grave erreur. Néanmoins, il convient de souligner le fait que les pensionnaires de Tourbillon ont dominé 80 minutes durant et qu’ils auraient mérité de remporter ce match haut la main. Les Genevois sont décimés et les joueurs actuellement à disposition ont exhibé leurs lacunes depuis un bon moment déjà. Les deux buts sont d’énormes «Sequoia sempervirens» qui viennent masquer les innombrables défaillances du jeu servettien. Le club de la cité de Calvin doit à tout prix se remobiliser, même si l’objectif saisonnier a déjà été atteint. Lorsque l’Europe vous tend les bras de telle sorte et que vos supporters attendent d’assister à une affiche continentale depuis le lointain 2004, il faut tout donner afin de ne pas nourrir de regrets par la suite. Les Grenat ont six matchs devant eux pour rattraper le FC Thoune.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette – Sion 2-2 (0-1)

La Praille, 8’212 spectateurs.
Arbitre : M. Wermelinger.
Buts : 16e Wüthrich 0-1. 87e Yartey (penalty) 1-1. 90e Soares 2-1. 93e Karanovic 2-2.
Servette : Gonzalez; Ruefli, Routis, Roderick, Moubandje (80e Moutinho); Kouassi, Pizzinat; Pont, Esteban (28e Soares), Yartey; Karanovic (94e Schneider).
Sion : Vanins; Vanczak, Adailton, Dingsdag, Bühler; Rodrigo, Crettenand; Obradovic, Margairaz (78e Tréand), Wüthrich (75e Sauthier); Danilo (55e Serey Die).
Cartons jaunes : 25e Pont. 45e Ruefli. 76e Rouis. 87e Dingsdag.

Écrit par Grégory Soldati

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6 Commentaires

  1. « Et si d’aucuns pensent que pour émuler la ferveur qui habite les Stambouliotes lors de leurs derbys, il suffit de tendre des guet-apens aux supporters adverses aux abords du stade, on fait décidément fausse route. Cela permet aussi de comprendre pourquoi il est difficile de drainer plus de monde au stade. On voit déjà bien assez de violence dans la vie quotidienne et c’est compréhensible que certains préfèrent passer le week-end paisiblement, plutôt que de suer comme un sanglier effaré en essayant d’esquiver des bouteilles. »

    Moi aussi je comprends pourquoi il est difficile de drainer du monde au stade : si tout à chacun se met à croire les débilités de la presse (et de CR sur le coup) concernant l’ambiance « bagdadienne » qui règne autour de la Praille, difficile de remplir le stade effectivement.

  2. Moi c’est la « grave erreur » de l’arbitre qui m’a fait rigoler. M’enfin, c’est sans doute du deuxième degré. Sur ce je vous laisse, j’ai des filets à lever.

  3. 4 matches et pas l’ombre d’un derby à part l’affluence et l’atmosphère entourant la première partie à Tourbillon. Quant au foot, de vulgaires matchs amicaux.

    Franchement quand on voit jouer Sion, que ce soit contre le SFC ou contre Lucerne, qu’on ne vienne pas nous dire que ces matchs représentent les pics émotionnels d’une saison. J’avais l’impression de revivre les chocs tant attendus contre Wettingen, Bellinzone ou encore Schaffouse. Un foutage de gueule, du public, monumental, et une imposture à ce magnifique sport.

    Des spectacles fades, sans émotions, sans engagement qui tournent à l’ennui, voire au dégoût du foot tout court.

    Voilà plus ou moins où en est le FC Valais, du moins ce qu’il en reste.

    Mais bon, on en a pris l’habitude depuis 5 ans à présent.

    Heureusement qu’il y a Canal +, Easy Jet et le col du St-Bernard pour se connecter encore à ce vrai sport et vivre des vraies émotions.

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